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Le Dernier jour d'un condamné

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Le Dernier jour d'un condamné
HUGO, Victor
Par Kellie-Anne Samuel


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Roman
Courant : Romantisme
Siècle : 19e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Kellie-Anne Samuel
Date du dépôt : Hiver 2009


 

 

Justification de la pertinence de l'oeuvre 

 

La séquence didactique proposée porte sur Le Dernier jour d'un condamné de Victor Hugo et s’inscrit dans le cours collégial Écriture et littérature qui couvre la littérature française du Moyen Âge au XIXe siècle. Victor Hugo semble tout désigné pour représenter à la fois le courant romantique et le XIXe siècle puisque, comme l’écrit Barrère : « Hugo a été le plus grand aventurier poétique d’un siècle qui en compte quelques-uns de taille, [sic] et, probablement, de toute notre littérature. » (1984, p. 171) Le choix de l’œuvre s’explique aussi par la lisibilité du texte et par le fait qu’il participe à une littérature de l’intime suscitant l’identification du lecteur au personnage principal. De plus, le sujet éthique de la peine de mort capte l’intérêt des étudiants du collégial. Aussi, les procédés stylistiques dont regorge le texte nous permettent d’approfondir la question de l’aspect formel avec les étudiants.

 

Il importe donc de présenter aux étudiants le discours du roman comme étant toujours actuel. Comme l’écrit Gefen,

 

la dénonciation hugolienne des lacunes de la justice et des procès
expéditifs, comme son analyse des conditions de vie des prisonniers
et des conséquences psychologiques de l’enfermement, n’a rien
perdu de son actualité. […] Le bagne et la guillotine ont disparu,
mais la surpopulation carcérale et les suicides de condamnés les ont remplacés. (2006, p. 18)

 

Objectifs et problèmes à résoudre 

 

L'objectif est d'amener les étudiants à réfléchir à la construction de l'argumentation du narrateur qui vise à convaincre le lecteur de l’atrocité de la peine de mort en interpellant le sujet lecteur. À la fin de la séquence didactique, les étudiants devront être en mesure d’interpréter le discours, d’en saisir les arguments, ainsi que de repérer et d’expliquer les procédés formels. Par conséquent, l’intention de cette séquence est de leur donner le plus d’outils possible pour répondre au sujet d’analyse.

 

AVANT LA LECTURE


Activité 1 - Lecture de la préface

 

Afin que les étudiants soient à même de comprendre le texte et l'argumentation du narrateur, nous leur ferons lire la préface du roman publiée en 1832 par Victor Hugo. En classe, ils se regrouperont en équipe pour discuter de ce qu’ils auront retenu de cette préface. « C’est par le dialogue, par l’échange, par le doute, par le conflit, par l’argumentation […] que les perceptions intuitives des uns et des autres peuvent commencer à s’accorder et à évoluer vers une compréhension commune. » (Barth, p. 160) Des questions seront posées lors du retour en grand groupe afin d’orienter la lecture :


1- Quel est le propos du texte?
2- Quel crime a commis le narrateur?
3- Pourquoi ne connait-on pas le héros, son identité?
4- Pourquoi avoir choisi d’écrire le roman à la première personne?
5- Quels sont les arguments contre la peine de mort évoqués?

 

L’enseignant doit inciter les étudiants à être plus attentifs lors de la lecture de certains passages du texte grâce à ces questions.

 

 

Activité 2 - Mise en contexte de l'oeuvre

 


Ce cours sera le moment idéal pour présenter le contexte de publication du Dernier jour d’un condamné. « C’est […] à partir d’interrogations sur le texte que l’on pourra faire intervenir avec profit des éléments d’histoire littéraire, car ces derniers sont ressentis alors comme une nécessité. » (Chelard-Mandroux et Tauveron, p. 93) Nous devrons insister sur l’instabilité politique qui règne en France au XIXe siècle, et préciser que le roman de Victor Hugo fut publié dans ce climat. De plus, ce sera le moment de présenter le courant romantique, en précisant l’apport de Victor Hugo à ce courant. Ensuite, nous pourrons lire le premier chapitre du roman aux étudiants, tout en les interrogeant sur ce qu’ils en comprennent.

 

 

 

PENDANT LA LECTURE

 


Activité 3 -

 


Pour la lecture de l’œuvre, nous imposerons un échéancier de lecture. Les étudiants devront répondre à des questions après chacune des parties. Le retour en classe sur leurs réponses sera l’occasion pour les étudiants de partager leurs réflexions issues de la lecture et nous pourrons reprendre ces impressions pour faire avancer leur raisonnement critique. Nous nous attarderons sur les lieux auxquels le personnage fait référence, sur l'argot utilisé par certains prisonniers, sur les spectacles publics que constituent le ferrage des forçats et l'exécution du condamné, sur l’adresse du personnage à sa fille Marie, sur la visite du directeur de prison dans sa cellule, sur le personnage qui rêve à la vieille femme, ou encore sur la comparaison entre le condamné et le roi.

 

 

Activité 4
Ces moments de réflexion en classe seront aussi l’occasion d’analyser les images qui accompagnent le texte en demandant aux étudiants d’en tirer des pistes d’analyse, des interprétations du texte ou simplement des réflexions personnelles. C’est d’ailleurs une façon de faire que privilégient Chelard-Mandroux et Tauveron :

De nombreuses expériences montrent que la lecture de l’image
peut justement réconcilier les élèves avec les mots, et que
l’intervention de l’image en classe de français se révèle très
profitable.Loin de supplanter le texte, elle permet souvent de
mieux le comprendre, de le prolonger et même de mieux
l’apprécier. (1998, p. 34)

 

Dans le même ordre d’idée,

[i]l est […] possible […] d’élaborer un enseignement qui parte
de la culture des élèves, la reconnaisse et l’enrichisse. Les élèves
sont nourris d’images : il ne faut pas le regretter, il ne sert à rien
d’y trouver l’explication d’un désintérêt pour la chose écrite. Il est
bien plus intéressant de s’en servir comme point de départ, de
susciter chez les élèves une curiosité et ainsi d’enclencher une
dynamique d’apprentissage. C’est donc de l’image filmique que
peut partir l’étude de la littérature. (Brillant-Annequin et Massol, p. 164)

 

La présentation d’un film traitant du sujet de la peine de mort1 , est une bonne façon de faire voir la souffrance des condamnés. Grâce au jeu des acteurs, les étudiants auront peut-être plus de facilité à déceler la souffrance des condamnés dans les extraits et à saisir la tension qui règne dans les couloirs de la mort.

 

 

Activité 5
Ensuite, un réseau de textes sera présenté aux étudiants, tous traitant, de façons différentes, de la peine de mort2. Des extraits de textes seront lus en classe, afin de conscientiser les étudiants à l’écart qui existe entre le traitement du sujet de la peine de mort dans Le Dernier jour d’un condamné et les autres œuvres.

 

 

 

APRÈS LA LECTURE
Activité 6
Il importe maintenant de leur faire découvrir la forme de ce texte riche en procédés formels. C’est à partir d’un questionnaire ciblant certains passages que les étudiants pourront réfléchir à cet aspect du Dernier jour d’un condamné en équipe. Les questions prendront, pour la plupart, la forme suivante : Dans tel extrait, repérez l’oxymore et expliquez-le. Il s’agira de montrer aux étudiants que le contenu du texte est important pour construire une argumentation, mais que, grâce aux jeux avec les mots, la forme du texte vient ajouter du poids à la puissance de l’argumentation.

 

 

Activité 7
Finalement, les étudiants seront appelés à participer à un débat en classe. Le sujet de cet exercice sera évidemment la peine de mort. Certains étudiants devront défendre le point de vue pour et d’autres contre la peine de mort. Cette expérience permettra aux étudiants de comprendre certains arguments qu’ils n’auraient pas saisis dans le texte de Victor Hugo, mais qui seront ramenés à leur mémoire lors du débat. Évidemment, les étudiants devront arriver en classe avec des arguments déjà préparés.

 

 

 

Évaluation
Après le débat, les étudiants seront prêts à produire une analyse littéraire sur Le Dernier jour d’un condamné, dont le sujet sera présenté comme suit :

Dans une analyse littéraire complète (introduction, deux
paragraphes de développement et conclusion) de 700 mots,
traitez du sujet suivant : Le Dernier jour d’un condamné de
Victor Hugo se veut un plaidoyer contre la peine de mort.
Montrez-le en analysant les thèmes de la torture morale
et de l’inefficacité de la peine.

 

La situation problème ainsi rédigée constitue un défi pour l’étudiant dans l’optique où celui-ci a à se détacher de son jugement par rapport à l’œuvre ou à la question de la peine de mort pour en faire une analyse qui se veut objective, neutre et raisonnée.

 

 

 

Conclusion
Bien que Victor Hugo a cru que son roman parlait de lui-même, se présentant comme un plaidoyer contre la peine de mort, il n’en demeure pas moins que certains étudiants ne saisissent pas le travail d’argumentation qui prend forme par le discours du condamné à mort. Il devient donc important d’utiliser différentes stratégies d’analyse pour rejoindre le plus grand nombre d’étudiants possible, puisqu’ils ne sont pas tous interpellés de la même façon par le texte, par les images ou par l’interprétation d’un acteur. La séquence didactique se veut donc un outil efficace pour la compréhension du Dernier jour d'un condamné, et ce, en interpellant d’abord la sensibilité du lecteur, pour ensuite plonger dans l’analyse du roman. La diversité des activités d’apprentissage vise à atteindre un large lectorat encore peu habileté à l’analyse littéraire.

 

 

 ______________

1 Il semble risqué de visionner le film du Dernier jour d’un condamné, puisque les étudiants pourraient être tentés de ne pas finir la lecture du roman par la suite. De plus, l’objectif n’est pas tant de s’assurer qu’ils fassent un lien entre le texte et la représentation filmique, mais plutôt de leur faire voir le condamné, ainsi que la souffrance à laquelle il est exposé. Pour ce faire, nous proposons le visionnage d’un extrait de l’un ou l’autre des films suivants qui reprennent le thème de la peine de mort : La Dernière Marche (1995) de Tim Robbins, Dancer in the Dark (2000) de Lars von Trier, Les Fantômes de Goya (2007) de Milos Forman ou, au Québec, 15 février 1839 (2001) de Pierre Falardeau. Aussi, pour faire un lien entre l'humiliation du personnage et celle plus actuelle des prisonniers, nous pourrons écouter un extrait du documentaire Aller simple pour Guantanamo (2006) de Michael Winterbottom et Mat Whitecross. 

 

 

2 Le réseau de textes sera constitué d’extraits de Claude Gueux de Victor Hugo, d’Invitation au supplice de Nabokov, des Sept Pendus d’Andreiev, de L’idiot de Dostoïevski et de L’étranger de Camus. 

 

 

 

 

 Médiagraphie

 

 

Œuvres à l’étude

 

HUGO, Victor (2006), Le Dernier jour d’un condamné, Paris, Éditions Hachette Livre, coll. « Les Classiques Hachette ».

 

____________ (2006), Le Dernier jour d’un condamné, Paris, Éditions Larousse, coll.

« Petits Classiques ».

 

 


Réseaux de textes

 

ANDREIEV, Leonid, Les Sept Pendus.

CAMUS, Albert, L’étranger.

DOSTOÏEVSKI, Fiodor, L’idiot.

HUGO, Victor, Claude Gueux.

____________, Préface de Cromwell

NABOKOV, Vladimir, Invitation au supplice.

 

 

Films visionnés

 

FALARDEAU, Pierre (2001), 15 février 1839.

FORMAN, Milos (2007), Les Fantômes de Goya.

ROBBINS, Tim (1995), La Dernière Marche.

TRIER, Lars von (2000), Dancer in the Dark.

WINTERBOTTOM, Michael et Mat WHITECROSS (2006), Aller simple pour Guantanamo.

 

 


Ouvrages de référence

 

BARRÈRE, Jean-Bertrand (1984), Victor Hugo. L’homme et l’œuvre, Paris, Éditions C.D.U et SEDES réunis.

 

BARTH, Britt-Mari (2002), Le savoir en construction, Paris, Retz.

 

BOULET, Albert (1999), « Changement de paradigme en apprentissage : du béhaviorisme, au cognitivisme, au constructivisme », dans Apprentissage et socialisation, vol. 18, no 2.

 

BRILLANT-ANNEQUIN, Anick et Jean-François MASSOL (2005), Le Pari de la littérature. Quelles littératures de l’école au lycée ?, Grenoble, Actes des journées d’études organisées à l’université Stendhal et à l’IUFM de Grenoble les 28 et 29 mars 2002.

 

CHELARD-MANDROUX, Isabelle et Anne-Marie TAUVERON (1998), Enseigner la lecture de l’œuvre littéraire au lycée, Paris, Éditions Armand Colin.

 

GEFEN, Alexandre (éd.) (2006), Dossier de présentation et des commentaires accompagnant Victor Hugo, Le Dernier jour d’un condamné, Paris, Éditions Larousse, coll. « Petits Classiques ».

 

THÉRENTY, Marie-Ève (2006), Notes explicatives, questionnaires, bilans, documents et parcours thématique accompagnant Victor Hugo, Le Dernier jour d’un condamné, Paris, Éditions Hachette Livre, coll. « Les Classiques Hachette ».

 

 


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