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Les yeux bleus de Mistassini

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Les yeux bleus de Mistassini
POULIN, Jacques
Par Julie St-Amand


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Roman
Courant : Postmodernité
Siècle : 21e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Julie St-Amand
Date du dépôt : Automne 2007


Justification de la pertinence de l’oeuvre choisie et situations-problèmes 


L’œuvre Les Yeux bleus de Mistassini[1] de Jacques Poulin s’intègre bien dans le cadre du cours de littérature québécoise offert dans le programme collégial. Ce roman est apparu intéressant à analyser sous plusieurs angles, même si, d’un premier abord, il apparaît comme dénué de difficultés. Celles-ci ne se situent pas tant dans le déroulement des actions ou dans la langue. Elles se trouvent dans la forte présence d’intertextualité, dans les thèmes et les tabous, qui peuvent entraîner des problèmes de compréhension attribuables à la surcharge de références inconnues des élèves.

 

Les objectifs visés à la fin de cette séquence sont de plusieurs ordres. Les élèves seront en mesure de :

  • situer Jacques Poulin dans la littérature québécoise;
  • expliquer les raisons de ce statut par les aspects distinctifs de son œuvre;
  • argumenter sur la pertinence des références textuelles et l’exploration des thèmes et des tabous dans l’œuvre à l’étude.

 

Avant la lecture 

 

Cours 1


La première heure du premier cours de la séquence consiste à introduire l’auteur, sa bibliographie, à le situer dans l’ensemble de la littérature québécoise et à justifier cette place par les caractéristiques de son œuvre. Son parcours aura une incidence importante dans le roman à l’étude. De plus, il est important que les élèves comprennent la fonction de l’institution littéraire. Jacques Poulin a reçu de nombreux prix littéraires pendant sa carrière. Ce type de reconnaissance joue déjà sur la perception qu’auront les élèves du roman à lire. En discutant sur la façon dont ils le perçoivent, nous pourrons aborder plus en profondeur les influences que les gens et les autres productions littéraires peuvent exercer sur le succès d’un livre.

La seconde partie du cours sera consacrée à la constitution de groupes d’experts. En effet, les groupes d’experts rendent les élèves spécialistes d’un sujet. Par la suite, les élèves feront part de leurs apprentissages aux autres équipes, qui en bénéficieront à leur tour. Les groupes d’élèves auront à analyser brièvement un texte choisi au hasard. Sept extraits d’oeuvres sont proposés : Les joueurs de titan[2] (1963) de Philip K. Dick, Le vieil homme et la mer[3] (1952) et Paris est une fête[4] (1964) d’Ernest Hemingway, La fêlure[5] (1936) de F. Scott Fitzgerald, Les trois roses jaunes[6] (1986-88) de Raymond Carver, Une histoire de la lecture[7] (1998) d’Alberto Manguel et Volkswagen blues[8] (1984) de Jacques Poulin. La plupart de ces textes ont été sélectionnés en fonction de leur apparition dans le roman Les yeux bleus de Mistassini. N’ayant pas encore lu le roman, les élèves ne comprendront pas immédiatement l’utilité d’analyser ces textes. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il sera intéressant de savoir ce qu’ils en pensent. Ils devront noter ce qui les étonne, les phrases qui les touchent et en expliquer les raisons, leurs remarques sur l’écriture, les thèmes, les éléments récurrents et l’ambiance en général. Le travail, qui demande un certain temps de réflexion, peut être poursuivi en dehors de la classe.

 

Cours 2


Le deuxième cours de la semaine débute avec les présentations de chaque équipe, que ce soit face à toute la classe ou à chaque équipe, à tour de rôle. Quelle que soit la formule qu’ils choisissent, les élèves qui écoutent doivent prendre des notes afin que les connaissances que les autres se sont construites leur servent également pendant la lecture. La seconde heure sera consacrée à la mise en commun de toutes les pistes de réflexion qui seront ressorties des exposés des élèves. Grâce à un tableau, il sera possible de rassembler les idées et de sélectionner ce qui sera utile pour les élèves lors de leur lecture. Ce tableau agira comme guide lors de la lecture du roman de Jacques Poulin, qui doit être faite pour la deuxième semaine. Si elle n’est pas terminée pour le troisième cours, elle doit tout au moins être entamée afin que les élèves puissent raccrocher les nouvelles notions au roman. Les élèves sont invités à noter les références textuelles et les thématiques qu’ils trouvent au fil de leur lecture.

 

Pendant la lecture 

 

Cours 3


Le troisième cours du bloc porte sur l’analyse plus spécifique de Les yeux bleus de Mistassini. Grâce à une discussion en grand groupe, les élèves pourront échanger sur leurs observations concernant les extraits et sur la présence ou l'absence de références à ces derniers dans le roman de Poulin. Ainsi, les élèves peuvent déjà s’exercer à comparer Poulin et les œuvres qu’il convoque. Ils entrent aussi en contact avec l’intertextualité, définie comme étant « présence d’un texte dans un autre (citations, plagiats, allusions…)[9] ». L’intertextualité n’est pas qu’un ramassis de citations, mais plutôt un amalgame. Par ailleurs, dans Les yeux bleus de Mistassini, on retrouve de multiples allusions aux autres romans de Poulin. Il s’agit alors d’intratextualité. Le roman se cite lui-même, et c’est par une courte étude d’extraits[10] que les élèves pourront noter les références à la bibliographie de Jacques Poulin, mais aussi l’apport important de l’autobiographie, par la forte ressemblance entre le personnage de Jack Waterman et de Jacques Poulin. À la fin du cours, les élèves pourront comprendre la portée de l’intertextualité et voir en quoi elle donne de l'épaisseur à une oeuvre, même très simple.

 

Cours 4


Le quatrième cours cible davantage les thématiques présentes dans le récit de Jacques Poulin. Comme il s’agissait d’un aspect dont les élèves devaient tenir compte pendant la lecture, l’enseignant va d’abord se baser sur les découvertes faites. Les thèmes qui devraient être évoqués sont l’écriture et la lecture, l’amour et la tendresse, l’ombre et la lumière, la jeunesse et la vieillesse. Un tableau peut être construit grâce à l’intervention des élèves pour classifier l’importance des thèmes et la façon dont ils se présentent dans le texte. Par exemple, le thème de la lumière est particulièrement présent tout au long du roman. Les élèves pourront discuter pendant l’exposé de l’enseignant sur l’utilité de la lumière dans la vie de tous les jours. Si la lumière (le soleil, par exemple) est une condition à la survie, alors elle peut être tout aussi nécessaire dans la littérature poulinienne. Par l’étude du chapitre « Un tapis de lumière », les élèves retraceront le champ lexical de l’ombre et de la lumière et expliqueront le choix de l’éclairage mis en place. Par ailleurs, l’enseignant peut solliciter l’analyse faite des textes américains dans les premiers cours afin de voir si les auteurs traitent de la lumière dans leurs œuvres, et si oui, comment ils le font. De cette façon, les élèves réinvestissent le travail effectué dans les premiers cours, reconnectent l’activité à leurs connaissances sur l’intertextualité et sont à même de voir les liens qui se tissent entre tous les éléments.

 

Après la lecture 

 

Cours 5


Les élèves du collégial, en plus de suivre les cours de littérature dans leur formation générale, ont des cours de philosophie, dans lesquels ils entrent en contact avec les fondements de l’éthique. La notion d’éthique est abordée dans l’analyse du roman de Poulin sous plusieurs facettes, comme le suicide assisté et l’inceste. Il est intéressant de voir et de  comprendre les valeurs des jeunes en les incitant à se prononcer sur le sujet, en rapport aussi avec le roman. L’inceste, dans le roman de Poulin, est décrit de façon à ce qu’il ne soit pas un acte déviant. Alors, l’enseignant peut provoquer les élèves en les incitant à se mettre dans la peau du personnage de Jack. S’ils voyaient un de leurs amis endormi, nu, et enlacé avec sa sœur, comment réagiraient-ils? Selon leur position, ils doivent être en mesure d’expliquer leur point de vue. En lien avec la thématique de la littérature, il est possible de dire que l’inceste symbolise l’intratextualité, qui vise à revenir sur le roman même et les autres œuvres de Poulin. En retournant incessamment sur sa propre production, on enclenche un cercle vicieux, tant dans le sens de « cercle » comme « rond », que « vicieux » comme « impossible » et « sexuel ». Ainsi, en traitant des tabous, les élèves sont en mesure de se situer face à eux et aussi d’en examiner la portée dans une œuvre littéraire.


Cours 6


Finalement, le dernier cours de la séquence concernant Les yeux bleus de Mistassini de Jacques Poulin consiste à évaluer les acquis des élèves par le biais d’une dissertation partielle critique de 500 mots dans laquelle ils auront à prendre position sur ce sujet : « L’intertextualité est fort présente dans Les yeux bleus de Mistassini de Jacques Poulin. Considérant les caractéristiques de l’œuvre que vous connaissez  et les extraits que vous avez travaillés, l’intertextualité sert-elle mieux que la seule étude du texte de Poulin? Discutez. » Les élèves pourront mettre à profit les connaissances qu’ils ont construites par l’activité des groupes-experts sur l’intertexte du roman et les exposés de l’enseignant portant sur les thématiques et l’éthique. La forme de la dissertation a été choisie comme évaluation finale afin de préparer les élèves à l’Épreuve uniforme de français. Elle permet également de vérifier la capacité des élèves à défendre leur point de vue sur une œuvre.



[1] Jacques Poulin, Les yeux bleus de Mistassini, Montréal, Leméac/Actes Sud, 2002, 187 p.

[2] Philip K. Dick, Les joueurs de titan [traduit de l’anglais par Maxime Barrière], Paris, Librairie des Champs-Élysées, coll. Le masque – Science-fiction, 1978, 253 p.

[3] Ernest Hemingway, Le vieil homme et la mer [traduit de l’anglais par Jean Dutourd], Paris, Gallimard, 1952, 156 p.

[4] Ernest Hemingway, Paris est une fête [traduit de l’anglais par Marc Saporta], Paris, Gallimard, 1964, 255 p.

[5] F. Scott Fitzgerald, La fêlure [traduit de l’anglais par Dominique Aury et Suzanne Mayoux], Paris, Gallimard, 1963, 358 p.

[6] Raymond Carver, Les trois roses jaunes [traduit de l’anglais par François Lasquin], Paris, Éd. Payot et Rivages, 1994, 216 p.

[7] Alberto Manguel, Une histoire de la lecture [traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf], Paris, Actes Sud/Leméac, 1998, 375 p.

[8] Jacques Poulin, Volkswagen Blues, Montréal, Leméac/Actes Sud, coll. Babel, 1988, 320 p.

[9] André Petitjean, « Pastiches et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques », dans Pratiques, 1984, n°42, p. 5.

[10] Jacques Poulin, Les yeux bleus de Mistassini, p. 63, 89-92, 123.





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