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Métaphysique des tubes

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Métaphysique des tubes
NOTHOMB, Amélie
Par Samuel Bricault


Nationalité de l'auteur : Belge
Genre : Roman
Courant : Postmodernité
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Samuel Bricault
Date du dépôt : Automne 2007


Justification de la pertinence de l’oeuvre choisie et situation-problème  



Métaphysique des tubes, d’Amélie Nothomb, est une œuvre facile d’accès où la simplicité du style permet aux élèves de prendre la juste mesure entre le fond et la forme de l’œuvre.  Afin de ne pas égarer les étudiants dans la polysémie du texte, la lecture proposée se limite à la focalisation centrée sur la dualité Orient et Occident et sur l’enchevêtrement des paradigmes de la science et de la religion qui dirige, implicitement, l’histoire vers la tentative de suicide de la fin.  Le temps accordé à chacune des activités est à la discrétion du professeur.

 

Avant la lecture 


Activité 1

 

Afin de préparer les élèves à la lecture et de les intéresser au livre, il est prioritaire de leur présenter en bonne et due forme la Métaphysique des tubes.  Cette présentation sera faite selon les théories du champ littéraire afin de bien situer l’auteure sur la scène littéraire et de bien comprendre comment l’oeuvre s’inscrit dans la culture contemporaine. Pour ce faire, il sera intéressant de soumettre aux élèves une critique de l’œuvre et une entrevue avec Amélie Nothomb.  Étant donné l’actualité de l’auteure et sa notoriété publique, Internet regorge d’informations et de vidéos à son sujet ; le professeur peut donc choisir.

 

Activité 2

 

Pour préparer à la lecture, il est important de mettre en place la situation problème afin de diriger les apprentissages et les interprétations.  À cette fin, les élèves liront en classe les trois premières pages qui constituent l’incipit du roman. À partir de cet extrait, un éclaircissement du titre de l’œuvre pourra être fait collectivement. Plus encore, dès le début du roman, un procédé stylistique de l’auteure peut être mis en évidence : l’assimilation de la science à la « Genèse » de la Bible[1].  Aussi, pour diriger leur lecture, il est important que les élèves comprennent que la science dirigera la focalisation de la narratrice dans la suite de l’histoire. De plus, l’assimilation de la science à la religion n’est pas anodine : ce procédé met en lumière le changement de paradigme qui s’est opéré dans la culture de notre société moderne. Ce n’est plus la religion qui sous-tend notre culture collective, mais la science.  À cet égard, il est intéressant de présenter les théories de Dumont[2], très bien vulgarisées par Denis Simard[3], afin que les élèves comprennent l’enjeu que posent la littérature et la culture. Ils seront ainsi plus interpellés par la lecture qu’ils feront et pourront même transférer ces savoirs à des lectures futures.

 

Pendant la lecture 


Activité 3

 

À cette étape, l’élève devra avoir lu au moins le tiers du livre afin que toute la classe puisse travailler ensemble sur un base commune. Cette activité est construite à partir du sujet lecteur, c’est-à-dire que l’analyse collective de l’œuvre partira de la compréhension subjective de chacun et visera à cerner la focalisation de la narratrice. Pour ce faire, je propose une méthode en trois étapes que Vincent Jouve met de l’avant dans « La lecture comme un retour sur soi : de l’intérêt pédagogique des lectures subjectives »[4].  Dans un premier temps, on questionne les élèves sur leur rapport personnel au texte (Comment vous représentez-vous le « tube »? Avez-vous une aversion pour sa déshumanisation? De la sympathie pour sa déification? Etc.). Une fois la discussion bien entamée, on amène des donnée textuelles qui confrontent les réactions et les perceptions des élèves tout en leur laissant majoritairement la parole (comme on veut travailler la focalisation, on fera ressortir le passage du « il » au « je », on reviendra sur l’influence de la métaphysique scientifique de la semaine précédente, on ouvrira sur la dualité Orient/beauté et Occident/laideur, et, surtout, on intègrera le principe de focalisation). En dernier lieu, on questionne les étudiants sur les contradictions entre leurs subjectivités et les éléments textuels pertinents (c’est en quelque sorte un retour sur les deux premières étapes).  Si les discussions vont bien, on peut commencer à intégrer les notions de niveau narratif qui seront abordées à l’activité suivante (en lançant candidement la question : « Mais est-ce vraiment un enfant qui raconte l’histoire? »).

 

Activité 4

 

À ce stade, les élèves devraient avoir lu au moins jusqu’à la page 98.  Cette activité consiste en une écriture de fiction par les élèves.  Ces créations se feront autour du travail sur la Métaphysique des tubes.  Il faut avant tout préparer les élèves en relevant des caractéristiques de l’œuvre qui seront reprises pour l’exercice.  Ainsi, il est nécessaire de faire un exposé magistral informel (où la participation des élèvesest tout de même sollicitée), pour faire ressortir les éléments déjà vus en classe : focalisation, enchevêtrement des paradigmes science et religion.  De plus, il est intéressant de poursuivre ce qui avait été entamé au cours précédent : la dualité Orient et Occident dans la focalisation.  Ici la participation des élèves peut être sollicitée davantage.  Finalement, une fois le sujet cerné, nous pouvons aborder deux nouveaux aspects formels de l’œuvre qui pourront être des moteurs de l’écriture : les niveaux narratifs et le détournement d’expression commune qui est monnaie courante dans le livre (ex. : « il hurlait de plus belle et de plus laide »[5])  Une fois ce détour théorique terminé, il est maintenant temps que les élèves réinvestissent leurs savoirs dans l’écriture.  La création se fait à la manière d’Amélie Nothomb, où l’élève doit écrire, à partir du moment présent, un souvenir d’enfance dans lequel ses perceptions seront travesties au profit de questionnements adultes.  L’utilisation du détournement d’expression est facultatif.  Afin de donner le ton aux élèves, il est bon de faire l’exercice avec tout le groupe. Par exemple, l'enseignant peut ouvrir en  racontant comment il aimait construire des villes dans le carré de sable avec ses amis en utilisant une focalisation qui révèle sa haine ou son amour pour le développement urbain.  Ensuite, les élèves font le travail en petits groupes pour favoriser un retour collectif sur le travail de chacun.

 

Après la lecture 


Activité 5

 

L’analyse littéraire constitue l’achèvement de la séquence didactique.  Afin de réaliser celle-ci, il est nécessaire de préparer les élèves en faisant un retour collectif sur ce qui a été vu jusqu’à maintenant pour ensuite l’intégrer dans un projet plus large : la compréhension de la tentative de suicide à travers la construction symbolique de la carpe.  Sans donner des réponses, il est nécessaire de faire le point sur ce qu’est une construction symbolique et sur les personnages du nouveau testament qui sont mis en scène à ce moment : certains élèves n’ont certainement aucune connaissance en cette matière.  Ensuite, il est recommandé de faire l’analyse littéraire en petites équipes afin de susciter le dialogue et la créativité.  L’angle d’analyse est une suggestion, l’enseignant peut en trouver un qui lui convient mieux : par exemple, montrer comment la construction symbolique attribuée par les perceptions de la narratrice à l’égard des trois carpes, soit Jésus, Marie et Joseph, donne une explication sur sa tentative de suicide par noyade.



[1] Il s’avère que les mythes chrétiens sont de moins en moins connus par la génération montante ; ainsi, un extrait des premières pages de la « Genèse » est nécessaire afin de bien mettre en relief le parallèle. 

[2] DUMONT, François, Le lieu de l’homme : la culture comme distance et mémoire, Montréal, coll. « constantes » vol.14, éditions HMH, 1968, 233 pages.

[3] SIMARD, Denis, « Comment penser aujourd’hui la nature et le rôle de l’école à l’égard de la formation culturelle des élèves? », dans D. Simard et M. Mellouki, L’enseignement : profession intellectuelle, Québec, coll. « Éducation et culture », Presses de l’Université Laval, 2004.

[4] JOUVE, Vincent, « La lecture comme un retour sur soi : de l’intérêt pédagogiques des lectures subjectives », dans A. Rouxel et G. Langlade, Le sujet lecteur : lecture subjective et enseignement de la littérature, Rennes, Presses Universitaire de Rennes, 2004, pp.105 à 114.

[5] NOTHOMB, Amélie, Métaphysique des tubes, Paris, coll. « Le Livre de Poche », Albin Michel, 2000, 157 pages.


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