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Le Dernier des raisins

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Le Dernier des raisins
PLANTE, Raymond
Par Shirley Poulin et Eric Roy


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Roman
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Premier cycle secondaire
Auteur de la séquence : Shirley Poulin et Eric Roy
Date du dépôt : Hiver 2007


Pertinence de l’œuvre choisie[1]

 

Cette œuvre traite de sujets préoccupant les adolescents : l’amour, l’école, la famille, les amis, les « premières fois », etc. Ces thèmes sont abordés avec une touche d’humour, ce qui aide à dédramatiser les angoisses de l’adolescence. Nous nous adressons aux élèves de première secondaire (12-13 ans) parce que nous croyons qu’ils ressentent les mêmes craintes que le héros, François Gougeon. Des élèves plus âgés trouveraient probablement l’œuvre moins intéressante puisqu’ils ont, pour la plupart, déjà vécu leurs premières fois.

 

Problèmes de lecture


  • Comprendre comment le héros franchit ses péripéties en dédramatisant la situation par la dérision.
  • Comprendre la notion de point de vue à travers la narration à la première personne.
  • Trouver ce qui fait de François Gougeon un héros ordinaire.


Le but de notre séquence est d’amener les élèves à mieux comprendre ce qui pousse l’auteur à choisir un type de narrateur particulier. Également, nous proposerons aux élèves de travailler sur la dérision. Ils constateront qu’il est possible de faire cheminer le héros dans sa quête sans que l’histoire se transforme en récit dramatique et de connaitre la vraisemblance chez un héros.

 

Avant la lecture

 

Activité 1 : Stimuler l’intérêt des élèves et orienter leur lecture

 

Il est essentiel, avant de commencer la lecture d’un roman, d’identifier nos attentes par rapport à celle-ci. « [A]nticiper le contenu peut les [les élèves] aider à mieux comprendre le texte[2]. » Avant d’interroger les élèves sur la couverture du roman, l’enseignant leur présente diverses peintures d’artistes connus. Il leur demande d’imaginer un titre et de le comparer avec celui que l’artiste a choisi ou encore il leur suggère un titre et leur demande d’imaginer la toile. L’enseignant interroge ensuite les élèves sur la page couverture du Dernier des raisins :


  • En vous référant au titre, pouvez-vous dire quel sera le sujet du roman?
  • Que pouvez-vous anticiper de l’histoire en observant l’illustration?


L’enseignant s’attend à recevoir une réponse négative à la première question. Toutefois, la deuxième leur permettra d’émettre quelques hypothèses sur l’histoire : ce sera une histoire d’amour, l’action se déroulera à l’école, le garçon a l’air studieux avec ses lunettes tandis que la fille semble plus extravertie avec ses cheveux de différentes longueurs, etc.

 

L’enseignant poursuit l’activité en lisant, avec les élèves, le premier chapitre du roman. Cette étape leur permettra de découvrir la signification du titre. Nous pourrions sensiblement le remplacer par l’expression le dernier des idiots. Les élèves pourront justifier leurs réponses en fournissant des exemples tirés du premier chapitre : la mouche avalée, le casque de football, la panne de moto, le face à face avec Anik, etc. Maintenant que le sens du mot raisin est connu, l’enseignant demande aux élèves de relier le titre avec l’illustration et le premier chapitre. Nous supposons que les élèves répondront qu’il s’agira d’une histoire d’amour, que le héros sera malchanceux et que l’amour le rendra débile, que le ton du récit sera humoristique, etc.

 

Pendant la lecture

 

Activité 2 : Prendre des notes de lecture

 

Avant de continuer la lecture, l’enseignant distribue aux élèves une grille permettant de prendre des notes de lecture. Il leur explique qu’ils devront inscrire les situations où le héros vit un moment de malaise et les moyens par lesquels il se tire de la situation en sauvegardant son honneur. Les situations relevées se rapporteront surtout aux maladresses du personnage principal et à leur aspect comique. L’apprentissage visé par cette activité est simplement d’apprendre à prendre des notes de lecture puisqu’elles facilitent, d’ordinaire, la compréhension du texte. Elles serviront également d’outil pour la suite de la séquence.

 

Après la lecture

 

Activité 3 : La dérision pour dédramatiser

 

Pour cette activité, l’enseignant commence par interroger les élèves dans le but de partager des expériences embarrassantes. À la suite de cette mise en commun, le groupe-classe cherche à identifier les réactions que chacun a adoptées ou adopterait dans de telles situations. Nous nous attendons à ces réactions : prendre la fuite, se refermer sur soi-même, montrer sa colère, rire, accuser une autre personne, etc. L’enseignant montre ensuite un extrait du Dernier des raisins où François Gougeon réagit à un moment embarrassant. Les élèves auront à dégager le style de l’auteur à travers François. Nous suggérons le passage où François rencontre Anik à la cafétéria (p. 17-18). L’enseignant guide alors les élèves vers les éléments attendus : ton de confidence, rêverie, humour dédramatisant (dérision), vocabulaire coloré, comparaisons.

 

Ensuite, les élèves devront réaliser une présentation orale répondant à cette mise en situation : « Comme François Gougeon, il t’arrive des mésaventures. À la manière de notre héros (ton de confidence, humour dérisoire, etc.), raconte l’une d’elles à tes camarades. » Ils adapteront ainsi leur histoire au style de l’auteur. Nous pensons cependant qu’apporter l’humour dans les exposés oraux peut entrainer certains problèmes. L’enseignant devra être attentif à la préparation des élèves en rappelant fréquemment les consignes.

 

Activité 4 : François Gougeon, un héros ordinaire

 

Le but de cette activité est d’amener les élèves à reconnaitre les caractéristiques d’un personnage vraisemblable. Pour commencer, l’enseignant questionne les élèves sur la représentation qu’ils se font d’un héros. Il écrit au tableau les caractéristiques et les personnages nommés par les élèves. Ensuite, il montre aux élèves différents héros afin qu’ils les comparent à François Gougeon. Nous suggérons un extrait d’Anne… La Maison aux pignons verts, celui où l’héroïne se teint les cheveux en vert[3], un d’Harry Potter à l’école des sorciers[4] et quelques-uns de bandes dessinées (Astérix, Superman). Il est demandé aux élèves d’identifier le personnage qui ressemble le plus à François Gougeon et de justifier leur réponse. Voici quelques réponses attendues :


  • Anne parce qu’elle est maladroite et malchanceuse.
  • Harry Potter parce qu’il porte des lunettes et qu’il est maigre et petit.
  • Astérix parce qu’il est rusé, comme François lorsqu’il utilise son grand-père pour obtenir son permis de conduire.
  • Superman parce qu’il sauve des gens et que François a sauvé Anik de l’emprise de Patrick Ferland.


L’enseignant écrit les ressemblances sur une autre partie du tableau. Le portrait de François se dessine. Lorsque les élèves auront épuisé leurs idées, il leur demandera d’écrire quelques lignes à partir de cette question : « Selon les caractéristiques d’une des deux parties du tableau, quel est le personnage que vous êtes le plus susceptible de rencontrer au restaurant et pourquoi? » La réponse attendue est naturellement le personnage lié à la partie du tableau où se trouvent les ressemblances avec François Gougeon parce que le personnage ainsi décrit est vraisemblable. Avec un héros de ce type, le lecteur peut croire en l’histoire et au héros. Celui-ci doit donc laisser paraitre ses faiblesses au cours du récit.

 

Activité 5 : Une narration intime

 

L’objectif de la cinquième activité est d’amener les élèves à découvrir les avantages et les inconvénients de la narration à la première personne et ainsi à se familiariser avec la notion de point de vue. L’enseignant choisit un extrait dans lequel le héros se confie au lecteur. Les élèves le réécrivent en changeant la narration à la troisième personne. Nous suggérons le premier paragraphe du roman. Les élèves se placent ensuite en équipe et discutent sur l’impression que cette réécriture leur a laissée. Ils percevront que la narration à la première personne permet au lecteur d’entrer dans l’intimité du héros. « Dans Le Dernier des raisins, la narration tend à installer et à soutenir ce ton de confidence. Il y a une volonté d’abolir toute distance entre le narrateur et le narrataire[5] ». La narration à la première personne donne l’impression au lecteur d’être l’ami du narrateur et, par le fait même, de lui ressembler, de le connaitre.

 

Par la suite, l’enseignant renvoie les élèves au passage où François se précipite en classe pour s’assoir à côté d’Anik (p. 37). Afin d’aborder la notion de point de vue, il leur demande : « Quelle perception François a-t-il de lui-même? Et quelle est la perception qu’Anik a de François? » Les élèves remarqueront que tout ce que nous savons de la pensée d’Anik, c’est ce que François veut bien confier au lecteur. Les élèves réaliseront alors qu’ils n’ont pas le point de vue des autres personnages sur l’histoire, mais qu’ils peuvent bien souvent s’en faire une idée. À la fin de cette activité, les élèves seront plus sensibles à la notion de point de vue lors de leurs futures lectures et écritures. Ils seront désormais plus critiques par rapport aux textes ne comprenant qu’un seul point de vue et choisiront plus judicieusement le type de narrateur pour leurs récits.

 

Activité 6 : Le point tournant du récit

 

L’objectif de cette activité est de comprendre pourquoi François Gougeon, dit le raisin, réussit sa quête. Pour situer les élèves, l’enseignant trace une ligne du temps au tableau. À la fin de celle-ci, il inscrit « ♥ François et Anik ♥ » et il demande aux élèves ce qu’il devrait écrire au début. Les élèves répondront qu’Anik n’aimait pas François, mais que celui-ci était déjà fou d’elle. L’enseignant questionne alors les élèves : « Pourquoi, finalement, Anik et François sortent ensemble? » La réponse sera difficile à trouver pour eux puisque François est un héros ordinaire (activité 4) et que la narration ne permet pas de connaitre le point de vue d’Anik. Pour résoudre ce problème de compréhension, le groupe-classe complètera la ligne du temps au tableau, ce qui correspondra au schéma narratif du roman. Les élèves observeront que le dénouement de l’histoire provient de l’épisode de l’improvisation (p. 126-130). D’ailleurs, le dernier paragraphe de ce chapitre est très éloquent : « Une fois dehors, j’ai vu que le printemps commençait à chanter. Le soleil battait dans les flaques d’eau (p. 130). » Ces deux phrases résument bien l’esprit dans lequel François se retrouve. Pour conclure cette activité, l’enseignant soumet aux élèves une tâche d’écriture. Les élèves doivent se mettre dans la peau d’un personnage du roman et décrire la façon dont ils perçoivent François au début de l’année scolaire et à la fin de celle-ci. Ils doivent utiliser des éléments du schéma narratif pour justifier leur changement de point de vue au cours de l’année.



[1] Raymond Plante, Le Dernier des raisins, Montréal, Boréal, 1991, 150 p.

[2] Jocelyne Giasson, Stratégies d’intervention en lecture : quatre modèles récents, Montréal, Logiques, 1992, p. 220.

[3] Lucy Maud Montgomery, Anne… La Maison aux pignons verts, Montréal, Québec/Amériques, 1986, p. 195.

[4] J.K. Rowling, Harry Potter à l’école des sorciers, Londres, Gallimard Jeunesse (Folio Junior), 1997, p. 29.

[5] Dominique Demers, Du Petit Poucet au Dernier des raisins, Montréal, Québec/Amérique jeunesse, 1994, p. 231.


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