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En attendant Godot

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
En attendant Godot
BECKETT, Samuel
Par Christine Bastien et Stéphanie Frégeau


Nationalité de l'auteur : Autres
Genre : Théâtre
Courant : Autres
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Christine Bastien et Stéphanie Frégeau
Date du dépôt : Hiver 2009


 

 

Justification de l'oeuvre

 

Avec la pièce En attendant Godot[1] de Samuel Beckett, nous voulons amener les élèves à travailler un texte théâtral qui les pousse à réfléchir de manière philosophique sur la condition humaine. Étant donné que la pièce de Beckett ne respecte pas les normes génériques théâtrales et littéraires que les élèves connaissent, cette oeuvre va déconstruire tous leurs poitns de référence en matières d'analyse littéraire. La principale action de cette pièce est la non-action, l'attente. De plus, les protagonistes utilisent une langue simple, mais qui ne semble pas toujours cohérente. Le sens de la pièce réside surtout dans le questionnement sur l'absurdité humaine s'inscrivant ainsi dans la continuité des idées de l'époque.[2]

 

Problème à résoudre

 

 

Le problème général que pose la lecture d'En attendant Godot est donc la dimension absurde du texte, soit la construction de sens avec ce qui, à première vue, n'en a pas. Les élèves découvriront que cette oeuvre porte en elle un but précis: rendre dérisoire l'expérience humaine. Les élèves seront amenés à reconnapitre et à interpréter certains éléments d'un texte dramatique qui sont le reflet de l'absurde ainsi qu'à comprendre les caractéristiques de l'absurde afin de les reproduirepar la création et la représentation d'un court teste théâtral. La résolution de ces problèmes de lecture a pour visée d'amener les élèves à approfondir leurs connaissances du courant littéraire de l,absurde, à comprendre et à reconnapitre ses caractéristiques à travers tous les dsignes théâtraux et à les mener vers l'écriture d'un extrait théâtral en constinuité avec le style de Beckett.

 

LA SÉQUENCE

 

AVANT LA LECTURE

 

Activité 1 - Planifier sa lecture

 

Avant d’amorcer la lecture, des recherches préparatoires permettent de situer la pièce de Beckett à l'intérieur de contextes historique, social, artistique, littéraire, etc., tout en donnant aux élèves certaines attentes de lecture.[3] L'enseignant valide ou invalide les informations que les équipes d'experts ont retenues afin que les élèves aient les bonnes connaissances sur ces différentssujets. Des fiches de lecture contenant les informations essentielles à retenir sont conçues par l'ensemble de la classe. Ensuite, les élèves sont amenésà expliciter leurs conceptions théâtrales en pénière. Afin de consolider leurs représentations, l.'enseignant présente aux élèves un extrait vidéo d'une pièce de Molière[4] et une extrait de En attendant Godot.[5] Il demande ensuite aux élèves de relever les ressemblances et les différences entre les deux extraits et d'indiquer s'ils répondent aux caractéristiques théâtrales énumérées précédemment. 

 

PENDANT LA LECTURE

 

Activité 2 - Lecture en classe de la pièce En attendant Godot

 

 

Pendant la lecture de la pièce, les élèves seront en conflit cognitif[6], c'est-à-dire que leurs connaissances antérieures seront en contradiction avec les nouvelles connaissances qu'ils rencontreront dans la pièce de Beckett. La lecture de l'oeuvre se fait durant les heures de classe parce que c'est une lecture difficile. De plus, il est bon d'en faire ujne lecture à haute voix afin que les élèves portent une attention particulière aux intonations suggérées par les didascalies. Nous avons prévu un temps d'arrêt entre les deux actes pour amorcer une discussion interprétative et faire des mises au point avant de continuer la lecture permettant de mieux comprendre ce qui suit. L'enseignant ne fait que guider les élèves dans leurs réflexions et ne donne pas de réponses précises aux élèves pour que le conflit cognitif perdure. À la toute fin de la lecture, undébat interprétatif a lieu afin que les élèves puissent échanger leur point de vue. 

 

APRÈS LA LECTURE

 

Activité 3 - L'absurde

 

 

Cette activité a pour but de faire comprendre aux élèves que derrière l’absurde se cache souvent une critique du comportement humain, que ce courant se situe au confluent du tragique et du comique et que les caractéristiques physiques et psychologiques des personnages alimentent l’absurde et l’humour. L’enseignant présente aux élèves quelques manifestations de l’absurde provenant de la même époque qu’En attendant Godot. Il est important que l’enseignant utilise des œuvres de plusieurs champs artistiques afin de voir l’étendue possible de l’absurde à travers d’autres référents culturels[7](Albert Camus, Eugène Ionesco, René Magritte[8]).L’enseignant présente aussi quelques manifestations contemporaines de l’absurde (Jean-Thomas Jobin, André Sauvé, Daniel Bélanger, Zviane et Philippe Geluck).Les élèves sont amenés, à l’aide de questions de l’enseignant, à analyser les œuvres et à relever les liens qui existent entre elles. L’enseignant situe les élèves quant à l’émergence de l’absurde. Il souligne le fait que c’est le questionnement sur l’humain et la critique du comportement humain qui est le moteur de toutes ces œuvres. Les élèves vont voir comment l’humour surgit des comportements et des caractéristiques des personnages[9].L’enseignant demande ensuite aux élèves de travailler en équipe et de relever les caractéristiques physiques et psychologiques des personnages qu’ils classeront sous forme de grille afin de s’en servir comme aide-mémoire.

 

Activité 4 - Langue + action = absurde

 

 

Grâce à cette activité, les élèves sont amenés à comprendre que l’absurde s’exprime aussi par la confrontation du langage et des actions, à repérer l’absurde et le potentiel comique présents dans les répliques et les didascalies ainsi qu’à visualiser la façon d’articuler tout ceci lors de la représentation théâtrale. À l’aide d’extraits sélectionnés par l’enseignant, les élèves doivent faire quelques observations quant à la manifestation de l’absurde. Pour aider les élèves, l’enseignant fera du modelage. Les extraits choisis permettent de voir le paradoxe, bien présent au cœur de l’absurde, qui représente l’impossibilité du changement, l’éternel recommencement pour ne pas dire la fatalité. L’enseignant doit aussi faire comprendre aux élèves que le jeu de l’acteur et la mise en scène sont importants pour ne pas rendre cette pièce ennuyeuse, mais plutôt comique. Pour terminer cette activité, l’enseignant discute avec les élèves des possibilités de mise en scène. Les élèves peuvent aussi suggérer des façons de jouer (rythme, intonations, gestes, etc.) ces extraits afin de faire ressortir le côté comique de la pièce.

 

Activité 5 - Écrire et jouer un extrait de pièce de théâtre

 

 

L’activité finale est l’écriture et la représentation d’un texte théâtral en continuité avec le style de l’auteur et les caractéristiques de l’absurde. Ils doivent inventer une fin relatant l’arrivée de Godot. La classe conçoit une grille d’évaluation qui rassemble, entre autres, les critères généraux suivants : respect des caractéristiques du texte théâtral (dialogue et didascalies), respect des caractéristiques des personnages (Vladimir, Estragon, Pozzo, Lucky), respect des caractéristiques de l’absurde (dichotomie entre le langage et les actions, parole du non-sens, questionnement sur l’humain, à mi-chemin entre la comédie et la tragédie, etc.). Les élèves devront aussi préparer une représentation théâtrale selon les mêmes critères, mais ceux-ci doivent être adaptés à la communication orale (rythme, débit, intonation)[10].

 

Conclusion

 

Grâce à cette séquence, nous voulions faire connaitre aux élèves un courant artistique qui leur est, pour la plupart, inconnu. Les problèmes de lecture qu’elle soulève et qui se résolvent tout au long des activités ont permis aux élèves de comprendre les caractéristiques de l’absurde et d’interpréter la pièce. La finalité de cette séquence aura été d’écrire et de jouer leur propre fin à l’histoire tout en reprenant le style de Beckett, chose qui aurait été impossible sans une progression signifiante des apprentissages.



[1]Samuel Beckett, En attendant Godot, Paris, Les Éditions de Minuit, 2005, 125 pages

[2]Martin Esslin, Théâtre de l’absurde, Paris, Éditions Buchet/Chastel, 1977, p. 377-378

[3] Erick Falardeau,« Pistes d’entrée en littérature ou en lecture? » dans Enjeux 58, décembre 2003, p.86

[4]molière, Le malade imaginaire, http://www.youtube.com/watch?v=_igMkLeRkIo

[5]Samuel Beckett, En attendant Godot http://www.youtube.com/watch?v=iMFeA1ICVaw

[6] Marie Nadeau et Carole Fisher, La grammaire nouvelle. La comprendre et l’enseigner, p.102

[7]Denis Simard, « Comment penser aujourd’hui la nature et le rôle de l’école à l’égard de la formation culturelle des élèves? » dans D.Simard et M.Mellouki (dir.) L’enseignement :profession intellectuelle, Québec, PUL, 2004, p.14

[8]Albert Camus, Le mythe de Sisyphe, Paris, Folio, 1994, 187 pages

Eugène Ionesco Rhinocéros, Paris, Folio, 2001, 246 pages

Marcel Paquet, Magritte, Cologne, Taschen, 2000, 96 pages

[9]Henri Bergson, Le rire : essai sur la signification du rire, édition électronique

http://74.125.93.104/search?q=cache:IXRciCMigckJ:classiques.uqac.ca/classiques/bergson_henri/le_rire/Bergson_le_rire.doc+bergson+rire+%2B+absurde&cd=8&hl=fr&ct=clnk&gl=ca

 

[10] Monique Lebrun et al., « L’expression orale des enseignants : un enjeu social »Québec français num.118, p.53


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