Justification de l'oeuvre
Au cours de leur secondaire, les élèves n’ont pas souvent l’occasion d’approfondir une œuvre littéraire entière. En effet, les enseignants recourent fréquemment à des extraits afin de présenter plusieurs types de littérature à leurs élèves. Cette séquence didactique, qui s’adresse aux élèves de quatrième secondaire, leur permettra d’analyser une pièce de théâtre québécoise. Souvent au cours de leur cursus scolaire, les élèves lisent des pièces de Michel Tremblay ou encore les grands classiques français, c’est pourquoi nous avons choisi de travailler une pièce de Jean Barbeau, soit Manon Lastcall. Cette séquence didactique a donc pour objectif d’initier les élèves au genre théâtral et de leur fournir les outils nécessaires pour se familiariser avec celui-ci et le comprendre davantage. Nous souhaitons plus précisément que les élèves s’approprient la pièce et en interprètent la langue et l’humour. Il s’agit d’une des composantes de la compétence à Lire et apprécier des textes variés[1]. Par son vocabulaire courant, l’œuvre est accessible aux jeunes et les incitera sans doute à travailler davantage (source de motivation). Malgré tout, certaines notions occasionneront des difficultés qui doivent être travaillées afin de favoriser la compréhension des élèves.
Problèmes à résoudre
Les problématiques qui seront donc étudiées dans cette séquence concernent la langue, l’humour et la structure, plus précisément :
- L’opposition entre les registres de langues employés par les deux personnages principaux nécessite une observation de la part des élèves. Alors que Maurice emploie une langue standard, Manon parle le joual (langage populaire). Il est donc intéressant de faire prendre conscience aux élèves des différences entre ces deux niveaux de langue. L’observation et l’étude de ce phénomène langagier les aideront à mieux comprendre le texte et à constater l’effet de ces registres sur la perception des personnages.
- Tout au long de la pièce, l’humour occupe une place importante. C’est pourquoi nous avons décidé de travailler avec les élèves les différents procédés comiques présents dans la pièce. Leur connaissance leur permettra de comprendre leur effet sur le lecteur.
- Afin d’avoir une meilleure compréhension de la pièce, les élèves doivent être familiarisés avec certains éléments spécifiques au genre théâtral, comme les didascalies et les changements d’interlocuteurs. L’analyse de ces éléments leur permettra de dégager les caractéristiques communes au genre théâtral.
LA SÉQUENCE
AVANT LA LECTURE
Activité 1 - Formulation d’hypothèses sur le genre théâtral
Avant de débuter la lecture de la pièce, l’enseignant interroge les élèves sur leurs représentations de la structure des pièces de théâtre. Ainsi, il permet aux élèves de partager leurs savoirs, mais surtout de stimuler leurs connaissances[2]. Cette activité se déroulera en deux volets, soit avant et après la lecture de la pièce, afin de consolider leurs connaissances antérieures et de les approfondir. Pour susciter la discussion, l’enseignant pose quelques questions aux élèves. Ainsi, au terme de la lecture de la pièce (dans l’activité 5), les élèves pourront vérifier, corriger et supprimer certaines hypothèses. La comparaison de leurs hypothèses et de leurs nouvelles connaissances leur permettra également de constater leur progression.
PENDANT LA LECTURE
Activité 2 - Anticipation de la pièce et des personnages
Cette activité permettra aux élèves d’imaginer le caractère des personnages et le déroulement de la pièce. Afin de permettre une anticipation réelle de la pièce de théâtre, nous avons choisi de faire cette activité en deux étapes : lecture du début de la pièce suivie d’un questionnement dirigé. En se fondant sur leur lecture, les élèves pourront faire quelques anticipations. En effet, le début de la pièce nous fournit plusieurs informations pertinentes qui nous laissent présager le déroulement de la pièce et les traits caractéristiques des personnages. L’enseignant questionne les apprenants afin de les faire verbaliser à propos de la lecture faite. Finalement, lors de l’activité d’écriture, les élèves pourront se servir des anticipations faites au début de la séquence et des informations recueillies pendant la lecture.
Activité 3 - Les registres de langue
Cette activité a pour objectif de repérer les niveaux de langue et de les différencier. Ainsi, au terme de la séquence, les élèves seront en mesure de poursuivre l’écriture de la pièce, tout en respectant les registres de langue attribués aux personnages. Nous avons décidé de travailler la langue pendant la lecture de la pièce pour que les élèves puissent observer, à partir d’exemples préalablement choisis, les différentes caractéristiques des deux registres. L’enseignant interrompt la lecture, revient sur les observations des élèves, leur donne la véritable terminologie attribuée à ces deux registres de langue et mentionne leurs principales caractéristiques. Comme les niveaux de langue utilisés par les personnages donnent un sens à la pièce, il interroge ses élèves sur les effets qu’ils provoquent chez eux. À la suite de cette discussion, l’enseignant fait prendre conscience aux élèves de l’importance du langage dans la caractérisation des personnages, car il leur permet de dépeindre les deux principaux personnages de la pièce[3].
Activité 4 - Procédés comiques
Cette activité permettra aux élèves de reconnaitre les divers procédés comiques et de comprendre leurs effets sur les lecteurs. Par la modélisation[4], l’enseignant montre aux élèves l’effet d’un procédé comique et en identifie la cause. À la lecture d’un extrait, l’enseignant interroge les élèves. Ainsi, en plénière, les élèves pourront discuter des procédés comiques utilisés par l’auteur de la pièce de théâtre et en vérifier la cause. De cette manière, les apprenants découvriront diverses façons de faire rire.
APRÈS LA LECTURE
Activité 5 - Suite de la formulation des hypothèses
Maintenant que la lecture de la pièce de théâtre est terminée, l’enseignant repose certaines questions formulées dans la première activité. À la suite de la discussion suscitée par ces questions, l’enseignant complète les informations données par les élèves en précisant la terminologie de chacun des éléments liés à la structure. Au terme de cette activité, les élèves pourront réajuster et approfondir leurs connaissances initiales sur la structure théâtrale.
Activité 6 - Écriture de la suite de la pièce
La lecture de cette pièce de théâtre nous a donc permis d’étudier sa structure, le caractère des personnages, la langue et les procédés humoristiques utilisés par l’auteur. Afin que les élèves réinvestissent leurs nouvelles connaissances et pour nous assurer de leur compréhension, nous considérons que la tâche d’écrire est l’instrument approprié. Pour ce faire, nous avons décidé de demander aux élèves d’écrire un pastiche dans lequel ils devront intégrer les régularités de la pièce[5]. La consigne d’écriture donnée permet aux élèves d’être créatifs, et ce, même s’ils doivent respecter certaines contraintes. Comme cette activité est liée à la lecture, elle a un intérêt didactique et entraine une plus grande motivation pour les élèves[6].
[1] Programme de formation de l’école québécoise, secondaire deuxième cycle, Programme de français, langue d’enseignement, p. 31-32.
[2] J. Giasson, « Stratégies d’intervention en lecture : quatre modèles récents », dans Préfontaine et Lebrun, La compréhension en lecture, 1995, p. 235.
[3] S-G. Chartrand et al., op. cit., p. 302.
[4] M. Fayol, « La production de textes écrits. Introduction à l’approche cognitive », dans Éducation permanente, no. 102, 1990, p. 28.
[5] A. Petitjean, « Pastiche et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques », Pratiques, 42, 1984, p. 6.
[6] M. Grégoire, « Paul dans la classe de français. Une activité qui conjugue lecture de bandes dessinées et écriture. », Québec français, no. 149, 2008, p. 49.