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La lumière blanche

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
La lumière blanche
POITRAS, Anique
Par Marie-Pier Hamelin Morais et Ariane Matton


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Roman
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Premier cycle secondaire
Auteur de la séquence : Marie-Pier Hamelin Morais et Ariane Matton
Date du dépôt : Hiver 2009


 

Justification de l'oeuvre

 

Pour notre séquence didactique, qui s’adresse aux élèves du premier cycle du secondaire, nous avons choisi de travailler La lumière blanche d’Anique Poitras. Les références multiples à la pièce de théâtre Roméo et Juliette de Shakespeare – considérée comme un classique de la littérature – nous permettent de croire que cette œuvre est pertinente pour l’enseignement de la littérature en classe de français. Cette œuvre est assez complexe pour que les élèves puissent résoudre des problèmes de lecture.

 

Situations-problèmes

 

Un premier problème s’impose dès le premier chapitre lorsque le lecteur remarque la présence de références culturelles dans La lumière blanche. Il s’agit de l’intertextualité, « constitutive de la littérature, [qui] incarne toutes ces références plus ou moins implicites à d’autres voix que les auteurs honorent ou raillent en les intégrant délibérément ou non à leur création[1]. » Ce problème de lecture permet aux élèves de développer leur compétence culturelle en classe de français. Ils doivent posséder des connaissances préalables sur l’histoire de Roméo et Juliette pour mieux apprécier l’œuvre. Ces dites connaissances ne sont pas essentielles, mais le fait de les posséder permettrait aux élèves de dépasser la simple compréhension de l’histoire racontée, pour saisir les références culturelles et les intentions de l’auteure derrière certains passages du roman. Au-delà d’une simple construction de repères culturels, nous amènerons les élèves à comprendre et à interpréter l’intrigue d’Anique Poitras avec le phénomène d’intertextualité omniprésent dans son œuvre.

 

Nous pensons aussi que le style d’écriture de l’auteure et ses intentions par rapport à ses lecteurs adolescents représentent un autre problème de lecture, régi par les contraintes de la littérature jeunesse. Nous voulons donc qu’au terme de la séquence les élèves puissent reconnaitre[2] un roman jeunesse par ses caractéristiques. Nous visons aussi l’analyse de l’intemporalité d’une œuvre dans les thèmes et le style d’écriture des auteurs. Enfin, nous aimerions susciter chez les élèves le plaisir de découvrir de nouvelles œuvres, de nouveaux genres, de nouveaux courants littéraires et de nouveaux auteurs.

 

LA SÉQUENCE

 

AVANT LA LECTURE

 

Activité 1  – Roméo et Juliette

 

Parce que l’œuvre d’Anique Poitras cite souvent la pièce Roméo et Juliette, nous croyons qu’il importe que les élèves la connaissent. C’est donc pour qu’ils puissent saisir les rapprochements faits entre le couple Sara/Serge et celui de Roméo et Juliette que les élèves seront d’abord amenés à aborder la pièce de Shakespeare. Pour ce faire, ils doivent avoir une connaissance de base en lecture de théâtre et l’avoir travaillé en classe avec l’enseignant. Il remet aux élèves une liste des personnages de la pièce avec leurs caractéristiques principales et les liens qui les unissent aux autres, ainsi que des découpures d’un condensé de la pièce de Shakespeare. Chaque élève reçoit un acte, et il se met en groupe avec ceux qui ont eu le même que lui. En équipes ainsi formées, les élèves doivent lire leur passage, s’attribuer un rôle et l’interpréter devant la classe. Le condensé n’ayant pas de répliques, les élèves sont amenés à les inventer, tout en respectant ce qui leur est dicté dans le texte. Finalement, l’enseignant distribue le condensé complet à tous les élèves. Ils doivent le garder, ils en auront besoin plus tard.

 

Activité 2  – Le modelage

 

L’enseignant lit à voix haute aux élèves le premier chapitre du roman La lumière blanche. Par la technique du modelage, l’enseignant incarne le lecteur expert et représente un modèle pour les élèves qui sont plutôt débutants en lecture de textes. Cette deuxième activité sert à préparer la lecture puisque les élèves entament le roman en observant les stratégies adoptées par leur enseignant lorsqu’il leur fait la lecture du premier chapitre. Le but du modelage est de montrer aux élèves comment l’enseignant se questionne au fil de sa lecture et comment il vérifie ses hypothèses de lecture. Enfin, tout ce que l’enseignant fait inconsciemment lorsqu’il lit, il doit l’énoncer aux élèves, afin que ceux-ci sachent par la suite de quelle manière aborder le texte et à quels processus se référer pour devenir plus compétents en lecture. Durant le modelage, ils observeront les intentions de l’auteure, s’initieront au phénomène d’intertextualité présent dans son œuvre, aborderont les thèmes universels et le concept d’intemporalité. Le travail ainsi accompli amènera les élèves « à développer des compétences qui amélioreront [leurs] capacités à déjouer les obstacles polymorphes du texte[3]. » À la suite de cette activité, les élèves auront à lire les chapitres 2 à 10 inclusivement.

 

PENDANT LA LECTURE 

 

Activité 3 – Hypothèses de lecture

 

Les élèves seront amenés à poser des hypothèses quant au dénouement de l’histoire. Pour ce faire, ils devront d’abord approfondir leurs connaissances relatives au roman jeunesse. L’enseignant distribue donc une fiche présentant les principales caractéristiques de la littérature jeunesse. Par exemple, le roman jeunesse a toujours une intention morale. On vise à montrer des valeurs. Enfin, les élèves sont amenés à imaginer quelle sera la fin du roman.

 

Activité 4 – Réseaux de textes

 

Avant de débuter cette activité, les élèves lisent individuellement tout le reste du roman (chapitres 11 à 22). À la suite de la lecture, les élèves comparent l’intégralité du roman d’Anique Poitras avec deux œuvres. Dans un premier temps, ils se réapproprient l’histoire de Roméo et Juliette. Par la suite, les élèves lisent un extrait de l’œuvre Les Métamorphoses[4] d’Ovide. Ils créent un tableau contenant les similitudes et les différences entre l’œuvre intégrale et les deux autres textes. Ce tableau est un outil créé par les élèves qui leur servira ensuite à analyser les référents présents dans des extraits précis du roman d’Anique Poitras qui auront été sélectionnés d’avance par l’enseignant. À la fin de l’analyse de référents de la pièce de Shakespeare dans l’œuvre intégrale, les élèves saisissent mieux le phénomène d’intertextualité ainsi que les intentions de l’auteure, en ce qui a trait au caractère du personnage principal et à la morale présente dans l’œuvre. Une question synthèse met fin à cette activité : à la suite de ce que vous venez de lire et de l’analyse des extraits, en quoi Sara peut-elle être comparée à Juliette?

 

APRÈS LA LECTURE

 

Activité 5 – Visionnement d’un film

 

            Depuis la toute première activité, l’enseignant mentionne que les thèmes abordés par Shakespeare et ensuite par Poitras sont indémodables, intemporels. En effet, l’amour, la mort, l’incompréhension ressentie à l’adolescence, etc. sont des thèmes qui seront toujours actuels. Pour le prouver, l’enseignant présentera aux élèves le film Roméo et Juliette[5] d’Yves Desgagnés. Cette œuvre a adapté la pièce de Shakespeare aux réalités actuelles des adolescents québécois. Le visionnement de ce film permettra non seulement de démontrer combien l’intemporalité des thèmes est indéniable, mais surtout, il permettra de rejoindre les élèves. En effet,

il est certainement possible [de] tirer avantage [du cinéma] quand il s’agit, dans [le cadre] d’un cours, de mener des étudiants à s’intéresser à la littérature…, surtout si l’on considère que cet intérêt, indispensable à une juste compréhension des œuvres qu’on leur demandera de lire, est généralement loin d’être acquis[6].

 

Les élèves comparent la pièce de Shakespeare avec le film. L’enseignant leur distribue un questionnaire auquel ils doivent répondre durant le visionnement. L’activité se termine par un retour en grand groupe. Il importe qu’au courant de cette mise en commun, il ressorte que, malgré les multiples différences dues aux époques respectives des œuvres abordées, la majoritéde ces différences ne sont en fait que des adaptations d’une même réalité.

 

Activité 6 – Le pastiche

 

Cette activité permettra de vérifier si les élèves ont atteint les objectifs d’apprentissage de la séquence. L’atteinte de ces objectifs par les élèves sera évaluée par un pastiche qui porte un véritable intérêt parce qu’il « est un exercice susceptible de vérifier ou de consolider les acquis en matière de lecture et d’écriture. » L’enseignant donnera la consigne d’écriture aux élèves : « Au dernier chapitre, Sara rencontre Serge dans un « voyage astral», imaginez-vous qu’ils n'aient pas pu se rencontrer et se parler, que serait-il arrivé d’après vous, est-ce que Sara aurait tout de même trouvé une raison de vivre? » L’enseignant définit les contraintes d’écriture avec les élèves en leur demandant de s’inspirer de la fin de la pièce de Roméo et Juliette pour créer un parallèle avec la fin du roman d’Anique Poitras. Les élèves doivent écrire un extrait de pièce de théâtre et réinvestir les connaissances littéraires apprises tout au long de la séquence, en trouvant une manière de répondre à la question posée dans la consigne d’écriture. Ils peuvent décider de laisser mourir Sara ou de la laisser en vie, mais leur choix devra être justifié et pertinent en réponse à la question posée par l’enseignant.

 

Conclusion

 

Notre séquence didactique permet aux élèves de mieux comprendre et interpréter l’intrigue. La poursuite des objectifs d’apprentissage et les liens établis entre les activités assurent aux élèves l’acquisition de stratégies de lecture et les font progresser dans les compétences en lecture et en écriture. Les diverses activités proposées leur ont laissé des outils, des stratégies et des processus afin d’entrevoir le phénomène d’intertextualité dans son ensemble et d’envisager les intentions de l’auteure.

 


[1] Érick Falardeau, « Intertextualité et didactique : le préalable de la compétence culturelle », dans les Actes du colloque de Reims, avril 2004, p.1.

[2] Ce texte adopte l’orthographe rénovée à la suite des Rectifications orthographiques approuvées par l’Académie française en janvier 1991.

[3] Érick Falardeau, « Pistes d’entrée en littérature ou en lecture? », dans la revue Enjeux, no 58 (décembre 2003),  p.86.

[4] Ovide, « Les Métamorphoses », Paris, GF Flammarion, 1966,  p.112-115.

[5] Roméo et Juliette, réalisé par Yves Desgagnés, mettant en vedette Thomas Lalonde, Charlotte Aubin ainsi que Jeanne Moreau, Québec, 2006.

[6] Guy Genest, « Le cinéma au service de la littérature », publié dans Québec français, printemps 1994, numéro 93, p.91

[7] André Petit Jean, « Pastiche et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques », dans la revue Pratiques,

no 42 (1984), p.6.


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