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Les justes

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Les justes
CAMUS, Albert
Par Josianne Daigle


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Théâtre
Courant : Existentialisme
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Josianne Daigle
Date du dépôt : Automne 2004


Pertinence de l’œuvre choisie

La pièce de théâtre Les justes, d’Albert Camus, raconte l’expérience de jeunes terroristes qui, pendant la révolution russe de 1905, décident de lancer une bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Le sujet est toujours d’actualité, dû au contexte mondial affecté par le terrorisme, et c'est pourquoi nous croyons qu'il touchera la sensibilité des étudiants. Ce texte nous semble assez accessible pour un étudiant du collégial, tout en contenant des zones de mystère, des zones problématiques amenant l’étudiant à se questionner. Les personnages des Justes confrontent le lecteur à la question délicate de la justice rendue grâce à un acte meurtrier, ce qui place la pièce de Camus dans une vision particulière du monde, intéressante à étudier dans le cadre du second cours de la formation générale en français, Littérature et imaginaire.

Problèmes à résoudre

La justice est l’élément central de la pièce qui pousse les personnages à agir selon leurs idéaux et leur conscience. Ils sont révoltés, et leurs actions aux conséquences mortelles s’inscrivent dans l’esprit de la tragédie, inspiration avouée de Camus. Selon ces deux aspects, l’étudiant aura à :
- reconnaître les caractéristiques de la tragédie, afin d’établir les liens existant entre celle-ci et la pièce à l’étude ;
- comprendre les tensions que contient le texte, particulièrement par les relations entre les personnages et les oppositions qui en résultent ;
- rendre compte de ces apprentissages en développant un argumentaire lié à un sujet précis qui relève du thème de la justice, étudié tout au long de cette séquence didactique : la fin justifie-t-elle les moyens ?

PRÉSENTATION DE LA SÉQUENCE DIDACTIQUE

Avant la lecture

Cours 1

Ce cours sert à réactiver les connaissances des étudiants en matière de théâtre. L’enseignant pose des questions d’ordre général aux étudiants sur les pièces qu’ils ont vues ou lues, les artisans dont ils ont entendu parler et les différents types de théâtre qu’ils connaissent1. L’histoire du théâtre et les codes théâtraux sont ensuite abordés, afin de s’assurer que tous les étudiants possèdent un bagage commun avant de commencer la lecture et en prévision des divers travaux à réaliser. Un petit lexique de ces notions de théâtre est annexé aux notes de cours de l’étudiant2.

Cours 2

Pour aider les élèves à se constituer un horizon d’attente, leur attention est dirigée sur l’objet-livre, notamment sur le paratexte. Cela leur permettra de formuler des hypothèses et de se préparer à la lecture. La méthode de Michel Vinaver3 est ensuite utilisée dans le but d’analyser l’œuvre « à froid ». Il s’agit de faire une lecture au « ralenti » d’un extrait à voix haute avec les étudiants, et de s’arrêter sur chacune des répliques. On y dégage la situation de départ, les thèmes et les actions produites, en fonction des didascalies et des paroles. Des liens sont établis entre le début et la fin du segment, ainsi qu’entre le contenu du segment et ce que l’on sait de la pièce en entier. Nous proposons de faire cet exercice à l’aide des sept premières pages de l’acte II, qui racontent la première tentative d’attentat de Kaliayev.

Cours 3

Le contexte historique, l’auteur et le courant auquel l’œuvre se rattache sont abordés. L’enseignant présente la biographie et l’œuvre de Camus, selon les trois cycles de son écriture : l’absurde, la révolte et le jugement. Les caractéristiques du courant existentialiste sont illustrées par des extraits de la nouvelle « Le Mur », de Sartre ; et la section « Les meurtriers délicats », tirée de L’homme révolté, permet aux élèves de mieux saisir le sujet traité dans Les justes. Pour amorcer l’étude portant sur le thème du terrorisme, le contexte actuel est examiné à l’aide d’articles de journaux et de discussions de groupe. Les évènements marquants de la révolution russe sont ensuite énoncés et illustrés par des extraits du film Anastasia4, de Don Bluth, et le documentaire Octobre 175, de Gilles Delannoy. Quelques informations fournies par l’enseignant à propos du contexte d’écriture de l’après-guerre et de la situation algérienne permettent de clore la mise en contexte de l’oeuvre.

Pendant la lecture

Cours 4

Cette séance vise à explorer et à émettre des hypothèses sur le type de théâtre que constitue la pièce Les justes. Un retour est fait sur les caractéristiques de la tragédie et du drame, vues brièvement au premier cours. Les étudiants sont invités à les repérer dans des extraits de tragédies et de drames, par exemple de Racine et de Beaumarchais. Il y a comparaison avec l’œuvre à l’étude, en tentant d’appliquer les règles de chacun des types de théâtre sur Les justes. Pour faciliter la lecture de l’œuvre de Camus, une grille de lecture avec les divers critères de la tragédie et du drame est distribuée à la fin du cours.

Cours 5

Les étudiants visionnent la pièce de théâtre Les justes, mise en scène par Roger Hanin et diffusée par TF1 à l’aide du ministère de la Culture en France, datant de 1985. À la suite de ce visionnement, les élèves sont invités à écrire une courte critique de la pièce en s’appuyant sur le lexique des codes théâtraux fourni plus tôt dans la séquence.

Cours 6

Le schéma narratif est élaboré en groupe, ce qui permet notamment de mettre en relief les actions principales et la scène où Kaliayev remet en question son projet d’attentat. Les relations entre les personnages sont analysées par les « couples » de la pièce : Kaliayev/Stepan, Kaliayev/Dora, Kaliayev/la grande duchesse, etc. Ce point de vue sur le texte met en évidence les oppositions entre les personnages sur les principaux thèmes abordés, soit l’amour, la haine, la vision du meurtre, la révolte, la violence, etc.

Après la lecture

Cours 7

Les élèves réfléchissent aux possibilités qui s’offraient, selon eux, aux personnages et aux conséquences qu’elles auraient pu avoir sur le dénouement si elles s’étaient réalisées. En équipe de trois ou quatre, les étudiants doivent réécrire les derniers instants de l’action dramatique, en changeant le destin d’un ou de plusieurs personnages. Ils sont ensuite conviés à discuter de ces avenues explorées et à analyser les réelles possibilités de cette vision, en regard de la psychologie des personnages et de la pensée de Camus.

Cours 8

Ce cours est réservé au travail d’équipe préparatoire aux présentations orales du prochain cours : les débats. Les élèves peuvent consulter le professeur, lui demander conseil et réajuster leurs arguments si nécessaire. Il s’agit d’une dernière vérification avant l’évaluation.

Cours 9 et 10

Les deux périodes sont employées à l’évaluation des étudiants, dans le cadre d’un débat opposant deux équipes de quatre ou cinq élèves sur cette question : « Selon les divers personnages de la pièce Les justes, d’Albert Camus, la fin justifie-t-elle les moyens ? » Chacune des équipes peut débattre selon l’idéologie et la psychologie d’un personnage, par exemple Dora contre Kaliayev, Stepan contre Kaliayev, etc., ce qui rend les débats plus diversifiés. Un document d’accompagnement est exigé et évalué. Il comprend, en première partie, les arguments et contre-arguments débattus en classe, et la seconde partie est consacrée à la vision personnelle de l’étudiant sur le terrorisme actuel.

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1 Ce procédé s’inspire d’un article de Jacques Lecavalier, paru dans la revue Québec Français : Jacques Lecavalier, « L’enseignement stratégique en français-théâtre au collégial », Québec Français, no. 90, été 1993, p. 65-79.
2 Cette idée vient de M. Luc Roland-Brunard, professeur au Cégep de Limoilou.
3 Cette méthode est tirée d’un article de Jean-Pierre Ryngaert, « Le retour au texte, pour quoi faire ? », Enjeux, no. 35, juin 1995, p. 9-36.
4 Anastasia, réalisé par Don Bluth, Gary Goldberg (An American Tail), États-Unis, 1997, dessins animés, 1h 34 min.
5 Octobre 17. La révolution russe, réalisé par Gilles Delannoy, France, 1987, documentaire, 54 min.


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