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Fragiles lumières de la terre

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Fragiles lumières de la terre
ROY, Gabrielle
Par Marie-Andrée Marquina


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Essai
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Marie-Andrée Marquina
Date du dépôt : Hiver 2004


Le degré de difficulté d’une œuvre peut être un facteur de motivation pour les élèves. Par contre, il ne doit pas être trop élevé afin d’éviter le découragement de leur part. Dans le cas présent, le recueil de textes journalistiques Fragiles Lumières de la terre1 de Gabrielle Roy a été retenu. Ce type d’ouvrage est particulièrement intéressant, car il permet de mettre en relation les textes et de les comparer. Les élèves pourront poser un regard critique sur ces écrits journalistiques et constater qu’il est possible de créer ce genre de texte en y mettant du style et une intention précise.

Les élèves liront des reportages qui se situent dans la décennie 1942-1952 sur les différents « Peuples du Canada » (Les Huttérites, De turbulents chercheurs de paix, Les Mennonites, L’Avenue Palestine, Les Sudètes de Good Soil, Petite Ukraine, Les pêcheurs de la Gaspésie – Une voile dans la nuit), sur « Le Manitoba » et voyageront par les yeux de l’auteure vers les « Paysages de France » (Sainte-Anne-la-Palud, La Camargue). Ces textes laissent transparaître l’opinion et les sentiments de Gabrielle Roy. Bien qu’ils aient été écrits à des fins journalistiques, l’écrivaine met du style dans ses créations et laisse entrevoir ses propres perceptions. L’objectivité souhaitée d’une chronique fait place à la subjectivité. Même si l’auteure écrivait sur commande, l’intention présentée dans ses textes semble vouloir confirmer ce que les lecteurs croient. Sans peut-être s’en apercevoir, l’auteure ne dissipe pas les stéréotypes véhiculés par la société. Elle y participe en négligeant de faire certaines nuances.

Les élèves apprendront comment se construit un stéréotype, sur quoi l’on se base pour en construire un, comment l’auteure joue sur la forme et le style pour montrer une intention particulière et comment ils pourront créer des textes en utilisant des stéréotypes précis. En lisant et en comparant les chroniques de Gabrielle Roy, les élèves devront reconnaître les stéréotypes présents et expliquer comment l’écrivaine parvient à les souligner par son écriture. Ils pourront par la suite transposer ces acquis pour aiguiser leur sens critique lorsqu’ils seront en contact avec divers médias. Dans cette séquence d’apprentissage, nous ne nous limiterons pas seulement au recueil de chroniques. Nous utiliserons des outils diversifiés pour expliquer le fonctionnement de l’œuvre choisie, mais aussi pour varier les points de vue et élargir l’horizon d’attente des élèves. Ils pourront constater d’eux-mêmes que la présence des stéréotypes et de l’intention d’écriture dans un texte peut se manifester de diverses façons.

Avant la lecture de l’œuvre

Tout d’abord, il faut mentionner que la séquence didactique s’échelonne sur dix périodes de cours, soit cinq semaines. Ainsi, les élèves pourront faire des liens entre les différents cours et poursuivre leur réflexion lors de la lecture de Fragiles Lumières de la terre. Dans un premier temps, un recueil de textes (réseaux de textes créés par l’enseignant) leur sera remis pour qu’ils puissent en prendre connaissance et travailler sur la matière lors des rencontres.

1er cours

La première période sera consacrée à l’auteure Gabrielle Roy et à sa biographie. Plusieurs ignorent qui est cette femme avant-gardiste et aventurière et ne l’associent souvent qu’à une seule œuvre : Bonheur d’occasion2. En groupe, nous en explorerons un extrait ainsi qu’un de Rue Deschambault3 et de La Détresse et l’Enchantement4 afin de permettre la familiarisation avec l’écriture de l’auteure.

2e cours

Lors de la seconde période, nous effectuerons un retour plus approfondi sur La Détresse et l’Enchantement afin d’amener les élèves vers la théorie de l’autoportrait, de l’essai et du portrait. Les élèves auront d’ailleurs eux-mêmes à écrire un autoportrait lors des deux derniers cours de la séquence didactique.

3e cours

La troisième période qui précédera la lecture du recueil de Gabrielle Roy portera sur l’extrait de Mémoires d’enfance5 de Madeleine Gagnon. À tour de rôle, les élèves placés en équipes devront déléguer une personne pour lire à haute voix, devant le reste du groupe, une partie de l’extrait du texte de Madeleine Gagnon. Malgré la simplicité de la chose, l’absence de ponctuation accentue le niveau de difficulté de l’exercice. Ils découvriront probablement un effet de style qu’ils n’avaient pas l’habitude de rencontrer. À cela viendra se greffer la théorie de l’autofiction. Ce genre ressemble étrangement à l’autoportrait et à l’autobiographie. L’auteure de Mémoires d’enfance se situe dans l’action qu’elle a créée, mais son univers est totalement éclaté. Il serait bien d’inviter les élèves à consulter les membres de leur équipe pour trouver des manifestations de cette théorie dans l’extrait. Ils tenteraient d’émettre des hypothèses sur ce qu’ils ont compris. Ils pourraient même essayer de ponctuer une partie présélectionnée du texte pour voir s’ils obtiendraient le même sens qu’une autre équipe. Par la suite, ils pourront partager leurs hypothèses lors du retour en grand groupe. Pour le cours suivant, ils devront avoir lu « Les pêcheurs de la Gaspésie – Une voile dans la nuit » et « Le Manitoba » dans Fragiles Lumières de la terre et devront avoir pris quelques notes personnelles sur ce qu’ils croient que l’auteure aura voulu leur montrer.

Pendant la lecture

4e cours

Au quatrième cours, nous analyserons « Les pêcheurs de la Gaspésie – Une voile dans la nuit ». Gabrielle Roy fait le portrait de ce qui se présente devant ses yeux. La partie retenue sur la séquence descriptive dans la Grammaire pédagogique du français d’aujourd’hui6 sera utilisée pour que les élèves puissent faire des liens avec les notes qu’ils auront prises sur le texte. Ils pourront échanger en équipe sur leurs découvertes et tenter d’écrire à leur tour un court portrait sur un sujet choisi. Ils devront inclure des éléments descriptifs qui montreront leur intention. Après l’activité, un retour collectif en classe sera effectué afin de vérifier l’intégration des acquis. Il s’agit d’une activité d’apprentissage formative qui les préparera à l’écriture individuelle de l’autoportrait qui aura lieu à la fin de la séquence. De plus, ils devront conserver ce petit texte, car ils le réutiliseront lors des deux cours suivants.

5e cours

Comme les élèves sont supposés avoir lu « Le Manitoba », le cinquième cours y sera consacré ainsi qu’à la théorie identitaire de Marthe Robert7 présentée brièvement sous forme d’extraits dans le réseau de textes qui leur a été fourni. Plusieurs éléments peuvent influencer l’intention d’un auteur lors de l’écriture d’un texte : les goûts, les valeurs, l’appartenance, la provenance, etc. Dans le cas qui nous intéresse, Gabrielle Roy semble éprouver une certaine nostalgie pour sa terre natale qu’est le Manitoba. Elle décrit son lieu d’origine de manière extrêmement positive. Après avoir fait ressortir les grandes lignes de cette « théorie identitaire » et avoir reconnu certaines de ses manifestations dans la chronique « Le Manitoba », les élèves reprendront le texte qu’ils avaient créé pour le portrait et y intégreront des notions se rattachant à l’identité et à l’appartenance culturelle. Ils devront garder leur texte modifié pour le cours suivant.

6e cours

Au sixième cours, le moment est venu de leur parler de stéréotype. Tout d’abord, nous verrons ensemble ce que c’est et comment réussir à reconnaître ses manifestations. Pour ce faire, nous utiliserons la nouvelle Une Vente8 de Maupassant et quelques publicités de Bell. Les élèves devront eux-mêmes trouver les éléments constituant le stéréotype du paysan du XIXe siècle et les comparer en actualisant celui-ci dans les publicités. Dans les deux cas, porter attention sur la langue utilisée peut s’avérer fort intéressant puisqu’elle est en soi très stéréotypée. De plus, les élèves devront s’interroger sur les raisons pour lesquelles ce stéréotype perdure à travers le temps. À partir de leur vision du sujet, ils créeront en équipe une courte mise en scène stéréotypée de leur « paysan » moderne. Les équipes qui se porteront volontaires présenteront le fruit de leur « mini création » au reste du groupe. Concernant le texte qu’ils retravaillent depuis deux cours, ils devront produire une version définitive tapuscrite en y ajoutant des stéréotypes. Cette dernière étape sera réalisée en dehors des heures de classe et sera remise la semaine suivante, soit deux périodes plus tard. La création comptera pour 15 % puisqu’il s’agit d’un travail d’équipe qui demandera de l’organisation et la maîtrise des éléments théoriques étudiés.

7e cours

Lors de la septième séance, les élèves travailleront sur les articles de journaux et la caricature9. Les élèves pourront alors comparer leur compréhension et leur interprétation des publicités de Bell avec les remous produits dans les médias. Les élèves participeront à un débat sur la capacité de lecture d’un message comme la publicité par un citoyen moyen et échangeront leurs points de vue sur les critiques de l’UPA. Au cours suivant, ils devront avoir lu l’intégralité du recueil (partie sur les chroniques). Ils seront amenés à porter une attention particulière aux chroniques « Les Mennonites », « Petite Ukraine » et « Paysages de la France » afin d’analyser en profondeur en classe la présence des stéréotypes contenus dans ces textes de Gabrielle Roy.

Après la lecture

8e cours

La huitième séance sera consacrée à l’étude des stéréotypes présents dans les quatre chroniques choisies pour le cours. À cette période, les élèves auront remis leur création d’équipe et, espérons-le, auront constaté qu’ils ont produit exactement la même chose que l’auteure qu’ils côtoient, par l’entremise de ses textes, depuis le début de la séquence didactique. Lors de ce cours, les élèves devront déceler seuls les critiques et le manque de nuance de l’auteure. La parole leur reviendra afin qu’ils puissent s’exprimer sur le sujet. Encore une fois, il s’agit d’une vérification formative des connaissances.

9e et 10e cours

Les deux derniers cours viendront clore ce cheminement par l’écriture individuelle d’un autoportrait de 750 mots qui comptera pour 30 %. Les élèves devront réutiliser les connaissances théoriques sur le genre, l’intention et les stéréotypes. Il s’agit d’une création personnelle. Une autre contrainte sera imposée. Ils devront situer l’action de leur autoportrait dans un des lieux abordés par Gabrielle Roy dans une des chroniques suivantes : « Les Huttérites », « De turbulents chercheurs de paix », « L’Avenue Palestine » et « Les Sudètes de Good Soil ». Autant rentabiliser la lecture en utilisant tout le matériel ! Ces textes n’ont pas été abordés en classe, mais ils présentent les mêmes caractéristiques que ceux approfondis. Il ne s’agit pas d’en faire une analyse complexe, mais plutôt de s’approprier quelques stéréotypes présents et de les remanier à leur façon. Il s’agit également d’une excellente rétrospective de la matière.

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1 Gabrielle Roy, Fragiles Lumières de la terre, Montréal, Les Éditions du Boréal, Coll. « Compact » n° 77, 1996 (1978), 256 p.
2 Gabrielle Roy, Bonheur d’occasion, Montréal, Les Éditions du Boréal, Coll. « Compact » no 50, (1945).
3 Gabrielle Roy, Rue Deschambault, Montréal, Les Éditions du Boréal, Coll. « Compact » no 46, (1955).
4 Gabrielle Roy, La Détresse et l’Enchantement, Montréal, Les Éditions du Boréal, Coll. « Compact » no 7, (1984).
5 Madeleine Gagnon, Mémoires d’enfance, Montréal, Les Éditions Trois-Pistoles, Coll. « Écrire », 2001.
6 Suzanne-G. Chartrand et al., Grammaire pédagogique du français d’aujourd’hui, Montréal, Graficor, 1999, p. 52-53.
7 Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman, Paris, Gallimard, Coll. « Tel », 1977.
8 Guy de Maupassant, Une Vente, texte publié dans Gil Blas puis dans le recueil Le rosier de Madame Husson, 22 février 1884, 4 p.
9 Normand Provencher, Bazouelle de bazouelle!, Le Soleil, 2 octobre 2003; Marc Larouche, Il faut sortir pépère du tas de fumier, Le Soleil, 2 octobre 2003; Anonyme, La pub controversée, Le Soleil, 26 octobre 2003; Serge Adam, L’humour qui révolte, Le Devoir, 7 octobre 2003; Fabien Deglise, La campagne de Sympatico -L’humour de Bell ne fait pas rire les fermiers, Le Devoir, 1er octobre 2003; Michel Garneau alias Garnotte, La campagne de Bell ne fait pas rire les fermiers…, Le Devoir, 2 octobre 2003.


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