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La route de Chlifa

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
La route de Chlifa
MARINEAU, Michèle
Par Véronique Boivin et Lyne Ménard


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Roman
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Véronique Boivin et Lyne Ménard
Date du dépôt : Hiver 2004


Présentation de l’œuvre et de la séquence didactique

La séquence didactique que nous avons élaborée autour du roman de Michèle Marineau, La route de Chlifa, vise des jeunes de troisième secondaire. Ce récit nous semblait intéressant à présenter aux élèves, car il met en scène des jeunes de leur âge et aborde des problématiques actuelles qui suscitent leur intérêt.

Pour un lecteur moyen, le roman n’est pas difficile à comprendre. Il comporte tout de même certaines difficultés de lecture. D’abord, puisque le récit est divisé en trois parties qui ne sont pas présentées de manière chronologique, les élèves doivent réorganiser l’histoire pour en comprendre la logique. Ce premier problème à résoudre demande une vision globale du roman. De plus, Karim, le personnage principal, traverse de nombreuses épreuves qui modifient sa personnalité. Cette évolution psychologique de Karim est une autre difficulté à laquelle les élèves peuvent se heurter. Avec la séquence didactique que nous proposons, nous cherchons à outiller les élèves pour qu’ils puissent percevoir et comprendre cette évolution. Pour soutenir leur motivation tout au long de la lecture, nous avons pensé présenter aux élèves, dès le début de la séquence, l’exercice auquel aboutira le travail sur ce texte : une table ronde, en équipes de quatre, pour présenter la ligne du temps1 des principaux événements vécus par Karim et l’argumentation entourant l’événement qu’ils considèrent comme étant le plus déterminant dans l’évolution psychologique du personnage principal.

Karim est un jeune Libanais immigré à Montréal ayant survécu à la guerre dans son pays natal. Il nous raconte les événements qu’il a vécus avant et depuis son arrivée au Québec. Il est facile de se laisser émouvoir par les diverses péripéties que traverse le personnage principal. Cependant, pour bien comprendre l’œuvre, les élèves doivent se questionner sur l’évolution psychologique de Karim. Les différentes péripéties qu’il raconte permettent d’observer les changements dans son attitude. Comme l’histoire ne se déroule pas dans un ordre chronologique, il peut devenir difficile de comprendre le sens de cette évolution. À l’aide des différentes activités d’écriture que nous proposons plus loin, les élèves seront en mesure, peu à peu, de réorganiser l’histoire de façon logique2 et d’associer à chacune des phases certaines caractéristiques du personnage principal. Ils devront être attentifs au moment de la lecture et minutieux dans leur analyse du texte s’ils veulent être capables de bien identifier les traits de caractère du jeune Libanais pour chacune des phases du roman, de les exposer clairement dans un court texte, et d’expliquer aux autres ce qui, selon eux, a été déterminant dans l’évolution psychologique de Karim. Cette deuxième étape, au cours de laquelle nous demandons également aux élèves de faire un lien entre le monde dans lequel ils vivent et celui présenté dans le texte, exige une capacité de distanciation par rapport au texte. Ainsi, de fil en aiguille, les jeunes s’approprieront le texte et développeront la capacité d’exprimer clairement leurs réactions à la lecture du roman. Ce travail sur le texte devrait également les amener à réfléchir sur leur propre façon de vivre. Par ces activités, nous voulons que les élèves maîtrisent suffisamment le sujet afin qu’ils exposent aux autres le reflet de leur pensée. Ainsi, ils acquerront une habileté à réagir à leur lecture.

Avant la lecture

Il est important de faire une présentation de l’œuvre que les élèves auront à lire afin de capter leur attention et de susciter leur intérêt pour cette lecture. L’auteure mentionne dans une note au début du livre que « le cadre dans lequel se situe cette histoire est réel3 ». Pour cette raison, il nous a semblé fondamental d’aider les élèves à se familiariser avec ce « cadre ». Pour en faire ressortir les éléments les plus importants, nous avons pensé exploiter les indices de la page couverture et du paratexte. Il faut donner aux élèves le goût de lire le roman, mais aussi les moyens pour qu’ils développent des compétences en lecture4. Des questions de contextualisation permettent de répondre à ces besoins : Qu’est-ce que Chlifa ? Où se situe la ville ? Pourquoi deux enfants avec un bébé et une chèvre escaladent-ils une montagne ? Par ces questions, les élèves se rendront compte qu’ils possèdent déjà certaines informations sur le sujet. L’activation de leurs connaissances antérieures les placera dans une position stable quant à la tâche à accomplir. Pour répondre aux questions, l’enseignant peut faire ouvrir le livre au début pour visualiser et situer Chlifa sur les cartes et ainsi aller plus loin dans l’introduction. Il est également possible de faire une brève présentation du Liban pour aider les élèves dans leur lecture. L’enseignant doit également leur présenter l’activité intégrative qu’est la table ronde afin qu’ils sachent à quoi s’attendre. Les élèves ont horreur des surprises dans les travaux scolaires.

Pendant la lecture

L’enseignant doit accompagner les élèves dans leur lecture et la façon que nous proposons de le faire consiste à donner de courtes tâches reliées à la lecture. Dans La Route de Chlifa, il y a trois parties distinctes. Pour faciliter la tâche des élèves, l’enseignant fait lire une partie à la fois à la maison et revient sur la lecture en classe. Pour chaque partie, les élèves devront nommer cinq caractéristiques psychologiques de Karim. L’enseignant peut lire avec eux la page 19 afin de leur donner une piste pour effectuer le travail. Puisque l’attitude du personnage évolue, il est important que les élèves aient une bonne compréhension dès le début. Cette tâche semble simple, mais elle ne l’est pas, puisque les informations concernant la personnalité de Karim ne sont pas explicites. Pour que l’activité soit profitable, les explications devront être claires et la démarche devra être bien respectée. Les élèves lisent chez eux la première partie et essaient de trouver les caractéristiques dont il a été question plus haut. Lorsque la lecture de cette partie est terminée, en grand groupe, on s’entend sur quelques réponses afin que les élèves soient sur la bonne voie. Quand un consensus sur les caractéristiques a été fait, les élèves doivent, individuellement, composer un texte d’environ 50 mots pour expliquer ces caractéristiques. Les explications doivent prouver, hors de tout doute, que le personnage de Karim possède les traits de caractère qu’on lui attribue. De plus, les textes doivent comprendre au moins un argument. Ce sera un premier contact avec l’argumentation qu’il faut également aborder pour préparer les jeunes à la table ronde. Plus l’élève aura participé activement aux activités et plus il se sera questionné, plus il aura de facilité à trouver les mots nécessaires pour défendre ses idées. Les élèves doivent composer leur texte en classe. Ils le peaufinent en dyade et le corrigent à la maison. L’enseignant peut ramasser les textes et formuler quelques commentaires formatifs. L’enseignant utilisera le même procédé pour les autres parties, mais il peut y avoir une gradation dans la longueur des textes.

Après la lecture

Lorsque les élèves ont terminé leur dernier texte sur les traits caractéristiques de Karim pour la troisième partie du roman, ils se regroupent en équipes de quatre. Afin de reconstituer l’organisation du texte, ils doivent placer certains événements vécus par Karim sur une ligne du temps qu’ils auront préalablement dessinée. Ainsi, les élèves pourront mieux comprendre l’œuvre et l’aventure qu’a vécue Karim. De plus, c’est en équipes de quatre qu’ils doivent sélectionner les événements qu’ils trouvent les plus importants dans le récit. Il ne faut pas oublier qu’ils auront à présenter ces informations en table ronde. Ils doivent donc s’entendre sur des justifications, car ils devront expliquer aux autres pourquoi ils ont choisi tels ou tels événements. Ensuite, ils devront insérer, sur cette même ligne du temps, les caractéristiques de Karim qui auront été découvertes pendant la lecture. De cette façon, ils pourront lier les caractéristiques aux événements et prendre conscience, peu à peu, de l’évolution de l’attitude du personnage ainsi que des causes de ces changements. Une fois la ligne du temps complétée et mise au propre, les élèves, au sein des mêmes équipes, doivent s’entendre sur l’événement décisif dans l’évolution de l’attitude de Karim et justifier leur choix. C’est à cette étape qu’ils confrontent leurs idées et leurs représentations.

À la toute fin du parcours, les élèves participent à la table ronde. Ils présentent d’abord leur ligne du temps et expliquent aux autres leurs choix d’événements. Ensuite, ils présentent l’événement déclencheur dans l’évolution de l’attitude du personnage principal. Ils ne doivent cependant pas dévoiler immédiatement tous leurs arguments puisqu’une période de réfutation aura lieu lorsque toutes les équipes auront fait leur présentation. Les élèves doivent maîtriser parfaitement leur sujet, mais aussi le contenu des interventions de chaque membre de l’équipe. Pendant les présentations des équipes, l’enseignant limite le droit de parole de chaque équipe et s’assure que tous les élèves prennent la parole équitablement. C’est donc à lui de fixer les règles pour la bonne conduite de l’activité. C’est à lui également que revient la responsabilité du bon fonctionnement de la période de réfutation pour que le fil conducteur ne soit pas rompu. Nous proposons que chaque équipe puisse poser une question à trois autres équipes. Les réponses doivent être de courte durée. L’enseignant peut orienter la discussion pour que ce ne soit pas toujours les mêmes équipes qui répondent aux questions. À la toute fin, la classe est invitée à choisir l’événement qui a le plus fait évoluer l’attitude du personnage principal du roman La Route de Chlifa et à voter pour l’équipe qui aura le mieux défendu ses points. Il va de soi que plus une équipe se sera préparée sérieusement, plus elle aura d’arguments pour convaincre l’auditoire et plus elle sera en mesure de remporter la joute.

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1 Guylaine Lemay, « Projet d’enrichissement en lecture », dans Québec Français, Hiver 1997, numéro 104, p. 30.
2 Ministère de l’Éducation, Le français, Enseignement secondaire, Programmes d’études 1995, p. 32.
3 Michèle Marineau, La Route de Chlifa, Montréal, Québec Amérique, 1992, p. 7.
4 Michel Thérien, « De la définition du littéraire et des œuvres à proposer aux jeunes », dans Monique Noël Gaudreault et al., Didactique de la littérature : Bilan et perspective, 1997, Québec, Nuit blanche, p. 27.


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