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Mercure

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Mercure
NOTHOMB, Amélie
Par Stéphany Poulin


Nationalité de l'auteur : Belge
Genre : Roman
Courant :
Siècle :
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Stéphany Poulin
Date du dépôt : Hiver 2011


 

 

Justification du choix du roman Mercure [1], d’Amélie Nothomb

Amélie Nothomb, qui est une auteure reconnue, réussit à écrire des histoires qui sortent de l’ordinaire, qui mettent en scène des personnages et des évènements hors du commun. Elle sait piquer notre curiosité par une phrase ou par des thèmes qui nous choquent. Les élèves risquent de réagir fortement au texte, ce qui fait d’eux des lecteurs engagés dans leur lecture. Finalement, ce roman comporte deux fins, ce qui est plutôt rare, et cette situation peut intéresser les lecteurs.

 

Identification des problèmes à résoudre

Les trois problèmes qui seront résolus dans les activités de la séquence sont les suivants :

1. Découvrir le type d’univers [2] mis en scène par Amélie Nothomb et ce qui rend son travail particulier;

2. Interpréter cet univers mis en scène dans Mercure;

3. Découvrir certains liens d’intertextualité faits par Nothomb. En raison de ce dernier problème, un objectif culturel s’inscrit également dans le travail proposé sur Mercure.

 

 

Activité 1: Avant la lecture

 

Les élèves effectuent une recherche sur Amélie Nothomb, dans le but de préparer leur lecture et être à l’affut des sujets de prédilection de l’auteure.

 

Ses caractéristiques personnelles. L’époque à laquelle elle appartient (époque actuelle/courant postmoderne), sa naissance à Kobe, au Japon, le 13 aout 1967, sa vie (son père étant ambassadeur belge, elle a beaucoup voyagé, mais elle semble être restée marquée par le Japon et sa culture).

 

Son style. Éclectique, marginal, parfois plus près du style publicitaire que du style littéraire par sa façon d’accrocher le lecteur.

 

Ses autres romans et leurs thèmes. Par exemple, Attentat (1997), où les thèmes abordés, entre autres, sont la beauté, la laideur et l’amour, Stupeur et tremblements (1999), la culture nippone, la beauté versus la laideur. Le sabotage amoureux (1993), le communisme, la paix versus la guerre, la vision du monde par les enfants, la beauté. Les Catilinaires (1995), l’absurdité, la solitude, la laideur. Biographie de la faim (2004), le manque, l’amour, l’enfance. Ni d’Ève ni d’Adam (2007), l’amour, la différence des cultures.

 

En plus de l’utilisation d’Internet, l’enseignant apporte en classe plusieurs romans écrits par Nothomb. Les adolescents, guidés par leur maitre, sont invités à utiliser des stratégies de lecture qui permettent de prévoir le ou les sujets traités (lire en diagonale, survoler les titres des chapitres, lire la quatrième de couverture, etc.). De cette façon, les élèves arriveront à cerner le genre d’univers mis en scène par l’auteure et pourront constater la récurrence des sujets dans ses romans : les élèves seront ainsi mieux préparés à lire Mercure, puisqu’ils auront en tête ce qui pourrait s’y retrouver.

 

 

Activité 2 : Pendant la lecture

Dans cette deuxième activité, les élèves doivent noter dans des fiches les caractéristiques psychologiques et les comportements propres aux trois protagonistes : Hazel, Omer et Françoise. Les élèves seront donc à même de constater l’évolution des caractéristiques [3] des personnages au cours de la lecture, et ce, en rapport avec les évènements du récit. De cette façon, ils risquent de mieux comprendre la complexité des protagonistes et d’arriver à justifier les actions qu’ils posent. Il est nécessaire que les élèves remplissent ces fiches du début du roman jusqu’à la toute fin puisque cette partie de la séquence sera réutilisée lors de la dernière activité.

 

 

Caractéristiques d’Hazel Englert

Selon elle-même

Selon Omer

Selon Françoise

Début de l’histoire (p.7)

-Laide, défigurée (p.8), seule (p. 18), curieuse, seule (p. 23), malheureuse (p.30), chanceuse d’avoir été prise en charge par Omer (p.30).

-Jeune (22 ans, p. 9), santé mentale précaire, nerfs fragiles (p. 14), aspect spectaculaire (p.15), traumatisée et souffreteuse (p.21).

-Filiforme (p. 15), gaie, enthousiaste (p. 21).

Milieu de l’histoire (p.33)

-Insomniaque (en raison des visites d’Omer, p. 50).

-Heureuse (p.73).

-Volubile (p. 40), innocente (p.57).

Dans la première fin (p. 129)

-Livide (selon le narrateur, p.167).

-Sa beauté est plus éclatante qu’avant (p.154), jalouse pour Adèle (p.159).

-Très belle (p.141), elle tient à son vieillard (p.143), jeune dinde (p.155).

Dans la deuxième fin (p.173)

-Laide (p.186), reconnaissante envers Françoise (p. 189).

-Peur d’affronter l’extérieur (p.174).

-Sublime (p.188).

 

 

 

Caractéristiques d’Omer Loncours

Selon lui-même

Selon Hazel

Selon Françoise

Début de l’histoire (p.7)

-Vieux (77 ans, p. 9), Riche (p. 19).

-Aimable, admirable, dégoutant (p.9), monstrueux (p.9), pervers (p.10), dégouté de la mer (p.31).

 

Milieu de l’histoire (p.33)

 

-Fait preuve à son endroit de violence physique et psychologique (p. 52)

-Homme âgé qui ne peut être violent envers une jeune fille (p.52), ignoble (p. 78), lubrique (p.79), sénile (p.108), infâme (p. 112).

Dans la première fin (p.129)

-Délicat (p. 150).

-Elle lui doit tout (p. 152), elle croit qu’il l’a rendue comme elle est (p.153).

-Stratège habile (p. 140), vieux sacripant (p.145), laid, décati, vieux salaud (p. 155), généreux (p.169).

Dans la deuxième fin (p.173)

   

-Criminel (p.174).

 

 

 

Caractéristiques de Françoise Chavaigne

Selon la directrice de l’hôpital

Selon elle-même

Selon Omer

Selon Hazel

Début de l’histoire (p.7)

-Jeune et agréable à regarder (p.12), la meilleure infirmière (p.20).

-Jeune (30 ans, p. 23), célibataire et sans enfants (p. 23), aime son métier (p. 25).

-Sage (p. 13).

-Sympathique (p. 22), belle et sérieuse (p. 23).

Milieu de l’histoire (p.33)

-Bien, belle et droite (p.72).

-Rusée (p. 47).

-D’une grande sagesse (p. 54), belle, admirable, intelligente (p.55), indigne de confiance (p. 70), à la fois intelligente et bête (p. 72).

-Sa meilleure amie (p. 42), dure avec Hazel (p.51), méchante (p. 53), solide (p.61).

Dans la première fin (p.129)

-Radieuse (p.167).

 

-Paysanne hébétée (p. 133).

-Menteuse (p. 141).

Dans la deuxième fin (p.173)

 

-Rusée (p.18), monstrueuse (p.187).

-Folle (p.173).

 

 

Activité 3 : Pendant (ou après) la lecture

Pour cette activité, les élèves doivent écrire un dialogue de 300 mots entre Hazel en Françoise en utilisant en respectant la règle imposée par Omer : Françoise ne peut poser de questions à Hazel. Cependant, elle arrive à détourner cette contrainte en faisant des affirmations qui choquent la jeune fille et qui la poussent à dire ce qu’elle pense. Ce dialogue doit porter à la fois sur un des thèmes présents dans Mercure, et sur une des œuvres littéraires abordées dans le roman. Par exemple, l’enseignant peut décider d’utiliser certains extraits des Mille et Une nuits (référence dans Mercure à la page 129) ou du Comte de Monte-Cristo (p.24) pour parler du thème de l’enfermement, de Dracula de Bram Stoker pour parler de la sexualité ou de la beauté, de l’amour avec L’Astrée (p.131) d’Honoré d’Urfé ou de la folie avec Le Horla de Maupassant [4] (p.134). Le fait de travailler les textes mentionnés par Nothomb permet de démontrer aux élèves que « tout texte s’écrit à partir d’autres textes, qu’il se lit donc à partir des lectures antérieures, qu’il est à interpréter en fonction d’un réseau dans lequel il prend place [5] ».

 

Activité 4 : Après la lecture

Dans ses romans, dans Mercure, entre autres, l’auteure crée des univers qui balancent entre la réalité et la fiction. Les élèves auront à débattre de cette question en se basant sur leur interprétation de la pièce. La classe sera divisée en deux, une équipe travaillera sur l’interprétation du roman qui tend à prouver qu’il s’agit d’un univers vraisemblable, alors que la deuxième équipe étudiera la possibilité que Mercure soit invraisemblable. Voici quelques arguments qui tendent à prouver chacun des points.

 

Mercure est invraisemblable : Les lieux sont inventés (Mortes-Frontières, Nœud). La supercherie de Loncours n’est pas possible, la maison n’aurait pas pu être construite ainsi.

 

Mercure est vraisemblable : Hazel peut avoir été défigurée à la fin de la Première Guerre mondiale. Les trois personnages font référence à une littérature réelle L’attachement et l’empathie d’Hazel envers Loncours pourraient s’expliquer par le syndrome de Stockholm.

 

Les élèves seront amenés à développer leur interprétation et leur compréhension du roman en explorant les idées des autres. Dans un autre ordre d’idées, ils devront également mettre en œuvre leurs connaissances de l’argumentation dans ce débat.

 

Activité 5 : Après la lecture

Amélie Nothomb propose deux fins à Mercure. Suite à la lecture des deux fins, les élèves auront à choisir l’une des deux, puis à écrire un texte argumentatif de 650 mots défendant pourquoi cette fin respecte la logique du texte et des personnages. Les adolescents devront utiliser les fiche des caractéristiques des protagonistes pour réussir cette tâche. Cette dernière activité permettra aux élèves de défendre leur interprétation du dénouement du roman en s’appuyant sur des preuves textuelles. Ce texte servira d’évaluation finale et sommative qui permettra aux élèves de démontrer leur compréhension et leur interprétation du roman. 

 

Conclusion

Cette séquence didactique, bâtie à partir de Mercure, d’Amélie Nothomb, permet aux élèves de découvrir l’univers et les personnages mis en place par cette écrivaine, mais aussi d’observer l’influence d’autres textes (tant ceux de l’auteure en question que ceux d'autres personnalités du monde littéraire) dans le roman à l’étude. De plus, elle peut facilement être mise à la main de l’enseignant qui la dirige en l’adaptant aux besoins des élèves.

 

 

Bibliographie

 

Œuvres littéraires mentionnées

DUMAS, Alexandre (1978). Le comte de Monte Cristo, Gallimard, Gallimard Jeunesse (coll. Le rayon d’or), Paris, 672 pages.

GALLAND, Antoine (2004), traduit de l’arabe. Les Mille et Une Nuits, GF Flammarion, Paris, 454 pages.

MAUPASSANT, Guy de (2003). Le Horla, Gallimard (coll. Folio Classique), Paris, 144 pages.

NOTHOMB, Amélie (1998). Mercure, Albin Michel (coll. Livre de Poche). Paris, 188 pages.

OVIDE (1992). Les métamorphoses, Gallimard (coll. Folio Classiques), Paris, 640 pages.

SCUDÉRY, Madeleine de (2006). Clélie, histoire romaine, Gallimard (coll. Folio Classique), Paris, 448 pages.

STOKER, Bram, Dracula, Pocket, Paris, 575 pages.

STENDHAL (2003), La Chartreuse de Parme, Gallimard (coll. Génie de France), 768 pages.

 

 


[1] Amélie Nothomb, Mercure, Albin Michel, coll. Livre de Poche, Paris, 1998, 188 p.

[2] Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Programme de formation de l’école québécoise,  deuxième cycle, français, langue d’enseignement, chapitre 5, page 34. [En ligne] http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeformation

/secondaire2/medias/PFEQ_FrancaisLangueEnseignement.pdf.

[3] Les caractéristiques doivent être prises en contexte pour bien les comprendre. En ce sens, les élèves doivent indiquer les pages du roman pour s’y référer lors de l’activité 5.

[4] Autres possibilités : La Chartreuse de Parme (p. 83), Clélie (p. 134), l’histoire de Narcisse (p. 37) dans Les Métamorphoses d’Ovide, l’œuvre intégrale de Victor Hugo (p. 134), de Baudelaire (p.134), Les aventures d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll (p. 145), etc.

[5] Sylviane Ahr, L’enseignement de la littérature au collège, L’Harmattan, Paris, 2005, p. 537.

 


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