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L'Ode au Saint-Laurent

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
L'Ode au Saint-Laurent
LAPOINTE, Gatien
Par Marianne Plante


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Poésie
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Marianne Plante
Date du dépôt : Hiver 2004


Au collégial, les cours de littérature s’inscrivent obligatoirement dans les programmes d’études générales et techniques, mais ils ne suscitent pas la motivation de tous les étudiants. Puisque l’aspect de défi génère, souvent, un sentiment de dépassement de soi qui favorise l’apprentissage, nous croyons qu’il s’avère intéressant de proposer le recueil de poésie L’Ode au Saint-Laurent1 de Gatien Lapointe aux jeunes du cégep. En effet, sa forme et son style posent problème pour un lecteur néophyte. Avec un encadrement adéquat exercé par l’enseignant, les étudiants pourront eux-mêmes cheminer dans leur apprentissage grâce à l’analyse de ce recueil de poésie. Bref, par la présente séquence didactique, nous proposons une forme d’apprentissage inductif guidé par l’enseignant où les étudiants seront amenés à réfléchir sur la forme et le fond de L’ode au Saint-Laurent. En s’inspirant des stéréotypes perceptibles du recueil, ils pourront également nourrir et orienter leur lecture.

Avant de lancer les jeunes dans l’analyse de l’œuvre proprement dite, il est préférable de leur faire survoler l’évolution de la poésie québécoise. Pour ce faire, l’enseignant divise la classe en quatre groupes qui auront, chacun, à analyser un poème différent et à l’expliquer au reste de la classe. Ainsi, les étudiants pourront avoir un aperçu des changements que la poésie a subis au fil des années, tant sur le plan de la forme que sur celui du contenu, et ce, sans avoir lu et analysé une somme considérable de poèmes. Bien évidemment, nous fournirons des pistes de lecture pour guider les étudiants dans l’analyse des poèmes. Ces brèves analyses seront présentées, à l’oral, dans un ordre respectant la chronologie des poèmes étudiés : « Envoi aux marins de La Capricieuse2 », « Le laboureur3 », « La main du laboureur finit toujours par pourrir4 » et « Arbres». Ceux-ci mettent aussi en évidence des figures et des thèmes exploités dans L’Ode au Saint-Laurent. À la suite des présentations orales, l’enseignant, dans un exposé magistral, rendra compte des principaux traits sociohistoriques qui caractérisent le début des années soixante afin que les étudiants comprennent dans quel contexte Gatien Lapointe a composé son recueil. Ainsi, les étudiants découvriront que le Québec s’est lentement détaché de la France et de ses oppresseurs pour devenir un peuple distinct.

Une fois que les étudiants saisissent bien dans quelle époque s’inscrivent les poèmes de Gatien Lapointe, ils doivent chercher une publicité qui comprend, selon eux, un stéréotype et un message poétique, bien qu’ils ne sachent pas encore la signification exacte du mot stéréotype. Grâce à la présentation en classe de ces publicités, ils se forgeront une définition du stéréotype à partir de savoirs déjà acquis et d’images présentes dans leur univers, ce qui favorise l’assimilation de ce concept et son enregistrement dans la mémoire à long terme. Pour rattacher la théorie des stéréotypes à L’Ode au Saint-Laurent, l’enseignant, à l’aide des étudiants, analysera le titre de l’œuvre. Pour stimuler la réflexion, il leur demandera d’exprimer ce que, selon eux, le fleuve représentait au temps de la Nouvelle-France. Puisque les étudiants ont déjà certaines notions historiques et géographiques, ils verront que le Québec s’est développé peu à peu à partir des rives du Saint-Laurent et que sa construction s’est faite par cette voie maritime. Le Saint-Laurent représente donc l’histoire d’un peuple, celui que l’on tente de rebâtir dans les années soixante. Ce questionnement aide à former un horizon d’attente chez les étudiants qui découvrent, par le fait même, l’importance de porter une attention particulière à ce qui gravite autour du texte.

Après l’analyse du paratexte, pour éviter que les étudiants glissent vers de fausses interprétations, l’enseignant fait, avec eux, une lecture du premier poème du recueil : « Au ras de la terre ». Des stéréotypes ou des thèmes inclus dans une forme stéréotypée seront soulevés : la main, la religion, l’arbre, la terre, le regard, le mot. L’attention des élèves sera également attirée sur les pronoms utilisés et le temps employé. Ensuite, ils formeront des équipes de quatre personnes et se diviseront les stéréotypes ci-haut mentionnés. À la maison, ils devront lire la première partie de L’Ode au Saint-laurent, « J’appartiens à la terre », en analysant les poèmes à l’aide des stéréotypes qui leur sont attitrés. En plus de se soumettre à cette analyse, les étudiants devront écrire un brouillon de lecture. Ce dernier est une sorte de journal où l’on inscrit nos stratégies de lecture et nos impressions sur les textes. Il s’agit d’une activité métacognitive qui vise à faire prendre conscience aux étudiants de leurs méthodes de lecture. Pour s’assurer que les étudiants remplissent leur journal de bord convenablement, l’enseignant doit spécifier qu’il les récupérera. Ce dernier, après les avoir lus et corrigés, pourra offrir, à l’ensemble de la classe, des trucs servant à mieux comprendre et à interpréter plus justement une œuvre littéraire. De retour en classe, une fois la première partie du recueil lue, les étudiants se regroupent dans leur équipe respective. Les quatre membres de l’équipe discuteront, en premier lieu, du contenu de leur journal de bord. Ensemble, ils partageront leur façon de s’approprier un texte en insistant sur les éléments qui en facilitent la compréhension ou l’interprétation. Ensuite, chacun présentera les mots ou les thèmes qu’il devait analyser. Une fois les interprétations recueillies, chaque équipe devra préparer un transparent qu’elle présentera à l’ensemble de la classe. Ainsi, l’enseignant s’assure que les étudiants font un usage efficace du temps qui leur est alloué et que tous les éléments d’analyse sont passés en revue.

À la lecture de la seconde partie du recueil, « Les chevaliers de neige », les étudiants devront choisir, toujours à l’intérieur des mêmes équipes de quatre personnes, deux autres stéréotypes que ceux analysés en première partie. Cette fois, puisqu’ils saisissent bien le sens des mots ou des thèmes, ils devront se pencher sur l’évolution de leurs deux nouveaux objets d’étude et sur la forme des poèmes. De retour en classe, les étudiants partagent leurs découvertes avec leur équipe. Ensuite, chaque équipe tire au sort un stéréotype dont ils devront expliquer l’évolution au reste de la classe. Ainsi, les étudiants verront l’importance de la structure d’un recueil de poésie et de la forme des poèmes. De même, ils constateront qu’aucun poème de ce recueil n’est construit de manière courante. L’auteur exploite plutôt la déconstruction des structures poétiques traditionnelles, mais conserve un certain lyrisme qui le lie au souhait d’unifier le pays à la parole.

Cette activité terminée, les étudiants liront maintenant la dernière partie du recueil qui a pour titre, elle aussi, « Ode au Saint-Laurent », en portant leur attention sur deux autres stéréotypes6. Ensuite, afin de nous assurer que les théories sont maîtrisées par les étudiants, nous leur demanderons de rédiger, individuellement, un plan de dissertation critique. Pour l’enseignant, la correction d’un plan de dissertation est moins longue que celle d’un texte complet et il permet de vérifier si les notions théoriques sont comprises par les étudiants. Quant à ces derniers, ils s’exercent à construire un plan de dissertation, ce qui augmente leur chance de réussite lors de la composition d’une dissertation critique. Dans le cadre de cet exercice, la question à laquelle les étudiants devront répondre est la suivante : « Peut-on percevoir une évolution thématique dans l’œuvre de Gatien Lapointe ? » Afin de répondre à cette question, les étudiants devront faire allusion au dernier poème d’un autre recueil de Gatien Lapointe, Le premier mot, soit « Vie et mort ». Dans ce poème, plusieurs stéréotypes analysés lors de la lecture de L’Ode au Saint-Laurent sont repris : la main, l’arbre, la terre et le mot. Ainsi, les étudiants pourront prendre position par rapport à ce qui leur est demandé en employant des éléments déjà analysés en classe, mais, cette fois, ils devront analyser un poème individuellement.

Bref, le travail coopératif permet aux étudiants de s’approprier des notions littéraires complexes, lesquelles sont vérifiées individuellement à la fin de la séquence. Puisque le travail en équipe est exploité pour l’analyse de L’Ode au Saint-Laurent, l’enseignant devra veiller à diversifier, dans les prochains cours, ses stratégies d’apprentissage afin de répondre aux besoins de tous les étudiants.

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1 Gatien Lapointe, Ode au Saint-Laurent, Trois-Rivières, Les Écrits des Forges, 2000.
2 Michel Laurin, Anthologie de la littérature québécoise, Anjou (Québec), Les éditions CEC inc., 2000, p.62.
3 Michel Laurin, Ibid, p.69.
4 Michel Laurin, Ibid, p.138.
5 Paul-Marie Lapointe, Pour les âmes, Montréal, Typo (poésie), 1993, p.18.
6 Donc, de la liste de huit stéréotypes trouvés à partir de la lecture du premier poème, les étudiants en auront étudié six.


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