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Les mains d'Edwige au moment de la naissance

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Les mains d'Edwige au moment de la naissance
MOUAWAD, Wajdi
Par Sophie Boulianne


Nationalité de l'auteur : Autres
Genre : Théâtre
Courant : Postmodernité
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Sophie Boulianne
Date du dépôt : Hiver 2004


Présentation de l’œuvre étudiée

▪La pièce de théâtre Les Mains d’Edwige au moment de la naissance a été écrite en 1999 par Wajdi Mouawad. Quatrième pièce publiée par l’auteur, elle s’inscrit dans l’esthétique du théâtre postmoderne. En effet, la dramaturgie québécoise est maintenant « ouverte sur l’ailleurs, sur l’Autre, sur l’étrangeté.» La richesse de cette pièce réside dans sa portée symbolique : c’est aussi là qu’elle pose un défi au maître qui désire l’enseigner.

La séquence didactique que nous proposons peut s’inscrire dans le cadre du troisième cours de français obligatoire, Littérature québécoise (601-103-04), ou dans le cadre du cours Le théâtre québécois (601-231-71).

Situation-problème

▪La situation-problème amènera l’élève à s’approprier certains éléments significatifs du texte étudié afin qu’il parvienne à une interprétation autonome du dénouement de la pièce. Pour définir un cadre d’apprentissage, l’enseignant établira que l’événement déclencheur de l’action dramatique est le retour du personnage d’Esther, au domicile familial, après dix ans d’errance. Au terme de la séquence, les élèves seront en mesure de mieux comprendre l’évolution des personnages du début de la pièce jusqu’à la fin. Enfin, l’analyse de deux monologues d’Esther leur fera comprendre comment celle-ci libère Edwige.

Avant la lecture

Familiarisation avec le courant de la postmodernité et travail sur le paratexte

▪Trois grandes orientations de la littérature de la postmodernité seront expliquées lors d’un exposé magistral : la prédominance de la narration au « je », l’intertextualité et l’importance des auteurs migrants qui écrivent en français au Québec. Nous suggérons la comparaison des textes suivants : Errances2 de Sergio Kokis et Le figuier enchanté3 de Marco Micone. La question suivante sera posée pour stimuler la réflexion des élèves : « Peut-on affirmer que dans les deux extraits l’errance est présentée de la même manière ? » Deux autres extraits seront comparés, soit Rêves4 et Littoral5 de Mouawad. La question que nous proposerons aux élèves sera en lien avec le lyrisme privilégié par l’auteur : « Qu’est-ce qui caractérise le style de Mouawad dans ces deux extraits ? »

▪L’enseignant interrogera les élèves, directement en lien avec leur vécu, sur les thèmes de l’errance et de l’exil.

▪Nous proposons également une analyse du paratexte. L’attention des élèves sera attirée sur le titre. Deux éléments ressortent clairement : les mains d’Edwige et la naissance.

▪L’enseignant pourra se pencher sur l’exergue de la pièce. La réflexion des élèves sera encore stimulée par les questions de l’enseignant : « Quel lien peut-on faire entre l’exergue et la problématique de l’errance ? Selon vous, pourquoi l’auteur a-t-il mis en exergue un extrait de l’évangile ? »

▪ L’œuvre devra être lue (pour le cours suivant) jusqu'à la réplique d’Esther à la page 476 : « Aide-moi à m’installer ».

Pendant la lecture

Première partie : orientation de la lecture et travail sur l’espace

▪L’enseignant suscite le questionnement chez les élèves : « Selon vous, comment le retour du personnage d’Esther, au domicile familial, après dix ans d’absence modifiera-t-il le cours de l’action dramatique ? »

▪La théorie des genres servira de cadre de référence pour aborder certaines caractéristiques propres au genre dramatique : le système spatio-temporel. Un bref exposé portant sur le concept de l’espace au théâtre et sur ses différentes composantes sera fait : l’espace dramatique devra être différencié de l’espace scénique. Nous suggérons, à cet effet, le livre Les termes clés de l’analyse du théâtre7 d’Anne Ubersfeld. Les élèves devront associer quels personnages, depuis le début de la pièce jusqu’à l’arrivée d’Esther, occupent ces différents espaces. Nous suggérons une grille d’analyse simple qui mettra en relation chacun des personnages par rapport à l’espace principal dans lequel il évolue.

▪Ensuite, les élèves reprendront la grille pour y introduire les symboles récurrents du texte, ainsi que les événements évoqués. Une fois ce travail de repérage effectué, il faudra s’arrêter aux oppositions entre chacun des trois espaces étudiés.

▪Une analyse de l’extrait suivant sera amorcée à partir de la page 41, de « Coups très violents contre la porte » jusqu’à « Aide-moi à m’installer », à la page 47. L’enseignant amènera les élèves à se poser les questions suivantes : « Pourquoi Esther revient-elle à la maison ? Dans quel état est-elle ? Avec quel personnage établit-elle son unique relation ? Pourquoi refuse-t-elle d’accéder à l’étage supérieur ? En quoi les personnages d’Esther et d’Edwige sont-ils opposés ? »

Deuxième partie : travail de compréhension sur les personnages de la pièce

▪Les élèves devront avoir lu la pièce intégralement avant d’amorcer cette partie. Une grille descriptive sera utilisée pour établir et consigner les caractéristiques de chacun des personnages en fonction des caractéristiques suivantes : nom du personnage, caractéristiques physiques, signes particuliers, caractéristiques psychologiques, rôle principal dans la pièce, stéréotypes connus auxquels peut être associé le personnage. Sur ce dernier point, nous prévoyons que les élèves associeront les personnages principaux aux stéréotypes de la façon suivante : Esther sera associée à la marginale, à la fugueuse, à la putain, et Edwige à la sainte, à la vierge, à l’exilée.

Troisième partie : Analyse comparative des personnages féminins dans Les Mains d’Edwige au moment de la naissance et Les fées ont soif8

▪Afin de poursuivre l’étude des personnages féminins, la pièce de théâtre Les fées ont soif de Denise Boucher sera proposée dans le cadre d’un exercice comparatif visant à montrer comment les personnages féminins dans Les Mains d’Edwige au moment de la naissance peuvent être associés aux trois archétypes féminins traditionnels de la pièce de Boucher. Les extraits ciblés sont les suivants : le monologue de Madeleine aux pages 56 et 57, le monologue de Marie aux pages 73 et 74 et le monologue de La Statue à la page 83. À partir de ce moment, l’enseignant questionnera les élèves sur ces trois personnages et la grille descriptive, préalablement complétée, sera utilisée afin de faire des comparaisons entre les trois personnages féminins des deux pièces comparées.

▪Une courte présentation de la pièce Les fées ont soif pourra être faite par l’enseignant, en insistant sur le contexte de production de la pièce : les revendications du théâtre féministe. Cette partie magistrale sera réalisée une fois l’étude des personnages terminée. Ainsi, les élèves seront en mesure de comprendre que les stéréotypes féminins des deux pièces ne participent pas du même « mode d’énonciation9 » (distanciation-Boucher / ambivalence-Mouawad).

Quatrième partie : La compréhension progressive de la libération d’Esther

▪Les élèves analyseront le monologue d’Esther à la page 47 dans Les Mains d’Edwige. Voici un aperçu des questions quoi pourront leur être posées : « Pourquoi Esther est-elle partie de la maison ? Qu’espérait-elle trouver ? Est-il possible d’affirmer qu’Esther a vécu l’errance ? »

▪Ensuite, le monologue d’Esther à la page 48 sera abordé. L’enseignant lit l’avertissement au début de la pièce dans lequel Mouawad explique son intention de déconstruire le langage et de laisser toute la place à la parole de ses personnages. Il demande aux élèves de repérer ce qui leur semble déconstruit dans le langage, à l’intérieur du monologue.

▪Les élèves repéreront le champ lexical principal du monologue (l’amour-passion). Afin de guider les élèves lors du repérage, l’enseignant pourra présenter un extrait du roman de la collection « Harlequin », L’amour à la folie10 de Mary Lyons, et leur demandera de trouver les stéréotypes langagiers et les lieux communs semblables dans les deux textes. Les élèves comprendront la prédominance des stéréotypes langagiers et l’enseignant expliquera, en s’appuyant sur l’analyse les personnages, que le mode d’énonciation des stéréotypes est au troisième degré, c'est-à-dire qu'ils sont présentés de manière ambivalente.

▪Une fois le monologue d’Esther vu en détail, l’accent sera mis sur la réplique suivante d’Edwige à la page 49 : « Ton passé est très grand, ma sœur, et moi je suis toute petite. » L’enseignant suscitera le questionnement chez les élèves à l’aide des questions suivantes : « Pourquoi Edwige affirme-t-elle qu’elle est toute petite ? Que veut-elle dire ? »

Après la lecture 

Interprétation autonome du dénouement et activité de création

▪Le travail après la lecture portera sur le dénouement de la pièce, à partir de la page 66. La fin de la pièce devra être analysée de manière autonome. Un retour sur la grille descriptive sera effectué et l’attention des élèves sera attirée sur l’avant-dernière réplique d’Edwige.

▪Nous proposons une activité de création. Une grille de correction sera élaborée avec les élèves afin de circonscrire les critères d’évaluation et une autre grille sera proposée pour l’évaluation de l’enregistrement oral. Les élèves remettront leur texte de création ainsi que leur interprétation orale enregistrée sur cassette. Une mise en commun du travail de création sera réalisée en sous-groupes. Voici la consigne :

Écrivez une lettre dans laquelle Edwige explique et décrit sa nouvelle vie avec Vaklav, soit à sa mère, à son frère ou à son père. Vous devrez respecter la cohérence de la pièce tout en étant originaux :
-Edwige doit expliquer pour quelle(s) raison(s) elle a décidé de quitter le domicile familial.
-Elle doit aussi expliquer pourquoi elle a refusé de monter à l’étage supérieur lors des funérailles d’Esther.
-Elle doit mentionner ce qu’Esther lui a appris et comment elle en a été transformée.
-Finalement, vous devrez mentionner ce qu’Edwige a pu découvrir dans le monde extérieur : l’apprentissage qu’elle a réalisé et la transformation qu’elle a subie.

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1 Stéphane Lépine, « Wajdi Mouawad ou l’irruption de l’Autre », Les Cahiers de théâtre Jeu, no 73, « Le théâtre franco-ontarien », page 80.
2  Sergio Kokis, Errances, XYZ éditeur, 1996, pages 325-326.
3 Marco Micone, « Even that guy knows ! » dans Le Figuier enchanté, Montréal, Boréal compact, 1998, pages 71 à 75.
4 Wajdi Mouawad, Rêves, Leméac 2002, monologue de la Femme décapitée, pages 51 à 53.
5 Wajdi Mouawad, Littoral, Leméac/Acte Sud, 1999, pages 13 à 15.
6 L’édition est la suivante : Les Mains d’Edwige au moment de la naissance, Leméac, 1999.
7 Anne Ubersfeld, Les termes clés de l’analyse du théâtre, Éditions du Seuil, 1996.
8 Boucher, Denise, Les fées ont soif, Éditions de l’Hexagone, 1989.
9 Dufays, Jean-Louis, Louis Gemenne, Dominique Ledur, Pour une lecture littéraire 1, Approches historique et théorique, Propositions pour la classe de français, De Boeck, Duculot, page 82.
10 Lyons, Marie, L’amour à la folie, Paris, « Harlequin », 1988, pages 146-147.


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