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L'Avare

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
L'Avare
MOLIÈRE
Par Caroline Vallée


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Théâtre
Courant : Classicisme
Siècle : 17e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Caroline Vallée
Date du dépôt : Automne 2004


L’étude du texte de théâtre présente d’emblée des situations problèmes directement reliées au genre littéraire. Ainsi, le théâtre, par sa double nature (texte et représentation), exige un encadrement serré de la lecture. Cette séquence didactique porte sur une comédie classique, L’Avare, de Molière. Plusieurs autres points justifient ce choix. Le siècle où a été créée la pièce, son caractère comique et le thème universel qu’elle aborde, présentent plusieurs défis de lecture aux élèves. De plus, comme il s’agit d’un auteur largement étudié au collégial, nous croyons qu’il serait pertinent d’aborder l’un de ses textes dans une approche didactique particulière permettant une meilleure compréhension de ce type d’écriture. Nous relevons trois situations problèmes à la lecture de L’Avare. Celles-ci concernent plus spécifiquement la compréhension du thème, la lecture d’une pièce de théâtre et la compréhension de l’ironie par les procédés comiques.

L’AVARICE

Le thème de l’avarice, exploité dans L’Avare de Molière, constitue le noyau de la pièce. Afin de situer les élèves par rapport à ce thème, nous croyons pertinent de relever les définitions de l’avarice et de l’avare dans différents dictionnaires et de leur remettre. Pour bien comprendre le thème exploité dans une œuvre littéraire, il ne suffit cependant pas de se référer aux définitions officielles. La compréhension passe essentiellement par la reconnaissance du thème à partir d’exemples différents. Il est intéressant de noter que le cas de l’avarice se traite d’abord et avant tout en relation avec un personnage en particulier. Ainsi, à travers les textes présentés, ce sont les personnages qui correspondent aux connaissances antérieures des élèves. Bien souvent, en plus d’être tirés des textes, ces personnages ont fait l’objet d’une transposition visuelle. Séraphin, personnage principal d’Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon et de la série télévisée Les belles histoires des pays d’en haut, est très connu des élèves notamment grâce à la version cinématographique qui en a été faite en 2002. Encore très près d’eux, le personnage de Walt Disney, Picsou, inspiré de Scrooge d’Un conte de Noël de Charles Dickens, est un très bon exemple d’avaricieux. Finalement, bien que ce personnage ne soit pas tiré d’une œuvre littéraire, Rénald, interprété par Marc Labrèche dans la série télévisée La petite vie, fait aisément le pont entre le caractère avaricieux et la personnification théâtrale. Des liens fort intéressants peuvent également être créés entre cette série culte et le théâtre. Nous suggérons ensuite de faire le pont entre ces textes et les textes sur la postérité et l’origine de l’œuvre présents dans les dossiers accompagnant le texte dans les éditions scolaires. Des écrits de la même époque que L’Avare sont également présentés. C’est donc le moment d’intégrer les connaissances contextuelles du champ littéraire du XVIIe siècle. Nous proposons aux élèves une activité formative à partir d’une fable de La Fontaine, L’avare qui avait perdu son trésor. Celle-ci interroge les élèves à propos d’expressions tirées du texte. Cet exercice permet à l’enseignant de vérifier la compréhension du groupe afin de voir s’il est préférable de poursuivre la séquence ou de revenir sur la thématique selon les besoins identifiés.

VOIR LE THÉÂTRE

Bien souvent, les élèves en sont à une première lecture d’un texte de théâtre et n’ont pas en main les outils nécessaires pour réaliser celle-ci de façon adéquate. Il est important de les questionner à ce sujet et de les interroger sur leur conception du genre. Il devient ainsi plus aisé de les amener vers des notions concrètes telles que les didascalies, les dialogues et monologues, le public et l’écriture du théâtre. Cette partie préparatoire à la lecture doit absolument amener les élèves à imaginer le jeu des comédiens. Lire une pièce de théâtre exige un effort de visualisation. L’aspect spectacle contenu dans le texte doit être porté à l’attention des élèves pour que leur lecture soit efficace et plaisante. À cet effet, l’ouvrage de Louise Vigeant, La lecture du spectacle de théâtre1 approfondit cette question et suggère des activités fort pertinentes. La lecture d’une œuvre intégrale doit effectivement laisser une place à l’interprétation, à la lecture personnelle et subjective des élèves.

Afin de faire ressortir la dimension « représentation » du théâtre, nous leur proposons une activité formative de création et de comparaison de la mise en scène d’une scène de L’Avare. N’oublions pas que ceux-ci n’ont pas encore lu le texte en entier et que l’exercice s’effectue à partir de leurs connaissances thématiques, historiques et sociales du texte en question. D’abord, ils prennent connaissance de la scène 7 de l’acte 4, soit le monologue de délire d’Harpagon. En équipe de quatre, les élèves construisent une mise en scène. Il doit donc être question de décors, de costumes, de déplacements, de gestes et d’expressions de la part du comédien. À la suite de cette création, la scène en question leur est présentée suivant deux interprétations : d’abord, la prestation de Louis de Funès dans le film de 1979, puis une représentation visuelle sur transparents de la bande dessinée de Lihou datant de 1977. À la suite à ces représentations, les équipes sont invitées à relever les différences et les similitudes entre ces diverses interprétations et la leur. En travaillant sur cette scène, nous désirons piquer la curiosité du groupe et susciter le goût de lire la pièce.

L’IRONIE

Tout d’abord, il convient d’expliquer ce qu’est l’ironie, comment elle est intégrée à la littérature et pourquoi on l’utilise. Toutes les réponses à ces questions peuvent être trouvées dans des ouvrages théoriques concernant le comique2. Pour notre part, nous croyons que la compréhension de l’ironie de Molière est intimement liée à la compréhension du texte : « Le comique de l’ironiste tient donc au fait de jouer une certaine comédie. Le jeu est de présenter comme sérieux ce que l’on ne pense pas3 ». La compréhension de l’ironie ne se limite pas à la connaissance de notions théoriques. Aussi, croyons-nous important de présenter un réseau de textes faisant état de procédés et de contenus ironiques. Nous proposons par exemple le premier chapitre de Candide de Voltaire qu’il est très intéressant d’analyser avec les élèves. Nous suggérons également de choisir des extraits d’autres pièces de Molière comme, par exemple, Le Tartuffe et Les précieuses ridicules. Ces extraits sont extrêmement pertinents pour les élèves puisqu’il s’agit d’un même auteur.

Les élèves sont maintenant prêts à procéder à la lecture complète du texte. Nous croyons qu’il est pertinent de les guider dans celle-ci par une grille de lecture très précise créée en plénière. Nous devrions retrouver dans cette grille une case pour identifier l’extrait en question en indiquant l’acte, la scène et les vers marquant le début et la fin, une pour indiquer le ou les personnages qui s’y trouvent, une autre pour indiquer s’il s’agit d’une situation comique, d’un vocabulaire comique, d’un geste ou d’un comportement comique et, finalement, une case pour faire la synthèse de ce que l’on doit comprendre de ce passage. À leur retour en classe, nous croyons important qu’une période de temps soit allouée aux impressions de lecture. Les extraits que contient la grille de lecture sont alors analysés en classe sous forme de plénière. Durant cette période, il est important que l’enseignant tisse des liens avec les notions présentées en préparation à la lecture. La grille de lecture permet également à l’enseignant de préciser les types de comiques (comique de geste, de situation, de caractère et de mots) et de faire le pont avec les figures de style que les élèves ont apprises précédemment.

Les élèves doivent maintenant rédiger une lettre d’opinion adressée à Molière. Pour ce faire, nous leur proposons un dossier critique de l’œuvre en question pouvant être constitué à partir des différentes critiques contenues dans les dossiers pédagogiques accompagnant les diverses éditions de L’Avare. Les élèves doivent maintenant passer à la rédaction de leur lettre d’opinion d’environ 700 mots. Nous suggérons à l’enseignant de guider cette production par la création d’un plan de rédaction devant être évalué de façon formative. Les élèves doivent prendre position : Est-ce drôle ou non ? Pourquoi ? Les procédés stylistiques et les types de comiques proposent-ils une ironie dénonciatrice ? Comment procède l’auteur ? Ce genre de questions aidera les élèves à structurer leur argumentation. La lettre d’opinion constitue une évaluation sommative. Ainsi, le temps qui est consacré à cette rédaction peut varier d’une institution à une autre. Dans notre cas, nous croyons que six heures, en plus du travail réalisé à la maison, devraient être suffisantes. En tout, cette séquence didactique s’échelonne sur une douzaine de cours excluant la rédaction du plan et de la lettre d’opinion.

___________________________
1 Louise Vigeant, La lecture du spectacle de théâtre, Laval, Mondia, 1989, 226 p.
2 Nous suggérons à cet effet, un petit ouvrage fort intéressant d’Aline Geyssant, Nicolet Guteville et Asifa Razack, Le comique, Paris, Ellipse, collection réseau, 2000, 124 p.
3 Idem.

BIBLIOGRAPHIE

GAYSSANT, Aline, GUTEVILLE, Nicole et RAZACK, Asifa, Le comique, Paris, Ellipses, 2000, 124 p.

MOLIÈRE, L’Avare : texte intégral !, Bande dessinée de Lihou, Paris, Dessain et Tolra, 1977, 96 p.

VIGEANT, Louise, La lecture du spectacle théâtral, Laval, Mondia, 1989, 226 p.

FILMOGRAPHIE

MOLIÈRE, L’Avare, film mis en scène part Jean Girault et Louis de Funès, réalisé par Films Christian Fechner, 1979, 120 min.


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© 2024, Université Laval
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