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Les Fous de Bassan

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Les Fous de Bassan
HÉBERT, Anne
Par Joanie Ouellet


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Roman
Courant : Postmodernité
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Joanie Ouellet
Date du dépôt : Automne 2007


Justification de la pertinence de l’oeuvre choisie 


Cette séquence didactique s’adresse à des élèves de niveau collégial qui suivent le cours Littérature québécoise (601-103-04). Elle s'articule autour du roman Les Fous de Bassan[1], œuvre écrite en 1982 par Anne Hébert. Ce livre est intéressant à analyser dans une classe de français au collégial, car il présente une riche structure narrative qui permet à cinq narrateurs différents de discourir sur les événements tragiques qui sont survenus dans le petit village de Griffin Creek durant l’été 1936.

  

Objectifs d'apprentissage


Cette séquence didactique vise à développer chez l’élève des compétences d’analyse textuelle et cinématographique, des connaissances concernant la notion de point de vue et des habiletés de communication à l’oral et à l’écrit. 

 

Situation-problème 


L’élève, en analysant la stratégie d’écriture employée par Anne Hébert, devra comprendre de quelles façons la pluralité des récits collabore à l'occultation, puis au dévoilement progressif de la clé du mystère entourant la disparition des jeunes filles dans les Fous de Bassan. Cette séquence s’échelonne sur une période de quatre semaines comprenant chacune une rencontre de quatre heures. Les activités qu’elle propose se divisent en trois temps distincts, soit : avant, pendant et après la lecture des Fous de Bassan. 

 

Avant la lecture 


Semaine 1


Préalablement à la lecture de l’œuvre, l’enseignant, sous forme d’exposé magistral, fait la présentation d’Anne Hébert, de sa vie, de son œuvre et des prix littéraires qu’elle a remportés. Cette introduction a pour but, en plus de dresser un large portrait de l’auteure, de montrer l’importance de ses écrits dans le paysage littéraire québécois. Par la suite, une lecture en groupe de la quatrième de couverture des Fous de Bassan, de la table des matières et de la première page du livre permettra aux élèves d’avoir un premier contact avec la trame et l’intrigue de l’œuvre. Cette activité a pour but d’éveiller la curiosité des élèves en les amenant à se questionner sur la justification de la pluralité narrative par rapport à l’intrigue mise de l’avant dès la première page du roman. Les élèves sont invités à partager avec le reste de la classe leurs réponses aux questions suivantes: - Pourquoi, selon vous, Anne Hébert a-t-elle eu recours à plusieurs narrateurs pour raconter les événements survenus à Griffin Creek?- Pourquoi les livres sont-ils datés de deux années différentes?  Cette activité de familiarisation avec l’œuvre est effectuée avant même la lecture des Fous de Bassan afin que les élèves, en réfléchissant à la construction du récit, en viennent à comprendre que chaque discours doit contribuer au dénouement de l’intrigue. Grâce à ce premier regard sur l’œuvre, la lecture des élèves sera orientée de façon à ce qu’ils repèrent, dans le récit de chacun des narrateurs, les éléments signifiants pour le déroulement de l’histoire et la résolution de l’enquête.

 

Pendant la lecture 


Semaine 2


Pour la seconde semaine, les élèves doivent avoir lu Les Fous de Bassan jusqu’à la page 143. L’enseignant demande à la classe d’interrompre la lecture à cet endroit parce qu’il représente un point culminant du récit. En effet, cette première partie du roman, contrairement au reste des Fous de Bassan, laisse présager qu’un événement funeste va se produire sans faire explicitement référence au déroulement du crime et de l’enquête.  Atelier 1En classe, l’enseignant et les élèves font une synthèse des événements marquants des premiers récits en dressant, sous la forme d’un tableau à double entrée, l’une concernant les livres et l’autre les événements, les contributions de chaque narrateur au déroulement de l’histoire. Cette activité, en plus de permettre à l’élève de bien comprendre les assises des Fous de Bassan, lui fait prendre conscience du rôle que joue la juxtaposition de récits produits par des narrateurs différents dans l'occultation temporaire de la clé du mystère. Atelier 2 : Évaluation formativeDans cette évaluation formative, l’élève doit écrire un texte d’environ 500 mots en répondant à la consigne suivante :


- Comparer, du point de vue du contenu et du style, les premières lettres que Stevens Brown adresse à Michael Hotchkiss (p.55 à 107) au premier discours de Perceval (p.139 à 143) en faisant ressortir les similitudes et les différences concernant le rythme, la rhétorique et le ton ainsi qu’en montrant de quelles façons ces éléments caractérisent les deux narrateurs.

 

Cette activité a pour objectif de développer les habiletés langagières de l’élève et de vérifier ses capacités d’analyse textuelle. Elle est formative, car elle sert à optimiser l’acte de lecture de l’élève. Elle représente un outil de compréhension du texte. Par le biais de cette évaluation, l’élève doit apprendre à dépasser le sens littéral d’un texte pour faire ressortir les éléments signifiants du récit.

  

Après la lecture 


Semaine 3


Les élèves doivent avoir lu Les Fous de Bassan jusqu’à la fin pour réaliser adéquatement les activités proposées dans les deux dernières semaines. L’enseignant demande à l’élève de diviser sa lecture ainsi, car la seconde partie du roman traite spécifiquement du crime et du déroulement de l’enquête policière. Tout au long de sa lecture, l’élève est invité à compléter le tableau qu’il avait commencé lors du premier atelier afin de cibler les apports de chacun des narrateurs dans le dévoilement progressif de la clé du mystère.  Atelier 3[2]Le troisième atelier consiste en un retour sur le travail de création effectué par l’élève lors de l’analyse comparative des discours de Stevens et de Perceval. Celui-ci doit vérifier si les caractéristiques qu’il avait décelées lors de cet exercice sont toujours pertinentes à la suite de la lecture de la dernière lettre de Stevens Brown à Michael Hotchkiss. L’élève rédige un autre texte en validant ou en réfutant les liens qu’il avait effectués entre les éléments rhétoriques et discursifs, et la représentation des personnages. Lorsque le deuxième texte est rédigé, l’enseignant propose aux élèves de se placer en équipes de trois ou de quatre personnes afin de mettre en commun les idées retenues. L’apprenant fait l’auto-évaluation de ses hypothèses en les comparant à celles proposées par les pairs. Atelier 4Le quatrième atelier nécessite l’utilisation d’un laboratoire informatique pour une durée d’environ vingt minutes. Tout d’abord, les élèves doivent faire une brève recherche concernant les fous de Bassan afin de déterminer leurs principales caractéristiques et de tenter de comprendre pourquoi Anne Hébert a choisi ces oiseaux pour intituler son roman. Par la suite, une fois l’atelier au laboratoire informatique réalisé, les élèves doivent trouver en équipe la place occupée par les fous de Bassan dans le texte. À quels endroits apparaissent-ils? Que font-ils? Après avoir constaté que les fous de Bassan occupent une place éminente au sein du petit village de Griffin Creek, les élèves tentent de déceler, en s’appuyant sur la recherche qu’ils ont effectuée au laboratoire informatique et sur les éléments du texte, à quel personnage les oiseaux de mer s’apparentent. Ils devraient trouver ici des associations importantes entre les oiseaux et Perceval. Cette activité, qui prend la forme d’une discussion, développe l’esprit critique de l’élève et sa capacité d’interpréter divers passages du roman.  

 

Semaine 4


Atelier 5[3]Le cinquième atelier que propose cette séquence didactique est le visionnage de l’adaptation cinématographique du roman Les Fous de Bassan par Yves Simoneau en 1986[4]. Cette activité, en plus de montrer de quelles façons une œuvre littéraire peut être transposée à l’écran, permet à l’élève d’accéder à un autre point de vue pour optimiser sa compréhension des Fous de Bassan. L’enseignant demande à l’élève de prendre des notes concernant les transformations qu’a subies le roman et, plus spécifiquement, concernant la façon dont Yves Simoneau construit l’intrigue. À la suite du visionnage, les élèves partagent avec le reste de la classe les changements qu’ils ont notés et mentionnent les effets créés par ces transformations sur les modalités de dévoilement de la clé de l'énigme et sur le spectateur. Le visionnage de l’adaptation cinématographique des Fous de Bassan représente une activité intéressante pour clore cette séquence didactique, car elle permet de synthétiser les éléments qui constituent l’intrigue du roman par le biais de leur déconstruction dans le film.  

 

Conclusion 


En somme, cette séquence didactique laisse une grande place au lecteur en lui permettant d’exprimer son point de vue sur les différents éléments du texte qu’il analyse. Le réinvestissement du travail de création (atelier 3) et le travail d’équipe assurent le processus d’apprentissage de l’élève en lui laissant une certaine autonomie et en le plaçant dans des situations où il peut auto-évaluer ses connaissances et ses compétences.



[1] Anne Hébert, Les Fous de Bassan, France, Éditions du Seuil, 1982, 248 pages.

[2] Anne-Marie Tauveron. « Le commentaire justificatif après l’écriture d’invention ou travailler la prise à distance avec son texte », dans Pratiques, nº 127-128 (décembre 2005), p. 113-132.

[3] Guy Genest. « Le cinéma au service de la littérature », dans Québec français, nº93 (printemps 1994), p. 91-92.[4] Yves Simoneau, Les Fous de Bassan, 1986. 

 


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