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Bilbo le hobbit

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Bilbo le hobbit
TOLKIEN, John Ronald Reuel
Par Hervé Simard


Nationalité de l'auteur : Anglaise
Genre : Roman
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Hervé Simard
Date du dépôt : Automne 2006


Il est facile d’ouvrir les pages d’un livre et de lire les phrases qui y sont alignées, mais il est plus ardu de voir les signes et les pièges qui nous attendent à sa lecture. Peu de lecteurs demeurent neutres après avoir traversé Bilbo le hobbit. Certains de ces lecteurs veulent porter le livre aux nues tandis que d’autres condamnent le style « enfantin » de l’auteur de même que l’étrangeté du texte. Quoi qu’il en soit, on est forcé de reconnaitre l’immense succès qu’a connu ce livre. On peut alors se demander :

            - Qu’est-ce qui rend cette œuvre si populaire? Quels traits établissent son universalité?

            - Comment se rendre compte que ce que nous lisons n’est pas un roman, mais un conte?

 

La séquence que nous proposons devrait contribuer à répondre à ces questions. À son terme, les élèves devraient aussi être en mesure de distinguer deux styles littéraires différents, soit le roman et le conte. Ils devraient également mieux percevoir la part d’universel dans le texte au regard de ses personnages, ainsi que des mythes et des légendes qui s’y développent. Enfin, les élèves devront être capables d’isoler les traces d’un conte et d’écrire un récit qui reprend ces caractéristiques.

           

Activité 1 : Le rappel des connaissances antérieures

 

La première activité consiste à soumettre aux élèves le questionnaire suivant :

            — Qu’est-ce qu’un monstre?

            — Qu’est-ce qu’un héros?

            — Qu’est-ce qu’un magicien?

            — Qu’est-ce qu’un hobbit ou une petite-gens? (Il faut comprendre que c’est la même chose, mais sous un terme différent)

            — Qu’est-ce qu’une aventure?

            — Choisissez le personnage qui vous représente le mieux parmi les suivants : une fée, un magicien, un guerrier, un sorcier, un orc, un hobbit, un nain ou un autre personnage. Pourquoi?

 

Les élèves devront justifier leurs réponses brièvement, selon leur opinion, dans une réponse de quelques lignes. Lorsque cette partie de l’activité sera complétée, les élèves seront alors rassemblés en petits groupes pour comparer leurs résultats et en noter les différentes versions possibles. On procèdera ensuite à la mise en commun où les élèves seront invités à énumérer les différents points caractérisant le monstre, le héros, le magicien et ainsi de suite selon ce qu’ils ont noté de leurs réponses et de celles de leurs camarades. Cette activité sert à établir les connaissances antérieures sur lesquelles les élèves construiront leurs apprentissages.

 

Activité 2 : Le journal du lecteur

 

La deuxième activité consiste à construire avec les élèves un journal de lecture. Les élèves devront noter leurs impressions par rapport aux péripéties suivantes :

1)      La rencontre et le départ;

2)      Les trolls;

3)      La fuite sous la montagne;

4)      Le jeu de Gollum;

5)      La forêt de Mirkwood;

6)      La fuite de chez le Roi des Elfes;

7)      Smaug le dragon;

8)      Les négociations;

9)      La Bataille des 5 armées;

10)    Le retour.

 

Les élèves devront répondre en quelques lignes à la question suivante pour chacune des péripéties : « Qu’est-ce qui vous frappe dans ce passage et pourquoi? » De plus, les élèves seront invités à compiler des notes au sujet des personnages du récit. L’objectif de cette activité, qui se prolongera tout au long de la séquence, est de servir de base de données complète et modifiable de même que de faire ressortir les éléments clés de l’œuvre tout en respectant la subjectivité des élèves.

 

Activité 3 : Une recherche

 

Cette activité a pour objectif de familiariser les élèves avec les nombreuses sources de renseignements et d’informations disponibles. Les élèves devront donc se lancer dans une recherche portant sur les thèmes suivants :

-          Les mythologies scandinaves;

-          Les mythologies saxonnes;

-          Les autres formes de mythologies entourant toute la création de la « Terre du Milieu »;

-          Les personnages de l’œuvre (Gandalf, Bilbo, Thorïn et autres);

-          La race des nains, des elfes et des hobbits.

 

Ayant effectué leur recherche, les élèves devront comparer leurs résultats entre eux, puis avec l’enseignant. La question que l’enseignant leur posera est la suivante : « Quels liens peut-on faire entre les mythologies et les races telles que vues par Tolkien? » Les réponses devraient être en rapport avec la transformation de ces mythes sous une même thématique, ou encore l’adaptation de ces mythes pour créer une race distincte, sinon il faut amener les élèves à voir ces réalisations se concrétiser en ce sens avec des exemples. Les mythes scandinaves, par exemple, sont à l’origine de la race naine. Les liens que les élèves feront devront être annotés dans leur journal de lecture et ils devront en tenir compte lorsqu’ils aborderont les prochaines péripéties

 

Activité 4 : Écriture d’un court récit

 

L’objectif de cette activité est d’établir une distance entre le texte que les élèves lisent et eux-mêmes. Ils devront avoir lu l’œuvre au moins jusqu’à la page 145 du livre. Les élèves devront écrire, en prenant compte des informations recueillies jusqu’à présent, un récit portant sur l’un des deux thèmes suivants :

            — Une promenade dans la forêt de Mirkwood : dans ce thème, les élèves devront se mettre en scène dans la forêt de Mirkwood avec les contraintes élaborées par celle-ci;

            — Un mythe devenu réalité : Ici, les élèves devront prendre un mythe, une légende ou une histoire qu’ils connaissent.

 

Cette écriture se fera sous certaines contraintes : ils doivent inclure un personnage de Bilbo le hobbit, en faire le personnage central et adopter son point de vue en respectant les caractéristiques du personnage. Ils devront aussi inclure une péripétie centrale dans leur conte. Puis, les élèves vont échanger leur histoire entre eux. Ils devront tenter de trouver le mythe fondateur du récit tout en notant les caractéristiques principales du personnage. Lorsque ce sera fait, ils devront redonner le texte à l’élève en lui remettant un court texte expliquant le mythe selon leur point de vue de même que les caractéristiques respectées ou non du personnage. Les élèves devront ensuite remettre les travaux à l’enseignant pour vérifier si les mythes ont été décelés. Ceci demandera d’abord un effort d’analyse de la part des élèves qui ne pourront écrire n’importe quoi, les contraintes exigeant un travail concret avec les personnages et les lieux.

 

Activité 5 : Le conte

 

Cette activité vise à démontrer de façon théorique les traits qui distinguent le conte. Dans le cadre d’un cours magistral, l’enseignant expose ces traits en demandant aux élèves leur conception du conte et en précisant avec eux ces concepts pour établir quelques points marquants du conte. Voici quelques points : le ton léger et parfois frivole des personnages ou du narrateur, l’emploi de nombreuses répétitions, des personnages souvent exagérés et presque caricaturaux, la présence de comptine ou de chansons, le rôle campé et peu nuancé de chaque personnage (exemple : Gandalf étant le guide, le guetteur, Bombur étant le gourmand, etc.), l’usage d’une phrase sentence ou d’expressions colorées et répétées. Pour illustrer ces caractéristiques, l’enseignant va procéder à l’analyse avec les élèves d’extraits de la rencontre des aventuriers avec Beorn, soit des pages 119 à 147, où de nombreux exemples peuvent être trouvés dans le texte.

 

L’enseignant remettra ensuite une copie de quatre « contes » à chaque élève. Parmi ces textes, on pourra trouver un contrexemple, un texte qui ne s’apparente pas du tout au conte. Il leur demandera ensuite d’analyser ces textes pour en faire ressortir les éléments du conte dans chacun. Les élèves devront d’abord prouver la validité des trois contes, puis démontrer que le quatrième texte n’est pas un conte en fonction des preuves qu’ils auront étalées.

 

Les élèves devront ensuite continuer à prendre des notes dans leur journal de lecture en ajoutant l’aspect du conte.

 

Activité 6 : Aladin et le populaire

 

Cet exercice va maintenant décontextualiser le conte pour appliquer ces notions théoriques à un film, un autre médium. Je propose donc de soumettre aux élèves un film et son équivalent textuel. Pour le bien de cet exercice, j’ai choisi le film « Aladin » de Disney paru récemment et son conte que l’on peut extraire des « Milles et une nuits ». Le film servira à démontrer l’impact du populaire et sera le lien direct avec l’universel, tandis que le texte servira de support comparatif et aussi de lien avec l’universel.

 

La première étape consiste à demander aux élèves s’ils connaissent Aladin et, si oui, d’où leur vient cette connaissance. Il serait intéressant de demander aux élèves de décrire le résumé et de comparer ensuite les versions, s’il y en a plusieurs. Il faut ensuite montrer soit des extraits du film, soit le film en entier, afin d’identifier les traits du conte qui s’y trouvent. Ensuite, sur des bases de comparaison, on peut analyser avec les élèves le texte afin d’en identifier les caractéristiques principales.

 

Il est important aussi, à cette période (ou même avant), de situer le contexte des « Milles et une nuits » et de montrer l’importance qu’a prise ce conte en devenant une légende. L’exposé servira ici à démontrer la transformation du conte devenu presque légende parce que tous le racontent, tous connaissent l’histoire et que ce soit maintenant devenu un mythe, une légende. Cette hypothèse soulevée[1], je crois qu’il est intéressant ici de démontrer les traits qui rendent les extraits de films « universels. » On n’a qu’à démontrer le caractère profondément humain des personnages. On peut ajouter à cela les chansons qui furent adaptées à l’ère moderne (et qui constituent un ajout au conte original) de même les nombreuses références à la modernité (souvent dans les blagues du Génie et dans les interventions mimétiques du Tapis). Ces ajouts actualisent le conte et lui donnent une saveur moderne tout en lui permettant d’atteindre un plus grand nombre de spectateurs, d’où l’universalité du conte. Ces traits humains devraient d’ailleurs être rattachés aux personnages de Bilbo le hobbit puisque cela constitue un élément important de l’universalité du texte[2].

           

Activité 7 : Fantasy ou merveilleux?

 

Cette activité est la dernière étape menant à l’activité finale. Elle vise à éclairer un malentendu confondant le genre de la Fantasy au genre merveilleux. Cette activité comparative établira des distinctions les séparant.

 

Je propose, comme base d’analyse, deux textes : un extrait de Bilbo le hobbit, la fuite de la petite troupe d’entre les mains du Roi des Elfes à bord de tonneaux[3], et un extrait d’un roman de Fantasy parmi les choix suivants : Terre natale, Terre d’exil ou Terre promise[4] de R.A. Salvatore, L’arbre de l’été, Le feu vagabond ou La route obscure de Guy Gavriel Kay, Dragons d’une flamme d’été de Tracy Hickman et Margaret Weis. Ici, l’effort visera à établir la distinction entre le genre de la Fantasy et le merveilleux.

 

Il serait intéressant de laisser les étudiants analyser les textes par eux-mêmes ou en équipe afin qu’ils puissent répondre à ces questions :

            — Dans les deux extraits, quelle perception du réel conçoit-on? Est-ce qu’on tente de confirmer l’existence de ce monde ou procède-t-on à l’acceptation de l’univers sans le remettre en question?

            — Est-ce que tout peut se prouver scientifiquement ou d’une manière quelconque?

            — Comment perçoit-on la violence, tente-t-on de la réaliser ou est-ce qu’elle est absente? Pourquoi, en tenant compte de tout ce qu’on a vu jusqu’à maintenant?

 

Ces questions devraient amener l’élève à comprendre que le genre de la Fantasy fera tout en son pouvoir pour crédibiliser l’univers dans lequel sont plongés les personnages[5]. Il est important de noter que les deux genres peuvent être vus dans Bilbo le hobbit et que lors de l’épreuve finale, un élève qui affirme qu’il s’agit d’un roman de Fantasy n’a pas tort. Seulement, l’effort visant à promouvoir l’idée du conte sert à rattacher le genre du conte à l’universel puisque, par exemple, c’est un genre qui se pratique de bouche à oreille, au coin du feu ou au bord du lit, contrairement au roman.

 

Activité finale : Une dissertation

 

L’activité finale de cette séquence est une dissertation, de 900 mots ou plus, qui répond à la consigne suivante :

            « Expliquez en quoi, selon vous, Bilbo le hobbit est un conte populaire et universel. »

 

Je crois qu’il peut être important de spécifier aux élèves, afin que ceux-ci effectuent un travail qui met à profit toutes les informations recueillies jusqu’à ce jour, qu’ils ont le droit à leur journal de lecture et qu’ils doivent faire des liens avec deux des trois mythes vus en classe ou dans les recherches. À cette étape-ci, les élèves devraient avoir tous les éléments en mains pour pouvoir faire les liens entre la mythologie, le contexte universel des personnages et le caractère profondément humain de ceux-ci.

 

Médiagraphie

— Internet

  • http://fr.wikipedia.org/wiki
    Encyclopédie en ligne Wikipédia
  •  

    — Bibliographie

  • BONNAL, Nicolas, Tolkien – Les univers d’un magicien, éditions Les Belles Lettres, Paris, 1998, 283 pages;
  • FERNANDEZ, Irène, Et si on parlait… du Seigneur des Anneaux, éditions des Presses de la Renaissance, Paris, 2002, 135 pages;
  • QUESTIN, Marc-Louis, Le monde légendaire de Tolkien, éditions Trajectoire, Paris, 2001, 295 pages;
  • VIEGNES, Michel, Le fantastique, textes choisis et présentés par, Éditions Garnier Flammarion, collection Corpus, Paris, 2006, 240 pages.
  •  



    [1] Il est important ici de laisser entendre que c’est une hypothèse et non une conclusion, puisque les élèves risquent de se fier à cette affirmation plutôt que d’alimenter leur réflexion.

    [2] Plusieurs recherches ont d’ailleurs porté sur le trait profondément humain des histoires et des personnages de Tolkien. À titre de référence uniquement, puisque ces œuvres parlent des personnages en les incluant dans le cycle du Seigneur des Anneaux et ne se limitent pas à l’œuvre à l’étude, je les inclurai à la fin dans la bibliographie. Notez cependant que cette activité fut grandement inspirée par le travail de Marc-Louis Questin et de son livre Le monde légendaire de Tolkien parut aux éditions Trajectoire en 2001.

    [3] Les pages 180 à 196.

    [4] Il est à noter que ce sont trois œuvres distinctes faisant partie d’une même trilogie. Aussi, selon mon opinion, c’est le meilleur choix du lot, sans rien vouloir enlever aux autres textes.

    [5] La douleur est vraie, la magie peut être étudiée (et expliquée) et les monstres ont une origine (et bien souvent une faiblesse). Le merveilleux, quant à lui, accepte l’univers dans lequel il agit et ne le remet jamais en question. Il est émerveillé devant les prouesses magiques et demeure sans explication devant un phénomène d’évidence réservé à l’élite. La violence n’est pas montrée, elle est évacuée du texte tout comme la mort qui devient une morale ou une leçon


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