L’œuvre Le Passager de Patrick Sénécal a été choisie, car l’atmosphère et l’évolution psychologique du protagoniste qui y sont décrites sortent de l’ordinaire. Elle fait vivre une tension extrême et cela fait en sorte que le lecteur se laisse emporter facilement dans cet univers anxiogène. Comme l’œuvre vise un public de jeunes adultes, la séquence didactique est faite pour des élèves de cinquième secondaire. Elle leur permettra de faire ressortir les régularités propres au genre policier et de parfaire leurs connaissances du français. D’ailleurs, selon Reuter, « [l’]enseignement du français sert […] à établir des régularités. […] [i]l s’agit de développer les savoirs et les compétences des élèves en matière de langue, de textes, de lectures et d’écritures et de les doter d’un métalangage explicite, ainsi que de notions et de modes d’approches transférables[1] ».

PROBLÈMES :

• Identifier les caractéristiques de l’atmosphère propre au genre policier et plus particulièrement au roman noir.

• Comprendre l’évolution psychologique du personnage principal.

• Établir et comprendre les liens possibles entre diverses œuvres (intertextualité (au sens large), œuvres artistiques, musicales et cinématographiques).

AVANT LA LECTURE :

1^re activité :

Cette activité est faite dans le but d’amener les élèves à se sensibiliser à l’atmosphère anxiogène particulière au roman noir. L’enseignant montre des œuvres artistiques (www.artchive.com/ftp_site.htm) et fait entendre des pièces musicales dégageant une atmosphère noire. L’art est une notion difficile à définir, mais nous croyons qu’il possède un critère immuable, celui de faire générer chez le lecteur (ou l’auditeur ou le spectateur, etc.) des sentiments. Comme le dit Jean Cocteau dans La difficulté d’être : « Il faut bien comprendre que l’art n’existe que s’il prolonge un cri, un rire ou une plainte ». Nous voulons donc qu’au fur et à mesure de cette sensibilisation les élèves écrivent, spontanément, les sentiments qu’ils vivent. Dans un deuxième temps, ils devront partager, en équipes, les sentiments qu’ils ont ressentis et à partir de ceux-ci, ils devront rédiger une courte histoire de 400 mots.

2^e activité :

Avec l’activité précédente, les élèves se sont familiarisés avec une des caractéristiques du roman noir. La deuxième activité sera donc une suite de la précédente, c’est-à-dire que les élèves devront s’approprier d’autres caractéristiques de ce genre afin d’affiner la connaissance qu’ils en ont. Pour ce faire, les élèves devront consulter un site internet sur le sujet (http://www.cg49.fr/medias/PDF/themes/culture_sports/bdp/boite_outils/Le%20roman%20policier.pdf). Une fois les caractéristiques repérées, les équipes de la première activité se retrouvent afin de réorienter leur texte vers une histoire du sous-genre roman noir.

PENDANT LA LECTURE :

3^e activité :

L’évolution psychologique du protagoniste est une des caractéristiques du roman noir (2^e activité). Cette activité a donc pour but de retracer l’évolution psychologique d’Étienne et d’expliquer en quoi elle est représentative du roman noir. L’écriture d’une courte phrase, qui relate le comportement d’Étienne, à la fin de chaque chapitre permettra à l’élève de constater l’évolution psychologique vécue par le personnage principal.

APRÈS LA LECTURE :

4^e activité :

Cette activité fait le lien entre l’atmosphère dans laquelle le protagoniste est plongé et son évolution psychologique. Lors de la rédaction de leur texte (1^re activité), les élèves n’ont pas été sensibilisés au fait que l’évolution psychologique d’un personnage et le contexte dans lequel il vit sont tributaires l’un de l’autre. Il peut donc y avoir certaines incohérences qui font en sorte que le texte ne tient pas le lecteur en haleine autant que l’élève le voudrait. Ce sera le moment pour chacun de retravailler son texte en peaufinant le contexte de l’histoire. À la fin de cette activité, l’enseignant visionne un extrait de film (Les dents de la mer) en ayant pris soin de ne pas mettre de son. Il demande aux élèves de donner leurs impressions sur le film muet comparé au film avec du son. Ensuite, l’enseignant termine en expliquant à ses élèves que le son dans les films peut avoir le même effet que le champ lexical dans les textes, c’est-à-dire qu’ils sont essentiels pour plonger l’œuvre dans une atmosphère sombre. Pour exemplifier ce fait, nous jugeons pertinent de faire lire La chute de la maison Usher[2] d’Edgar Allan Poe, à partir du site suivant : http://www.houseofusher.net/francais/usher.html. Ce texte est très évocateur et possède de riches champs lexicaux tournant autour des thèmes de l’horreur, de la tristesse, de la peur et de la mort. Alors, un travail sur les champs lexicaux sera effectué avec les élèves. De plus, puisque Le Passager subit le même traitement scriptural, l’enseignant devra faire un retour sur l’œuvre de Sénécal afin de prouver que ce phénomène lexical est applicable également à ce texte. Ainsi, l’activité vient prendre tout son sens dans la séquence.

5^e activité :

L’enseignant explique à ses élèves que L’enfant lumière[3], réalisé par Stanley Kubrick en 1980 et écrit par Stephen King, n’est pas un roman noir, mais plutôt un « thriller » d’épouvante. Tout de même, il représente très bien les notions abordées dans les cours précédents concernant l’évolution psychologique du héros, l’atmosphère lugubre et les sons anxiogènes. À la suite du visionnement de quelques extraits du film, l’enseignant animera une discussion sur ce qui représente le mieux les notions vues. Pour ce faire, il fera réécouter des bribes du film et demandera aux élèves de les commenter d’après ce qu’ils ont appris depuis le début de la séquence.

6^e activité :

Dans le cadre de cette dernière activité, menée sous la forme d’un cercle littéraire, les élèves seront amenés à lire à haute voix le texte qu’ils auront composé et peaufiné depuis le début de la séquence didactique. À partir de la lecture de chacun, une brève appréciation sera faite. Les élèves devront commenter l’application des nouvelles connaissances de leurs condisciples en ce qui concerne l’atmosphère qui caractérise le roman noir et l’évolution psychologique du personnage principal, deux des problèmes initiaux. Nous croyons que cette activité permet d’éviter le compartimentage entre les connaissances, dans la mesure où elle reprend toutes les notions vues depuis le début de la séquence. Elle est le réinvestissement complet de la nouvelle théorie apprise.

BIBLIOGRAPHIE

Anonyme, « Le roman policier », Dans Conseil général Maine-et-Loire, Site du Conseil général Maine-et-Loire, [En ligne].

http://www.cg49.fr/medias/PDF/themes/culture_sports/bdp/boite_outils/Le%20roman%20policier.pdf (Page consultée le 27 février 2007).

Bélanger, Martin, « La motivation scolaire », In Centre de documentation, Site de Gestiondeclasse.net [En ligne], http://www.csmb.qc.ca/gesclasse/html/documentation/comprendre/motivation_base.htm (Page consultée le 2  avril 2007).

Falardeau Érick et Louis-Philippe Carrier (2006), « Exploiter l’interactivité d’Internet avec les enseignants en formation dans la production de séquences didactiques », dans Recherches, n° 44, « L’ordinateur en français ».

Harden, Mark et coll., [En ligne]. www.artchive.com/ftp_site.htm (Site consulté le 1^er avril 2007).

Reuter, Yves (1992). « Enseigner la littérature? », Recherches, n° 16, p. 55-70.

Rouxel, Annie (1996). Enseigner la lecture littéraire. Rennes : Presses universitaires de Rennes, p. 15-38.

Sénécal, Patrick (2003). Le Passager. Québec : Éditions Alire. 214 p.

Ste-Marie, Nathalie et Marie-Soleil Boulva, « La motivation selon les élèves », Dans Centre de documentation, Gestiondeclasse.net [En ligne], http://www.csmb.qc.ca/gesclasse/html/documentation/comprendre/fact-motivation.htm (Page consultée le 2 avril 2007)

Thérien, Michel (1997), « De la définition du littéraire et des œuvres à proposer aux jeunes ». dans Monique Noël Gaudreault et coll. Didactique du français, Bilan et perspectives. Québec : Nuit Blanche, p. 19-31.

Viau, Rolland (2000), « Des conditions à respecter pour susciter la motivation des élèves », In Correspondance, Site du Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD), [En ligne]. http://www.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr5-3/Viau.html (page consultée le 1^er avril 2007).

[1]Yves Reuter (1992), « Enseigner la littérature? », Recherches, n° 16, p. 63-64.

[2] D’ailleurs, par l’entremise du personnage principal, Sénécal fait référence à ce texte dans l’œuvre étudiée.

[3] Idem.