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Ascenseur pour l'échafaud

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Ascenseur pour l'échafaud
CALEF, Noël
Par Hélène Paradis et Sherley Simard


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Roman
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Premier cycle secondaire
Auteur de la séquence : Hélène Paradis et Sherley Simard
Date du dépôt : Hiver 2006


Tout comme le pastiche et la parodie[1], l’adaptation d’un roman requiert une compréhension fine de l’histoire et de sa structure, des personnages, des lieux et du message. Cette séquence didactique interdisciplinaire – arts plastiques et français – propose d’adapter le roman Ascenseur pour l’échafaud[2] de Noël Calef sous la forme d’une bande dessinée (BD) dans le but de faire acquérir des compétences en lecture permettant de comprendre, d’investir et d’apprécier une œuvre de genre policier[3]. Le choix de la BD n’est pas aléatoire : il s’agit d’un genre généralement apprécié par les élèves avec lequel ils sont familiers. La séquence s’adresse en premier lieu à des élèves de deuxième secondaire. Pour avoir une bonne base de connaissances sur l’évolution de la BD, consulter la séquence proposée par la Bibliothèque nationale de France[4] sur le sujet.

 

La séquence comprend : des activités de découverte de l’œuvre, le projet BD et une lecture théâtralisée de la BD produite.

 

Légende pour l’utilisation de la séquence didactique :

 

  -Caractères réguliers : informations et consignes pour l’enseignant

  -Caractères en italique : consignes données aux élèves

  -Caractères gras : solutions, suggestions de réponses

 

1. ACTIVITÉS DE DÉCOUVERTE

 

OBJECTIFS

  -Construire son horizon d’attente par rapport à un roman (1.1)

  -Apprendre certaines caractéristiques propres au genre policier et à la BD (1.1, 1.2)

  -Connaitre les constances reliées aux récits en alternance (1.2, 1.3)

  -Schématiser les liens qui unissent les personnages (1.3)

 

1.1.  Construire son horizon d’attente

 

Différents aspects de l’objet livre[5] sont observés avec les élèves pour en dégager un sens : la couleur de la couverture, l’illustration, le titre (voir ce qu’est un échafaud et si l’on s’y rend généralement en ascenseur), la collection (Livre de poche policier), l’auteur (indiquer que, dans les séries, l’auteur n’est pas ce qui fait vendre la copie, mais plutôt la collection).

 

Faire jouer les pièces 19 et 21 de la trame sonore du film Ascenseur pour l’échafaud de Miles Davis[6]. Interroger les élèves à savoir : quel genre de musique est-ce? (jazz), quelle ambiance retrouve-t-on dans ces pièces? (suspense, mystère, stress), quel type de film requerrait ce type de musique? (film de suspense, de détective). Après cette discussion, faire lire en classe les chapitres un et deux pendant que joue la trame sonore.

 

1.2. Analyse d’une BD contenant des récits en alternance

 

Les élèves répondent à ces questions liées à un extrait de Tintin et le lotus bleu[7] :

-Où est Tintin pendant que l’homme au chapeau est dans l’Occidental Private Club? À l’extérieur de l’Occidental Private Club

-Que fait-il à ce moment? Il rencontre un Japonais.

 

Indiquer qu’il s’agit de récits en alternance[8]. Porter attention aux méthodes employées par Hergé pour représenter l’émotion (étoiles, sueurs, ponctuation expressive, syntaxe, etc.). Après cette activité, les élèves liront les chapitres trois et quatre à la maison.

 

1.3. Lecture dirigée

 

Après la lecture du chapitre cinq, faire débattre en équipe des questions suivantes :

 

-De qui est-ce l’histoire? Prouvez-le. Il y a plusieurs histoires à l’intérieur du roman : celle de Julien, celle de Geneviève et celle de Fred et Thérésa. Expliquer que les romans policiers contiennent fréquemment deux récits : celui du meurtrier et celui des enquêteurs[9].

-De quelle façon pouvez-vous déterminer que l’on change d’histoire? Il y a des astérisques et le nom du personnage se retrouvant dans un récit particulier est nommé dans les premières phrases suivant l’astérisque. Les lieux indiquent aussi de quelle histoire il s’agit : Julien dans l’ascenseur, Geneviève dans le taxi, etc.

-Créez un schéma des personnages et indiquez sur les flèches les liens établis entre chacun. Complétez ce schéma au fil de la lecture et remettez-le avec votre scénario.

Lire à voix haute la dernière phrase de chaque chapitre : voir qu’elles présentent le début d’un évènement plutôt que la fin pour créer du suspense[10].

 

À la fin des activités de découverte, donner deux semaines pour que les élèves lisent le livre jusqu’à la fin.

 

2. PROJET BD

 

OBJECTIFS

 

-Relever des éléments dans un texte : descriptions (2.1), stéréotypes et registres de langue (2.1), évènements principaux (2.4)

-Écrire différents textes courants : texte descriptif (2.1), scénario de BD (2.2), texte justificatif (2.6)

-Soutenir son point de vue à partir d’éléments du texte (2.1, 2.3, 2.5)

-Créer une adaptation d’une œuvre littéraire sous forme de BD (2.1, 2.3, 2.4)

-Collaborer avec d’autres équipes (2.1, 2.2, 2.3)

-Se distancier de sa production (2.3, 2.4) et réagir à une œuvre (2.1, 2.5)

-Apprendre un genre oral particulier : la théâtralisation (2.6)

 

Ce projet s’étend sur plusieurs semaines. Les chapitres du roman sont distribués aux équipes de façon à couvrir tout le roman. Chacun d’eux sera adapté dans une page de BD. Pour la BD, utiliser les critères d’évaluation suivants, les adapter ou en choisir d’autres avec les élèves. Il serait aussi possible d’accorder des points aux autres travaux du projet (schéma des personnages, fiches descriptives, lecture théâtralisée).

 

Critères d’évaluation de la BD

 

1) Efficacité de l’adaptation (synthèse efficace et intérêt des éléments retenus et mis en valeur).

2) Fidélité (les caractéristiques des lieux et des personnages correspondent à celles données dans le livre de même que les évènements importants).

3) Cohérence (le chapitre s’insère bien dans l’ensemble, le registre de langue choisi pour un personnage est logique et maintenu tout au long de la BD, les caractéristiques spécifiques des lieux et des personnages sont constantes).

4) Qualité de la justification (les principaux éléments de la BD sont justifiés (lieux, personnages, évènements, atmosphère), référence claire au texte pour expliquer les choix faits dans la BD, lien entre la justification et le travail final).

 

2.1. Élaboration d’une fiche descriptive des lieux et des personnages

 

Les lieux et les personnages qui y évoluent sont couplés. Chaque sous-groupe sera travaillé par deux équipes différentes, qui devront en dégager les caractéristiques et donner un surnom à chacun des personnages. Les deux équipes débattront pour choisir une description et un surnom définitifs. Partir de ces surnoms pour analyser les stéréotypes présents dans l’œuvre[11]. À la fin de l’activité, chaque équipe composera le texte descriptif d’un lieu et de ses personnages qui sera recopié au propre sur la fiche descriptive.

 

Dans le cours d’art, les élèves dessinent chacun un sous-groupe (lieu + personnage (s)) sur un transparent. La classe choisira la représentation qui servira de modèle pour la confection de la BD. Les dessins choisis seront refaits au propre sur les fiches.

 

Dans la BD « Le Diable[12] », les élèves compareront la façon de s’exprimer du médecin avec celle du paysan : choix des mots, syntaxe, signes de la prononciation, ponctuation. Distinguer les registres de langue et voir les classes sociales généralement associées à chacun d’eux. Les élèves classent ensuite les personnages du roman dans ces registres et donnent des citations pour appuyer leur choix. Ils devront ajouter une bulle sur la fiche descriptive avec une citation représentative du registre de langue du personnage. Les fiches sont compilées dans un cartable accessible à tous pendant la confection de la BD.

 

 2.2. Écriture d’un scénario

 

« La particularité d’un scénario de bande dessinée est de transcrire en texte des images pensées, pour que ce même texte se prolonge ensuite en images dessinées. Bien sûr, une partie du texte sera maintenue en tant que telle sous forme de dialogues ou de récits encadrés, mais l’essentiel du scénario est de décrire une histoire et son illustration ultérieure. […] [C’est l]e développement écrit de l’histoire où sont précisés les détails des décors, des scènes d’actions, la psychologie des personnages, les enchaînements[13]. »

 

Pour aider les élèves à composer leur scénario, poser les questions suivantes[14] :

 

  -Quels épisodes conserverez-vous dans votre représentation? Quels dialogues seront choisis?

  -Quels personnages seront en scène dans les cases? Dans quels lieux seront-ils?

  -Quels procédés utiliserez-vous pour mettre en scène chaque épisode? (Taille de la case, sortie d’image, effet cinétique…)

 

Les élèves devront lire leur scénario à l’équipe qui a le chapitre précédent et à celle qui a le suivant pour ajuster les productions. Ils remettent le schéma des personnages avec le scénario.

 

2.3. Ébauche, séance d’affichage, version définitive et justification

 

En classe d’arts plastiques, les élèves dessineront une ébauche en suivant le scénario. L’ébauche contient le plan des cases et les dialogues. La séance d’affichage sert à assurer la cohésion à l’intérieur de la BD. Circuler alors pour faire l’évaluation formative.

 

La version au propre de la BD est faite dans le cours d’arts plastiques. Un cours de français est alloué à l’écriture de la justification[15] des choix faits (dessin des lieux et des personnages, choix des couleurs, des évènements, des registres, réussites et échecs…).

 

 2.4. Concours pour la couverture (dans la classe d’art plastique) 

 

Analyser des pages couvertures de BD dans la classe d’art plastique. Les élèves dessineront ensuite des couvertures représentant un moment significatif ou l’ensemble de l’œuvre puis débattront en classe pour choisir celle qui convient le mieux.

 

 2.5. Théâtralisation des bandes dessinées

 

« [La théâtralisation] consiste à faire vivre un texte devant des auditeurs […], à faire de la lecture une véritable activité qui demande du travail et une très bonne connaissance du texte puisqu’on en fait émerger un sens. C’est aussi une manière de faire surgir des images dans la conscience des auditeurs, de montrer combien notre imagination peut travailler à partir de l’écriture, de l’univers d’un auteur, de mettre aussi en évidence un style, un rythme, une respiration[16]. »

 

Confectionner un PowerPoint avec toutes les pages de la bande dessinée. Chaque équipe fera la lecture des bulles des chapitres qu’elle a dessinés en respectant les circonstances de l’histoire et la personnalité du personnage. Cette étape finale pourrait se faire devant un public élargi.

 

CONCLUSION

 

Cette séquence nous semble complète : elle intègre à la fois la lecture (planification, compréhension et l’interprétation d’un texte, et réaction à celui-ci), l’écriture et l’oral dans une tâche concrète. Elle travaille aussi différentes compétences transversales – exploiter l’information, résoudre des problèmes, exercer son jugement critique, communiquer de façon appropriée et coopérer[17] – dans un projet stimulant pour des jeunes de deuxième secondaire.


 

BIBLIOGRAPHIE

 

Volumes

Adam, Jean-Michel, Le récit, Paris, Presses universitaires de France (coll. Que sais-je?), 1999, 127 p.

Calef, Noël, Ascenseur pour l’échafaud, Paris, Fayard (coll. Le livre de poche policier), 1966, 256 p.

Chartrand, Suzanne-G., Denis Aubin, Raymond Blain, et al., Grammaire pédagogique du français d’aujourd’hui, Boucherville, Graficor, 1999, 397 p.

Lits, Marc, Le roman policier : introduction à la théorie et à l’histoire d’un genre littéraire, Belgique, Éditions du Céfal, 1993, 210 p.

Simard, Denis, « Comment penser aujourd’hui la nature et le rôle de l’école à l’égard de la formation culturelle des élèves? » dans D. Simard et M. Mellouki [dir.], L’enseignement : profession intellectuelle, Québec, Presses de l’Université Laval (coll. Éducation et culture), 2004.

Ministère de l’éducation, Programme de formation de l’école québécoise : Enseignement secondaire, premier cycle, Québec, Gouvernement du Québec, 2006, p. 81 à 145.

 

Bandes dessinées

Hergé, Le Lotus bleu, Paris, Éditions Casterman (coll. Les Aventures de Tintin), 1946, 62 p.

Ronzon, Antoine, « Le Diable », dans Olivier Cassiau, Maryève Tassot, et al., Contes de Maupassant en bandes dessinées, Darnétal, Éditions Petit à Petit, 2002, p. 38-47.

 

Sites Internet

Bibliothèque nationale de France, La bande dessinée, structure et forme en image, [format PDF]. http://expositions.bnf.fr/bd/images/texte.pdf, [site consulté le 15 avril 2006].

Bibliothèque nationale de France, La bande dessinée : écriture et images, [en ligne]. http://expositions.bnf.fr/bd/pedago/object.htm , [site consulté le 14 avril 2006]

CRDP Auvergne, Thém@doc – Le roman policier, [en ligne]. http://crdp.ac-clermont.fr/crdp/Ressources/DossierPeda/roman_policier/presentation.htm, [site consulté le 15 avril 2006].

Liégeois, Jean-Pierre, « Les scénaristes, les metteurs en scène de la bande dessinée » dans Faille temporelle, [en ligne]. http://temporalistes.free.fr/FailleTemporelle/FT11/Dossier/Scenario.html, [site consulté le 15 avril 2006].

Savoirs CDI, Pourquoi pratiquer la lecture à voix haute avec les élèves?, [en ligne]. http://savoirscdi.cndp.fr/archives/dossier_mois/Conan/conan.htm, [site consulté le 15 avril 2006].

 

Disque

Davis, Miles, Ascenseur pour l’échafaud; disque compact (Fontana CD-836 305-2, 1988).

 
Articles de périodiques

Petitjean, André, « Pastiche et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques », Pratiques, no 42 (1984), p. 3-33.

Reuter, Yves, « L’objet livre » dans Pratiques, no 32 (1981), p. 105-113.

Tassel, Alain, « La clôture narrative, perspectives théoriques et pratiques textuelles. Les choix esthétiques de François Mauriac » dans Cahier de narratologie : Mélanges espaces et temps, no 7 (1995-1996), p. 87 à 92.



[1] Voir à ce sujet : André Petitjean, « Pastiche et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques », Pratiques, no 42 (1984), p. 3-33.

[2] Noël Calef, Ascenseur pour l’échafaud, Paris, Fayard (coll. Le livre de poche policier), 1966, 256 p.

[3] Étant donné que ce roman s’avère difficile à trouver, les activités pourraient facilement être utilisées pour le travail d’une autre œuvre, de genre policier ou non. Aussi, si l’on désire les utiliser pour des élèves de troisième, quatrième ou cinquième secondaire, choisir une œuvre de complexité supérieure.

[4] Bibliothèque nationale de France, La bande dessinée : écriture et images, [en ligne]. http://expositions.bnf.fr/bd/pedago/object.htm , [site consulté le 14 avril 2006].

[5]Yves Reuter, « L’objet livre » dans Pratiques, no 32 (1981), p. 105-113.

[6] « Sur l’autoroute » et « Florence sur les Champs-Élysées » dans Miles Davis, Ascenseur pour l’échafaud; disque compact (Fontana CD-836 305-2, 1988).

[7] Hergé, Le Lotus bleu, Paris, Éditions Casterman (coll. Les Aventures de Tintin), 1946, p. 6 à 8.

[8] Gérard Lavergne, « Petit précis de narratologie » dans Cahier de narratologie : Mélanges espaces et temps, no 7 (1995-1996), p. 23 à 33.

[9] Marc Lits, Le roman policier : introduction à la théorie et à l’histoire d’un genre littéraire, Belgique, Éditions du Céfal, 1999, 210 p.

[10] Pour approfondir la notion de clausule ouvrante, voir : Alain Tassel, « La clôture narrative, perspectives théoriques et pratiques textuelles. Les choix esthétiques de François Mauriac » dans Cahier de narratologie : Mélanges espaces et temps, no 7 (1995-1996), p. 87 à 92.

[11] Il serait possible de voir des exemples de BD où ce phénomène est présent. Voir celles présentées dans la bibliographie.

[12] Antoine Ronzon, « Le Diable », dans Olivier Cassiau, Maryève Tassot, et al., Contes de Maupassant en bandes dessinées, Darnétal, Éditions Petit à Petit, 2002, p. 38.

[13] Jean-Pierre Liégeois, « Les scénaristes, les metteurs en scène de la bande dessinée » dans Faille temporelle, [en ligne]. http://temporalistes.free.fr/FailleTemporelle/FT11/Dossier/Scenario.html, [site consulté le 15 avril 2006].

[14] Bibliothèque nationale de France, La bande dessinée, structure et forme en image, [format PDF]. http://expositions.bnf.fr/bd/images/texte.pdf, [site consulté le 15 avril 2006].

[15] Suzanne-G. Chartrand, Denis Aubin, Raymond Blain, et al., Grammaire pédagogique du français d’aujourd’hui, Boucherville, Graficor, 1999, p. 56-58.

[16] Marilène Conan citée dans : Savoirs CDI, Pourquoi pratiquer la lecture à voix haute avec les élèves?, [en ligne]. http://savoirscdi.cndp.fr/archives/dossier_mois/Conan/conan.htm, [site consulté le 15 avril 2006].

[17] Ministère de l’éducation, Programme de formation de l’école québécoise : Enseignement secondaire, premier cycle, Québec, Gouvernement du Québec, 2006, p. 84.


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