PERTINENCE DU TEXTE CHOISI

Par le biais de cette séquence didactique, l’élève doit comprendre et interpréter la critique sociale sous-jacente au réalisme critique inhérent au texte Les Choses, de Georges Perec, en fonction d’une approche de la littérature basée sur les théories de la réception et sur la sociocritique. Dans cette perspective, en plus de se caractériser par une certaine brièveté qui facilite la lecture et l’appréhension du texte, l’oeuvre de Perec propose une proximité avec l’univers référentiel[1] des apprenants d’aujourd’hui et accorde, en ce sens, une possibilité d’investissement critique de l’œuvre en rapport au contexte socioculturel et économique contemporain.

PROBLÈMES À RÉSOUDRE ET OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE

En faisant appel à divers types de connaissances et d’habiletés, les élèves devront, à l’issue de cette séquence didactique, être en mesure de comprendre et d’interpréter la critique sociale sous-jacente au réalisme critique qui caractérise l’œuvre Les Choses, de Georges Perec. Dans cette perspective, les élèves devront appréhender l’ancrage référentiel inhérent à l’œuvre étudiée ainsi que l’ambivalence générique due à la forte dimension ironique du texte. Ainsi, telle que l’exige la compétence du quatrième ensemble de la formation générale en français au collégial, les élèves devront prendre connaissance des éléments intratextuels et extratextuels qui orientent la réception de l’œuvre et sa classification générique, analyser ces éléments et acquérir les notions de base en vue de la production de discours oraux et écrits.

SÉQUENCE DIDACTIQUE

Avant la lecture

Cours 1

Dans un premier temps, il faut souligner le fait que les élèves sont placés en équipe de quatre personnes – idéalement, huit équipes – pour la durée de la session. Cela dit, pour préparer les élèves à la lecture du texte littéraire Les Choses, le premier cours de la présente séquence didactique est tout d’abord dédié à la contextualisation de l’œuvre de Georges Perec. Par la suite, à partir de questions et de pistes de réflexion précises, la deuxième partie de cette première séance peut effectivement reposer sur la mise en commun et l’analyse des impressions que suscite le paratexte du roman. Avant la fin du cours, en guise de synthèse, l’enseignant fait un retour en groupe sur les éléments signifiants du paratexte et souligne le lien qui s’établit entre les apprentissages que les élèves ont faits lors de la séance et le contenu du cours à venir. Enfin, l’enseignant invite les élèves à commencer la lecture de l’œuvre de Perec. Leur lecture s’effectuera en trois temps.

Pendant la lecture

Cours 2

Pour ce deuxième cours de la séquence didactique, l’enseignant s’appuie sur les impressions de lecture des élèves pour expliquer la notion de réalisme critique : en soulignant certains passages à travers un échange informel, il fait progressivement ressortir les particularités du roman – soit l’ancrage référentiel ou descriptif, l’ambivalence générique et l’ironie – qui caractérisent le courant littéraire auquel il s’attache. Or, après les explications nécessaires à la réalisation de l’exercice à venir et des objectifs qu’il implique, les élèves sont appelés à rédiger un pastiche d’environ un quart de page décrivant une pièce de leur maison ou un objet de leur choix, et ce, en s’inspirant d’un extrait choisi par l’enseignant. Par la suite, les élèves sont appelés à partager, en groupe de quatre, le résultat de leur créativité et à relever ensemble les caractéristiques communes pour l’ensemble des rédactions. Enfin, l’enseignant reprend la parole afin de familiariser les élèves avec la notion de « l’infraordinaire », soit un concept inventé par Georges Perec, qui désigne précisément cette rupture volontaire de l’écriture de l’auteur avec le genre romanesque.

Cours 3

Le troisième cours s’amorce avec l’échange des impressions de lecture entre les élèves d’une même équipe puis avec l’ensemble du groupe et l’enseignant. Après cette première interaction, les apprenants se voient remettre une série de questions auxquelles ils devront répondre avec leurs coéquipiers habituels. Les interrogations portent sur les problèmes d’énonciation, le déroulement de l’intrigue et les thématiques abordées par le texte, sans oublier la présence accrue des objets ainsi que leur valeur symbolique, sociale et économique. La synthèse des réponses produites par les apprenants sera mise en lien avec l’indexation générique de l’œuvre, les horizons d’attente qui lui sont inhérents, pour en arriver à son inscription dans un mouvement littéraire alors considéré comme étant avant-gardiste.

Cours 4 et cours 5

Cette séance commence avec une rétroaction sur la lecture effectuée. Ce faisant, l’enseignant revient avec les apprenants sur les mécanismes textuels – la narration, l’intrigue et les principales thématiques exploitées par le texte –, et ce, dans le but d’énoncer et d’expliquer les diverses fonctions du discours ainsi que les tonalités en lien avec l’intention de communication du texte. Après un exposé magistral interactif concernant les notions mentionnées en lien avec le texte à l’étude, l’enseignant explique la prochaine activité et met en branle la préparation d’un débat formatif prévu pour le cinquième cours de la séquence. Les huit équipes composées de quatre personnes se partagent deux questions à débattre : quatre équipes s’expriment donc pour ou contre un thème alors que les quatre autres argumenteront sur la seconde question. Ainsi, un représentant d’une équipe est jumelé au porte-parole d’une autre équipe pour affronter le camp adverse constitué par deux individus issus des deux autres formations. Les deux questions faisant l’objet du débat sont : « Le texte Les Choses, de Georges Perec, se caractérise-t-il davantage par une tonalité ironique ou par un discours référentiel? » et « À quel genre associez-vous l’œuvre Les Choses de Georges Perec : au romanesque ou à l’essai sociologique? ». Toute la classe est tenue d’assister aux deux débats. L’exercice formatif vise effectivement l’intégration des divers arguments relatifs aux deux questions proposées et, tout en assimilant les différents savoirs abordés jusque-là en ce qui a trait à l’oeuvre, les élèves développent à la fois une argumentation, une prise de position ainsi que des compétences verbales et non verbales. À la fin de la cinquième séance, soit après les débats, l’enseignant fait une synthèse des divers points de vue débattus et évoque brièvement le contenu du prochain cours.

Cours 6

À l’aide d’un questionnaire formatif portant sur certains passages ciblés, l’enseignant amorce cette sixième séance de la séquence didactique avec l’intention d’amener les élèves à reconsidérer les thématiques de la surconsommation et de la publicité exploitées par l’œuvre à l’étude. Dans le même ordre d’idée, l’enseignant amène les apprenants à réfléchir sur le phénomène publicitaire et à analyser les discours, les méthodes et les effets qui lui sont liés, et ce, à partir de véritables publicités : cet exercice cherche à réactiver les connaissances antérieures des élèves et à introduire des outils d’analyse appropriés à la réalisation des apprentissages visés et à la concrétisation du projet final. Ensuite, par le biais d’un bref exposé magistral, l’enseignant consolide les savoirs relatifs à l’analyse des discours et des méthodes publicitaires avant de présenter le projet de fin de session en étroit lien avec les thématiques exploitées par le texte de Georges Perec. La consigne du projet final est : « À partir d’un passage descriptif de l’œuvre à l’étude, vous devez créer une publicité qui sera présentée et explicitée dans une perspective critique de la société de consommation actuelle ». Ce projet final doit s’effectuer en équipe et comporte deux volets : un exposé oral et une justification écrite des choix menant à la réalisation du projet.

Après la lecture

Cours 7          

La septième séance est consacrée au travail d’équipe en vue de l’exposé final et de la remise du travail écrit qui explique la démarche de l’équipe et justifie l’ensemble du projet. Dans cette perspective, l’enseignant apporte divers documents, des affiches, des livres de référence, des journaux ainsi qu’un ordinateur afin que les équipes puissent faire des recherches et trouver des sources d’inspiration pour créer une publicité en lien avec le passage ciblé. Parallèlement à l’utilisation des références et des technologies dans le cadre de leurs recherches, les élèves pourront également, lors de cette septième séance, faire la distribution des tâches afin de rencontrer les étapes de la planification et de la réalisation du projet final.

Cours 8

Le cours débute avec un visionnement d’environ une dizaine de minutes qui montre un enseignant en pleine action : la projection est suivie d’une plénière au sujet des moyens à mettre en oeuvre pour communiquer efficacement. Ensuite, l’interaction de groupe glisse vers un exposé magistral qui a pour but de transmettre, avec plusieurs exemples, nombre d’informations pertinentes en regard des stratégies de communication orale. En effet, la présentation magistrale suppose une prise de notes et sera interrompue par un court exercice ayant pour objectif l’intégration des acquis et la participation des élèves à la construction de leurs savoirs. La deuxième partie du cours se poursuit sur le mode de l’exposé magistral. Enfin, après une brève synthèse, le cours se termine sur une activité d’évaluation : à partir d’une grille d’évaluation descriptive qui pourra servir de guide aux élèves lors de leur préparation en vue de l’exposé oral final, les apprenants seront appelés à mettre en application les notions vues pendant la séance, et ce, en évaluant l’enseignant.

Cours 9 et cours 10

Les deux dernières séances sont consacrées aux présentations orales, d’une durée d’environ vingt minutes par équipe pendant laquelle chaque élève de l’équipe est tenu de s’exprimer. La note attribuée à la présentation orale est de 25 % alors que 15 % des points de la note finale relève de l’évaluation du document écrit.

BIBLIOGRAPHIE

PEREC, Georges, Les Choses, Paris, Éditions 10/18, 1965, 177 p.

ARCAND Richard et Nicole BOURBEAU, La communication efficace : de l’intention aux moyens d’expression, Montréal, Les Éditions CEC inc., 1995, 426 p.

GÉLINAS, Marie-Claude, La communication : notions fondamentales, Montréal, Les Éditions CEC inc., 2005, 126 p.

[1] Dominic Ledur, « Lecture littéraire et enseignement professionnel : faut-il former des héritiers? », tiré de Pour une lecture littéraire 2, Bilan et confrontations. Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, Bruxelles, De Boeck & Duculot, 1996, p. 334.