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Charlie et la chocolaterie

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Charlie et la chocolaterie
ROALD, Dalh
Par Céline Dusausoit


Nationalité de l'auteur : Autres
Genre : Littérature de jeunesse
Courant :
Siècle :
Groupe d'âge visé : Premier cycle secondaire
Auteur de la séquence : Céline Dusausoit
Date du dépôt : Hiver 2012


 

I. Présentation de l’œuvre

Charlie et la chocolaterie est un roman de littérature jeunesse de Roald Dahl, publié en 1964. Sa particularité est qu’il présente plusieurs narrateurs ainsi que plusieurs types et genres de textes susceptibles d’être travaillés en classe. De plus, l’humour utilisé par l’auteur est très présent tout au long du récit notamment avec le côté atypique du personnage de Willy Wonka et l’utilisation de registres de langue variés. Ce dernier élément peut, de par ce fait, poser certains problèmes d’interprétation et de compréhension, car il est nécessaire de dégager le côté implicite, et parfois absurde, des propos et des situations. Cet ouvrage a également comme intérêt didactique la diversité des supports d’adaptation à analyser à savoir le théâtre et le cinéma. En outre, les personnages sont issus de différents milieux socio-économiques et ils représentent chacun l’allégorie d’un vice. Le processus d’identification est donc favorisé par cette exagération. Cette œuvre est également susceptible de plaire tant aux filles qu’aux garçons, car le thème traité est assez général et les protagonistes variés. Il est donc probable que la plupart des élèves se reconnaissent dans les attitudes de Mike Teavee ou encore de Violette Beauregard.

 

En ce qui concerne l’auteur, Roald Dahl a écrit de nombreux ouvrages pour la jeunesse comme "Matilda", "Danny, champion du monde", "Moi, boy", "Sacrées sorcières"… qui sont souvent dédiés à un public âgé de 8 à 14 ans. L’exploitation de ce roman s’adresse donc à un public dont le niveau de lecture est assez faible ; on exploitera la séquence didactique suivante avec des élèves de première secondaire ou avec des élèves plus vieux avec des retards scolaires.

 

 

II. Problèmes à résoudre et objectifs

Cette séquence didactique se déroule sur de 10 à 12 heures durant lesquelles nous nous attarderons essentiellement sur les trois situations-problèmes suivantes :

- analyser l’univers narratif de l’œuvre en identifiant la quête de Charlie Bucket, les caractéristiques des personnages, le schéma narratif;

- analyser les différents types et genres de textes présentés dans l’œuvre littéraire ainsi que leurs particularités syntaxiques (texte narratif et descriptif, la lettre);

- aborder l’intertextualité en analysant l’adaptation cinématographique d’une œuvre littéraire, relever les similitudes et différences.

 

Selon le programme de formation de l’école québécoise (2003) et d’après le programme des apprentissages du premier cycle, les principaux objectifs sont :

- l’observation de la structure des textes analysés afin de repérer leurs règles d’organisation et de cerner les fonctions communicatives associées ;

- la reconstruction d’un univers narratif en référence au monde réel, à celui de la science-fiction, du fantastique ou du merveilleux ;

- la construction des connaissances sur la langue, les textes et la culture en analysant et en exerçant différents procédés d’écriture.

 

On peut donc dire que, au terme de la séquence, l’élève sera capable :

- de rédiger un texte reprenant les éléments narratifs de la production initiale;

- d’analyser les processus et stratégies mis en place lors de la lecture d’une œuvre littéraire;

- de lire et d’apprécier une œuvre littéraire longue en relevant les éléments narratifs et langagiers qui la constituent afin de porter un regard analytique sur celle-ci;

- d’identifier et de rédiger des textes en fonction de leurs particularités rédactionnelles et communicatives.

 

 

III. Séquence didactique sur Charlie et la chocolaterie 

L’exploitation de cette œuvre ne nécessite pas de connaissances littéraires ou langagières particulières, elle est même le moyen d’aborder différents types et genres de textes. Elle permet aussi de réinvestir les connaissances propres à l’univers narratif et de faire des liens entre l’œuvre originale et son adaptation cinématographique (moderne).

 

 

3.1. Avant la lecture

Activité 1 : Le pacte de lecture, prise en compte de l’horizon d’attente

« Une œuvre littéraire, même lorsqu’elle vient de paraître, ne se présente pas comme une nouveauté absolue dans un désert d’information, mais prédispose son public par des indications, des signaux manifestes ou cachés, des caractéristiques familières, à une forme de réception particulière. » « Ce pacte se noue déjà bien avant d’ouvrir le livre : le fait que nous connaissions l’auteur, ses productions, son style d’écriture, le genre littéraire auquel il nous a habitués jusqu’alors délimite déjà un horizon d’attente. » Afin de délimiter cet horizon, le professeur présente l’œuvre et l’auteur. Une tempête d’idées sur l’histoire, les personnages… est opérée à partir du titre et de la couverture. Des liens peuvent aussi être réalisés avec le film de Tim Burton. Par après, la quatrième de couverture est présentée et lue individuellement. Pour terminer, les élèves formulent, par écrit, une hypothèse sur l’intrigue en complétant la dernière phrase du résumé suspensif à savoir « Les cinq enfants qui découvriraient un ticket d’or caché dans cinq bâtons de chocolat… »

 

Activité 2 : Les indices paratextuels

Après l’activité 1, le professeur amène les élèves à établir des liens entre le résumé et la couverture. Le but est de leur faire dégager les premiers indices fournis par les illustrations et d’inférer certains éléments de l’histoire comme le fait que Charlie gagne un ticket d’or. Afin d’orienter les élèves, des questions sont posées : « Que remarque-t-on sur la couverture ? », « Quels sont les personnages présents ? », « Quels sont les autres informations livrées par la couverture, en général ? » À partir de cette dernière question, le professeur présente, de manière succincte et à titre informatif, les données présentes sur la couverture d’un livre : l’auteur, la maison d’édition, etc. Le but est de familiariser les élèves avec l’objet-livre.

 

Activité 3 : Le journal de lecture dialogué (avant et pendant la lecture)

« […] Le journal dialogué est un cahier où l’élève écrit sur ses lectures, mais aussi sur la manière dont il se comporte comme lecteur. Le dialogue se poursuit, sous forme de lettre, entre l’enseignant et l’élève. Il peut arriver que la conversation s’établisse entre les élèves. Le journal dialogué apparait donc comme une occasion privilégiée de combiner les processus d’écriture et de lecture dans une seule et même activité qui puise son sens dans la communication. » Ce dernier a donc pour but de favoriser les attentes des élèves, de faire un retour sur ce qu’ils ont lu, de s’assurer de la compréhension des informations, de construire une interprétation en formulant des hypothèses et des attentes sur la suite de l’histoire par inférence. Dans cette séquence, les élèves tiennent un journal dialogué en duo. Les arrêts sont faits de manière systématique après la lecture de 5 chapitres. Cette division s’explique par le nombre élevé des chapitres. Un retour est effectué à la fin de la séquence pour faire le bilan de la lecture et s’assurer que chacun a fait son travail. Afin d’aider les élèves dans leur démarche d’écriture, des journaux de lecture dialogués sont présentés à titre d’exemple. Avant la lecture, un premier texte est rédigé quant aux attentes des élèves par rapport à l’histoire.

 

 

3.2. Pendant la lecture

Activité 1 : Les personnages (au fil de la lecture)

Afin de favoriser la représentation mentale ainsi que la sélection, la liaison et la mémorisation d’informations, un tableau synthétique sur les personnages est réalisé. Ce dernier reprend les éléments suivants : nom et prénom, traits physiques, traits de caractère, défaut principal, dans l’usine (ce dernier point reprend la manière dont l’enfant disparait). Un premier arrêt est fait après la page de présentation des cinq enfants. Le professeur questionne les élèves sur la particularité des noms et sur les liens avec leur vice. Après la lecture du chapitre 1, les élèves réalisent l’arbre généalogique de Charlie Bucket. Les premiers chapitres sont lus individuellement, en classe. Le professeur s’assure de la compréhension par questionnement, il veille notamment à ce que les élèves formulent des hypothèses sur la suite de l’histoire et sur les éléments principaux. Le tableau des personnages est complété au fil de la lecture.

 

Activité 2 : Lettre personnelle de Willy Wonka

Un extrait du chapitre 12 est lu aux élèves (jusqu’à la phrase « Bien, je vais vous la lire. »). Des hypothèses sont formulées sur l’inscription au dos du ticket d’or par une phase de questionnement oral : « Quelles sont les informations que Charlie va trouver ? » « Qui a écrit le ticket ? »… Ensuite, les élèves rédigent un texte de 100 mots sur le déroulement de la journée prévue par Willy Wonka. Ce texte se fait sous la forme d’une lettre personnelle adressée aux détenteurs du ticket. Les élèves rédigent de manière indépendante puis, après quelques minutes, on fait le point sur la manière d’agencer le texte afin de relever les éléments dont on doit tenir compte au niveau de la syntaxe, du langage mais aussi selon l’intrigue. Afin de les aider, un retour est fait sur la lettre présente dans le chapitre 5. Elle fournit des pistes d’écriture et permet de relever le style langagier du chocolatier. À la fin de l’activité, il est également important de faire réfléchir les élèves sur les raisons qui poussent Willy Wonka à faire visiter son usine alors qu’elle était fermée au public. En effet, les raisons ne sont pas clairement explicitées dans le roman sauf dans les derniers chapitres.

 

Activité 3 : Présentation sur le chocolat et les procédés de production

L’industrie du chocolat est présentée par une recherche documentaire afin que les élèves puissent élargir leurs connaissances culturelles sur les procédés de fabrication et l’origine de ce produit. Pour ce faire, ils remplissent un document récapitulatif. À la suite de ce document, un questionnaire est proposé sur le rapport que les élèves ont avec ce produit en les interrogeant sur la première fois qu’ils en ont mangé, ce qu’ils ont ressenti, etc. Cette activité permet de s’identifier aux personnages, mais aussi de faire un lien avec l’une des scènes du film de Burton à savoir celle où Willy Wonka mange son premier chocolat. Si le temps et les moyens le permettent, on peut organiser la visite d’une usine de chocolat afin de confronter la fiction et la réalité. Cette activité se déroule pendant la lecture afin d’aider les élèves dans la compréhension de la fabrication du chocolat et de les diriger dans la réalisation de l’activité 5. De plus, elle favorise l’identification aux personnages et permet de mobiliser des connaissances nouvelles tout en facilitant la représentation mentale quant aux procédés de fabrication.

 

Activité 4 : La place du narrateur et le texte narratif

Lors de cette activité, on identifie les narrateurs présents dans l’œuvre par une lecture à rebours durant laquelle les élèves se réfèrent aux marqueurs indiquant les changements narratifs: les pronoms, le registre de langue, etc. Ce travail de repérage est effectué en groupe afin de confronter les idées et d’éviter une démotivation face à la tâche à accomplir. Les différentes marques sont analysées avec la classe. Par la suite, les élèves rédigent un texte dans lequel Augustus Gloop raconte la manière dont il a vécu l’expérience de sa disparition. Afin d’aider les élèves à se représenter la scène et à identifier l’ensemble des traits de caractère du personnage, la scène extraite du film de Tim Burton est projetée. Cette dernière tâche a pour but de forcer l’élève à s’identifier à un personnage afin de narrer l’histoire tout en adoptant son point de vue, et en tenant compte d’éléments primordiaux comme l’âge du personnage, son caractère, le registre de langue employé, etc.

 

Activité 5 : Le texte descriptif

À partir de la scène du film présentant la salle de télévision, les élèves rédigent un texte de 150 mots dans lequel ils décrivent la pièce observée. Pour aider les élèves, une tempête d’idées est faite, avant la projection, sur les éléments auxquels ils doivent être attentifs. Après les phases de visionnement, les élèves rédigent un premier jet. Ils le confrontent avec l’extrait du chapitre 15 dans lequel on décrit la Salle au chocolat ; si nécessaire, ils ajustent leurs procédés d’écriture et produisent un deuxième jet. Roald Dahl joue énormément sur la description dans ce roman, son œuvre favorise donc la présentation de ce type de texte.

 

Activité 6 : Les jeux de langage

Par une lecture repérage, un inventaire des inventions de Willy Wonka et de leurs particularités est opéré. Le but est de familiariser la classe avec les procédés langagiers et les jeux de mots employés par l’auteur. Ensuite, un exercice de devinette est mis en place. Les élèves reçoivent un papier présentant un objet insolite (par exemple, un vélo à trois roues), ils le font deviner à la classe en décrivant son fonctionnement, son utilité. Cet exercice réinvestit les procédés descriptifs en suscitant l’imagination des élèves. Après cette mise en situation, les élèves inventent un nouveau produit Willy Wonka (en groupe de 3-4). Ils en font une brève description (50 mots), réalisent son affiche publicitaire et rédigent un slogan.

 

Activité 7 : Morale de l’histoire

Pour vérifier la compréhension de l’histoire et faire émerger les thèmes principaux de l’œuvre, on fait rédiger la morale. Des exemples sont donnés afin de fournir des pistes aux élèves. L’intérêt de l’activité réside dans le fait que le film présente une morale, contrairement au livre. De plus, c’est un moyen idéal pour vérifier la compréhension et l’interprétation du roman par les étudiants. La morale est aussi un bon outil pour faire émerger la dimension culturelle de l’œuvre en identifiant les principaux thèmes comme la pauvreté, la famille, etc. Enfin, pour terminer, un retour est fait sur le journal dialogué par le biais d’un cercle de lecture durant lequel les élèves s’expriment librement sur la manière dont ils l’ont rédigé, les difficultés… « Ils font ainsi l’expérience du conflit interprétatif, de la relativité d’un point de vue, des différentes inflexions de la lecture possible. »

 

 

3.3. Après la lecture

Activité 1 : « Charlie et la chocolaterie » vu par Tim Burton

Après la lecture, les élèves réalisent le schéma narratif de Charlie et la chocolaterie, en groupe de 3-4. Dans un premier temps, le professeur les laisse travailler indépendamment puis, après quelques minutes, une mise en commun quant aux principaux éléments à relever est opérée. Les élèves confrontent ainsi leurs idées et se corrigent si nécessaire. Un nouveau temps d’échanges est laissé avant une correction orale. Par la suite, le film de Tim Burton est visionné afin de confronter le roman et son adaptation dans une œuvre cinématographique du XXIe siècle. Ce visionnement est fait après la lecture pour éviter que les élèves se basent uniquement sur la version moderne de l’œuvre et soient induits en erreur par rapport à des éléments de l’histoire originale. Les élèves confrontent également le schéma narratif du récit à celui du film, un retour est fait sur les protagonistes et leurs caractéristiques sur base du tableau des personnages.

 

Activité 2 : Évaluation formative « Comme au cinéma »

Une évaluation formative est proposée afin de réinvestir l’ensemble des éléments abordés dans cette séquence et de mettre en application les compétences d’écriture et d’écoute. Les élèves rédigent, sous la forme d’un texte narratif de 500 mots, une scène présente dans le film mais pas dans le livre. Pour ce faire, les trois scènes propres à la jeunesse de Willy Wonka sont projetées. Les élèves racontent soit l’une de ces scènes, soit l’ensemble de la jeunesse de Willy Wonka. Cette activité de lecture fait l’objet d’un atelier d’écriture favorisant l’écriture et la réécriture de productions. Le but est que les élèves réinvestissent les différents éléments vus sur le texte narratif tout en adoptant le point de vue de l’auteur, en utilisant les mêmes procédés syntaxiques et langagiers que lui.

 

IV. Bibliographie

DAHL, R. (1997). Charlie et la chocolaterie. France : Gallimard Jeunesse.

DUFAYS, J.-L., GEMENNE, L., LEDUR, D. (2009). Pour une lecture littéraire. Histoires, théories, pistes pour la classe (p.184). Bruxelles : de boeck.

MONTREUIL, C. (2011). Lecture littéraire et journal dialogué : avantages et limites. Québec français. Numéro 20, p.41-43.

Atelier français, Plateforme pédagogique pour l’enseignement du français. Le pacte de lecture. Repéré à http://www.atelier-francais.be/langages/textes/textenarratif /pactelecture

KALINOWSKI, I. (1997). Hans-Robert Jauss et l’esthétique de la réception. Repéré à http://rgi.revues.org/649#tocto2n4

BURTON, T. (2005). Charlie and the Chocolate Factory. Etats-Unis, Royaume-Uni : Warner Bros.

STUART, M. (1971). Willy Wonka and the Chocolate Factory. Etats-Unis : Warner Bros. Entertainment.

 


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