Attentat, d’Amélie Nothomb, semble facilement abordable, mais pose tout de même certains problèmes de lecture féconds. Les élèves ont alors l’occasion de découvrir de quelle manière peut être traitée la dichotomie du laid et du beau à travers un texte qui les rejoint. La séquence didactique proposée se divise en cinq cours de deux heures.
AVANT LA LECTURE
Cours 1 : deux heures
L’enseignant(e) présente tout d’abord le « phénomène » Amélie Nothomb. Par l’étude du contexte social dans lequel s’inscrit l’ensemble de l’œuvre d’Amélie Nothomb, les élèves sont amenés à prendre conscience non seulement de l’ampleur du phénomène, mais de son importance considérable dans la littérature française contemporaine (succès, productivité, réception critique, renommée, etc.). Par la suite, ils peuvent entamer la lecture d’Attentat en étant conscients qu’ils ont entre les mains un objet culturel d’importance.
Il est également intéressant de faire l’étude du paratexte de l’œuvre, en particulier de découvrir la signification de l’image présentée sur la page couverture (une bête mi-homme mi-taureau). Du coup, il est pertinent de présenter aux élèves le mythe du Minotaure puisque celui-ci s’inscrit directement dans le texte. En s’arrêtant sur cet élément important de l’intertexte, les élèves ont la possibilité d’acquérir des connaissances de base qui leur permettront de mieux comprendre l’œuvre.
Cours 2 : deux heures
L’enseignant(e) commence en demandant aux élèves de lire les trois premières pages du roman de façon individuelle. Il leur demande ensuite quelles sont les connaissances qu’ils ont à propos du personnage légendaire qu’est Quasimodo (Notre-Dame de Paris), auquel se réfère explicitement Amélie Nothomb dans Attentat. Il devient ainsi pertinent de présenter des chansons écrites par Luc Plamondon (paroles et extraits musicaux à l’appui) pour la pièce de théâtre musicale Notre-Dame de Paris, des extraits vidéos de cette même pièce, ainsi qu’un extrait du texte de Victor Hugo (celui dans lequel Quasimodo fait une apparition à un bal masqué où il est reconnu comme étant celui qui a le masque le plus laid alors qu’il n’en porte pas). Cet extrait permet de constater l’extrême laideur du personnage. Par ailleurs, la présentation de l’extrait décrivant le personnage d’Esméralda permet de constater la dichotomie qui existe entre le beau et le laid, le sublime et le grotesque.
Par la suite, afin que les élèves saisissent correctement ce concept de « grotesque », on leur fait lire un extrait de L’homme qui rit de Victor Hugo où le protagoniste, ayant un visage monstreux en raison d’une chirurgie qu’on lui a faite à son insu, devient carrément un animal de foire ridicule aux yeux des gens.
L’enseignant(e) propose ensuite aux élèves une activité en équipe au cours de laquelle ils doivent lire des extraits d’Attentat pour en dégager la dichotomie beau / laid. Il est pertinent de faire travailler les élèves sur des extraits où le protagoniste, Épiphane, décrit sa propre laideur pour ensuite s’exclamer sur la beauté sublime d’Éthel. L’enseignant(e) revient ensuite en groupe pour animer une discussion sur le sujet. Il demande alors aux élèves de circonscrire le paradoxe stéréotypé de l’homme laid tombant amoureux de la belle femme et s’il en existe d’autres exemples (La Belle et la Bête, Cyrano de Bergerac, etc.)
Cours 3 : deux heures
Les élèves sont amenés, lors de ce troisième cours, à saisir l’ironie qui ressort du paradoxe du sublime et du grotesque. Pour ce faire, l’enseignant(e) leur présente un extrait de Madame Bovary de Flaubert dans lequel s’inscrit un paradoxe de la poésie et du mauvais goût. Ensuite, les élèves peuvent encore une fois travailler sur des extraits de l’œuvre à l’étude et les comparer avec l’extrait de Flaubert. Ils peuvent ainsi dégager l’ironie qui ressort du paradoxe sublime / grotesque dans les deux œuvres.
Objectif de lecture : L’enseignant(e) demande aux élèves de s’attarder au discours tenu par le protagoniste sur la beauté et la laideur. Bref, en raison de la dichotomie existant entre le beau et le laid, en quoi le discours tenu par Épiphane est-il ironique?
Une semaine passe afin que les élèves puissent lire l’œuvre à l’étude.
APRÈS LA LECTURE
Cours 4 : deux heures
Il s’agit de faire un retour sous forme de table ronde en groupe afin de revenir sur l’objectif de lecture énoncé au cours précédent. Afin d’alimenter cette discussion et de pousser l’analyse du texte, l’enseignant(e) pose des questions aux élèves sur des aspects qui n’ont encore jamais été abordés. Il est intéressant de s’arrêter sur certaines citations de Baudelaire ou de Wilde, qui semblent très bien représenter l’ensemble de l’œuvre. Ainsi, l’enseignant(e) demande aux élèves en quoi ces citations sont significatives une fois qu’ils ont lu le roman.
Dans la deuxième heure de cours, l’enseignant(e) propose aux élèves une activité d’écriture. Ainsi, lorsqu’il est en voyage, Épiphane écrit une lettre à Éthel dans laquelle il lui avoue son amour. Les élèves doivent alors, en ne tenant aucunement compte de la réaction d’Éthel dans le roman, répondre à la lettre d’Éphiphane de manière originale et créative, comme si celle-ci leur était adressée. Cette activité se fait individuellement.
Cours 5 : deux heures
Au début du cours, il est intéressant de lire de façon anonyme trois ou quatre textes écrits par les élèves au cours précédent.
Pour terminer la séquence, les élèves, seuls ou en équipes de deux, doivent faire une activité de comparaison entre Attentat d’Amélie Nothomb et Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Ils doivent plus précisément comparer les personnages d’Épiphane et de Quasimodo dans la finale des deux œuvres. Dans un travail d’environ trois à quatre pages, ils doivent analyser les comportements des deux personnages en regard du paradoxe du beau et du laid. De cette façon, il ont l’occasion de faire appel aux divers outils proposés par l’enseignant(e), ainsi qu’aux connaissances qu’ils ont acquises afin de démontrer une compétence en ce qui concerne le traitement d’un thème dans un texte littéraire.