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À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie
GUIBERT, Hervé
Par Lysandre Monette-Larocque


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Autres
Courant : Postmodernité
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Lysandre Monette-Larocque
Date du dépôt : Automne 2005


PERTINENCE DU TEXTE

Dans le cadre du deuxième cours obligatoire de français du programme d'enseignement collégial, Littérature et imaginaire, les élèves doivent « expliquer les représentations du monde contenues dans des textes littéraires de genres variés et de différentes époques ». En raison de son caractère autofictionnel, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie d’Hervé Guibert permet un rapprochement pertinent entre une certaine vision du monde et de soi présentée par l’auteur et le rapport qu’entretient l’écrivain avec l’écriture pour témoigner de cette vision. Aussi, le sida, thématique centrale de l’oeuvre, demeure un sujet d’actualité qui rejoint une des finalités de la littérature par sa dimension sociale.

PROBLÈMES ET OBJECTIFS

Situation-problème :

La complexité de ce texte provient surtout de la forme que prennent les propos de l’auteur : la chronologie des événements n’est pas respectée, l’identification du narrateur et des personnages est incertaine et quelques phrases s’étirent jusqu’à deux pages. La clé pour surmonter ces difficultés réside alors dans la compréhension du genre autofictionnel. En ce sens, nous avons élaboré la situation-problème suivante : « amener les élèves à comprendre les différentes fonctions de l’écriture autofictionnelle de Hervé Guibert dans À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie ».

Objectifs spécifiques :

1. Identifier le genre de l’autofiction
2. Établir des liens entre le fond et la forme en les rattachant au genre
3. Prendre conscience de l’importance de la réception d’une œuvre littéraire

AVANT LA LECTURE

Cours 1 : Exercice d’écriture de soi par les élèves


Le premier cours débutera par une activité d’écriture de soi où l’élève rédigera, en utilisant le « je », un court texte (une page) à propos d'un événement de sa vie qui l’a profondément marqué et qu’il aurait envie de raconter. En écrivant, il devra prendre en considération le lecteur, puisque l’enseignant spécifiera que ce court texte devrait pouvoir être lu devant la classe à la toute fin de la séquence, ce qui, en pratique, n’aura pas lieu. Même si les productions des élèves ne seront pas réellement lus devant tout le groupe, cette consigne les aidera à se faire une représentation claire des destinataires. Nous leur demanderons par la suite à quel genre littéraire on associe, selon eux, un texte où l’écrivain décide de raconter des événements de sa vie.

Cours 2 : Comparaison entre l’autobiographie et le roman

Afin de bien vérifier leur conception du genre autobiographique, nous distribuerons aux élèves un extrait d’une page des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand. Ils devront lire le texte et relever ce qui leur semble être les caractéristiques de ce genre en équipe de deux. Après ce relevé, il y aura mise en commun au tableau des éléments pertinents et nous terminerons en leur donnant une feuille contenant toutes les caractéristiques concernant l’autobiographie selon Philippe Lejeune. À cette définition du genre autobiographique s’ajoutera un contre-exemple: en effet, nous leur demanderons ce qu’ils croient s’opposer à ce type d’écriture. Nous leur donnerons à nouveau un extrait, où ils devront effectuer le même travail, cette fois-ci tiré d’un roman, soit Nana d’Émile Zola. Après l’exercice, une feuille contenant les caractéristiques du roman selon Roland Bourneuf leur sera distribuée.

Cours 3 : Identification du genre de l’œuvre de Guibert

L’enseignant lira aux élèves la première page de l’œuvre de Guibert : ils devront, par la suite, déterminer de quel genre littéraire il s’agit en travaillant, toujours en équipe de deux, à partir des éléments de Lejeune et de Bourneuf. En revenant en grand groupe, force sera de constater que cet extrait possède les caractéristiques des deux genres. Outre l’étude de cette première page, nous inciterons les élèves à observer la page couverture : il n’y a pas d’indication à propos du genre, bien qu’une photo de Guibert apparaisse en bas du titre qui, de prime à bord, semble être une dédicace à un ami de l’auteur. Ainsi, sans toutefois être en mesure d’affirmer qu’il s’agit d’une autofiction, les élèves en auront découvert les composantes, soit la part d’autobiographie et la part de fiction. L’enseignant s’assurera de clore le sujet en définissant ces composantes et en reliant Guibert au genre de l’autofiction.

PENDANT LA LECTURE

L’accompagnement de la lecture s’étendra sur trois semaines à raison de deux cours de deux heures par semaine. À chacune des semaines, l’élève devra seulement avoir lu le tiers de l’œuvre, soit 90 pages. Une seule grande activité formative se déroulera et les consignes seront les suivantes : cinq équipes de six personnes devront se partager les thèmes majeurs abordés dans l’œuvre de Guibert, soit celui de la mort, de la maladie, de l’amitié, du temps ou de l’écriture. Ainsi, chacune des équipes sera en quelque sorte spécialiste d'un thème.

En premier lieu, le travail s'effectuera de façon individuelle. L’élève écrira dans son journal de bord personnel les caractéristiques du thème qu'il aura retenu et qui se rattachent à l’autobiographie et au roman. L’apprenant devra par la suite établir des liens entre le contenu et la forme que prend l’œuvre en rapport avec le thème. Ce travail individuel de l'élève sera ensuite comparé à celui réalisé par les autres membres de son équipe avec qui il forme un groupe d’experts. Ce regroupement s’effectuera à tous les deuxièmes cours de chacune des semaines. L’enseignant affichera trois grands cartons autour de la classe pour chacun des thèmes : de ce qui sera pertinent de retenir, il écrira sur un premier tableau ce qui lie le thème aux caractéristiques de l’autobiographie et, sur un deuxième tableau, ce qui l’associe à celles du roman. Le troisième tableau effectuera une synthèse, à savoir ce qu’apportent les éléments fictionnels à ceux de l’autobiographie, soit quelles sont les fonctions de l’autofiction. À la fin de chaque séance, l’élève inscrira dans son journal ce que l’usage du genre autofictionnel par Guibert crée pour lui comme impression.

Avant de commencer cette activité, le quatrième cours, soit le premier de cette période « pendant la lecture », consistera en un rappel des procédés d’analyse d’un thème à travers un texte. Les élèves repéreront chacune de ces notions à l’intérieur de pages de l’autobiographie de Chateaubriand et du roman de Zola. Des informations biographiques à propos d'Hervé Guibert seront présentées à chacun des premiers cours pendant les trois semaines sur lesquelles s'étend l’activité de repérage des thèmes. Seules les informations pertinentes à propos de la partie à lire seront livrées. Ces informations, données par l’enseignant sous forme de cours magistraux et d’extraits de vidéo s’appuieront sur les impressions de lecture des élèves à propos de l’auteur.

APRÈS LA LECTURE

Dans la dernière partie de la séquence, les élèves s’initieront au champ littéraire : ils découvriront que l’autofiction crée également un impact particulier pour les lecteurs. Cet impact se mesurera tout d'abord à partir des impressions de lecture qu’ils auront recueillies tout au long du travail d’analyse. Ces impressions seront au coeur d'une activité de table ronde réunissant sept élèves. L’enseignant leur posera quelques questions afin d’orienter les propos : comment trouvez-vous ce métissage de la réalité et de la fiction ? Pourquoi Guibert a-t-il décidé, après s’être libéré par l’écriture, de publier son autofiction ? Pendant ce temps, les autres élèves de la classe évalueront leurs collègues sur la clarté des formulations, le niveau de langue, l’écoute de chacun et l’originalité du contenu. L’enseignant utilisera la dernière demi-heure pour confronter la réaction des élèves à celle des lecteurs de Guibert.

Au dernier cours, l’enseignant redonnera le texte écrit par les élèves au tout début de la séquence. Il leur demandera si, finalement, leur texte ne serait pas davantage une autofiction qu’une autobiographie. Ils justifieront en quoi en tenant compte des réponses aux questions qui leur avaient été posées à la suite de cette rédaction et expliqueront les fonctions qu’ils pourraient donner, par rapport à leur écrit, à leur autofiction. S’ils croient que leur texte demeure une autobiographie, ils devront dire ce qu’ils pourraient ajouter afin qu’il devienne une autofiction et quelles en seraient les fonctions.

Bibliographie

BIARD, Jacqueline, Didactique du texte littéraire, Paris, Édition Nathan, coll. Perspectives didactiques, 1993, 239 pages.

BOULÉ, Jean-Pierre, Hervé Guibert : l’entreprise de l’écriture du moi, Paris, L’Harmattan, coll. Critiques littéraires, 2001, 324 pages.

CANVAT, Karl, Enseigner la littérature par les genres, Bruxelles, De Boeck-Duculot, coll. Français Savoirs et Pratique, 1999, 298 pages.

COLONNA, Vincent, Autofiction et autres mythomanies littéraires, France, Éditions Tristram, 2004, 250 pages.

GUIBERT, Hervé, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1990, 282 pages.


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