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L'écume des jours

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
L'écume des jours
VIAN, Boris
Par Marianne Bouchard-Landry


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Roman
Courant : Surréalisme
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Marianne Bouchard-Landry
Date du dépôt : Automne 2003


Pourquoi cette oeuvre?

L’Écume des jours a la particularité d’offrir plusieurs lectures possibles d’un seul et même texte. Pour des élèves du collégial, ce roman de Boris Vian comporte un niveau de complexité très adapté à ce que l’on attend de leur part en matière de « capacités de lecture ». Très représentative de l’idéologie d’Après-Guerre en France, cette œuvre est un milieu intéressant pour l’exploration des divers enjeux et des codes esthétiques de cette époque. Ces éléments sont d’ailleurs au centre même du discours de Vian, notamment dans l’imposante critique sociale qu’il met en place dans l’univers fictionnel de L’Écume des jours. C’est d’ailleurs autour de cette critique sociale que s’articulera la situation-problème que les élèves auront à résoudre au cours de leur lecture.

La séquence didactique se déroulera sur six séances de deux heures.

Au cours de la séance précédant le début de la séquence didactique, les élèves recevront la consigne de lire les chapitres I à IV de L’Écume des jours. Il est à noter qu’il serait souhaitable d’avoir abordé le surréalisme avec les élèves. En effet, puisque l’œuvre de Vian s’inscrit (selon plusieurs théoriciens) dans la continuité du surréalisme, je crois qu’il est important que les élèves soient familiers avec ce mouvement avant d’aborder L’Écume des jours. L’enseignant pourrait alors centrer l’attention des élèves sur les éléments surréalistes dans le roman. Ces derniers pourraient alors aborder les premiers chapitres de l’œuvre en adoptant une lecture plus attentive à la stylistique de Vian. Ceci aurait pour but de réactiver leurs connaissances antérieures relatives au cours et de faire un lien entre le contenu passé et celui à venir.

Cours I : « Éléments de fantastique et vie à fond de train »

Il serait important de commencer par un retour en classe sur les lectures effectuées, puis d’inscrire au tableau les éléments surréalistes que les élèves ont su relever dans le texte. Nous analyserons ensuite l’impact de ces éléments sur leurs attentes relatives au récit qui leur sera présenté. Quels impacts ont ces éléments fantastiques sur le récit, sur la narration ? Nous ferons à cet effet, en classe, un exercice d’écriture de fiction dans une stylistique semblable à celle de Vian au cours duquel ils devront « prévoir » ce qui arrivera dans la suite de l’action. Les élèves seront ensuite invités à garder dans leurs notes cet exercice, car nous y reviendrons ultérieurement dans le but de « valider » leurs prédictions, en faisant des liens avec les attentes des lecteurs.

À la suite de ce retour sur leurs lectures, nous aborderons la vie de Boris Vian, afin d’initier progressivement les élèves à son monde farfelu, c’est-à-dire sa personnalité hors du commun, son excentricité, ses pseudonymes d’écrivain, ses œuvres principales, etc. Il s’agira de montrer aux élèves en quoi Boris Vian était un auteur avant-gardiste par ses propos et sa stylistique. Nous aborderons l’accueil assez glacial que reçut Vian à la sortie de ses œuvres dans les années quarante et cinquante. Il sera alors important de montrer aux élèves à quel point Boris Vian, de son vivant, se situait dans le champ de la production restreinte pour ensuite se voir consacré plusieurs années après sa mort. Nous présenterons entre autres le nombre impressionnant de titres de Boris Vian parus aux éditions du Livre de Poche (plus d’une trentaine).

Les élèves devront lire, pour la troisième séance, les chapitres 5 à 23, en centrant leur attention sur l’aspect parodique des extraits. Nous leur demanderons de recenser les principales instances sociales qui se voient critiquées.

Cours II : « Boris Vian et le scandale »

Nous donnerons un cours magistral sur les scandales de J’irai cracher sur vos tombes, Les morts ont tous la même peau et Le Déserteur. Nous présenterons ainsi l’humour grinçant de Boris Vian, ainsi que son apparent plaisir à faire éclater les passions. Les élèves liront des extraits d’œuvres et écouteront des pièces musicales reflétant cette tendance de l’auteur à tenir des propos scandaleux pour l’époque. Nous présenterons également des extraits d’émissions de radio au cours desquelles Boris Vian mettait en scène des débarquements de soucoupes volantes ou des guerres civiles, ce qui faisait frémir la population de Paris. Nous leur ferons lire également quelques citations ayant un style très direct dans lesquelles Vian donne son point de vue sur l’Académie française ou sur les militaires. Cette séance aura pour but de familiariser les élèves avec la tendance de Vian à provoquer le scandale. Nous reprendrons ces notions ultérieurement quand nous analyserons les éléments de dénonciation dans l’œuvre de l’auteur en question.

Cours III : « Boris Vian et la critique sociale »

Nous procéderons à un retour sur les lectures effectuées. Les élèves seront amenés à faire l’inventaire des éléments de la vie parisienne dénoncés dans cet extrait. Par quels moyens ces dénonciations opèrent-elles ? Ils seront également amenés à faire l’énumération des grandes figures de dérision du récit, incarnées tour à tour par les religieux, les commerçants, les travailleurs. Nous écrirons au tableau chacun de ces éléments. Puis, en équipes, les élèves devront analyser plus en profondeur ces personnages de L’Écume des jours en étudiant les mécanismes parodiques présents dans le récit. Nous effectuerons ensuite un retour en grand groupe. Cette activité aura pour but principal de familiariser les élèves avec la stylistique de Boris Vian, en relation avec ses convictions sociales et politiques. À la fin de la séance, les élèves recevront la consigne de lire les chapitres 24 à 47 pour la cinquième séance. Nous leur dirons de centrer particulièrement leur attention sur la figure de Jean-Sol Partre et la dégradation de l’état de Chloé.

Cours IV : « Partre, caricature et descente aux enfers »

Cours sur Jean-Paul Sartre et la jeunesse de Saint-Germain-des-Prés, en lien avec l’existentialisme. Ce cours magistral précédera un atelier d’analyse sur la scène de la conférence de Partre. Les élèves seront amenés à réfléchir sur les procédés de grossissement quasi carnavalesques de la scène. Nous aborderons ensuite les débuts du tragique dans L’Écume des jours avec la maladie de Chloé. Nous ferons des liens en abordant le tragique en général dans les œuvres de Vian en lisant des extraits des Fourmis, récits brefs dans lesquels l’humour côtoie le tragique. Cette étude de la tragédie chez Vian sera un pas de plus vers la problématique plus générale abordée dans la lecture complète du roman.

Cours V : « Les savants, ces andouilles »

Nous effectuerons à nouveau un retour sur les lectures. Cette fois, nous nous pencherons sur la figure du docteur et des moyens utilisés par Boris Vian pour effectuer une caricature. Nous ferons ensuite lire des extraits de L’Arrache-cœur pour faire une comparaison entre la figure du psychanalyste désaxé et celle du docteur peu rassurant. Nous comptons ainsi amener les élèves vers une compréhension de la récurrence de la critique sociale. En étudiant tour à tour des figures très fortement caricaturées, nous espérons que les élèves comprendront l’importance d’un tel discours chez Vian. Afin de les accompagner dans la « descente aux enfers », nous analyserons la métaphore des fleurs en les amenant à étudier leur connotation depuis le début du roman. Nous souhaitons ainsi les amener à constater que de symbole d’amour, les fleurs passent à une symbolique de la maladie et de l’envahissement. Nous leur demanderons, pour le prochain cours, de terminer la lecture des derniers chapitres en repensant à leurs attentes en début de séquence.

Cours VI : « Quand les attentes sont mises en miettes »

Dernier retour sur les lectures effectuées. Nous leur demanderons de faire un exercice d’écriture de création sur une continuation de l’histoire de Nicolas et d’Isis. Viendra ensuite une comparaison entre le ton général de cet exercice et celui qui avait été fait lors des premières séances. Nous analyserons avec les élèves en quoi leur perception du ton de L’Écume des jours a changé au fil de leurs lectures. Ils seront ainsi capables de constater à quel point l’auteur se joue des attentes de ses lecteurs potentiels. Les élèves seront ensuite lancés sur la piste de réflexion énoncée en tant que problématique de lecture. Quels sont les moyens employés par Vian pour transformer ses histoires d’amour en critiques sociales aux dénouements tragiques ? Ceci fera d’ailleurs un excellent sujet de dissertation pour les élèves ! Afin de faire un lien avec la fin du roman et la fin de la séquence didactique, l’enseignant devrait leur faire écouter la chanson « Je voudrais pas crever » de Vian interprétée par Serge Reggiani. Cette chanson ferait une bonne conclusion, car elle rassemble en elle-même les divers éléments de la vie et de l’écriture de Vian : éléments surréalistes, humour, tragédie, mort précoce.


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