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Les Villes invisibles

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Les Villes invisibles
CALVINO, Italo
Par Marie-Claude Béland


Nationalité de l'auteur : Autres
Genre : Nouvelles
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Marie-Claude Béland
Date du dépôt : Hiver 2006


PERTINENCE DIDACTIQUE ET PÉDAGOGIQUE DE L’ŒUVRE

 

Le texte retenu dans le cadre de cette séquence didactique est le recueil de nouvelles Les Villes invisibles[1], d’Italo Calvino. Cette séquence s’insèrerait bien dans le cadre du deuxième cours de français du collégial (élèves d’environ 18 ans); elle s’échelonne sur cinq cours de deux heures, à raison de deux cours par semaine. À l’issue de la séquence, les élèves devraient posséder des outils pour appréhender des textes à la structure ouverte et complexe. Les sujets de la liberté du lecteur et de la nécessaire interprétation personnelle des textes, abordés ici, forcent une prise de position argumentée nécessaire pour sensibiliser les élèves à une démarche de pensée critique.

 

PROBLÈMES DE LECTURE

 

Cette séquence a pour objectif de développer chez les élèves une posture de lecture interprétative active en présence d’un texte ouvert. Pour ce faire, deux problèmes de lecture sont ciblés :

 

- Interpréter la structure complexe et ouverte du recueil de Calvino à la lumière de la notion d’« hypertexte »;

- Créer un itinéraire de lecture personnel de cette œuvre et en rendre compte à travers une création personnelle.

 

AVANT LA LECTURE

 

Cours 1

 

Avant le premier cours, les élèves auront lu par eux-mêmes la nouvelle « Le Jardin aux sentiers qui bifurquent[2] », de J. L. Borges.

 

La nouvelle de Borges est un texte dont le sens très ambigu déroute le lecteur, ce qui aidera les élèves à se préparer à la réception d’un texte ouvert et éclaté. Les élèves se regroupent d’abord en équipes de quatre pour discuter de trois éléments de la nouvelle :

   - les personnages : leur identité, leur rôle dans l’histoire;

   - la signification du titre;

   - la signification du motif du labyrinthe dans la nouvelle.

 

Après une mise en commun des différentes interprétations, l’enseignante introduit la notion de texte ouvert et elle fait une récapitulation des rôles traditionnels de l’auteur et du lecteur et de leur subversion, au cours des dernières décennies.

 

Les élèves élaborent ensuite une courte réflexion sur leur propre processus de lecture. Ce regard sur leurs pratiques de lecture constitue la première inscription à un journal de lecture qui sera le principal outil de réflexion tout au long de l’exploration du recueil de Calvino. Ils échangent ensuite leur journal avec un collègue : ce dernier doit y écrire un commentaire qui propose une réponse à un questionnement ou qui fait part d’une réflexion ou d’une question engendrée par le point de vue de l’autre.

 

Cours 2

 

Les élèves se penchent d’abord sur la page couverture et la table des matières des Villes invisibles, qui rendent compte de la structure presque mathématique du recueil. S’ensuit un court exposé magistral à propos de la démarche créative de Calvino laquelle, autrement, risquerait de dérouter les élèves de façon irrémédiable.

 

La classe est ensuite séparée en équipes de six. La moitié de ces équipes se consacre à définir le rôle de l’auteur et l’autre se penche sur le rôle du lecteur.

 

De nouvelles équipes sont ensuite formées, regroupant trois membres ayant étudié l’auteur et trois autres ayant étudié le lecteur; elles prennent connaissance de certains des « droits du lecteur » définis par Daniel Pennac dans Comme un roman[3] : « le droit de sauter des pages », « le droit de ne pas finir un livre », « le droit de relire », « le droit de grappiller ». Ils s’interrogent à partir des questions exploratoires suivantes :

 

- Ces « droits » donnent-ils au lecteur le pouvoir de « réécrire » le livre? Pourquoi?

- Le fait de lire comme Pennac le suggère crée-t-il un nouveau genre de lecture? Comment qualifieriez-vous cette nouvelle façon d’aborder un texte?

- Pensez-vous, après avoir examiné la structure apparente du recueil de Calvino, que de tels « droits » s’appliquent à la lecture que vous vous apprêtez à faire? Pourquoi?

 

À partir de toutes ces informations, les élèves formulent, par rapport au recueil de Calvino, des hypothèses de lecture qu’ils consignent dans leur journal. L’échange entre collègues se fait avant la fin du cours, de façon à ce que les élèves aient en main leur journal commenté lors de leur lecture personnelle des cinq premières parties du recueil de Calvino. Cette lecture doit être faite pour le cours suivant.

 

PENDANT LA LECTURE

 

Cours 3

 

La première activité de cette étape consiste en un échange d’impressions de lecture en grand groupe. Par la suite, les élèves se regroupent en équipes de quatre pour tenter de définir la notion d’« hypertexte ». La piste donnée par l’enseignante consiste en un regroupement de mots : encyclopédie, atlas, site web, hyperlien, livre dont vous êtes le héros, entre lesquels les élèves tentent de trouver les convergences. Une première version de la définition regroupant les résultats de toutes les équipes est proposée; elle doit rejoindre la définition « officielle » : un hypertexte se présente « comme un réseau de nœuds reliés, dans lesquels les lecteurs sont libres de naviguer d’une façon non linéaire. Il autorise la possibilité d’une pluralité d’auteurs, la dissolution des fonctions d’auteur et de lecteur, des ouvrages élargis aux frontières floues et une pluralité de lectures[4] ».

 

Avec la grille de lecture suivante, les élèves relient cette définition au recueil de Calvino :

De quelle façon peut-on dire que Les Villes invisibles constitue (ou non) un hypertexte, du point de vue de…

- ses thèmes?

- sa structure (organisation des chapitres et sections, récurrences)?

- ses personnages et leurs fonctions (Marco Polo et Kublai Khan)?

 

Pour le cours suivant, les élèves terminent la lecture du recueil, en le lisant de la manière qu’ils préfèrent et en relisant au besoin des passages plus obscurs ou plus intéressants. La réflexion consignée au journal de lecture doit rendre compte de ce cheminement en répondant à la question suivante :

- De quelle manière votre lecture du recueil s’organise-t-elle spontanément lorsque vous tentez de donner du sens à ce que vous lisez?

 

APRÈS LA LECTURE

 

Cours 4

 

Un dernier échange de journaux de lecture a lieu au début du cours; ceux-ci sont ensuite remis à l’enseignante aux fins d’évaluation formative.

 

Après s’être regroupés selon leur mode de lecture dominant (fonctionnaient-ils de façon traditionnelle, en lisant le recueil d’une couverture à l’autre en une seule lecture? Se sont-ils attardés davantage aux dialogues entre Kublai Khan et Marco Polo, en négligeant les descriptions des villes? Ont-ils privilégié une section en particulier, ou un regroupement de sections? Etc.), les élèves définissent des réseaux thématiques ou sémantiques qui ont pu se dessiner lors de leur lecture particulière, qu’ils organisent en schéma. L’objectif est de permettre aux élèves de se représenter globalement ce qui ressort de leur lecture, de façon à pouvoir réutiliser ces conclusions lors de la création de leur production finale.  

 

Cours 5          

 

Ce dernier cours commence par une récapitulation du concept d’hypertexte : en équipes de deux, les élèves font ressortir les ressemblances et les divergences en rapport à ce concept dans la nouvelle de Borges, dans les extraits de Pennac et dans Les Villes invisibles.

 

Après une mise en commun des résultats lors d’une synthèse effectuée en grand groupe, il s’agit de faire ressortir l’impression générale de lecture qui se dégage de ce type de texte : insécurité? Indifférence? Plaisir du jeu? Impression de contrôle?

 

Le reste de la séance est consacré à l’élaboration du plan de la production finale, qui sera terminée à la maison. Une production double est demandée des élèves : ces derniers sélectionnent d’abord quelques passages de leur journal qui mettent l’accent sur un aspect du texte de Calvino qui a marqué leur lecture : un thème particulier, un aspect de la structure du texte, du style employé, etc. Ce premier travail est ensuite appuyé d’une création originale basée sur le texte de Calvino, selon la consigne de rédaction suivante :

 

Votre texte doit consister en une nouvelle, un poème (en vers ou en prose) ou un essai qui pourrait être accessible en « hyperlien » à partir des Villes invisibles : il doit être lié explicitement à l’aspect du recueil qui a été mis en évidence par les extraits de votre journal. Un texte explicatif doit être joint à votre création; vous y décrirez la nature des liens qui joignent votre texte à celui de Calvino, en prenant appui sur des exemples tirés de votre texte.

 



[1] I. Calvino, Les Villes invisibles, Paris, Seuil (coll. Points), 1974 [1972 éd. orig. italienne], 188 p.

[2] J. L. Borges, « Le Jardin aux sentiers qui bifurquent », dans Fictions, Paris, Gallimard (Folio Bilingue), 1994, p. 173.

[3] D. Pennac, Comme un roman, Paris, Gallimard, 1992, p. 152-159.

 

[4] Définition trouvée sur le site Hypermedia, consacré à la recherche sur les hypertextes : www.hypermedia.univ-paris8.fr/Groupe/documents/Calvino.htm#definition

 


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