Justification de l'oeuvre
La bande dessinée Persepolis de Marjane Satrapi a été publiée en 2000. Son adaptation en un long métrage d’animation[1] a obtenu le prix du jury au Festival de Cannes 2007. L’image et le texte sont les deux codes complémentaires qui composent une bande dessinée. L’étude de la composante visuelle de l’œuvre est nécessaire en classe. Or, le graphisme en noir et blanc de Persepolis fait réagir émotionnellement le lecteur et traduit bien la réalité subjective, cette dimension étant très importante puisque l’œuvre est une autobiographie en bande dessinée. L’auteure a connu dans son enfance la révolution iranienne et plus tard la guerre avec l’Irak; Persepolis demeure une œuvre littéraire d’une grande richesse et son analyse selon la perspective socioculturelle est certes pertinente en classe de français.
Problèmes à résoudre
Le récit fait également montre du choc entre deux visions du monde, soit celle qui se rapporte à la culture iranienne et celle des pays occidentaux. Porter une attention particulière aux différences culturelles en classe permet aux jeunes de s’interroger sur leur propre culture et sur leurs préjugés. Par ailleurs, les personnages de Persepolis sont tous complexes, voire même marginalisés. La famille Satrapi est riche, musulmane et intellectuelle. Elle demeure néanmoins ouverte aux idées de gauche et n’appuie pas toutes les valeurs de la révolution islamique. De plus, les personnages se transforment au cours de l’histoire. Les chapitres relatent la vie de Marjane Satrapi enfant, adolescente et puis jeune adulte. D’ailleurs, les élèves peuvent facilement s’identifier à Marjane adolescente. La compréhension du récit est tributaire de la capacité des élèves à bien cerner la psychologie des personnages.
Préalables : La séquence s’adresse à des jeunes de quatrième secondaire
ayant déjà abordé le genre de la nouvelle. L’enseignant doit aussi
avoir travaillé avec eux les caractéristiques du journal de lecture.
Dans le cadre de cette séquence, le contexte historique de l’œuvre
n’est pas exploré formellement. En effet, la complexité de l’œuvre
oblige à cibler certains angles d’approche, comme les points de vue des
personnages et les différences culturelles, puisqu’il s’avère
impossible d’en faire l’étude exhaustive.
LA SÉQUENCE
AVANT LA LECTURE
Activité 1 - Le contexte socioculturel de l’œuvre et les perceptions des différences culturelles
- Objectif spécifique: L’activité vise à familiariser l’élève avec le contexte socioculturel de l’œuvre. Il apprend à faire appel à ses connaissancespour résoudre un problème de lecture et il remet en question ses perceptions des différences culturelles.
L’enseignant questionne l’ensemble des élèves sur leurs perceptions des différences culturelles. Les élèves notent ces conceptions qui renvoient à des hypothèses de lecture. Ensuite, l’enseignant distribue un extrait de Persepolis et un autre de Burquette. Ces planches sont choisies en fonction de ce qu’ils représentent, c’est-à-dire, un choc entre deux cultures. L’enseignant demande aux élèves de noter les informations en lien avec le contexte socioculturel qu’ils découvrent dans les extraits. En plénière, l’enseignant revient sur les nouvelles informations recueillies et les compare avec les idées préconçues notées auparavant, lors de l’activation des connaissances.
PENDANT LA LECTURE
Activité 2 - Étude de l’image
- Objectif spécifique: L’activité a pour but d’initier l’élève au langage visuel de la bande dessinée. L’élève apprend à analyser le contenu symbolique des cases de la bande dessinée en s’appropriant des connaissances spécifiques propres à la composition de l’image tels les différents plans et les angles de vue.
L’enseignant remet aux apprenants une planche de Persepolis sans le texte. L’enseignant demande aux élèves regroupés en équipes d’expliquer leur lecture des cases. Il valide ensuite les réponses obtenues avec la planche originale. Un enseignement magistral suit cet exercice[2]. L’enseignant donne alors des informations sur la composition de l’image et sur son rôle dans la bande dessinée. L’enseignant termine l’activité en distribuant aux élèves le sous-chapitre intitulé Les Bijoux sans le texte. Cet épisode raconte un moment de la guerre vécu par la famille Satrapi. Les élèves doivent écrire le récit narratif de cet épisode.
Activité 3 - Étude des personnages
- Objectif spécifique: L’activité vise à développer chez l’élève des connaissances sur les personnages et leur rôle dans l’histoire. L’élève apprend à cerner la psychologie complexe des personnages de Persepolis.
Les élèves sont invités à tenir un journal de lecture[3] sur les personnages importants de l’œuvre à l’aide de la question suivante : Si vous aviez à présenter les personnages à quelqu’un qui ne connaît pas l’œuvre, comment les décririez-vous? Le travail se fait selon le modèle des « équipes-experts ». Les personnages sont distribués (un par équipe) : Marjane, les parents, la grand-mère et les amis. Pendant la lecture, les élèves notent dans leur journal les informations recueillies sur les personnages et les mettent en commun (en équipe). Ensuite, ils partagent les informations aux autres équipes. L’enseignant peut diriger la discussion par les questions suivantes :
1. Quelles sont les caractéristiques physiques de votre personnage?
2. Quelles sont ses caractéristiques psychologiques?
3. A-t-il des ressemblances avec un personnage d’une autre œuvre ou avec une personne connue?
4. Quelles sont les valeurs qu’il véhicule?
5. Quelles transformations ou quels changements remarquez-vous chez les personnages? À quelle période de l’histoire (ou de la vie) les attribuez-vous?
APRÈS LA LECTURE
Activité 4 - Tâche d’écriture
- Objectif spécifique: L’activité vise l’évaluation des savoirs suivants:
- L’élève comprend et décrit de façon exacte les personnages
- Il saisit le sens de l’histoire grâce à la lecture du texte et de l’image
- Il place son récit dans le contexte socioculturel et il fait ressortir le choc des deux cultures (orient et occident)
L’enseignant demande aux élèves de choisir l’un des sous-chapitres de Persepolis à l’exception de l’épisode intitulé « Les bijoux » qui a déjà été travaillé dans une activité précédente. Les élèves doivent ensuite transposer l’épisode de la bande dessinée sélectionné sous la forme d’une nouvelle littéraire.
Bibliographie
DESHARNAIS, Francis, Burquette, Montréal, Les 400 coups, 2008, 84 p.
FORMOSA, Gil, « Technique BD » Illustrateur Freelance, [en ligne]. http://gil.formosa.free.fr/Formosa-TheorieBD-Compo.html [site consulté le 9 avril 2009].
GIGUÈRE, Michel, « Une place pour la bande dessinée au collège », dans Québec français, no 149 (printemps 2008), p. 44-47.
GRÉGOIRE, Michaël, « La mauvaise réputation », dans Québec français, no 149 (printemps 2008), p. 37-41.
HÉBERT Manon, « Le journal de lecture comme genre d’écrit réflexif », dans Québec français, no 149 (printemps 2008), p. 65-66.
KORKUT, Ece, La bande dessinée en classe de français, Ankara, Université Hacettepe, Faculté de Pédagogie, 1995, p. 57-62.
LAPIERRE, Pascal, « La substitution… une activité par la BD et pour la BD », dans Québec français, no 149 (printemps 2008), p. 54-57.
LEBRUN, Marlène et Christine COULET, « Favoriser un rapport critique à la lecture/écriture littéraire en constituant la classe comme une communauté active de lecteurs et d’auteurs », dans Enjeux, no 57, (septembre 2003), p. 99-114.
MELS, « Domaine des langues. Français langue d’enseignement », Programme de formation de l’école québécoise 2e cycle du secondaire, [en ligne]. http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeFormation/secondaire2/medias/5b-pfeq_fle.pdf [document consulté le 3 avril 2009]. 136 p.
MELS, « Domaines généraux de formation », Programme de formation de l’école québécoise, [en ligne]. http://www.mels.gouv.qc.ca/DGFJ/dp/programme_de_formation/secondaire/pdf/prform2004/chapitre002v2.pdf [document consulté le 23 mars 2009], 10 p.
SATRAPI, Marjane, Persepolis, Paris, L’Association, (Coll. Ciboulette), 2007, 365 p.
THÉRIEN, Michel, « De la définition du littéraire et des œuvres à proposer aux jeunes », dans Didactique du français. Bilan et perspectives, Québec, Nuit blanche, 1997, p. 19-31.
VERSTAPPEN, Nicolas, « Dimension universelle », dans Qu’est-ce que la bande dessinée aujourd’hui?, Paris, Beaux Arts éditions, p.158-159.
[1] Le long métrage a été réalisé par Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi.
[2] Voir Gil Formosa, « Technique BD » Illustrateur Freelance, [en ligne]. http://gil.formosa.free.fr/Formosa-TheorieBD-Compo.html [site consulté le 9 avril 2009].
[3] Voir Manon Hébert, « Le journal de lecture comme genre d’écrit réflexif », dans Québec français, no 149 (printemps 2008), p. 65-66.