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Les fées ont soif

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Les fées ont soif
BOUCHER, Denise
Par Sébastien Turcotte


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Théâtre
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Sébastien Turcotte
Date du dépôt : Hiver 2004


Présentation de l’œuvre et de la séquence

Les Fées ont soif de Denise Boucher a été l’une des premières œuvres littéraires à véhiculer les revendications féministes du milieu des années 70 au Québec. L’impact du discours qu’elle renferme se fait encore sentir aujourd’hui, tant dans les milieux populaires qu’auprès de l’élite culturelle. Au-delà de cet impact social, l’intérêt de présenter Les fées ont soif, dans le cadre du cours de Littérature québécoise (ensemble 3) au collégial, est fondé sur sa valeur littéraire. La forme du texte et la langue utilisée risquent fort de dérouter certains lecteurs dans le processus de lecture et d’appropriation du texte littéraire. Ainsi, les problèmes de lecture se posent clairement et justifient l’ensemble de la séquence didactique proposée ici :

Problèmes de lecture

1- Structurer le texte malgré l’absence de marques formelles propres au théâtre.
2- Identifier les revendications féministes véhiculées par le texte (représentations des personnages, teneur du discours, caractéristiques de la langue, etc.).

Objectifs d’apprentissage

1- Construire une synthèse claire des revendications féministes des années 70.
2- Comprendre le sens de l’aspect formel d’un texte, que ce dernier respecte les normes tracées par le genre ou qu’il en déroge.
3- Considérer l’œuvre littéraire comme un objet social.

Avant la lecture

Dès le premier cours, des extraits de textes seront distribués et lus afin de montrer aux étudiants la situation des femmes sur d’autres continents, là où la dénonciation de leur condition peut encore prendre la forme de critiques virulentes. Les extraits de textes étrangers proviennent de deux œuvres littéraires traduites : Les Soleils des indépendances d’Amhadou Kourouma, et La mort en été de Mishima.

Une fois que ces extraits seront lus, les étudiants travailleront en équipes de quatre et tâcheront de définir le point de vue du narrateur par rapport à la scène décrite. Quelle est son opinion ? Comment arrive-t-il à la transmettre à travers son récit ? Quels moyens linguistiques ou oppositions de sens met-il en œuvre pour exprimer sa pensée ?

En parcourant ces extraits, les étudiants s’habitueront à décoder, dans le langage, des points de vue, des messages et des revendications sociales se rapportant à la condition féminine. Un autre corpus, qui illustrerait la condition de la femme au Québec, pourrait leur être présenté. Dans Trente arpents de Ringuet, par exemple, la femme est asservie. D’autres textes plus contemporains, comme Albertine en cinq temps de Michel Tremblay et L’Homme gris de Marie Laberge, rendent compte d’un type de femmes plus affranchies. Il serait d’ailleurs intéressant que les étudiants tracent un portrait succinct de la femme pour chacune de ses œuvres. Qu’est-ce qui la caractérise ? Quels sont ses champs d’intérêt ? Quel regard la société qui est représentée dans le texte porte-t-elle sur elle ?

Ces activités préparatoires à la lecture ouvrent la voie à l’insertion d’un extrait beaucoup plus long tiré de HA ha!... de Ducharme. On pourrait y travailler le rapprochement (stéréotypie) entre les personnages féminins mis en scène par Ducharme avec ceux de Boucher. Cette étude aura pour effet de baliser davantage l’horizon d’attente des collégiens. L’aspect religieux qui prédomine dans la pièce de théâtre de Boucher peut aussi être abordé avant la lecture par l’entremise des stéréotypes. L’un des moyens envisageables est de comparer la représentation qu’ont les étudiants de la Sainte Vierge et une iconographie de cette dernière. Ce stéréotype est aussi âgé que figé, et l’entreprise des fées est de taille puisqu’elle vise à fractionner cette image.

Pendant la lecture

Une grille de lecture vise notamment à attirer l’attention des étudiants sur les composantes de la structure de l’œuvre, qui sont pratiquement absentes, par l’identification des dialogues. À chacun des dialogues (au nombre de cinq) est rattachée une thématique (féministe). En complétant cette grille, les étudiants verront la pièce non pas comme un immense cri du cœur ou un bloc impénétrable, mais plutôt comme l’alternance d’une partie théâtrale et d’une partie « chantée ». Ils remarqueront que cette structure rappelle celle des célébrations chrétiennes. Les thématiques issues des dialogues permettent par ailleurs de mieux circonscrire les revendications féministes de l’œuvre.

Après la lecture

Lors du troisième cours, il s’agira de mettre l’œuvre dans son contexte de production et de réception. Pour ce faire, deux documents audiovisuels seront présentés aux élèves :
- un extrait du film Un miroir sur la scène ;
- la chanson La moitié du monde est une femme (1975), chantée par Pauline Julien et écrite par Jacqueline Lemay.

Grâce à ces outils, les étudiants verront en quoi la pièce de Boucher s’inscrivait dans un mouvement social plus vaste. Il serait intéressant aussi de récupérer le conflit entre le Conseil des Arts de la région métropolitaine de Montréal et le Théâtre du Nouveau Monde pour faire un peu de sociologie de la littérature avec les étudiants. L’édition des Fées ont soif comprend plusieurs textes journalistiques faisant état de l’évolution du conflit. Quelques articles ou lettres ouvertes peuvent être choisis par l’enseignant. Ce dernier attribue un texte à chaque équipe de travail pour qu’elle en fasse l’analyse. Qui parle ? Que dit-il ? Est-il pour ou contre le retrait des subventions ? Quels sont les intérêts de celui qui prend la parole ? Il s’agira ensuite de montrer aux élèves comment les œuvres culturelles (ainsi que les idéologies qu’elles sous-tendent) ne sont pas fixes : de l’avant-garde (champ restreint) elles peuvent se déplacer vers la culture bourgeoise (grand public) ou être consacrées par l’institution littéraire (Voir P.Bourdieu).

L’activité terminale pourrait être l’écriture d’une lettre à madame Boucher. Les étudiants joueraient alors aux directeurs théâtraux. Après avoir reçu le manuscrit, ils doivent faire part de leurs commentaires à l’écrivaine. Pour l’occasion, ils doivent :
- choisir entre deux théâtres (Ex. : Périscope ou Trident) ;
- accepter ou refuser de jouer la pièce ;
- réinvestir les notions de stéréotype en parlant des personnages ;
- circonscrire le discours de l’œuvre (revendications féministes) ;
- dire en quoi la forme de l’œuvre contribue ou non à donner un sens à la pièce ;
- remercier l’auteure et suggérer des améliorations au texte, qu’ils acceptent ou non de le jouer.


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