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Goglu

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Goglu
BARBEAU, Jean
Par Jade Thibodeau


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Théâtre
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Jade Thibodeau
Date du dépôt : Hiver 2004


Présentation de la pièce

Goglu de Jean Barbeau révèle une grande valeur, tant sur le plan thématique que sur le plan formel. Ce texte est un excellent sujet d’étude : il est accessible et bref, ce qui permet une étude en profondeur, entre autres, des dénonciations qui le sous-tendent. Dans Goglu, on retrouve la plupart des éléments caractéristiques du théâtre québécois des années 1960-1980, période de redéfinition de l’identité québécoise et de combat contre les institutions oppressantes. Les élèves pourront percevoir cette réalité au contact des personnages mis à l’avant-plan tout au long de la pièce : Goglu, le raté, et Godbout, le chauffeur de taxi qui s’ennuient dans la vie. La parole libérée, le « joual » et les propos crus des personnages marquent le théâtre de Barbeau et suscitent divers questionnements en lien avec la langue. La vision d’un Québec « agonique» qu’exprime l’auteur traduit une réalité intéressante à questionner et à comparer avec celle d’aujourd’hui.

Au terme de la séquence, les élèves devront être en mesure de résoudre :

1. Le problème posé en classe qui sert d’organisateur textuel :

Percevoir que Goglu constitue une dénonciation de la société québécoise (de l’époque à laquelle la pièce fut écrite).

2. Les principaux problèmes de lisibilité en lien avec le problème initial :

• Comprendre le « joual », la langue des personnages, et les raisons de son utilisation.
• Interpréter les éléments en lien avec le contexte historique et culturel de la société québécoise des années 1960-1980. 
• Reconnaître la coexistence du tragique et du comique cynique.

Ces objectifs guideront l’élève au cours de son apprentissage. Ils serviront de tremplin pour approfondir les capacités de lecture et d’écriture de l’apprenant. Celui-ci sera amené à expliquer et à comparer, oralement et par écrit, les diverses représentations du monde qui lui seront présentées.

AVANT LA LECTURE

Cours 1 et 2 : pour se familiariser avec l’œuvre

Objets d’étude : la littérature et la dénonciation ou la littérature engagée ; le contexte social ; le joual.

Afin de camper la notion de dénonciation qui est au cœur de la séquence didactique et de l’arrimer à l’univers culturel des élèves, l’enseignante tentera de bien l’éclaircir en proposant deux activités : 

- Écoute et analyse de la chanson « En Berne » (2002) des Cowboys Fringants. Dans cette chanson, le « Québec moderne » est critiqué de manière à faire ressortir l’inertie des Québécois et la futilité de leurs préoccupations.

- Débat : quel est le meilleur moyen pour dénoncer une réalité ?

Il est impossible pour l’élève de comprendre les dénonciations de Jean Barbeau s’il ne connaît pas le contexte social et culturel de l’époque à laquelle la pièce fut écrite. La prochaine partie de la séquence sera donc consacrée à l’étude du contexte sociohistorique du Québec pour la période couvrant les années 1960 à 1980. Ces années, dans l’imaginaire collectif, sont synonymes de combat, notamment contre les institutions oppressantes (église, travail, famille, élite anglaise, etc.).

Outils servant à connaître le contexte sociohistorique de la pièce :

- Documentaire : Le Canada, une histoire populaire. Épisodes 16A-16B, L’espoir et la colère (1964-1976). 

- Un tableau des dates importantes et des événements ayant marqué le 20e siècle québécois (politique, société, culture, théâtre) sera remis aux élèves.

- La préface de la pièce, écrite par Jean Royer et intitulée Un théâtre du quotidien.

Lectures suggérées en vue du prochain cours : Le joual de Troie de Jean Marcel (extrait), « Entre l’Académie et l’Écurie » dans Liberté de Jacques Godbout (extrait) et « Enfin la loi 101 ! » dans Écrits polémiques tome 2 de Pierre Bourgault. Les trois textes proposent des réflexions pertinentes sur la langue québécoise.

Les élèves devront être en mesure de percevoir que l’utilisation du « joual » peut être interprétée comme un moyen appuyant les revendications de l’auteur. Qui plus est, l’élève percevra que chaque personnage est caractérisé par son langage. Avant de s’attarder au « joual » de Goglu et de Godbout, et afin de mieux cerner la notion, l’enseignante amènera les élèves à s’interroger sur les notions de registres et de niveaux de langue.

Outils et activités utiles à la démarche :

- Un document synthèse sur les divers registres et niveaux de langue sera remis aux élèves.

- Film (extrait) La Haine de Mathieu Kassovitz. Dans ce film, divers registres de la langue française sont utilisés, entre autres, l’argot et le verlan. Une séquence montre bien que chaque personne est caractérisée par son langage. En effet, lorsque les trois principaux personnages se rendent à l’exposition de peinture, ils sont abordés par un jeune qui essaie « d’être dans le coup » et de parler comme eux. Il accoste Vinz et ses amis en disant « yo » comme un rappeur américain, ce qui montre le décalage social qui le sépare des autres : il utilise un mot reconnu par toutes les tranches de la société et trahit ainsi son origine, une banlieue plus riche.

- Lecture d’extraits de Goglu ; les extraits seront lus à haute voix. Afin de mieux comprendre le « joual » et de décoder certaines expressions qui peuvent poser des problèmes de compréhension, l’enseignante et les élèves tenteront de traduire le « joual » en français correct.

- Activité de création 1 : « Tout en restant fidèle aux propos du texte, vous devez changer le niveau de langage des premières pages de la pièce (p. 87 à 89). Écrire à la manière de ______ ou à la manière d’un(e) _______. » L’activité se réalise en dyade et le texte final sera remis au professeur. Au cours suivant, l’enseignante lira quelques créations.

- Débat sur la langue québécoise (Archives télé de Radio-Canada) ; émission : Dossier ; date de diffusion : 17 octobre 1975 ; invité : Michel Tremblay ; durée : 6 minutes 24 secondes.

PENDANT LA LECTURE

Cours 3 et 4 : pour mieux percevoir l’œuvre

Objets d’étude : les stéréotypes dans l’œuvre ; la tragédie et la comédie

Barbeau, semblablement à Michel Tremblay, met en avant les maux des petites gens. Il exprime leur révolte et leur malheur. Il dénonce l’aliénation individuelle et collective de personnages typés, voire les antihéros tristes, perturbés, oubliés, etc., reflet d’un Québec agonisant.

- Travail coopératif
Afin de découvrir ces stéréotypes qui abondent dans les pièces des années 1960-1980, les élèves, en équipes de quatre, réaliseront, à partir d’un extrait d’une pièce ciblée par le professeur (Goglu, d’autres pièces de Barbeau et quelques écrits d’autres auteurs dramatiques de l’époque), la fiche descriptive d’un personnage.

- Lecture, écoute et analyse de Jef (1964) de Jacques Brel
En écoutant la chanson, les élèves auront comme support visuel l’extrait de la bande dessinée Brel en bande dessinée (1997). Les paroles de Brel rappelleront aux élèves les thèmes incarnés par les personnages de Goglu et par ceux entrevus dans les autres extraits lors de l’activité précédente. La chanson est donc un prétexte pour approfondir la notion de stéréotype. 

- Activité de création 2 : « À partir de la bande dessinée, transformez le discours du personnage afin de le convertir à la réalité de Goglu et Godbout. » Chaque équipe est responsable d’un court extrait de la bande dessinée. L’activité se réalise en équipes de quatre et le produit fini sera remis au professeur. L’enseignante rassemblera les extraits. Au cours suivant, elle lira la création collective.

L’auteur a mis en scène Goglu et Godbout dans une tonalité qui incarne la tragédie par l’humour. L’enseignante se servira des paroles de Barbeau afin d’introduire le sujet et de lancer les élèves sur de nouvelles pistes interprétatives :

Ici, au Québec, on essaye inévitablement de prendre nos distances en face de nos sentiments tragiques. Nous n’avons pas de tragique pur. J’ai l’impression que toutes les grandes tragédies québécoises vont être drôles. C’est peut-être aussi un signe d’espérance. Si nos tragédies étaient tristes, irrévocables, cela voudrait peut-être dire que pas mal de choses sont tombées. Mais ce n’est pas un comique tranquille. C’est un comique cynique, amer. Non gratuit : incarné. 

- Afin que les élèves puissent bien cerner les éléments tragiques et ceux liés au « comique cynique, amer » dont parle Barbeau, l’enseignante mettra en parallèle, lors d’un exposé magistral, les caractéristiques de la comédie et celles de la tragédie. Des extraits de pièces représentatives de chacune des catégories seront présentés aux élèves : Le malade imaginaire de Molière et Phèdre de Racine.

- Travail en équipes de quatre et en dyade : chaque équipe de quatre aura un extrait différent de la pièce. À partir de l’extrait, les membres de l’équipe feront ressortir les éléments tragiques et comiques.

La deuxième partie du travail se poursuivra dans l’amphithéâtre du cégep.

L’équipe initiale se subdivisera. Chaque dyade choisira le thème du tragique ou du comique. Elle se questionnera sur la meilleure façon d’interpréter la pièce de manière à faire ressortir les éléments du thème choisi. Devant les autres membres de l’équipe, elle interprétera (lecture-jeu) l’extrait le plus justement possible en fonction du thème choisi. Par la suite, en grand groupe, il y aura la présentation de quelques (4 ou 5) lectures-jeux.

APRÈS LA LECTURE

Cours 5 et 6 : pour parfaire son apprentissage

Table ronde (10 %)
La table ronde portera sur les différentes notions abordées en classe : le « joual », les caractéristiques de la tragédie, les stéréotypes dans l’œuvre, etc. Selon la notion choisie, l’élève sera jumelé à d’autres étudiants. Lors de cette période, chaque équipe (composée de cinq personnes) devra présenter clairement ses réponses aux questions d’approfondissements rédigées par l’enseignante et remises au cours 1. L’équipe devra également remettre un travail qui présentera les réponses, par écrit.

Dissertation critique de 900 mots (40 %)
C’est dans cette épreuve finale que l’élève devra démontrer sa capacité à résoudre le problème initialement posé en classe.

Sujet : Est-il juste d’affirmer que Goglu et Godbout sont victimes du contexte sociopolitique de leur époque ?

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1 Terme utilisé par Jean Barbeau dans la Préface.


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