Se connecter
 Retour à la page précédente
La petite fille qui aimait trop les allumettes

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
La petite fille qui aimait trop les allumettes
SOUCY, Gaétan
Par Moana Veillette et Manon Castonguay


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Roman
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Moana Veillette et Manon Castonguay
Date du dépôt : Hiver 2005


Nous avons choisi de baser notre séquence didactique sur le roman La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy. Nous considérons que cette œuvre québécoise est riche sur tous les plans : contenu, forme et langue. Ce roman, qui s’adresse autant aux garçons qu’aux filles, représente un beau défi de lecture pour des élèves de cinquième secondaire.

Les problèmes de lecture

Dans La petite fille qui aimait trop les allumettes, nous avons ciblé trois problèmes de lecture en lien avec la compétence « Lire et apprécier des textes variés ». La difficulté majeure de l’œuvre se situe sur le plan de l’identité du narrateur. Ce dernier est le personnage central du récit et raconte sa propre histoire. La complexité réside dans le fait que le narrateur enfant évolue tout au long du récit. Les élèves doivent construire le sens de l’histoire en rassemblant et analysant divers indices donnés par le narrateur. Le deuxième problème de lecture ciblé concerne le temps et l’espace. Plusieurs éléments du texte, en lien avec le temps, délimitent la structure du récit et permettent de construire du sens. Les lieux doivent être perçus et interprétés dans une perspective symbolique. Le dernier problème à résoudre se rapporte à la langue. Le narrateur enfant utilise sa propre langue constituée de mots inventés, d’archaïsmes et d’expressions déformées, intégrés dans une syntaxe très orale. L’objectif principal est d’arriver à déchiffrer le message malgré une utilisation déstabilisante de la langue. Au cours de la séquence, toutes les activités seront consignées dans un cahier de lecture.

Avant la lecture

Le livre en tant qu’objet

Nous nous attacherons d’abord au livre en tant qu’objet pour créer un horizon d’attente chez les élèves et susciter leur intérêt. L’attention sera surtout portée sur la page couverture de l’œuvre. Les élèves devront d’abord se prononcer sur l’illustration et sur le titre du roman. Nous mettrons le roman en parallèle avec le conte La petite fille aux allumettes.

Le narrateur enfant

Dans cette partie, nous avons créé un réseau de textes comprenant trois extraits provenant de trois œuvres différentes : Le souffle de l’harmattan de Sylvain Trudel (p. 9-10), Le ciel tombe à côté de Marie-Francine Hébert (p.11-12) et La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy (p.27-29). Les élèves devront cibler les points communs des trois extraits pour arriver à définir le narrateur enfant.

Les pistes de lecture

Pour orienter la lecture des élèves, nous ferons une lecture collective du premier chapitre de La petite fille qui aimait trop les allumettes. Dans ce chapitre, nous avons relevé plusieurs points sur lesquels les élèves devront se concentrer au cours de leur lecture : le symbole du feu, les adresses au lecteur, le Juste Châtiment, l’importance des mots et les expressions du narrateur. La première phrase du roman laisse transparaître que la perception du monde par le narrateur n’est pas nécessairement la réalité. Les élèves prendront également conscience de la structure du roman en constatant que le narrateur écrit son testament. Le lien du narrateur avec les mots est à prendre en considération pendant la lecture.

Pendant la lecture

Bloc 1 : Identité du narrateur

Avant que les élèves commencent leur lecture, nous leur fournirons une grille dans laquelle ils devront consigner les notes de lecture au sujet du narrateur-personnage. Les élèves pourront ainsi comprendre qui est réellement le narrateur et constater son évolution en tant que personnage. La grille permettra de repérer et d’accumuler les indices textuels pour ensuite tenter de les décoder.

Bloc 2 : Dualité des mondes

Dans le bloc précédent, nous avons observé la première phrase du roman avec les élèves : Nous avons dû prendre l’univers en main mon frère et moi car un matin peu avant l’aube papa rendit l’âme sans crier gare (p. 13). Cet extrait annonce une nuance entre la perception du monde par le narrateur et la réalité. Afin de délimiter ces deux mondes, nous ciblerons certains éléments que les élèves, en équipe, devront définir en confrontant le point de vue objectif au point de vue du narrateur. Les cinq thèmes travaillés seront l’univers et le monde (p. 109), les femmes (p. 47 et 104), la sexualité (p. 79 et 154), l’amour (p. 74) et la mort (chapitre 1 et p. 51). Il est important que les élèves voient ce qui a influencé la perception du narrateur (les livres, la religion et l’éducation par le père).

Bloc 3 : Activité d’écriture

Après la lecture de la première partie du roman, les élèves devront anticiper l’action à venir. L’hypothèse sur la suite de l’histoire, également inspirée par l’ensemble des notes de lecture, tiendra dans un court texte de 200 à 250 mots.

Bloc 4 : Lieux et espace

Il est important que les élèves arrivent à délimiter les lieux où se déroule le récit et à en voir la symbolique. Pour les orienter dans leur interprétation, nous sélectionnerons cinq extraits se rapportant à cinq lieux différents (village, p. 45-47; hangar ou caveau, p. 85-86; salle de bal, p. 106; galerie des portraits, p. 103; cuisine, p. 27-28). Les élèves auront d’abord à identifier les lieux. En réfléchissant à diverses questions, les élèves chemineront vers une interprétation des lieux fondée sur des éléments précis du texte, pour finalement saisir ce que ces lieux représentent pour le narrateur.

Bloc 5 : Temps

Avant la lecture du roman, nous avons demandé aux élèves de repérer les adresses faites au lecteur. Par des extraits choisis, nous pousserons les élèves à voir un changement dans la nature des adresses au lecteur au fil du roman. Le but principal de cette discussion est de démontrer aux élèves que plus le roman avance, plus le temps presse. Nous étudierons avec les élèves deux passages du roman (p.127 et 135) qui témoignent du rapport particulier entre le temps de la narration et le temps du récit.

Bloc 6 : Langue

Dans le bloc 2, les élèves ont remarqué qu’il y avait une confrontation entre deux visions du monde dans l’œuvre. Cette dualité est également présente dans l’écriture du narrateur. Nous avons choisi de fournir un extrait précis (p. 89) pour que les élèves travaillent sur différents aspects de la langue. Nous demandons aux élèves de trouver, à l’intérieur de cet extrait, des mots, expressions ou tournures de phrases se rapportant à un niveau de langue soutenu et à un niveau de langue familier. Nous proposons également aux élèves de repérer, parmi ces exemples, ceux qui permettraient d’identifier le narrateur comme étant un enfant. Nous demanderons aux élèves de relire le même extrait en s’attachant à l’identité du narrateur. Son cheminement identitaire se fait par le biais de l’écriture : ce sont les mots qui lui permettent de s’affirmer.

Bloc 7 : Pouvoir des mots

Les mots sont au centre de l’univers du narrateur. Nous illustrons ce constat à l’aide du passage suivant :

Sans lui, c’est à se demander si nous aurions même l’usage des mots. Ça m’est venu une fois que j’y pensais. Tout ce silence qui est dans la vie du Juste, c’est peut-être ça qui nous permet, à mon frère et à moi, d’être à tu et à toi avec la parole, moi surtout. Je veux dire, c’est comme si le Juste avait pris tout le silence sur elle-même, pour nous en libérer, et nous permettre de parler, et que serais-je sans les mots, je vous le demande un peu.(p. 152)

À partir de leurs notes de lecture, les élèves doivent trouver des citations qui confirment ce rapport aux mots (p. 76, 97, 126, 140, 170, 175, 176…).

Après la lecture

Bloc 8 : Activité de création

Pendant la lecture, les élèves ont sélectionné des passages qui les ont touchés. Les élèves devront choisir, parmi ces citations, l’équivalent de dix lignes de texte. Les élèves auront à créer des phrases se rapprochant du style de l’auteur afin d’unir les citations et leurs propres phrases dans un texte suivi (300 mots). Ils tenteront de faire un pastiche en axant leur travail sur la syntaxe, les deux niveaux de vocabulaire, les expressions déformées et les mots inventés.

Retour sur le livre en tant qu’objet

Un retour sera fait sur la page couverture et sur le titre de l’œuvre. Le but est que les élèves vérifient s’il y a un changement dans leur propre perception. Les élèves se rendront probablement compte que toutes les activités réalisées avant, pendant et après la lecture de La petite fille qui aimait trop les allumettes leur auront permis de construire le sens de l’œuvre.


Références :

ANDERSON, La petite fille aux allumettes
http://www.hattemer.fr/Noel_contes/Conte_Andersen_Allumettes_1.htm (mars 2005)

DUCHESNE, Alain et Thierry LEGUAY, Petite fabrique de littérature, Paris, Éditions Magnard, 1986, 317 p.

HÉBERT, Marie-Francine, Le ciel tombe à côté, Montréal, Québec Amérique, 2003, 164 p.

SOUCY, Gaétan, La petite fille qui aimait trop les allumettes, Montréal, Les Éditions du Boréal, 2000, 180 p.

TRUDEL, Sylvain, Le souffle de l’harmattan, Montréal, TYPO, 2001, 240 p.

---
© 2024, Université Laval
Ce texte est protégé par la loi sur les droits d'auteur. Il peut cependant être utilisé à des fins éducatives. Nous vous prions d'en indiquer la source lors d'une éventuelle utilisation.


À propos | Aide | Contactez-nous