PERTINENCE DE L'OEUVRE CHOISIE

L’Alchimiste[1] représente une œuvre intéressante à étudier pour sa forme relativement simple, son vocabulaire accessible, pour la richesse de ses personnages et, surtout, pour les messages philosophiques qu’elle contient. Le texte raconte l’histoire d’une quête entreprise par un jeune berger espagnol qui prendra la forme d’une découverte de soi, d’une réflexion sur la vie, la nature et la force qui émane de chaque être humain. Les adolescents de 15-17 ans pourront assurément s’identifier au personnage principal, car ils sont eux-mêmes en pleine recherche identitaire. De plus, le roman de Paulo Coelho permettra aux jeunes de se familiariser avec un phénomène inconnu et mystérieux, l’alchimie, et donnera l’occasion de s’ouvrir à des univers culturels différents de la société dans laquelle nous vivons.

LES PROBLÈMES DE LECTURE

À première vue, l'Alchimiste ne présente pas de réelles difficultés de lecture, tant pour les lecteurs experts que pour les lecteurs débutants. Les problèmes apparaissent plutôt à l’étape de l’interprétation du roman, où le message peut sembler nébuleux ou même anodin si l’on ne prend pas le temps d’aller voir plus loin que le sens premier des mots et des images produites par ces derniers. L’espace-problème peut donc être composé des points suivants :

• Comprendre le rôle du titre dans l’œuvre; définir le phénomène et ses buts.

• Amener les élèves à prendre conscience de l’espace culturel, omniprésent dans l’œuvre.

• Définir le rôle des différents personnages dans l’évolution personnelle du héros.

SÉQUENCE DIDACTIQUE

La séquence didactique que nous proposons aux élèves vise une compréhension globale du message véhiculé par l’œuvre, dans laquelle la recherche d’un trésor est un prétexte pour le héros de voyager et d’évoluer. Les élèves devraient être en mesure, à la fin de la séquence, de saisir l’importance des rêves, d’amorcer une réflexion sur le bonheur et l’amour et de réfléchir sur le sens des préjugés.

Chacune des activités présentées établit les étapes à franchir avant, pendant, et après la lecture. Pour réaliser la séquence, l’enseignant aura besoin de documents sur l’alchimie, d’une carte géographique, du « Mythe de Narcisse » (Ovide), du poème « Le disciple » (Oscar Wilde) et du schéma actanciel sur un carton plastifié ou un transparent.

Activité 1 - L'alchimie et ses symboles

Avant la lecture

L'enseignant propose une discussion à propos du titre de l’œuvre de Paulo Coelho : l’Alchimiste. Avec des questions ouvertes comme « Qu’est-ce que l’Alchimie? » et « Qu’est-ce ça vous dit, vous inspire? », nous amenons les élèves à s’interroger, à décortiquer le mot et ses racines. Pour faciliter les choses, il est possible de faire chercher le mot dans le dictionnaire. Une fois que le débroussaillage est fait, l’enseignant explique ce qu’est l’alchimie et les termes reliés au phénomène. Les élèves auront, tout au cours de la lecture, à porter attention à ce que l’alchimie représente comme mode de pensée.

Pendant la lecture

Lors des retours sur la lecture, il s’agit de demander aux élèves s’ils ont une meilleure idée de ce qu’est l’alchimie. Ces retours ont pour but de guider les jeunes dans leur lecture et de les aider à ne pas perdre de vue l’importance du titre dans l’œuvre.

Après la lecture

L’enseignant réfléchit avec la classe sur la place du titre dans l’œuvre : est-ce que le choix de l’auteur a du sens? Pourquoi? Sinon, comment aurais-je intitulé ce roman? L’enseignant peut aussi planifier un débat sur l’alchimie : est-ce une science ou une escroquerie? De cette manière, les élèves pourront rassembler les éléments théoriques du phénomène et sa signification dans l’œuvre afin de créer des liens entre eux.

Activité 2 - L'espace culturel

Avant la lecture

L’enseignant affiche une carte géographique représentant l’Europe et l’Afrique du Nord (au moins du Maroc à l’Égypte) au tableau, afin que les élèves, au cours de la lecture, puissent retracer le périple du héros, le berger Santiago.

Pendant la lecture

Afin de faciliter et de diversifier la lecture des élèves, l’enseignant sélectionne quelques passages du roman à lire en classe. Ces derniers sont choisis en fonction de leur caractère culturel et social. Passages à lire : pages 20-21 (Andalousie et les Maures), pages 32 à 37 (les Pyramides d’Égypte et les gitans), pages 62 à 70 (Afrique du Nord, les Arabes, les coutumes) et pages 90 à 93 (la religion musulmane, le Coran, La Mecque). À l’aide des élèves, l’enseignant trace, sur la carte, le trajet que fait Santiago au fur et à mesure qu’avance la lecture.

Après la lecture

Revenir sur la carte géographique et faire voir aux élèves que le voyage de Santiago, comme le roman, forme une boucle. Leur faire relire les premières pages où apparait Santiago et les dernières pages de l’œuvre. Ils verront alors que le roman commence et termine dans le même lieu, presque de la même manière. Mais quelque chose a changé tout de même. Qu’est-ce qui est différent? Est-ce que le trésor était vraiment la quête du personnage principal?

Activité 3 - Les personnages

Avant la lecture

L’enseignant demande aux élèves de lire attentivement la première partie du livre (en classe et à la maison) et de prendre des notes claires en vue de travailler l’œuvre par la suite.

La classe est séparée en deux : le groupe A tient compte du cheminement de Santiago (physiquement, géographiquement et psychologiquement) tandis que le groupe B s’intéresse aux autres personnages rencontrés (humains, animaux, éléments, etc.) et à leur rôle dans la quête du héros. Les notes doivent être prises sérieusement, car des ateliers suivront cette recherche.

Pendant la lecture

Après la lecture de la première partie, chacun des groupes (A & B) forme de plus petites équipes (trois ou quatre élèves). Ils mettent en commun leurs notes prises sur Santiago ou les autres personnages. Ensuite, chaque élève écrit un court texte résumant la thématique observée, qu’il remettra à l’enseignant. Toutes les équipes partagent à la classe leur compréhension du texte. Les autres équipes peuvent enrichir la discussion.

Les élèves sont par la suite invités à commencer à élaborer le schéma actanciel du roman.

Pour la deuxième partie de l’œuvre, l’enseignant demande aux groupes de s’échanger les thématiques. Le même travail de lecture et de prise de notes devra être fait.

Après la lecture

Il y aura présentation orale des notes prises sur les sujets de la deuxième partie, en petites équipes.

Comme synthèse, les élèves terminent l’élaboration du schéma actanciel et inscrivent en plus le rôle de chaque personnage dans la quête du héros. Cela leur permettra de réaliser que les personnages peuvent être autant adjuvants qu’opposants, selon le point de vue où l’on se place, comme le fait souvent le héros lui-même.

Activité 4 - L'intertextualité

Pendant la lecture

Lire le prologue avec les élèves et introduire le phénomène de l’intertextualité. Lire ensuite le « Mythe de Narcisse » écrit par Ovide puis le poème « Le disciple », d’Oscar Wilde, ces deux textes étant soulevés dans le prologue. L’enseignant en dégage le ou les sens avec les élèves. L’objectif de cette activité est d’emmener les élèves à aller plus loin que le premier degré des mots et des images.

Certains personnages sont inspirés de préjugés (la gitane, l’Anglais), alors que le personnage de « Melchisédec » est inspiré de la Bible. L’enseignant peut alors leur expliquer son rapport avec Abraham, dont il est question dans la première partie de l’œuvre[2]. Il peut être intéressant de faire le lien avec cette histoire sainte et ce qui arrive au berger dans l’Alchimiste.

Après la lecture

Pour clore cette activité, l’enseignant demande aux élèves s’ils se souviennent des deux mythes liés à Narcisse dont on a parlé au tout début de la lecture. Il voit alors avec eux les liens que l’on peut faire avec ce qu’a vécu Santiago (son rapport avec les éléments, comment il s’est fondu dans le vent, etc.).

Activité 5 - Création

Après la lecture

Pour terminer la séquence didactique sur l’Alchimiste, l’enseignant propose un atelier d’écriture aux élèves. Ces derniers doivent composer, seuls, un texte de création tout en s’inspirant du roman, en imaginant quelle serait leur propre rencontre avec un alchimiste. Cela les amènera à réfléchir sur eux-mêmes, sur leurs intérêts, et à définir intuitivement, de manière très imagée et en se basant sur leurs propres rêves, leur légende personnelle. Le texte doit avoir environ 500 mots et fera l’objet d’une évaluation sommative. Une attention particulière doit donc être portée sur la qualité de la langue.

[1] Paulo Coelho (1994), l’Alchimiste, Paris, Éditions Anne Carrière.

[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Melchisedech