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Comme une odeur de muscles

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Comme une odeur de muscles
PELLERIN, Fred
Par Mylaine Damboise et Josyanne Pettigrew


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Contes et récits
Courant :
Siècle : 21e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Mylaine Damboise et Josyanne Pettigrew
Date du dépôt : Hiver 2007


Justification de la pertinence du texte

 

Notre séquence didactique s'adresse aux élèves de troisième secondaire. Elle est construite à partir d'un recueil de contes de Fred Pellerin qui s'intitule Comme une odeur de muscles[1]. Puisque nous voulions étudier le conte avec les élèves de troisième secondaire, nous avons choisi un recueil de contes populaires. En l'analysant, nous avons vite été convaincues par la plume de Fred Pellerin : plusieurs jeux de mots rendent le texte intéressant et la structure des contes est accessible et facile à étudier. Ces contes répondent aux caractéristiques des contes traditionnels, ce qui nous permettra de faire des liens avec des auteurs qui font partie du patrimoine culturel québécois. Le disque compact fourni avec le recueil nous permet de faire un lien avec la tradition orale. Il est d'autant plus intéressant pour les élèves de pouvoir entendre le conteur livrer ses récits. Nous croyons que les contes de Pellerin auront le pouvoir de toucher les élèves, car les thèmes véhiculés sont actuels.

 

Problèmes de lecture

 

Même si ces textes sont très accessibles pour des élèves de troisième secondaire, certains problèmes de lecture peuvent entraver une compréhension optimale des élèves. Cette séquence a donc pour but de résoudre les trois problèmes de compréhension et d'interprétation suivants :

 

  • dégager la critique sociale actuelle en faisant des liens avec les lieux et l'époque dans lesquels s'inscrivent les personnages stéréotypés des contes;
  • reconnaitre la part de l'imaginaire en regard de la vraisemblance du texte;
  • reconnaitre[2] une des caractéristiques du point de vue du narrateur : le code de focalisation.

 

Avant la lecture

 

Activité 1 : Introduction au conte

 

Cette activité a pour but de préparer les élèves à la lecture des contes. Nous nous intéresserons aux éléments qui distinguent le conte des autres genres narratifs. L’enseignant, en plénière, demande aux élèves de nommer des contes qu’ils connaissent. Ensuite, les élèves lisent un conte (Tipite Vallerand) du recueil Contes de Jos Violon[3] de Louis Fréchette. L’enseignant leur présente Jos Violon en tenant compte de la préface du recueil de contes. Après la lecture de Tipite Vallerand, les élèves doivent soulever les éléments qui caractérisent ce conte. Pour guider la réflexion, l’enseignant pose des questions aux élèves. Il leur fait remarquer l’entrée en matière. En se remémorant les contes de leur enfance, les élèves pourraient réaliser que même des contes comme Le Petit Chaperon rouge ou La belle au bois dormant ont une entrée en matière (« Il était une fois… »). Afin que les élèves comprennent que le conte est porteur d’un message, l’enseignant leur demande pourquoi Jos Violon racontait des histoires et pourquoi il insistait pour qu’on y croie. Il demande aux élèves s’ils ont cru à l’histoire afin de les amener à reconnaitre la part de l’imaginaire dans le récit. Dans un coin du tableau, l’enseignant note les observations des élèves. Ces observations resteront bien en vue jusqu’à la fin de la séquence afin qu'ils puissent s’y référer pour les comparer avec le recueil étudié.

 

Activité 2: Le conte au Québec, aujourd’hui

 

 

L’enseignant explique aux élèves qu’il existe encore des conteurs. Il les invite à faire une recherche dans Internet sur les conteurs et les soirées de contes au Québec et les guide en leur demandant de remplir le questionnaire suivant[4] :

 

 

  • Nommez une maison d’édition québécoise qui publie principalement des recueils de contes[5].
  • Est-ce que les conteurs donnent des spectacles?
  • Quels spectacles sont prévus prochainement?
  • Y a-t-il d’autres évènements spéciaux reliés au conte?
  • Nommez trois conteurs québécois qui ont publié des contes dans les trois dernières années.
  • Qui est Fred Pellerin? D’où vient-il? Quel âge a-t-il?

 

Cette activité a pour but d'aider les élèves à se familiariser avec l'univers du conte. Ils prendront alors conscience que les contes s'inscrivent aussi dans un contexte actuel.

 

Activité 3: Lire « mise au point » avec les élèves

 

Cette activité a pour but de déclencher la réflexion des élèves quant au message social véhiculé dans le recueil Comme une odeur de muscles de Fred Pellerin. L’enseignant fait lire Mise au point aux élèves. Il leur demande de résumer ce qu’ils viennent de lire. Les élèves devraient répondre que Fred Pellerin parle de son village. L’enseignant demande alors aux élèves pourquoi le conteur a choisi de faire une mise au point pour préciser que son village existe. À cette étape de la séquence, les élèves ne devraient pas être en mesure de répondre à la question. L’enseignant n’insistera pas, il choisira plutôt de noter la question au tableau pour que celle-ci serve de guide tout au long de la lecture du recueil.

 

Pendant la lecture

 

Comme le conte s’inscrit dans une tradition orale, nous trouvons qu’il est pertinent de commencer par faire entendre les contes aux élèves. Ceux-ci auront à relire certains passages plus tard dans la séquence. L’enseignant fait donc écouter la moitié du recueil aux élèves et leur demande de garder en tête les observations qu’ils ont faites jusqu’à présent pour mieux orienter leur lecture.

 

Activité 4 : Le message, critique sociale

 

 

À la suite de cette écoute, l’enseignant demande aux élèves de dégager les principaux thèmes, en équipe. L’enseignant circule dans la classe et guide les conversations en leur demandant de trouver les éléments récurrents des contes. Par exemple, les élèves pourraient trouver le village. L’enseignant les amène à faire un lien avec la Mise au point en leur demandant pourquoi Fred Pellerin accorde autant d’importance à son village. Il leur fait remarquer que Pellerin utilise beaucoup l’ironie pour se moquer du peu d’importance qu’on accorde aux régions. Ainsi, les élèves comprendraient qu’il y a là une critique sociale. Fred Pellerin dénonce ainsi l’exode des jeunes. De retour en plénière, l’enseignant demande aux élèves de répondre à la question : pourquoi le conteur a-t-il choisi de faire une mise au point pour préciser que son village existe? L’enseignant devra guider la réflexion, en relevant certains passages de la Mise au point, pour que les élèves en viennent à répondre que, tout comme Jos Violon, Fred Pellerin se sert des contes pour transmettre un message et que s’il parle autant de son village, c’est pour dénoncer le peu d’importance qu'on accorde aux régions. Par exemple, l’enseignant pourrait dégager les passages suivants pour en discuter avec les élèves :

 

  • « Saint-Élie-de-Caxton est un village normal. Normal dans le sens où ça prend du temps avant de s’en rendre compte ».
  • « Saint-Élie-de-Caxton est un village qui n’a toujours pas de point sur la carte du pays[6] ».

 

 

Activité 5 : La part de l'imaginaire

 

Le village de Fred Pellerin est d'une importance capitale dans ses histoires. Il s'en sert pour donner de la crédibilité à ses contes. Pour respecter l'univers narratif particulier du conte, Pellerin se sert aussi d'éléments de l'imaginaire. Il semble faire un jeu entre le réel et l'imaginaire, c'est pourquoi l'enseignant demandera aux élèves, en équipe de quatre, de trouver les éléments vraisemblables et invraisemblables. Ils devront ensuite discuter du jeu avec la limite entre le vraisemblable et l'invraisemblable. Pour guider les élèves dans leur réflexion, l'enseignant leur demande de relever les interrogations qu’ils ont eues pendant leur lecture. Si les élèves ont de la difficulté à les relever, l’enseignant pourra inscrire la banque de questions suivantes au tableau :

 

  • Pourquoi Fred Pellerin mentionne-t-il toujours les noms des personnages, les noms de rues et les différents commerces qui se retrouvent à Saint-Élie?
  • Pourquoi utilise-t-il des éléments merveilleux s'il insiste pour dire que ces personnages et le village existent vraiment?
  • Est-ce que l'utilisation du merveilleux nuit à la crédibilité du conte?
  • Comment Fred Pellerin utilise-t-il les éléments merveilleux?
  • Pourquoi après avoir fait une mise au point dans laquelle il précise que son village existe vraiment, Fred Pellerin dit-il : « On habite tout près de la légende[7] »?

 

L'enseignant demande aux élèves de prendre en note leurs réflexions. L’écoute de la deuxième partie des contes leur permettra de mieux cerner les problèmes de lecture présentés précédemment. À la fin de cette partie, les élèves seront en mesure d'identifier pourquoi le conteur dépasse les limites du vraisemblable. En effet, ils auront réalisé que Fred Pellerin utilise des éléments merveilleux comme s'ils étaient vraisemblables pour nous transporter dans un univers bien à lui.

 

Après la lecture

 

Activité 6 : Moi, j’raconte des histoires

 

Pour consolider les remarques effectuées par les élèves, ceux-ci devront écouter la chanson Moi j'raconte des histoires à la fin du disque compact. À l’aide des paroles de la chanson, les élèves devront confirmer ou infirmer leurs hypothèses de départ. L'enseignant s'assurera que les élèves appuient leurs propos sur des passages de la chanson. En effet, les thèmes de la chanson ressemblent beaucoup à ceux du recueil. On y évoque la tradition orale (Moi j’raconte des histoires; Des histoires que vous m’avez contées), la nécessité de changer les choses (On me parle à l’oreille, du courage, de tout c’qui faudrait changer) et l’individualisme (Mais de l’autre j’entends qu’on préfère rester dans son coin). Les élèves prendront alors conscience que Pellerin accorde beaucoup d'importance à son village parce que c’est là que se transmet la tradition orale et que se brise l’individualisme. Son village est un peu comme une équipe dans laquelle tous les joueurs sont importants. Les différents personnages sont d'ailleurs très stéréotypés.

 

Activité 7 : Les stéréotypes des contes de l'époque

 

Les élèves pourront se faire une meilleure représentation mentale de la société de cette époque en écoutant un épisode des Belles histoires des pays d'en haut[8], dans lequel la majorité des stéréotypes des contes de Fred Pellerin se retrouvent. Les élèves devront ensuite dresser une liste des différents personnages des contes de Fred Pellerin. Les élèves devraient être en mesure de trouver les personnages suivants :

 

Grand-mère Bernadette

Notaire

Homme de chantier, bucheron

Gars de garage

Mère au foyer

Bedeau

Docteur, ramancheux, rabouteux

Curé

Marraines avec des pouvoirs magiques

Patenteux

Forgeron

Quincailler

Belle lurette, la belle du village

Déneigeur

Homme qui parle plus fort que tout le monde

Chanteuse de l'église

Garçons qui viennent d'ailleurs pour voir la belle

Enfants du village

Coiffeur

 

 

Il est donc impératif que cette activité se déroule après une écoute complète du recueil. Il serait aussi important que les élèves fassent un lien entre l'époque dans laquelle évoluent les personnages et la critique sociale. Ils pourraient alors prendre conscience que la critique sociale est accentuée par l'idéalisation de cette époque.

 

Activité 8 : L'épilogue et le point de vue

 

L'enseignant fait lire l'épilogue aux élèves afin qu'ils puissent connaitre la destinée de certains personnages.  Il leur demande ensuite de définir la notion de point de vue. L’enseignant ne recherche pas une définition précise et rigoureuse de la part des élèves. Cette activité a plutôt pour but de réactiver les connaissances antérieures des élèves. Ils doivent partager les connaissances qu'ils ont à ce sujet en plénière. Par la suite, les élèves doivent déterminer, en équipe, le code de focalisation. Pour ce faire, l'enseignant les guidera en posant les questions suivantes :

 

  • Qui est le narrateur du texte?
  • Est-ce qu'il raconte les propos de quelqu'un d'autre?
  • Qui est cette autre personne?
  • Par les yeux de quel personnage voit-on les évènements?

 

Après avoir répondu au questionnaire, les élèves pourront comprendre le jeu de mots utilisé par Fred Pellerin (« Devant la vitrine. Le meilleur point de vue »). Les élèves devront alors relever toutes les caractéristiques du code de focalisation du texte. Ils devront aussi relever les autres codes de focalisation qui auraient pu être utilisés par Fred Pellerin dans ses contes.

 

Activité 9 : Le changement de code de focalisation

 

Lors de l'activité d'écriture, les élèves devront, individuellement, réécrire un ou plusieurs contes de Fred Pellerin en changeant le code de focalisation. Les différents codes de focalisation possibles seront présentés par l'enseignant à la lumière de ce que les élèves ont relevé à l'activité précédente. De plus, les élèves devront insérer une entrée en matière dans leur(s) conte(s), comme dans les Contes de Jos Violon[9] et ceux de Fred Pellerin, étant donné qu’ils jouent maintenant le rôle du narrateur. À la fin de cette activité, les élèves auront mis en pratique leurs nouvelles connaissances. Cette activité d'écriture sera évaluée de manière à vérifier si les élèves ont respecté le code de focalisation qu'ils s'étaient donné.

 

Pour stimuler davantage l'intérêt des élèves et pour développer chacune des compétences disciplinaires, il serait intéressant d'organiser une soirée de contes pendant laquelle les élèves liraient les contes modifiés, dans le même ordre que ceux du recueil de Fred Pellerin.



[1] Fred Pellerin (2005), Comme une odeur de muscles, Planète rebelle, Collection « Paroles », 150 p.

[2] Ce texte adopte l’orthographe rectifiée.

[3] Louis Fréchette (1999), Contes de Jos Violon, Édition préparée, présentée et annotée par Aurélien Boivin, Montréal, Guérin, Collection Guérin littérature, 119 p.

[4] Nous nous attendons à ce que les élèves consultent les sites suivants : www.dimanchesduconte.comwww.festival-conte.qc.ca , www.conte-quebec.com et www.planeterebelle.qc.ca.

[6] Ibid., p. 11.

[7] Il serait intéressant de faire réfléchir les élèves sur ce jeu de mots parce que nous croyons qu’il y a un lien important à faire entre le choix du mot légende et l’univers narratif du conte.

[8] Claude-Henri Grignon, « Un grand Patriote », dans Les Belles histoires des pays d’en haut, réalisé par Bruno Paradis, 1956-1970.

[9] Louis Fréchette, op. cit.


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