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5150, rue des Ormes

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
5150, rue des Ormes
SENÉCAL, Patrick
Par Annie Laliberté


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Roman
Courant : Postmodernité
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Annie Laliberté
Date du dépôt : Automne 2007


Justification de la pertinence de l’oeuvre choisie 

 

Le choix de cette œuvre s’explique notamment par sa grande qualité d’écriture, mais également par l’intérêt qu’elle suscitera chez l’élève. Les élèves apprécieront d’abord cette œuvre en raison de ses thématiques. En effet, ce roman noir présente une vision désabusée de la réalité sociale. Il est également porteur d’une réflexion sur la condition humaine et plus particulièrement d’une réflexion sur la justice. Le roman 5150, rue des Ormes pourra aussi plaire aux élèves par sa forme littéraire. Bien qu’il n’y ait pas de véritable enquête, le récit laisse planer un certain suspense quant au destin du personnage principal. Cette intrigue laisse beaucoup de place au lecteur qui a l’impression d'être véritablement actif lors de sa lecture. Le fait de travailler une œuvre d’un genre littéraire peu étudié en classe pose un certain défi qui s’avère intéressant pour l’élève.

 

Situations-problèmes 

 

  • Comprendre la notion de point de vue
  • Identifier les effets de l’intertextualité et des symboles
  • Comprendre le rapport à la folie par l’entremise de ses différentes constructions formelles

 

Présentation de la séquence didactique 

 

Avant la lecture 


Préparation à la lecture

 

Après avoir pris le pouls des connaissances des élèves en ce qui a trait au roman policier, l'enseignant en fera un bref historique[1] afin de montrer aux élèves l’évolution de ce genre littéraire. Il exposera aussi les distinctions entre les différents types de roman policier à savoir le roman noir, le roman à suspense, le roman d’énigme ou de détection et le roman d’investigation ou le thriller. Il présentera également une biographie de Patrick Senécal[2] en portant particulièrement attention à ses écrits, à ceux qui ont été et qui seront portés à l’écran. De cette façon, les élèves prendront davantage connaissance des agents de l’institution littéraire.

 

Activité 1 – Le paratexte

 

Cette activité sur l’analyse du paratexte a pour objectif d’offrir aux élèves une piste interprétative pour la lecture de l’œuvre. L'enseignant donnera les consignes de l’exercice d’écriture, qui sont : « Individuellement, vous composerez un texte qui doit compter de 400 à 500 mots. Sans avoir recours au résumé de l’œuvre, inventez un récit à partir de votre interprétation des éléments présentés sur les deux pages couvertures. » À la suite de leur rédaction, les élèves se placent en petits groupes et font part de leurs idées et de leurs interprétations à leurs coéquipiers. Lors de la mise en commun, l'enseignant pourra amener les élèves à porter attention au titre et aux couleurs et à leurs possibles significations. Cette activité permet à l’élève de prendre connaissance de l’importance des notions de la sociologie de la littérature, le paratexte dans le cas présent, et de se familiariser davantage avec l’objet-livre. La mise en commun des idées favorise la compréhension de la notion de point de vue dans la mesure où les élèves confrontent leurs perceptions du paratexte à celles des autres.

 

* Les élèves doivent commencer la lecture de la première partie de 5150, rue des Ormes. Il faut prévoir un maximum de deux semaines. Pour faciliter la compréhension de la lecture, les élèves sont invités à se faire des résumés de lecture en portant attention à la temporalité, à la narration, aux comportements des personnages et aux évènements.

 

Pendant la lecture 

 

Activité 2 – Les personnages

 

Le but de cette activité est de faire comprendre aux élèves que le rapport à la folie passe d’abord par les personnages puisqu’ils représentent, dans ce cas-ci, l’incarnation d’un certain déséquilibre. Cinq équipes traitent chacune d’un personnage et en dressent un portrait psychologique en portant particulièrement attention aux valeurs, aux ambitions et aux comportements du personnage. Par la suite, chaque équipe présente le travail effectué à la classe. Les autres membres du groupe sont appelés à ajouter des éléments aux descriptions présentées. Les élèves sont amenés à réaliser que le rapport à la folie qui teinte le roman est d’abord construit par les relations que Yannick entretient avec les membres de la famille Beaulieu. Cette façon de faire permet aux élèves de confronter leur perception des personnages avec celles que présentent Yannick et Maude dans leurs récits respectifs.

 

Cette activité permet également de faire voir à l’élève les raisons pour lesquelles on a divisé la lecture. C’est par l’entremise de l’analyse du personnage de Yannick que les élèves s’expliqueront cette division. Afin d’illustrer les rapports qu’entretient Yannick avec les autres personnages, l'enseignant propose aux élèves de construire un schéma actantiel. Ce qui se dégagera fort probablement de ce schéma est que le rapport de force est déséquilibré dans la mesure où les opposants détiennent tout le pouvoir. En questionnant les élèves sur les raisons qui pourraient justifier l’arrêt de la lecture, ils en viendront sûrement à réaliser que, vers le milieu du récit, la quête de Yannick change. Cette modification provoque ainsi un changement dans les rapports de force.

 

Activité 3 – La narration

 

Cette activité cherche à amener l’élève à comprendre le rôle de la narration dans le rapport à la folie. Puisque le roman est composé de trois récits juxtaposés, il permet également la compréhension de la notion de point de vue. Pour ce faire, la classe travaillera les trois récits indépendamment l’un de l’autre afin d’identifier les particularités de chacun et leur apport à l’ensemble de l’œuvre. L'enseignant posera des questions telles que : « qui est le narrateur ? », « à quel temps de l’histoire correspond ce récit ? » et « quelle est sa contribution à la construction du roman ? ». Les élèves pourront noter que le récit de Maude informe progressivement le lecteur des horreurs qui se déroulent chez les Beaulieu et des raisons qui ont entraîné la réalisation du projet de Jacques. De la même façon, le récit de Yannick amène le lecteur à découvrir les informations qui permettent de comprendre les raisons de sa séquestration.  Le seul récit hétérodiégétique, intitulé « Extérieur », fournit des informations concernant les activités des membres de la famille à l’extérieur de la maison. Ainsi, en présentant plusieurs points de vue, la multiplicité des récits contribue à construire cette impression de folie avec laquelle le lecteur est en rapport constant.

 

Activité 4 – L’intertextualité et le symbolisme

 

Cette activité a pour objectif de faire comprendre aux élèves que l’intertextualité et les symboles du texte participent à la construction d’un rapport à la folie. Avant le cours, les élèves sont amenés à faire une courte recherche sur quelques intertextes du roman afin de pouvoir présenter des informations qui concourront à enrichir l’analyse de l’œuvre. L'enseignant présentera un extrait de Misery[3] de Stephen King afin de discuter avec les élèves de l’effet de cet intertexte et de sa contribution à la  compréhension du roman. Je le ferai en parallèle avec l’extrait de 5150, rue des Ormes qui mentionne cet intertexte[4]Le récit de Yannick présente un résumé de Crime et châtiment de Dostoïevski. Cet extrait contribue à dresser un portrait psychologique du personnage de Maude. La référence à ces intertextes contribue à créer un rapport à la folie dans la mesure où ceux-ci participent à la composition de l’identité d’un personnage et, dans le cas présent, à la construction de leur folie.

 

Le travail sur le symbole[5] demande un peu de recherche et beaucoup d’interprétation et de déduction. Cette activité permet aussi de réinvestir les notions exploitées lors de l’analyse du paratexte. Pour donner un exemple du travail attendu de la part des élèves, l'enseignant expliquera que « 5150 » est en fait le code qu’utilise la police pour signaler l’évasion d’un psychopathe d’un institut psychiatrique[6]. Puis, je demanderai en quoi cette information est pertinente pour la compréhension du roman. Il tâchera d’orienter les élèves vers une interprétation du jeu d’échec en rapport avec les couleurs de l’une des pages couverture, soit le blanc et le noir. Pour ce faire, il amènera les élèves à réfléchir sur la signification du jeu d’échec pour Jacques Beaulieu. La réponse attendue est que, pour Jacques Beaulieu, le jeu d’échec représente un microcosme de la réalité : les justes du côté blanc et les injustes du côté noir. Étant donné son emprisonnement, Yannick est en rapport constant avec cette obsession d’une dichotomie du monde. Ainsi, l’analyse des symboles permet de mieux comprendre la folie des personnages et conséquemment, le rapport qu’entretient Yannick avec ceux-ci.

 

* Les élèves doivent poursuivre et terminer la lecture de 5150, rue des Ormes. Il faut prévoir au maximum deux semaines.

 

Activité 5 – Le huis-clos

 

L’objectif de cette activité est d’amener les élèves à approfondir un des aspects de la folie exploité dans le roman : le huis-clos. Pour ce faire, les élèves visionnent le film Décadence[7] (version française de Saw) de James Wan, sorti en 2004. Pendant le visionnage, les élèves doivent être attentifs à certains éléments tels que les comportements des personnages, leur évolution psychologique, la façon dont la folie est provoquée et l’intention du meurtrier. Par la suite, les élèves auront à effectuer un travail d’écriture qui vise à comparer l’exploitation de la folie dans le film et dans le roman 5150, rue des Ormes. Les élèves devront porter une attention particulière au huis-clos et à son influence sur la démence. L’idée que la folie entraîne le huis-clos et que celui-ci provoque la folie devrait être soulevée, et ce, à la fois dans le film et dans le roman. À la suite de leur rédaction, les élèves discutent de leurs idées avec le reste de la classe. De cette façon, les élèves travaillent le point de vue présenté par le film, les points de vue présentés dans le roman par l’entremise des récits de Yannick et de Maude et ceux des autres membres de la classe.

 

Évaluation

 

Afin d’évaluer les apprentissages réalisés par les élèves, l'enseignant propose une activité de création. La consigne de l’activité est la suivante : « les élèves doivent poursuivre, à la manière de Senécal, la fin du roman 5150, rue des Ormes. » Le pastiche s’avère une méthode efficace pour évaluer la compréhension des élèves puisqu’il permet de vérifier les acquis de lecture et d’écriture[8]L’imitation du style de l’auteur implique que l’élève se soit attardé au niveau de langage et à la construction du discours. En plus de respecter le style de Senécal, l’élève doit se conformer aux « règles » d’écriture du roman noir[9]Par sa composition, l’élève devra démontrer qu’il a saisi la notion de point de vue et le rapport à la folie en les intégrant dans son texte. L’élève doit aussi inclure dans son pastiche des éléments symboliques propres au roman étudié. Cette évaluation, en réinvestissant les apprentissages réalisés, clôt le bloc d’analyse du roman 5150, rue des Ormes de Patrick Senécal.

 

 

 

[1] Norbert Spehner, « Splendeurs et misères. Le cas du roman policier québécois » dans Québec français, no 141, printemps 2006, p. 32-36. ET Marc Lits, Pour lire le roman policier, Bruxelles, De Boeck ; Paris, Duculot, 1989

[2] www.patricksenecal.net

(consulté le 18 décembre 2007) ET Steve Laflamme, « Patrick Senécal Le maître du suspense québécois » dans Québec français, no 133, printemps 2004, p. 36-39.

[3] Voir Annexe 3 : Extrait de Misery de Stephen King, Stephen King, Misery, Paris, Éditions Albin Michel, 1989, p. 114-115.

[4] Voir Annexe 4 : Extrait de 5150, rue des Ormes de Patrick Senécal: Patrick Senécal, 5150, rue des Ormes, Beauport, Alire (no 045), 2001, p. 134-135.

[5] Steve Laflamme, « La place du symbole dans l’imaginaire du tueur en série en littérature » dans Québec français, no 141, printemps 2006, p. 39-42.

[6] Steve Laflamme, « Patrick Senécal Le maître du suspense québécois » dans Québec français, no 133, printemps 2004, p. 36-39.

[7] Un photographe et un chirurgien sont séquestrés dans une grande salle de bain décrépite par un tueur en série psychopathe qui les oblige à participer à un jeu cruel, dont l'issue déterminera s'ils auront ou non la vie sauve: 

http://www.canoe.com/divertissement/cinema/fiche/film/101399.html

[8] André Petitjean, (1984). « Pastiche et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques ». Pratiques, 42, p. 3-33.

[9] Marie-France Bazzo, « Entrevue audio de Patrick Senécal et Patrick Raynald sur le roman noir », dans Indicatif présent, Société Radio-Canada, enregistré le 14 novembre 2002 [en ligne]. http://www.radio-canada.ca/util/urljs.html?/radio/indicatifpresent/chroniques/6339/shtml
(consulté le 18 décembre 2007).


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