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Roberto Zucco

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Roberto Zucco
KOLTÈS, Bernard-Marie
Par Olivier Blanchette


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Théâtre
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Olivier Blanchette
Date du dépôt : Hiver 2004


Présentation de l’œuvre et des problèmes de lecture

Bernard-Marie Koltès est décédé le 15 avril 1989, à l’âge de 41 ans. Le 12 avril 1990, à Berlin, est créée pour la première fois sa pièce Roberto Zucco. Celle-ci est inspirée de l’histoire vraie du tueur en série italien Roberto Succo – coupable du meurtre de ses parents et de six Français au milieu des années 1980. Cette pièce, qui présente une vision du monde singulière, empreinte de violence et d’absolu, constitue selon nous un objet d’étude particulièrement intéressant dans le cadre du deuxième cours de français « Littérature et imaginaire ».

Pourquoi enseigner Bernard-Marie Koltès à des élèves du collégial ? En partie parce qu’il nous semble important de présenter aux élèves des œuvres contemporaines, qui parlent de notre époque. Alors, pourquoi Koltès plutôt qu’un autre ? La fortune qu’a connue son œuvre depuis une vingtaine d’années est suffisante pour expliquer notre choix : il est le dramaturge contemporain d’expression française le plus joué dans le monde1. Koltès est tant joué parce qu’il donne à voir « une si forte, une si angoissante image de notre monde2 » ; c’est pour cette raison que nous croyons pertinent et important de l’étudier au collégial.

Nous avons défini trois situations-problèmes qui baliseront notre travail avec les élèves. La première situation-problème renvoie à la nature même du texte théâtral. Il s’agira de faciliter la lecture d’une pièce de théâtre en familiarisant les élèves avec les différents états de ce type de texte. Nous chercherons ensuite à comprendre comment, puisque tel est son projet, Koltès réussit à « transformer un tueur fou en objet mythique, métaphore de la violence de notre monde3 ». Le dernier problème que nous étudierons est directement relié aux deux autres. Plusieurs critiques ont noté que, dans Roberto Zucco, Koltès empruntait au registre de la tragédie. Nous chercherons à mieux définir avec les élèves cet aspect du texte.


Avant la lecture (2 séances)

Nous commencerons l’étude préparatoire de Roberto Zucco par une analyse du paratexte. Nous nous interrogerons notamment sur l’importance ou la signification du glissement du « S » au « Z » dans le nom du personnage principal. Les élèves devront discuter en petites équipes afin de proposer certaines pistes d’interprétation qui expliqueraient ce glissement. Ensuite, en revenant en grand groupe, l’enseignant pourra expliciter davantage les conditions dans lesquelles Koltès a entrepris la rédaction de sa pièce, et définir plus précisément quel était son projet – l’idée étant de faire comprendre aux élèves que l’auteur procède davantage à une fictionnalisation de l’histoire de Succo qu’à une relation fidèle de celle-ci.

Nous attirerons ensuite l’attention des élèves sur la citation de Koltès qu’on retrouve en quatrième de couverture. Les élèves devront entre autres comprendre le lien qui est établi avec les histoires de Samson et de Goliath, auxquelles Koltès réfère. Cela permettra entre autres d’introduire la notion de tragédie.

Afin de faciliter la réflexion sur cette notion, il est impératif de réactiver certaines des préconceptions des élèves. Nous commencerons par présenter très brièvement les principaux traits caractéristiques du genre. Nous demanderons ensuite aux élèves de se mettre en équipes de trois et d’élaborer un résumé d’une pièce (imaginaire) qui répondrait selon eux aux critères de la tragédie. Lors du retour en grand groupe, l’enseignant peut partir de la discussion pour transmettre aux élèves certaines notions plus théoriques qui aideront les élèves à mieux anticiper la dimension tragique de la pièce de Koltès.

Nous entrerons ensuite dans le livre en étudiant la didascalie initiale – la liste des personnages. Il est important de pousser les élèves à se questionner sur le fait que tous les personnages sauf Zucco n’ont pas de nom et à anticiper sur l’univers de la pièce.

Pendant la lecture (1 semaine)

Pendant leur lecture, les élèves auront à remplir un tableau synoptique qui leur permettra de mieux visualiser la trajectoire de Zucco. Les élèves devront y noter le titre des différentes séquences de la pièce, les lieux et temps de la scène et l’action principale qui est décrite dans chacune.

En classe, nous profiterons de la période de lecture pour définir le contexte de production de la pièce. Pour faciliter l’intégration des éléments importants liés au contexte de production, nous aurons recours aux groupes d’experts. Nous proposerons quatre textes à chaque équipe de base – des textes qui porteront sur Bernard-Marie Koltès, sur sa vision du théâtre, sur la vie de Roberto Succo et le texte d’une critique de la pièce. Chaque membre de l’équipe sera spécialiste d’un texte. Il étudiera en profondeur, avec d’autres spécialistes du même texte, celui qui lui sera attribué. Ensuite, chaque élève partagera ses nouvelles connaissances avec les autres membres de son équipe de base. Après l’exercice, l’enseignant fournira à chaque élève quelques questions auxquelles il devra répondre seul afin de démontrer qu’il a bien intégré les informations importantes de chacun des textes.

Après la lecture (2 semaines)

Les élèves seront tout d’abord invités à exprimer leurs réactions à la lecture de la pièce de Koltès. Au fil de la discussion, l’enseignant tentera de ramener les élèves à une réflexion sur les problèmes qui auront été annoncés avant la lecture.

Le travail d’interprétation commence avec la mise en commun, en grand groupe, des tableaux que les élèves ont remplis pendant la lecture. Ils devront interroger la signification des sous-titres. Cet exercice permet de tracer une première esquisse du parcours de Zucco.

Par la suite, l’enseignant demande à chaque équipe d’analyser une seule séquence. Les élèves doivent expliquer en quoi le sous-titre oriente la lecture de leur séquence. Cet exercice permettra d’attirer l’attention des élèves sur différents événements particulièrement importants de la pièce. Les élèves auront alors à retracer le parcours de différents personnages de la pièce. Ils pourront ainsi comprendre plus facilement la structure de la pièce. Les élèves, à travers l’étude de certaines des séquences, pourront également mieux comprendre le rapport de Zucco à l’espace – lui qui voit tous les lieux qu’il traverse comme des prisons – ainsi que différents symboles importants de la pièce.

Chaque équipe doit ensuite présenter aux autres son analyse. Elle doit d’abord jouer une partie de la scène en intégrant certains des principaux symboles qu’ils auront identifiés. Par la suite, avec un transparent, ils devront expliciter leur analyse. L’enseignant, par ses questions, cherche alors à faire prendre conscience aux élèves des liens qu’il est possible de faire entre toutes ces séquences.

L’activité finale devrait permettre aux élèves de rassembler tous les éléments qui auront été vus jusque-là et d’affiner leur interprétation de la pièce de Koltès. Les élèves, en équipes, auront à illustrer, symboliquement (sur une affiche, avec une maquette…) le parcours de Zucco. Les étudiants auront une heure pour travailler à l’élaboration de ces projets. À la fin, les élèves seront invités à présenter leur production aux autres élèves. Nous proposons, en remplacement du traditionnel exposé devant la classe, une formule de type colloque. Les élèves devront afficher leur production. Le groupe-classe sera divisé en deux : pendant la première partie du cours, la moitié du groupe regarde les productions des autres pendant que l’autre moitié répond aux questions sur son projet. À mi-chemin, les rôles sont inversés. Après l’exercice, l’enseignant demande aux élèves comment ils ont vécu l’expérience et ce qu’ils ont retenu. Il fait aussi un retour sur l’ensemble de la séquence.

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1 Anne Ubersfeld, Bernard-Marie Koltès, coll. «Apprendre», Actes Sud, 1999, p. 193-194.
2 Ibid., p. 195. C’est nous qui soulignons.
3 Ubersfeld, op. cit., p. 70.


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