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Une enfance créole

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Une enfance créole
CHAMOISEAU, Patrick
Par Nicolas Forget


Nationalité de l'auteur : Autres
Genre : Roman
Courant : Autres
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Nicolas Forget
Date du dépôt : Automne 2005


JUSTIFICATION DU CHOIX DE L’ŒUVRE

Cette séquence didactique aura pour œuvre centrale Une Enfance créole de Patrick Chamoiseau. Cette œuvre présente un certain nombre de problèmes de lecture : en premier lieu, l’étude de cette œuvre permettra aux élèves de mettre en perspective la relation Québec-France. Elle permettra ainsi à l’élève de prendre contact avec une culture francophone différente, avec un rapport à la métropole française qui présente des similitudes et des différences importantes avec la situation québécoise. D’autre part, la question de la langue traverse l’œuvre et fait l’objet d’une réflexion explicite et omniprésente. L’accent est une thématique à laquelle l’élève pourra s’identifier, ce qui facilitera l’amorce d’une réflexion menant à la définition d’un point de vue critique sur l’utilisation de la langue dans la littérature. L’élève sera ainsi amené à réfléchir sur la problématique de la définition d’une norme langagière, ce qui éclairera encore une fois sa réflexion sur les caractéristiques des formes littéraires utilisées au Québec.

AVANT LA LECTURE

1re séance

Lors de la première activité, les élèves seront amenés à donner leurs impressions sur la présentation de l’objet-livre. Le titre de l’œuvre sera également abordé, en plus des titres des deux tomes ainsi que les quatre sous-titres. Les élèves seront amenés à essayer d’anticiper les thèmes présents dans l’œuvre par ces éléments. Par exemple, que pourrait-on déduire de l’enchaînement des quatre sous-titres : « Sentir », « Sortir », « Envie », « Survie » ?

Ensuite, les notions de champ littéraire et d’institution seront expliquées brièvement. Les élèves devront essayer de déterminer à qui s’adresse l’auteur, compte tenu des indices que sont le lieu de publication, la langue de l’œuvre originale et la langue généralement utilisée par les Martiniquais (le créole). Les élèves seront ainsi amenés à prendre conscience du fait que l’auteur semble s’adresser à un lecteur qui ne comprend pas la langue créole. Un bref exposé suivra sur les caractéristiques de cette langue, particulièrement sur son caractère oral, et donc sur l’obligation pour un écrivain dont la langue maternelle est le créole d’utiliser, afin de communiquer par écrit, une langue autre, la langue de l’autre. Dans ces conditions, comment un écrivain peut-il s’adresser à un public national ? Les élèves seront invités à rédiger un bref texte sur cette réflexion, de façon individuelle, à partir de ces pistes de réflexion.

2e séance

Pour amorcer cette deuxième séance, un retour sera fait sur l’exercice précédent. Les élèves seront jumelés deux par deux et devront faire la lecture de leurs textes respectifs, en discuter et faire ressortir les points importants. Ils devront ensuite présenter ces points à la classe ; une discussion suivra. L’enseignant enchaînera ensuite avec un exposé de type magistral sur les caractéristiques historiques, politiques et sociales des peuples francophones antillais en mettant l’accent sur les thèmes qui sont abordés dans l’œuvre.

Les élèves seront ensuite invités à s’exprimer sur les rapports que peuvent entretenir les auteurs francophones avec la métropole culturelle française : présence d’un marché important, d’un nombre de lecteurs potentiellement élevé, mais, en contrepartie, problèmes liés à la distance culturelle, à la difficulté pour un écrivain de se situer volontairement en marge de ce centre tout en cherchant à y être intégré du point de vue institutionnel. Il pourra également être question des aspects moraux que cette situation peut soulever : un écrivain antillais cherchant à revaloriser la langue créole devrait-il refuser d’écrire en français ? Une discussion suivra, dirigée de façon à faire le lien avec la question du joual au Québec.

PENDANT LA LECTURE

3e séance

Une discussion sera amorcée par l’enseignant afin de définir le mot « nègre » utilisé dans le texte et de comprendre l’historique de son utilisation. L’enseignant présentera des extraits de l’œuvre où le narrateur, décrivant sa propre enfance, s’appelle lui-même le « négrillon ». L’enseignant fera ensuite une brève présentation orale portant sur les caractéristiques de la notion de négritude. Abordant le sujet selon l’angle des théories postcoloniales, l’enseignant présentera Léopold Sédar Senghor comme figure emblématique de ce courant. Les élèves travailleront ensuite sur un extrait du Cahier d’un retour au pays natal1 d’Aimé Césaire. Ils auront pour mission de faire ressortir les éléments caractéristiques du courant de la négritude.

Certaines caractéristiques de la langue créole seront enfin présentées afin que l’élève puisse mieux saisir certains éléments formels du texte en cours de lecture. Les élèves auront ensuite à remplir un questionnaire portant sur des exemples de mots à forte consonance créole. Ils devront essayer d’imaginer ce qu’ils peuvent vouloir dire. L’enseignant fera ensuite un tour de table afin de voir les différentes significations que ces mots ont pu prendre pour différents lecteurs. Il ne s’agira pas ici de trouver la bonne réponse, mais de laisser aller son imagination au gré des sonorités et des évocations.

4e séance

L’enseignant fera une présentation des caractéristiques du récit autobiographique. Ces caractéristiques sont-elles respectées par le texte ? Comment faire la différence entre l’auteur, le narrateur et le personnage principal ? Les élèves travailleront ensuite en équipes de deux ou trois et devront essayer de dégager le point de vue de chacune de ces instances.

La deuxième partie de cette séance sera réservée aux présentations des élèves. Tout au long de leur progression dans le texte, ils auront eu à remplir des fiches de lecture. Des équipes de trois seront formées, et chaque équipe se verra attribuer un personnage précis. Dans ces fiches de lecture, ils auront eu comme tâche de suivre particulièrement ce personnage, de noter leurs impressions sur le rôle qu’il joue dans le récit, et sa place dans l’imaginaire et la mémoire du narrateur ainsi que dans la vie quotidienne du négrillon. Les élèves se regrouperont et mettront leurs notes en commun, essayant de dégager les principales caractéristiques de ces personnages, pour en faire une présentation informelle par la suite.

APRÈS LA LECTURE

5e séance

La première activité se déroulera ainsi : l’enseignant inscrira au tableau une série de thèmes et demandera aux élèves de se regrouper en équipes de trois ou quatre et de mettre en commun les savoirs qu’ils ont acquis tout au long des activités précédentes. L’enseignant amorcera ensuite la conclusion de cette séquence didactique en présentant des extraits de Nègres blancs d’Amérique2 de Pierre Vallière. Il dirigera une discussion par laquelle les élèves tenteront de mettre à jour les principales idées du texte et chercheront le lien entre ce texte, l’œuvre de Chamoiseau et le courant de la négritude en général, et ce, du point de vue du rapport au colonialisme et à l’utilisation de langue française. L’enseignant leur demandera d’expliquer cette citation célèbre de Jacques Vaché tirée de Lettres de guerre : « Rien ne vous tue un homme comme d’être obligé de représenter un pays. »

6e séance

Enfin, l’ultime séance servira à présenter le film de Jean-Daniel Lafond, La Manière nègre, qui présente le poète Aimé Césaire ainsi qu’une discussion avec, entre autres, Pierre Vallières, Michaëlle Jean et Dany Lafferière. Après le visionnement du film, l’enseignant organisera un débat dans lequel les élèves seront amenés à développer leurs impressions par rapport aux propos tenus dans le film. Pour terminer, les élèves seront amenés à expliquer en quoi ils ont apprécié ou non la lecture de cette œuvre et l’élargissement du corpus, ce qu’ils ont appris, ce qui les a intéressés particulièrement et comment cette séquence didactique leur permet de porter un éclairage nouveau sur l’étude de la littérature québécoise.

MÉDIAGRAPHIE

• Césaire, Aimé. Cahier d’un retour au pays natal. Montréal : Guérin littérature, 1990.
• Chamoiseau, Patrick. Une Enfance créole. Gallimard, Coll. « Folio », 1996.
• Duhem, Sylvette et Élisabeth Nora. « Travailler par séquences pour développer ses compétences », dans Québec français, no 135, automne 2004.
• Emery Bruneau, Judith. « Enseigner la littérature engagée au collégial », dans Québec français, no 131, automne 2003.
• Falardeau, Érick. « La Préparation à la lecture pour améliorer les compétences des élèves en littérature », dans Pégagogie collégiale, vol. 16, no 1, octobre 2002.
• Lafond, Jean-Daniel. La Manière nègre ou Aimé Césaire, chemin faisant, Montréal : L'Hexagone, 1993.
• Quilhot-Gesseaume, Brigitta. Enseigner les littératures étrangères au lycée. Paris : Les Éditions Bertrand-Lacoste, coll. « Parcours didactique », 2004.
• Vallières, Pierre. Nègres blancs d’Amérique. Montréal : Typo, 1994.

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1 Césaire, Aimé. Cahier d’un retour au pays natal. Montréal : Guérin littérature, 1990.
2 Vallières, Pierre. Nègres blancs d’Amérique. Montréal : Typo, 1994.


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