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La machine à broyer les petites filles

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
La machine à broyer les petites filles
BENACQUISTA, Tonino
Par Valérie Vachon


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Nouvelles
Courant : Postmodernité
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Valérie Vachon
Date du dépôt : Automne 2007


 

JUSTIFICATION DE LA PERTINENCE DE L’OEUVRE CHOISIE 

 

La machine à broyer les petites filles permet d’aborder un genre souvent laissé de côté en classe de littérature, la nouvelle littéraire, et d’analyser les procédés stylistiques intervenant dans l’écriture de l’humour noir, une des composantes dominantes du recueil de Benacquista, qui permet de rire de situations dramatiques. De plus, la chute de la majorité des nouvelles, surprenante et inattendue, devrait contribuer à susciter l’intérêt des élèves qui auront envie de connaitre la fin des récits de Benacquista. Cela développera peut-être leur appétit pour la lecture de textes semblables ou d’autres œuvres du même auteur.

 

SITUATIONS-PROBLÈMES

 

Bien que la plupart des élèves soient familiers avec l’humour, ils n’en saisissent pas nécessairement les procédés et n’ont pas toujours conscience que l’on peut se moquer de tout, même des sujets les plus sensibles : c’est la manière de le faire qui détermine la portée de la plaisanterie. En outre, le genre de la nouvelle peut être complètement inconnu des élèves, même au collégial, et c’est pourquoi il peut s’avérer formateur de le présenter en classe. Ainsi, les problèmes que vise à résoudre cette séquence didactique sont les suivants :

 

  • Faire comprendre aux élèves ce qu’est l’humour noir et les amener à reconnaitre les procédés stylistiques qui peuvent le composer.
  • Faire découvrir aux élèves le genre de la nouvelle, particulièrement la nouvelle à chute. 

 

LA SÉQUENCE DIDACTIQUE

 

Avant la lecture : entrer dans le vif du sujet

 

Cours 1

 

Les élèves lisent individuellement « La foire au crime »[1], et l’enseignant leur demande leurs impressions sur la nouvelle afin de voir comment ils l’ont perçue. Il veille à orienter leur réflexion avec quelques questions comme : Qu’avez-vous pensé du concept de la foire? Du gala? Quelle a été votre réaction en apprenant le « métier » du narrateur et celui de la belle femme qu’il a rencontrée? Est-ce drôle? Pourquoi? Cet exercice vise à faire réfléchir les élèves à ce qui, dans le texte, leur a plu ou déplu, les a étonnés, les a ennuyés, etc. Bref, ils doivent s’interroger sur ce qui les touche quand ils lisent et les raisons de leurs réactions. L’enseignant, quant à lui, note quelques-unes des observations des élèves au tableau afin d’y revenir après l’activité suivante.

 

Après avoir recueilli les premières impressions des élèves, l’enseignant leur fait écouter la chanson « La mauvaise réputation »[2] de Georges Brassens, la chanson « Berceuse pour les pas fins »[3] de l’ancien duo d’humoristes Crampe en masse et, pour finir, il leur montre un extrait vidéo du monologue « Les bénévoles »[4] de Yvon Deschamps dans lequel il réduit les personnes âgées à des êtres encombrants. Dans les trois documents, on aborde avec humour des sujets pourtant graves (le rejet, la haine, les soins aux personnes âgées). Ces chansons et l’extrait du monologue permettent ainsi de présenter aux élèves des types d’humour grinçant semblables à celui de Benacquista et de les faire réfléchir aux procédés utilisés pour rendre drôles des sujets habituellement sérieux. Après le dernier document, l’enseignant demande aux élèves leurs impressions sur les chansons et l’extrait vidéo et, à partir de celles-ci et de la réflexion suscitée par l’enseignant, les élèves dressent une liste des procédés humoristiques employés par ces artistes. C’est de cette façon que l’enseignant mène les élèves à découvrir les constituants de l’humour noir (l’hyperbole, l’ironie, l’euphémisme, la parodie, le ton employé, etc.) pour qu’ils puissent le déceler dans le recueil de Benacquista.

 

Pour pousser leur réflexion, les élèves sont ensuite amenés à se questionner sur les valeurs et les normes auxquelles ils adhèrent qui influencent leurs gouts et sur ce qui crée une familiarité ou une étrangeté par rapport au langage du texte. Les étudiants sont ainsi amenés à comprendre les raisons de leurs réactions de lecteur et, en y travaillant, à les évacuer de la réception d’un texte qui ne concorde pas à leurs valeurs, par exemple. Cette réflexion pousse donc les élèves à se distancier de leur impression personnelle par rapport au texte et à entrer dans l’œuvre afin de découvrir les procédés stylistiques que l’auteur utilise à l’instar des humoristes.

 

Pendant la lecture : analyser des textes en fonction de l’humour noir

 

Cours 2

 

Afin de réaliser la troisième activité, qui vise à autonomiser les élèves dans leur étude des textes, ceux-ci doivent, dans un premier temps, lire chez eux la première et la deuxième nouvelles du recueil (« Le jardin des mauvais garçons » et « Le balcon de Roméo »). Ensuite, en classe, ils se placent en équipes et, à l’aide de ce qui a été vu au cours précédent sur l’humour, ils doivent déterminer si les deux textes contiennent de l’humour noir et donner les raisons qui justifient leur réponse. Ils n’ont pas à analyser les procédés stylistiques de ces nouvelles, mais plutôt à observer le traitement des thèmes, le ton employé par l’auteur dans chaque texte. Après l’exercice, un porte-parole fait part à la classe des observations de son équipe et l’enseignant les commente et les rectifie au besoin. Cette activité conduit graduellement les élèves vers une analyse plus profonde des textes.

 

Cours 3

 

Pour faire suite au deuxième cours et pour pousser davantage l’analyse des textes, l’enseignant forme des équipes et distribue à chacune une nouvelle du recueil : « Le balcon de Roméo », « Suite logique », « Père courage », « Deux héros et l’infini » ou « Requiem contre un plafond »[5]. Ces récits renferment l’essentiel du recueil de Benacquista, c’est-à-dire les thèmes principaux (l’amour, la mort, le malheur, le crime, la vengeance) et le ton humoristique de l’auteur. Les élèves doivent s’attarder aux procédés utilisés par Benacquista pour rendre son texte humoristique. Pour chacun des procédés identifiés, les élèves doivent donner des exemples concrets tirés du texte et expliquer en quoi le procédé utilisé rend la situation comique.

 

Cours 4

 

L’enseignant constitue, à partir des équipes formées pour l’activité précédente, de nouvelles équipes de façon à ce que chacune d’elles compte un élève de chacun des groupes préexistants, c’est-à-dire un expert de chaque nouvelle étudiée. Les élèves doivent, à tour de rôle, résumer brièvement leur texte aux autres membres de leur nouvelle équipe et expliquer les procédés stylistiques identifiés. Bref, ils rendent compte de leur travail. Cet exercice vise à faire participer tous les élèves et, surtout, à développer leur autonomie dans leur apprentissage. Ainsi, ce sont les pairs qui évaluent et critiquent le travail de chacun et, ce faisant, développent leurs capacités d’analyse. L’enseignant, pendant ce temps, circule entre les équipes afin de rectifier des éléments au besoin et de s’assurer du bon déroulement de l’exercice. Après l’activité, l’enseignant, en guise de rétroaction, résume au tableau l’essentiel de ce qui a été dit sur chaque texte afin que les élèves soient assurés de la justesse de leurs analyses et aient la possibilité de poser les questions qu’ils n’auraient pas eu l’occasion de poser pendant l’activité.

 

Après la lecture : découvrir un genre littéraire

 

Cours 5

 

Maintenant que l’humour et le style de Benacquista ne font plus écran à la lecture des nouvelles, l’enseignant donne de l’information sur le genre littéraire de la nouvelle, son origine, ses buts, ses formes, etc. Il s’attarde à la nouvelle à chute, récit dont la fin est inattendue, surprenante, déstabilisante, puisque c’est celle que privilégie Benacquista dans son recueil. L’enseignant amène les élèves à se pencher sur la forme de certaines nouvelles lues, sur l’augmentation de la tension dans les textes et sur la chute au point culminant du récit. Cette activité vise à faire connaitre aux élèves un genre qui, grâce à sa relative brièveté et sa forme qui permet d’entrer rapidement dans le texte, est susceptible de leur plaire et de leur donner le gout de la lecture, de leur ouvrir une porte sur la littérature qu’ils estiment souvent lourde en raison de la longueur des romans qu’on leur fait généralement lire.

 

Après avoir abordé le genre de la nouvelle, l’enseignant intéresse ses élèves à la construction du recueil : il leur montre qu’un recueil est rarement un assemblage de textes épars sans lien entre eux[6]. Il amène ainsi ses élèves à réfléchir sur la construction du recueil de Tonino Benacquista en leur demandant ce qui, d’après eux, est susceptible de lier les nouvelles entre elles. Pour orienter la réflexion, il demande aux élèves s’ils ont remarqué des thèmes récurrents, si l’auteur a une façon particulière d’écrire, etc. L’enseignant guide ensuite une discussion sur le choix du titre du recueil. Comme le titre n’est pas celui d’une nouvelle, il a été choisi par l’auteur pour recouvrir l’ensemble de ses textes. Il est alors pertinent de se questionner sur le sens de ce titre. L’enseignant dirige la réflexion en posant des questions comme : Qui sont les petites filles du titre? De quelle machine parle-t-on? Le but de l’activité est que les élèves créent des liens entre le titre du recueil et les textes qui le composent, qu’ils justifient, en somme, le regroupement des nouvelles de Benacquista.

 

Évaluation

 

À la fin de cette séquence didactique, les élèves sont évalués au moyen d’un texte créatif qui pastiche[7] ceux du recueil et de la justification[8] de leur création. Ils doivent choisir entre trois consignes : rédiger la suite de « La foire au crime », écrire selon le point de vue du voisin du narrateur de « Requiem contre un plafond » ou composer une nouvelle pouvant s’insérer dans le recueil de Benacquista.


[1] La machine à broyer les petites filles, p. 29.

[2] Georges Brassens, « La mauvaise réputation », sur La mauvaise réputation, 1953-1957.

[3] Ghyslain Dufresne et Mathieu Gratton, « Berceuse pour les pas fins », sur Crampe en masse, 1998.

[4] Yvon Deschamps, « Les bénévoles », dans U.S. qu’on s’en va?, 1993.

[5] Respectivement aux pages 19, 43, 111, 129 et 145 de La machine à broyer les petites filles.

[6] En ce qui concerne le recueil de nouvelles, voir René Audet, Des textes à l’œuvre. La lecture du recueil de nouvelles, Québec, éditions Nota bene, 2000, 159 p.

[7] À ce sujet, voir André Petitjean, « Pastiche et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques », dans Pratiques, no 42 (1984), p. 3-33.

[8] Au sujet de la justification de l’œuvre de création, voir Anne-Marie Tauveron, « Le commentaire justificatif après l’écriture d’invention ou travailler la prise de distance avec son texte », dans Pratiques, no 127-128 (2005), p. 113-132.


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