Se connecter
 Retour à la page précédente
La tempête (The tempest)

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
La tempête (The tempest)
SHAKESPEARE, William
Par Nancy Lorraine-Leblond


Nationalité de l'auteur : Anglaise
Genre : Théâtre
Courant :
Siècle : 17e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Nancy Lorraine-Leblond
Date du dépôt : Automne 2006


Nous vous proposons de travailler la pièce de théâtre The Tempest[1] de William Shakespeare dans le cadre du deuxième cours de français de la formation générale commune au collégial. La séquence didactique est construite à partir de la traduction (La Tempête) puisque les objectifs d’apprentissage que nous avons fixés ne tiennent pas compte de la dimension poétique de cette pièce. L’objectif d’apprentissage principal est de permettre aux élèves de saisir la force des rapports entre le réel et l’imaginaire, et ce, à travers différentes formes d’expression. L’écriture de La Tempête est basée sur ces rapports et il est possible de faire une réflexion sur la représentation de l’art et de la culture en explorant les thèmes qui y sont développés. En filigrane de l’objectif principal, nous souhaitons amener les élèves à faire des rapprochements entre différentes relectures de la pièce à l’étude en faisant ressortir que c’est souvent le contexte qui teinte la démarche de relecture.

 

Les principaux problèmes de lecture que les étudiants devront résoudre, notamment à partir de l’épilogue, concernent la notion de pouvoir qui est à la base de cette pièce. Cependant, la difficulté est d’identifier à qui appartient le pouvoir. Afin de résoudre ce problème, une mise en contexte de l’époque ainsi qu’une présentation des principaux enjeux concernant le théâtre élisabéthain sont souhaitables. De plus, la présentation des deux relectures choisies, Une tempête d’Aimé Césaire et Prospero’s Books de Peter Greenaway, enrichira la réflexion et éclairera certains aspects plus difficiles à saisir comme la distinction entre les propos de la pièce et les réflexions sur le théâtre qui sont présents à travers les monologues de Prospero.

 
Activité 1

 

Dans un premier temps, une table ronde sera organisée afin que les élèves expriment ce qu’ils savent à propos du théâtre de Shakespeare et sur les rôles et fonctions des acteurs ainsi que des metteurs en scène. Ensuite, l’enseignant fera la mise en contexte des différents genres de théâtre, notamment le drame et la tragédie, ainsi que des principales préoccupations qui leur sont rattachées. L’enseignant fera également un exposé permettant aux élèves de saisir l’importance de l’acteur et du metteur en scène.

 

Par la suite, l’enseignant questionnera les élèves sur la notion de pouvoir. La réflexion des élèves sera encadrée par l’enseignant afin qu’ils puissent non seulement discuter du pouvoir politique, mais aussi du pouvoir de l’auteur et du metteur en scène. La discussion sera enrichie par la présentation de certains évènements et personnages politiques marquants dont Jacques 1er et la première révolution anglaise afin d’explorer quelques moments charnières de l’histoire anglaise. Cette mise en contexte va éclairer les élèves sur l’exercice du pouvoir et sur la manière dont il peut être transposé dans une œuvre théâtrale. 

 
Après l’organisation de l’information et les précisions de l’enseignant, les élèves peuvent commencer la lecture de la pièce. L’enseignant demandera aux élèves de porter une attention particulière aux personnages de Caliban et d’Ariel puisqu’ils sont des acteurs importants pour la quête de pouvoir de Prospero. De plus, les élèves devront, en cours de lecture, se questionner pour savoir ce que l’ile représente dans la pièce. Enfin, l’enseignant va donner quelques indications concernant le rêve et la réalité qui sont entremêlés durant l’épilogue afin de mettre en relief le fait que l’art et la vie sont indissociables.
 
Activité 2

 

L’enseignant sépare la classe en cinq groupes afin que chaque équipe effectue le relevé du champ lexical qui correspond aux principaux protagonistes. Une équipe travaille sur le personnage d’Ariel. Le champ lexical qui correspond à ce personnage devrait inclure les notions de feu, d’eau, de terre et de mer. L’équipe devrait également faire ressortir les pouvoirs magiques de ce personnage ainsi que les thèmes qu’il incarne (complicité, loyauté). Enfin, la quête d’Ariel, retrouver sa liberté, devra être soulignée par les élèves. La deuxième équipe travaille sur les personnages de Caliban et de Sycorax. Les notions principales qui doivent être mises en valeur sont la servitude, l’inhumanité, la monstruosité et la trahison. L’équipe devra également retracer la naissance de Caliban et montrer en quoi il s’oppose à l’ange Ariel. La troisième équipe fait le relevé lexical de Miranda. Les éléments principaux qui doivent faire partie de leur relevé sont la pureté, la naïveté, la beauté et la virginité. Les élèves doivent montrer comment Miranda est un personnage effacé qui subit les différentes sortes de pouvoir. La quatrième équipe travaille sur Prospero. Les thèmes qui doivent ressortir sont l’érudition, la magie, la vengeance et le pardon. Enfin, la dernière équipe travaille sur les autres personnages, les naufragés. Le relevé lexical permet aux élèves de saisir la dimension politique du pouvoir ainsi que la traitrise et la soumission des naufragés à Prospero.

 

Enfin, en grand groupe, les élèves placent les personnages dans le schéma actanciel. Cet exercice permet de confirmer les portraits ainsi que les thèmes incarnés par chaque personnage. La quête de Prospero, se venger et retrouver son trône, est définie par cet exercice. Toutefois, cette quête pose problème au sens où Prospero ne se venge pas puisqu’il décide de pardonner à ceux qui ont usurpé son titre.

 
Activité 3

 

Cette activité a pour but de faire ressortir la puissance des pouvoirs de Prospero. Les élèves doivent déterminer quels sont les pouvoirs de ce personnage et pourquoi il s’en sert. Pour y arriver, ils doivent retracer les passages qui indiquent que Prospero utilise son art et ils doivent également se demander si c’est la parole de Prospero ou bien celle de l’auteur en lien avec l’illusion que permet le théâtre. Les élèves, pour tenter de répondre à cette question, doivent analyser la scène I de l’acte I, la mise en scène de la tempête par Ariel sous la direction de Prospero, ainsi que l’épilogue. L’enseignant donne également une piste concernant la citation suivante : « Nous sommes faits de la même étoffe que les rêves, et notre pauvre vie est environnée de sommeil[2] ». Il doit parvenir à effectuer le lien entre l’illusion théâtrale et la vie.

 

À partir de cette activité, et avec les commentaires de l’enseignant, les élèves cerneront la notion de double énonciation ainsi que l’importance qu’elle revêt en regard du questionnement entre l’illusion et la réalité. De plus, les élèves doivent réfléchir aux motivations qui poussent Shakespeare à faire alterner les scènes entre Prospero et ses rivaux. La notion de point de vue est ainsi introduite et les élèves, à l’aide des explications de l’enseignant, vont comprendre que l’alternance des scènes et des points de vue permet à Shakespeare d’illustrer que le pouvoir est une roue sans fin et que tout homme exerce une domination sur quelqu’un comme Prospero sur Caliban, Caliban sur les traitres et Shakespeare sur Prospero.

 
Activité 4

 

Maintenant que les élèves comprennent la double énonciation et la notion de pouvoir, ils doivent se demander pourquoi Prospero ne va pas au bout de son projet de vengeance. Les élèves doivent trouver le moment de rupture dans la pièce et justifier leur choix. De plus, ils doivent se demander pourquoi Prospero renonce à ses pouvoirs. Les élèves se pencheront sur l’épilogue afin de comprendre pourquoi Prospero renonce à ses pouvoirs. La démarche de l’auteur, liée au contexte d’écriture de l’époque, sera ainsi mise en valeur et l’enseignant montrera que la double énonciation inclut la voix de l’auteur puisqu’il explique, lors de ce passage, pourquoi il a écrit cette pièce. À la fin de cette activité, les élèves seront en mesure de comprendre ce que représente l’ile et le pouvoir. Il s’agit bien du pouvoir que permet l’illusion théâtrale et, en utilisant la notion de pouvoir, Shakespeare montre que l’ile est une métaphore de la scène et que la scène, par ricochet, représente le monde. Comme quoi l’art et la vie sont indissociables.

 

Activité 5

 

Afin de montrer que l’art et la vie sont indissociables, et ce, toutes époques confondues, l’enseignant propose de travailler certains extraits de l’œuvre Une Tempête, d’après La Tempête de Shakespeare : adaptation pour un théâtre nègre[3] d’Aimé Césaire. L’enseignant fera un résumé des principaux enjeux de cette pièce ainsi que de l’action avant que les élèves n’entreprennent l’activité. La lecture proposée est une lecture anticolonialiste et l’enseignant demandera aux élèves d’identifier, dans la pièce de Shakespeare, qui est le maitre et qui est le dominé. Afin de faire ressortir l’aspect politique de la pièce de Césaire, l’enseignant demande aux élèves d’expliquer le glissement entre les deux titres. Pourquoi Shakespeare utilise-t-il l’article défini « la » alors que Césaire utilise l’article indéfini « une »? Les élèves devront comprendre que l’auteur a nommé sa pièce « une » pour faire ressortir le fait qu’il y a plusieurs situations de colonialisme qui sont similaires et que le cas de la pièce représente une situation parmi tant d’autres, alors que « la » signifie une création.

 

Les élèves sont invités, à partir de la scène I de l’acte I et de l’épilogue, à faire le portrait des personnages suivants : Ariel, Caliban et Prospero. Ils doivent déterminer les différences entre ceux de la pièce de Shakespeare et ceux de la pièce de Césaire. La couleur des personnages est également importante, notamment le fait qu’Ariel soit un mulâtre. Les élèves devront expliquer en quoi la couleur des personnages marque fortement le destin de ceux-ci et comment la dialectique maitre esclave est teintée par l’opposition entre le noir et le blanc.

 

Activité 6

 

L’objectif d’apprentissage de cette activité est d’explorer les liens entre différentes formes d’art et de s’interroger sur la manière dont plusieurs disciplines peuvent s’inspirer entre elles et contribuer au développement les unes des autres. Il s’agit de présenter certains extraits du film Prospero’s Books[4] de Peter Greenaway. Les élèves pourront voir l’homologie entre le pouvoir de Prospero l’acteur et Prospero le metteur en scène de la tempête puisqu’il y a un dédoublement des personnages. De plus, les élèves seront amenés à réfléchir sur l’approche autoréflexive de Greenaway et de Shakespeare puisque la pièce et le film proposent une réflexion sur l’art, tout comme dans la pièce de théâtre. À cet égard, un second extrait est présenté et c’est celui où Prospero renonce à ses pouvoirs. Les élèves devront en venir à saisir le geste de Prospero dans le film et à souligner le fait qu’il renonce à ses pouvoirs d’artifice ainsi qu’à la manipulation de la réalité, car le pouvoir de l’imagination et de la création la transcende et la transforme.

 

Activité 7

 

Après le travail sur les relectures et sur la pièce de Shakespeare, l’enseignant proposera un exercice de création portant sur les thèmes du pouvoir et de l’illusion. Les élèves devront faire une réécriture de l’épilogue en considérant que Prospero ne pardonne pas et qu’il ne renonce pas à ses pouvoirs. Les choix dans la réécriture de l’épilogue devront être justifiés afin de faire ressortir le pouvoir du créateur sur la réalité.

 

 

MÉDIAGRAPHIE

 

 

CÉSAIRE, Aimé, Une tempête : d’après La Tempête de Shakespeare : adaptation pour un théâtre nègre, Paris, Seuil, 1969.

 

GREENAWAY, Peter, Prospero’s Books, Pays-Bas/France/Italie, Allaris-Cinea/Camera, 1991, film vidéo, couleur, 120 mn.

 

SHAKESPEARE, William, Théâtre complet, Genève, Éditions RVG, 1986.

 

 



[1] William Shakespeare, «La Tempête», dans Théâtre complet, Genève, Éditions RVG, 1986.

[2] William Shakespeare, «La Tempête», dans Théâtre complet, Genève, Éditions RVG, 1986, p. 45. 

[3] Aimé Césaire, Une tempête : d’après La Tempête de Shakespeare : adaptation pour un théâtre nègre, Paris, Seuil, 1969.

[4] Peter Greenaway, Prospero’s Books, Pays-Bas/France/Italie, Allaris-Cinea/Camera, 1991, film vidéo, couleur, 120 mn.


---
© 2024, Université Laval
Ce texte est protégé par la loi sur les droits d'auteur. Il peut cependant être utilisé à des fins éducatives. Nous vous prions d'en indiquer la source lors d'une éventuelle utilisation.


À propos | Aide | Contactez-nous