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Immersion

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Immersion
NIZON, Paul
Par Marie Eve Grenier


Nationalité de l'auteur : Autres
Genre : Roman
Courant : Nouveau roman
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Marie Eve Grenier
Date du dépôt : Hiver 2008


JUSTIFICATION DE LA PERTINENCE DE L’OEUVRE CHOISIE

 

Cette séquence didactique prend appui sur une des œuvres de l’auteur suisse Paul Nizon. Le roman Immersion[1] s’inscrit dans le courant du nouveau roman, ce qui le rend peu accessible pour les élèves du premier cycle, mais intéressant pour les jeunes de la cinquième secondaire. Dans l’optique du récit de voyage, ce roman offre une forme intéressante qui présente le voyage sous un profil inhabituel. Sa grande qualité tient à la richesse des descriptions de lieux qui guident le lecteur dans la descente aux enfers d’un personnage principal névrosé. Sans être trop complexe, le jeu de narration est intéressant à aborder avec des jeunes puisqu’il se démarque de la narratologie linéaire à laquelle ils sont habitués.

 

 

SITUATIONS-PROBLEMES

 

Comme le nouveau roman présente une forme avec laquelle les jeunes sont peu familiers, la présente séquence visera à résoudre des problèmes qui y sont reliés :

 

- Introduire les élèves à la culture de l’Espagne et de la Suisse.

- Leur faire prendre conscience des limites et des effets de certains types de narration.

- Comprendre les différentes oppositions présentées dans le livre.

 

Ancré dans la culture européenne, le roman de Nizon ouvre les portes à la découverte de deux pays que les jeunes méconnaissent. Il est primordial qu’ils développent des connaissances de base sur ces pays afin de mieux cerner l’essence du roman, dont l’intrigue est basée sur les lieux. Les jeunes sont peu familiers avec les jeux de narration, c’est pourquoi il est important de leur faire prendre conscience de l’impact de ces changements. Divisé en deux parties contrastantes, le roman de Nizon est basé sur diverses figures d’oppositions dont l’analyse poussera les élèves vers une interprétation plus fine.

 

 

LA SEQUENCE

AVANT LA LECTURE

 

Activité 1 – Lecture présentée[2]

 

En préparation à la lecture, l’enseignant aborde les thèmes principaux de l’œuvre (voyage, liberté, adultère, etc.). Puisque le premier chapitre est rédigé de manière un peu décousue et peu linéaire, l’enseignant le lira à voix haute devant le groupe en utilisant la technique du modelage. Avant de laisser les jeunes à leur lecture, l’enseignant leur donnera un questionnaire d’activation des connaissances[3] auquel ils répondront individuellement.

 

Questionnaire

1-Dans quels pays se situent les villes de Barcelone et de Zurich?

2-Quelle langue parle-t-on à Zurich? À Barcelone?

3-Quel type de climat y a-t-il à Barcelone? À Zurich?

4-Quel(s) pays séparent ces deux villes?

5-Quels sont les mœurs propres à Barcelone? À Zurich?

 

L’enseignant animera par la suite une mise en commun des réponses que les élèves auront apportées, ce qui leur fera prendre conscience qu’ils possèdent déjà une part des informations liées au livre qui les aidera à en faire une meilleure lecture.

 

 

PENDANT LA LECTURE

 

Activité 2 – Le cahier de lecture

 

Pendant leur lecture, les jeunes sont appelés à réagir au livre par le biais d’un carnet de bord où ils gardent des traces de leur lecture, notent leurs impressions ou leurs réactions. Cela leur permet de devenir plus autonomes dans leur lecture tout en développant leur esprit critique. Puisque le roman n’est pas très long, l’enseignant demandera aux élèves de se tourner vers leur cahier dès que le personnage principal effectuera un déplacement en train ou en avion, ce qui marque une période de transition.

 

Voici les pistes d’écriture que l’enseignant donnera aux élèves :

- Quelledestination le personnage principal vient-il de quitter?

- Quel était le but de son voyage? L’a-t-il accompli?

- Que lui a apporté ce voyage?

- En quoi ce voyage l’a-t-il changé?

 

Cette activité permettra aux élèves de réagir à sa lecture tout en permettant à l’enseignant de voir les thèmes qu’ils apprécient davantage afin de s’adapter en conséquence.

 

 

APRES LA LECTURE

 

Activité 3 – Représentations littéraires vs réalité

 

Après la lecture du roman (prévoir environ deux semaines), l’enseignant reviendra avec les élèves sur la représentation des deux villes étudiées en amorce. Pour ce faire, il leur présentera le site touristique de la ville de Barcelone[4] et celui de la ville de Zurich[5]. En équipe, les élèves devront déterminer si les images des villes présentées sur les sites internet rejoignent la vision qu’ils s’en étaient faite pendant leur lecture. Lors de la mise en commun des réponses, les jeunes devraient avoir eu des impressions plus négatives de la ville de Zurich. Pour éclairer ce phénomène, l’enseignant posera les deux questions suivantes :

 

1- Qu’est-ce qui, selon vous, explique que vous en ayez eu cette vision?

2- Quel lien peut-on faire entre le personnage principal et la représentation des lieux?

 

De nombreuses réponses sont possibles, mais l’enseignant guidera les élèves afin qu’ils réalisent que le fait de voir la ville par les yeux d’un personnage teintel a réalité du sentiment qui empreint ce dernier.

 

 

Activité 4 – Le champ lexical et la figure d’opposition

 

En travaillant à partir des descriptions relevées lors de l’activité sur le point de vue, les jeunes étudieront la figure du double. Pour ce faire, ils construiront le champ lexical de la ville de Zurich et celui de la ville de Barcelone. Par l’observation de ces deux champs lexicaux, les élèves réaliseront que les deux villes présentent des profils contraires. Si Barcelone est davantage associée à la vie, Zurich est dépeinte par la léthargie. L’enseignant explique aux jeunes que cet effet d’opposition est présent tout au long du roman et n’est pas seulement observable dans la perception des lieux. Toujours en comparant la ville de Barcelone à celle de Zurich, les jeunes seront amenés à repérer dans leur livre les différents effets de contraste en repérant au moins trois autres figures d’opposition afin de pousser plus loin leur analyse du roman.

 

 

Activité 5 – La description

 

Pour faire prendre conscience de l’aspect particulier des descriptions présentées dans le roman, l’enseignant distribue aux élèves un extrait de Madame Bovary[6] de Gustave Flaubert. La comparaison entre les deux œuvres permettra à l’élève de voir les particularités des descriptions faites par Nizon et, par le fait même, de prendre conscience qu’une description n’est pas nécessairement basée sur le visible. Suite à la lecture de l’extrait, les jeunes doivent déterminer si les descriptions faites par Paul Nizon sont semblables à celle de Flaubert en appuyant leurs propos par des extraits du roman de Nizon.

Comme le jeu de narration présente deux types de narrateur en alternance (témoin et introspectif), le type de description varie également en fonction du point de vue adopté. En validant leurs réponses, les jeunes discutent des diverses possibilités et réalisent, par la comparaison avec une œuvre traditionnelle, la présence marquée du jeu de narration introduit par la locution « je me vois ». De plus, ils observent que la narration de type introspective permet de présenter les choses sous un angle plus émotionnel, ce que le narrateur témoin ne peut pas.

 

 

Activité 6 – Pastiche[7]

 

Afin d’évaluer la compétence « Écrire des textes variés », les jeunes seront amenés à produire un pastiche du livre de Nizon qu’ils ont travaillé.Cet exercice permettra de consolider les acquis en lecture que les jeunes ont faits au cours de la séquence. Puisque la séquence se présentait dans l’optique du récit de voyage, les jeunes auront à écrire un texte d’environ 500 mots racontant une aventure dans un nouveau pays ou une nouvelle région (fictif ou non). Du temps devra être accordé pour que les jeunes puissent effectuer des recherches en fonction du lieu qu’ils auront choisi, afin d’être en mesure d’en faire une description qui est juste et de pouvoir y incorporer des éléments représentatifs. Cette activité permet aux élèves de mettre en texte les procédés qu’ils ont eu l’occasion d’observer dans le roman de Nizon et ainsi de se les approprier pleinement. Ainsi, il leur sera demandé d’ajouter à leur texte des figures d’opposition entre le lieu d’où ils viennent et celui où il voyagent ainsi que des descriptions des deux types vus en classe (suivant le modèle de Nizon). Le texte devra débuter par la locution « je me vois » et utiliser les deux points de vue employés par Nizon dans Immersion.

 



[1] NIZON, Paul, Immersion , Éditions Actes Sud , Avignon, 1991, 95p.

[2] Michel Therrien, « De la définition du littéraire et des œuvres à proposer aux jeunes », dans Monique Noël Gaudreault et al. Didactique du français. Bilan et perspective, Québec : Nuit Blanche, 1997, p. 19-31.

[3] Erick Falardeau, « Pistes d’entrée en littérature ou en lecture? », Enjeux, no 58, déc. 2003, p.83-94.

[4] http://www.barcelonaturisme.com/

[5] http://www.zuerich.com/fr/welcome.cfm

[6] FLAUBERT, Gustave, Madame Bovary, Folio plus classique, Barcelone, 2004, 495 p.

[7] André Petitjean, « Pastiche et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques », Pratiques, no 42, 1984, p.6.


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