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Sans famille

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Sans famille
MALOT, Hector
Par Marie-Elise Grégoire


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Littérature de jeunesse
Courant : Réalisme
Siècle : 19e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Marie-Elise Grégoire
Date du dépôt : Hiver 2007


 

PRÉSENTATION ET PERTINENCE DE L’ŒUVRE POUR LA SÉQUENCE

 

Notre séquence didactique porte sur l’un des plus célèbres romans d’Hector Malot, Sans famille, écrit en 1878. Cet auteur du XIXe siècle s’inscrit dans le courant réaliste. Dans Sans famille, il raconte l’histoire de Rémi, un garçon abandonné dès sa naissance dans les rues de Paris et recueilli par des paysans qui le vendent, lorsqu’il a huit ans, à un comédien ambulant nommé Vitalis. À partir de ce moment, ils sillonnent la France ensemble et vivent maintes aventures. Rémi finira par entreprendre une immense quête pour retrouver sa famille et cette quête de même que les rencontres qu’il fera dans ses périples changeront sa vie.

 

Notre séquence didactique s’adresse à des élèves de troisième secondaire. Nous avons choisi de travailler sur ce récit, car il porte sur le XIXe siècle, une époque méconnue des élèves. Comme le héros de Sans famille est du même âge qu’eux, cela permet à un enseignant de faire des liens entre le personnage et les élèves et, par ce biais, le récit peut donc offrir un bon angle d’entrée pour l’étude du XIXe siècle.

 

SITUATION PROBLÈME ET OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE

 

La longueur du roman est, selon nous, une difficulté de lecture pour les élèves. Un enseignant peut donc leur demander de tenir un journal de lecture pour se créer des repères par rapport à l’histoire. Il peut, en même temps, leur demander de relever les lieux par lesquels Rémi passe pour recréer son itinéraire avec eux. Cela permettra de mieux comprendre l’histoire de même que de se pencher sur les façons de vivre au XIXe siècle. Les rencontres de Rémi avec maints personnages fournissent la possibilité de se pencher sur le schéma actantiel, et la façon dont l’œuvre a été écrite permet de travailler la narration. Des liens peuvent être faits avec des auteurs qui s’inscrivent dans le courant réaliste comme Malot. L’adaptation télévisuelle de Sans famille permet également de faire un parallèle entre la lecture et la télésérie. 

 

Cette séquence didactique vise donc à répondre aux problèmes suivants :

 

  • Amener des élèves à comprendre une œuvre complexe à cause de sa longueur et des nombreuses péripéties qui la composent en leur donnant des stratégies de lectures.
  • Explorer une époque inconnue d’eux et mettre en parallèle les modes de vie du XIXe siècle avec les nôtres.
  • Se pencher sur la psychologie des personnages.

 

L’ensemble de notre séquence permet aux élèves de se bâtir une représentation du XIXe siècle et de la France de cette époque, de se donner des stratégies de lecture et de comprendre les mécanismes d’un récit.

 

SÉQUENCE DIDACTIQUE

 

Avant la lecture

 

Activité 1 : Mise en contexte

 

Présenter le XIXe siècle aux élèves en leur faisant découvrir les modes de vie à cette époque. Les questionner au préalable pour réactiver leurs connaissances sur cette époque et leur faire lire, par la suite, des extraits de romans qui ont été écrits à la même période que celui de Malot. Nous avons ciblé cinq extraits qui nous semblent pertinents :

 

  1. 1856; Gustave Flaubert – Madame Bovary (p.446)
  2. 1862; Victor Hugo – Les Misérables (tome 2 – Cossette – livre troisième)
  3. 1877; Émile Zola – L’assommoir (p.112)
  4. 1878; Hector Malot – Sans famille (p.76)
  5. 1885; Guy de Maupassant – Bel ami (p.17-18)

 

Les élèves relèvent donc les caractéristiques des modes de vie dans ces extraits. Leur faire lire un extrait de Sans famille leur permet d’établir des comparaisons avec les autres œuvres. Ils peuvent ensuite échanger en équipe sur leurs observations.

 

Pendant la lecture

 

Activité 2 : Journal de lecture

 

L’enseignant amène les élèves à se donner des stratégies de lecture en leur faisant tenir un journal de lecture. Il leur demande d’y consigner les principales péripéties que vit Rémi et d’y noter les noms de lieux qu’ils voient en lisant. Les élèves devraient évidemment noter les pages et les chapitres des endroits où ils puisent leurs informations. L’enseignant pourrait baliser la lecture et l’échelonner par exemple sur un mois pour que les élèves qui lisent moins vite aient des repères par rapport au temps qu’ils ont pour lire l’œuvre. Il répondra aux questions des élèves et pourra faire des retours en classe sur la lecture. Le journal pourra servir comme glossaire également. Il sera utile pour la troisième activité.

 

Après la lecture

 

Activité 3 : Itinéraire de Rémi

 

Amener les élèves à retracer l’itinéraire de Rémi et de sa troupe à travers l’Europe grâce aux noms de lieux relevés et notés dans le journal de lecture. Cela permettra aux élèves de rendre concret le caractère abstrait du trajet de Rémi. Pour faire cette activité, l’enseignant se procurera une grande carte de la France sur laquelle les indications géographiques sont suffisamment claires et nombreuses. Il donnera une carte à chacun des élèves et ils y traceront l’itinéraire de Rémi. L’enseignant pourra leur demander de tracer de différentes couleurs les parties du voyage de Rémi, qui s’échelonne sur plusieurs années. Tracer l’itinéraire leur permet de prendre conscience de façon plus concrète des modes de vie au XIXe siècle, car Rémi se déplaçait à pied. 

 

Activité 4 : La narration

 

L’enseignant initie les élèves à la narratologie en abordant avec eux les différents types de narrateurs. Il leur fera prendre conscience que le narrateur est Rémi et non l’auteur, Hector Malot, malgré le fait que l’histoire soit écrite à la première personne. Par cette prise de conscience, les élèves comprendront qu’un auteur n’est pas la même personne qu’un narrateur. Pour ce faire, il leur fera lire des extraits de romans où la narration est faite différemment du roman de Malot. Ils pourront donc comparer les types de narration possibles et relever les traces qui indiquent qui est le narrateur dans un texte.

 

Nous avons relevé trois extraits pertinents :

 

  1. Anne Hébert – «La mort de Stella» dans Le torrent (p.154) (narrateur omniscient)
  2. Edgar Allan Poe – «La chute de la Maison Usher» dans Le masque de la Mort Rouge (p.183- 184) (narrateur participant)
  3. Arthur Conan Doyle – «Le signe des quatre» dans Les aventures de Sherlock Holmes (narrateur témoin)

 

Activité 5 : Visionnement d’un épisode de Rémi sans famille

 

L’objectif spécifique de cette activité est de faire prendre conscience aux élèves que, selon les différents moyens de diffusion d’une même œuvre, plusieurs interprétations peuvent exister. Ils prendront conscience de ces différences en visionnant deux ou trois extraits (au choix selon l’enseignant et selon le temps disponible en classe) de l’adaptation en dessins animés de Sans famille. Nous leur ferons relire des passages du livre où il y a des descriptions et par la suite, nous leur ferons écouter des épisodes, soit celui dans lequel Rémi se présente chez Garofoli à Paris et celui de sa fuite d’Angleterre avec Mattia. Les ressemblances et différences entre la télésérie et l’œuvre seront soulevées par la suite par les élèves.

 

Activité 6 : Schéma actantiel

 

L’enseignant dresse avec les élèves le schéma actantiel du roman dans le but de les amener à comprendre la psychologie des personnages. À partir de ce schéma, il explique aux élèves que les personnages qui gravitent autour de Rémi ont eux aussi une quête dans l’histoire. Les élèves seront amenés à identifier les buts de certains d’entre eux pour mieux comprendre ce qui les motive, et donc cerner le sens de leurs actions. Lorsqu’ils ont complété leur schéma actantiel, l’enseignant leur pose des questions sur les intentions des personnages qui le composent. Quelles sont-elles? Si l’on se place dans la peau de ces personnages, quelle est leur quête? De leur point de vue, sont-ils des adjuvants ou des opposants au personnage principal? En soulevant ces questions avec les élèves, ces derniers prendront conscience que les personnages ne sont pas nécessairement bons ou mauvais, mais qu’ils agissent selon leurs propres buts. Ce schéma amène donc les élèves à se pencher sur la psychologie des personnages.  

 

Activité 7 : atelier d’écriture

 

À la suite de toutes ces activités, l’enseignant présentera aux élèves un atelier d’écriture. Ils devront choisir un passage de l’histoire de Rémi et l’adapter à notre époque (comme le réalisateur l’a fait pour le dessin animé; lien avec l’activité 4), soit l’époque contemporaine. Cela amènera les élèves à tenir compte des adjuvants et opposants du héros (schéma actantiel; activité 5) et à tenir compte du contexte sociohistorique de l’époque pour l’adapter au présent (contexte sociohistorique; activité 1). Il ne devrait pas y avoir d’anachronismes dans leur histoire, par exemple. Ils devront inventer une quête à leur personnage et lui faire suivre un itinéraire précis (activité 3).

 

Conclusion

 

Notre séquence didactique, construite autour du récit de Hector Malot, Sans famille, permet donc à des élèves se faire une idée de ce qu’était le XIXe siècle à travers l’histoire de Rémi. La complexité de cette histoire, de par sa longueur, de même que par le nombre de lieux parcourus et le nombre de personnages présents permet à des élèves de se donner des stratégies de lecture et de se pencher sur les mécanismes de la construction d’un récit. L’interprétation télévisuelle de l’œuvre permet également de se pencher sur la représentation des personnages et la façon dont est écrite l’histoire permet d’étudier la narration. Cette séquence permet donc à un enseignant d’aborder avec ses élèves plusieurs aspects de l’enseignement de la littérature.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

ARMAND, Anne, Michel DESCOTES, Jean JORDY, et al., La séquence didactique en français, Toulouse, Bertrand-Lacoste CRDP de TOULOUSE, 1992, 174 p.

 

CONAN DOYLE, Arthur, « Le signe des quatre », dans Les aventures de Sherlock Holmes, Paris, Omnibus, 2005,

 

DE KONINCK, Rodolphe, Guy DORVAL, Jacques CHARLIER, et al., Le grand Atlas du Canada et du monde, Bruxelles, ERPI De Boeck, 2002, 184 p.

 

DE MAUPASSANT, Guy, Bel ami, Paris, Le trésor des Lettres françaises, 1971, 401 p. (p. 17-18)

 

FLAUBERT, Gustave, Madame Bovary, Paris, Gallimard, 2003, 513 p. (p. 446)

 

HÉBERT, Anne, « La mort de Stella » dans Le Torrent, Québec, Bibliothèque québécoise, 2002, 175 p.

 

LE PAILLEUR, Monique, « La culture, pour se donner des racines et des ailes ! », dans Québec Français, n° 121 (printemps 2001), p. 30-33.

 

MALOT, Hector, Sans famille, Paris, Le Livre de Poche, 2005, 412 p.

 

POE, Edgar Allan, « La chute de la Maison Usher », dans Le masque de la Mort Rouge, Paris, Éditions Gallimard, 2002, 375 p.

 

REUTER, Yves, L’analyse du récit, Paris, Dunod Éditeur, 1997, 120 p.

 

ZOLA, Émile, L’assommoir, Paris, Bordas, 2003, 116 p.

 


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