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La part de l’autre

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
La part de l’autre
SCHMITT, Eric-Emmanuel
Par Julie Simard-Maltais


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Roman
Courant :
Siècle : 21e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Julie Simard-Maltais
Date du dépôt : Hiver 2005


1. L’œuvre intégrale

Dans le cours Littérature et imaginaire, il est tout à fait pertinent de mettre au programme La part de l’autre d’Éric-Emmanuel Schmitt. Auteur contemporain, il revisite et réfléchit sur l’humanité de Hitler. Schmitt est d’ailleurs un auteur important à faire découvrir aux élèves puisqu’il soulève plusieurs questionnements philosophiques sur des thèmes tels que l’amitié, l’amour, la sexualité, le bonheur, la foi, le pouvoir, la guerre et le destin.

2. La situation-problème et ses problèmes de lecture

La situation-problème consiste à lire et à comprendre le roman La part de l’autre d’Éric-Emmanuel Schmitt.

2.1 L’étude du contexte sociohistorique dans l’œuvre et de l’œuvre

L’étude du contexte de réception de l’œuvre, début du XXIe siècle, est aussi importante que celle du contexte sociohistorique décrit dans l’œuvre, soit la Deuxième Guerre mondiale, puisqu’il y a encore aujourd’hui polémique à propos de romans et de films concernant Hitler. Les principaux objectifs d’apprentissage découlant de la résolution de ce problème de lecture sont certainement la compréhension de cette polémique ainsi que la compréhension de la Deuxième Guerre mondiale.

2.2 La structure du roman

La structure de La part de l’autre peut être source d’incompréhension. C’est pourquoi nous l’étudierons, entre autres, en attirant l’attention des élèves sur le parallélisme des récits et en mettant à profit des théories sur le roman philosophique. Le roman de Schmitt exploite une hypothèse de départ qui joue sur le plan de la réalité et sur celui de la fiction : « aujourd’hui, nous savons que Hitler a été refusé à l’académie des beaux-arts, mais que serait-il arrivé s’il avait été accepté? » En abordant de front la vie réelle de Hitler en même temps que sa vie imaginée, l’auteur rend compte des possibilités infinies de la vie.

2.3 La réflexion philosophique

Misant surtout sur la réflexion, le dernier problème de lecture choisi pour la séquence s’appuie plus précisément sur l’humanisation de Hitler. Par ce procédé, l’auteur défait le stéréotype du dictateur insensible que représente Hitler pour nuancer la représentation que l’on se fait généralement de l’une des figures historiques les plus tristement marquantes du XXe siècle. L’analyse thématique nourrira la réflexion des élèves. Les oppositions thématiques viendront alimenter notre réflexion en ce qui concerne les deux forces qui s’affrontent en chacun de nous, soit le bien et le mal. Les élèves sont soumis à une vision manichéenne de Hitler au départ et, en réfléchissant davantage, ceux-ci commenceront à discerner les zones grises et les nuances à faire.

3. Ordre de la séquence

3.1 Avant la lecture

L’enseignant propose un remue-méninges aux élèves qui consiste à nommer tout ce qu’ils connaissent de Hitler en privilégiant ses traits exagérés. Nos prochaines activités reposent sur l’écoute du film La chute et la lecture d’une partie du « Journal de La part de l’autre », de la page 475 à la page 479 du roman de Schmitt. Les stéréotypes des élèves sont confrontés à l’humanité du personnage de Hitler qui nous est présentée. En classe, l’élève doit lire un article intitulé « Un film sur Hitler déclenche la polémique » de Christian Rioux. Les élèves forment ensuite des équipes afin de répondre ensemble aux questions de l’enseignant. Les questions concernant le film visent à faire ressortir l’humanité du personnage et la réaction des élèves par rapport à cette humanité : Comment est présenté Hitler dans La chute? Qu’est-ce qui vous a frappé dans cette présentation? Est-il dangereux de présenter Hitler de cette façon (expliquez votre réponse)? Quant à elle, la lecture du journal de Schmitt sert à poser une seule question, soit « Croyez-vous à la possibilité qu’un autre Hitler puisse exister dans l’avenir? ». L’article de Rioux, pour sa part, engage la discussion sur des questions de compréhension et de réflexion : Selon vous, est-il important de comprendre Hitler et pourquoi? Le patriotisme des Allemands de l’époque est-il défendable selon vous? Êtes-vous d’accord avec la phrase suivante de Rioux : « On sort de ce film avec la vision d’un Hitler à peine plus hystérique que d’autres personnages historiques et sans jamais avoir vraiment le vertige devant l’immensité de ses crimes » (expliquez pourquoi)? Comprenez-vous la polémique concernant le personnage de Hitler et a-t-elle lieu d’être? L’enseignant revient sur les questions avec les élèves en plénière. Cela lui permet d’enchaîner sur l’univers de Schmitt. C’est aussi le bon moment pour aborder la psychanalyse et son importance chez Schmitt. L’enseignant entre ensuite plus avant dans La part de l’autre en présentant sa structure générale, soient les deux récits en parallèle. Il explique son fonctionnement, entrecroisement entre réalité et fiction, tout en montrant la richesse de son apport.

3.2 Pendant la lecture

Pendant la lecture, les équipes doivent choisir un extrait qu’ils devront lire au groupe plus tard dans la séquence après l’avoir travaillé. L’extrait doit avoir engendré une réaction émotive chez les élèves qui l’ont choisi, mais il doit également appartenir aux thématiques importantes choisies par l’enseignant. Après cette lecture devant le groupe, une courte discussion a lieu sur l’extrait choisi. L’objectif de cette activité est l’entraînement à la lecture à voix haute et la mise en pratique de l’écoute-découverte. Cette activité permet aussi aux élèves de s’exprimer sur l’œuvre. Afin que les élèves conçoivent mieux la Deuxième Guerre mondiale, l’enseignant propose de faire un remue-méninges sur ce que les élèves connaissent de cet événement et il leur demande ensuite ce qu’ils veulent apprendre sur le sujet. L’activité consiste pour chaque équipe à devenir experte du sujet choisi par elle et à faire un compte-rendu oral de leur champ d’expertise aux autres équipes. L’enseignant ne doit accepter que des sujets pouvant compléter les informations données dans le roman. L’enseignant propose ensuite une étude thématique. Des extraits concernant les oppositions entre innocence et culpabilité, liberté et responsabilité individuelle, choix et circonstance seront mis en valeur. Des équipes sont formées et elles doivent répondre à un document composé de questions leur permettant de faire ressortir l’opposition entre les représentations de Hitler et celles d’Adolf H.. Un retour en plénière est proposé par l’enseignant. La structure romanesque du roman repose sur l’exploration et la recherche de sens. L’enseignant demande donc aux élèves de trouver des liens communs entre La part de l’autre et un réseau d’extraits de romans philosophiques de Diderot, de Hugo, etc. L’enseignant présente ensuite les caractéristiques du roman philosophique, soit la « recherche de la vérité1 », le développement de questions touchant à la conduite de la vie humaine2, la multiplicité des points de vue sur une thématique, la « confrontation des idées et des faits par la médiation de la fiction3 » et l’évolution de la réflexion au fil du roman.

3.3 Après la lecture

Un premier atelier d’écriture créative insiste davantage sur les personnages de Hitler et d’Adolf H.. Les élèves doivent écrire une page sur chacune des visions du monde de Hitler et d’Adolf H. à propos d’une même thématique. Ils doivent écrire au « je », comme s’ils écrivaient sous la plume de ces deux personnages. De cette façon, l’atelier créatif permet de comprendre la position de l’auteur par rapport à son sujet ainsi que la réaction de ses amis (voir le « Journal de La part de l’autre »). Cette activité se fera en équipe de deux. L’enseignant l’évalue de façon formative. Le deuxième atelier, pour sa part, est évalué de façon sommative et se fait individuellement. La consigne consiste à écrire un texte de trois à cinq pages qui présente un « double portrait antagoniste4 » à la Schmitt d’une personne connue ou de la personnalité de l’élève en reprenant quatre des cinq caractéristiques du roman philosophique étudiées en classe. Cet atelier permet à l’élève de réinvestir les mécanismes du roman philosophique et il permet à l’enseignant de vérifier les acquis de ses élèves. L’enseignant termine ensuite la séquence en faisant un retour sur l’analyse du roman et sur les nuances que propose le roman. La conclusion est surtout orientée vers le devoir de l’humanité d’humaniser l’homme que fut Hitler. L’enseignant doit donc amener l’élève à comprendre que la réflexion de l’Homme sur son passé lui permet de mieux comprendre son présent et de préparer son avenir. Enfin, il présentera les bienfaits apportés par le roman, c’est-à-dire une amorce à la compréhension de l’Histoire et de l’Humanité.

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1 Pierre Campion, La littérature à la recherche de la vérité, Paris, Éditions du Seuil (Poétique), 1996, p.17.
2 Ibid., p. 17.
3 Myriam Roman, Victor Hugo et le roman philosophique, Paris, Honoré Champion Éditeur (Romantisme et modernités), 1999, p. 770.
4 Eric-Emmanuel Schmitt, « Journal de La part de l’autre », dans La part de l’autre, Paris, Éditions Albin Michel, 2001, p. 501.

BIBLIOGRAPHIE

BAUDOIN, Mireille, « Un atelier d’écriture en classe : place et rôle », dans Enjeux, n° 57, septembre 2003.

BIZIER, Nicole, « L’intégration des apprentissages dans les programmes d’études », dans Pédagogie collégiale, vol. 12, nº 2, décembre 1998.

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DUFAYS, Jean-Louis, Stéréotype et lecture, Liège, Mardaga, 1994.

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MEYER, Michel, Eric-Emmanuel Schmitt ou les identités bouleversées, Paris, Albin Michel, 2004, 160 p.

NONNON, Élisabeth, « Interactions et apprentissages », dans Le Français Aujourd’hui, nº 113, Paris, Bordas, 1996.

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ROUXEL, Annie, « Écriture d’invention : quelle place pour la subjectivité hier et aujourd'hui? », dans Enjeux, nº 57, septembre 2003.

SCHMITT, Eric-Emmanuel, « Journal de La part de l’autre », dans La part de l’autre, Paris, Éditions Albin Michel, 2001, 503 p.


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