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Mort à crédit

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Mort à crédit
CÉLINE, Louis-Ferdinand
Par Simon Lachance-Paquet


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Roman
Courant : Autres
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Simon Lachance-Paquet
Date du dépôt : Hiver 2009


 

Pertinence de l’œuvre sélectionnée

 

L’œuvre autour de laquelle nous avons choisi de bâtir cette séquence didactique est Mort à crédit[1], le deuxième roman de l’écrivain français Louis-Ferdinand Céline. Ce roman pourra s’insérer parfaitement dans le cadre du cours de français 102[2], car il présente une vision du monde originale, représentative de l’esprit carnavalesque qui animait la littérature française du début du vingtième siècle[3]. De plus, comme le plan-cadre du Département de français du Cégep de Sainte-Foy stipule que le genre narratif (avec les notions de narration, de temps, de point de vue et de voix) doit être favorisé lors du cours de français 102[4], Mort à crédit pourra s’avérer un choix judicieux, car il constitue, avec À la recherche du temps perdu de Proust et Les Faux-monnayeurs de Gide, un archétype du renouveau romanesque qui a marqué le début du vingtième siècle littéraire.

           

Nous avons choisi ce roman pour plusieurs raisons. Tout d’abord, comme nous le mentionnions plus haut, Mort à crédit constitue un archétype du roman moderne dont l’originalité ne se situe pas tant au niveau de la structure (comme c’est le cas avec Les Faux-monnayeurs de Gide) ou des idées (comme dans l’immense fresque de Proust), qu’à celui du style. Céline est en effet reconnu pour avoir introduit l’argot et l’intensité de la langue parlée dans la littérature française et, à cet égard, Mort à crédit est probablement le roman dans lequel il pousse le plus loin son originalité langagière et syntaxique. De plus, ce roman – comme toutes les œuvres de Céline – est une autobiographie fictive, c'est-à-dire qu’il aborde, à travers un alter ego fictionnel du nom de Ferdinand Bardamu, des épisodes marquants de l’enfance et de l’adolescence de l’auteur. Ceci nous permettra donc d’aborder avec les étudiants la notion de la figure de l’auteur et de l’autobiographie. L’humour célinien constitue également un atout majeur à la pertinence du texte, puisqu’il permet d’aborder non seulement  les différents types de comique, mais aussi la notion du carnaval élaborée par Bakhtine. Finalement, nous estimons que Mort à crédit offre, grâce à son humour déjanté, à son style épique, et à sa vision du monde à la fois grotesque et grave, un plaisir de lecture à la fois intense et accessible. Son insertion dans une séquence didactique articulée autour d’un problème de lecture adéquat permettra aux étudiants à la fois de développer leur goût pour la lecture et de découvrir, par l’entremise de ce roman, une vision du monde audacieuse, originale et complexe.

 

Problème à résoudre et objectifs

 

La séquence didactique que nous proposons ici est mue par une situation problème visant à éclairer les rapports entre la fiction et la réalité. Plus spécifiquement, nous chercherons à amener les étudiants à comprendre le processus complexe de la représentation fictionnelle et stylisée d’événements réels. En effet, la matière première des romans de Céline est puisée à même la biographie de l’auteur. Cette matière est ensuite triturée, modifiée par le style unique de Céline pour ensuite s’inscrire dans une fiction autobiographique reflétant la vision du monde de l’auteur. C’est ce processus de fictionnalisation que nous plaçons au cœur de notre séquence, car il constitue un problème suffisamment difficile pour pouvoir susciter de nombreuses interrogations (sur le style de l’auteur, son emploi de l’humour, sa vision carnavalesque de l’existence), sans toutefois présenter un défi impossible à relever pour un étudiant du niveau collégial.

           

Nous visons par cette séquence didactique à atteindre un grand nombre d’objectifs pédagogiques. Tout d’abord, nous souhaitons que les étudiants puissent se familiariser avec les caractéristiques du style de Louis-Ferdinand Céline, car c’est à travers celui-ci que prend forme la vision du monde exprimée dans le roman. Plus spécifiquement, nous voudrions que les étudiants soient à même de distinguer le registre auquel appartient le langage célinien, et qu’ils puissent maîtriser le rythme, la scansion qui sous-tend la prise de parole du narrateur. Nous souhaitons également que les étudiants puissent identifier les principaux événements de la vie de Céline. En effet, puisque la majorité de l’œuvre célinienne est inspirée par l’existence même de son auteur, il est nécessaire que les étudiants connaissent le parcours existentiel de Céline, lequel, faut-il le rappeler, était non seulement écrivain, mais a aussi exercé les diverses fonctions de médecin, de polémiste, de soldat et de critique. Les étudiants devront aussi pouvoir identifier les principaux événements historiques qui ont marqué l’existence de l’auteur. En effet, puisque Céline a vertement critiqué, dans ses romans, les excès de ses contemporains, il est nécessaire que les étudiants, s’ils veulent comprendre la vision du monde exprimée par Céline dans Mort à crédit, puissent nommer les principales caractéristiques de la Belle époque. De plus, les étudiants devront se familiariser avec les principales caractéristiques du carnavalesque. La séquence leur permettra aussi de développer leur créativité et leur esprit critique.

 

 

LA SÉQUENCE

 

AVANT LA LECTURE

 

Activité 1 - Mise en contexte historique de l'oeuvre

 

Étant donné que les romans de Louis-Ferdinand Céline jettent un regard pessimiste sur les événements historiques majeurs du début du vingtième siècle (et en particulier sur l’idéalisme en vogue durant la Belle Époque), il nous semble pertinent d’ouvrir notre séquence didactique sur une activité destinée à réactualiser les connaissances historiques des étudiants. Pour ce faire, nous demanderons aux étudiants, dans un premier temps, de se regrouper en équipes de quatre ou cinq. Nous leur demanderons ensuite d’essayer de relever le plus grand nombre possible d’événements ayant marqué la période historique allant de 1880 à 1914. Suite à cela, nous leur demanderons de venir les inscrire au bon endroit sur un axe temporel que nous aurons dessiné au tableau. Finalement, nous compléterons le travail des étudiants en fournissant les informations complémentaires, en insistant sur certains détails ou en soulignant les oublis potentiels. Le matériel nécessaire à cette activité est minime. Seul l’enseignant pourra, s’il le souhaite, concevoir une présentation (à l’aide d’un logiciel comme Powerpoint) dans laquelle il insèrera des images ou des extraits sonores ou vidéo destinés à concrétiser les notions historiques vues en classe. Au terme de cette activité, les étudiants devront être en mesure d’identifier les principales caractéristiques de la Belle Époque et de nommer les principaux événements ayant marqué cette période historique.

 

Activité 2 - Présentation de l'auteur

 

Tous les romans de Céline sont à caractère autobiographique et traitent de périodes bien spécifiques de l’existence de l’auteur. Voyage au bout de la nuit est le roman de l’âge adulte, Casse-Pipe, celui de l’engagement militaire, et D’un château l’autre, Nord ainsi que Rigodon couvrent l’exil en Allemagne. Mort à crédit, lui, témoigne de l’enfance, de l’adolescence et de l’entrée du jeune Ferdinand – alter ego de l’auteur – dans le monde des adultes. Évidemment, grâce à son style et son humour, Céline brouille les pistes, transforme et exagère les événements couverts par ses romans dans le but de transmettre sa propre vision du monde. Par conséquent, il est indispensable, s’ils veulent être en mesure de bien comprendre le mécanisme de transformation et de fonctionnalisation qu’opère le style de Céline, que les étudiants puissent se familiariser avec les principaux épisodes de la vie de l’auteur. Comme il est fort peu probable que des étudiants du niveau collégial connaissent l’existence de Céline, il revient à l’enseignant de présenter, de façon magistrale, les événements marquants de la vie de cet auteur. Évidemment, l’enseignant pourra, s’il souhaite dynamiser son cours, faire appel à une présentation intégrant les TIC. C’est ce que nous avons fait en mettant sur pied, dans le cadre du cours Intégrer les TIC dans l’enseignement collégial, une présentation Powerpoint intitulée Louis-Ferdinand Céline : Sa vie, son œuvre[5]. Cette présentation, dans laquelle on retrouve bon nombre d’images visant à situer l’étudiant et à concrétiser la matière, est essentiellement destinée à démontrer les liens entre les événements marquants de la vie de Céline et les romans écrits par celui-ci. Évidemment, comme la séquence didactique proposée ici ne se penche que sur un seul des romans de Céline – Mort à crédit – la présentation s’attarde plus longuement sur les années d’enfance et d’adolescence de l’auteur. Ici encore, le matériel requis est minimal : un ordinateur équipé d’un projecteur sera nécessaire pour ceux qui souhaitent employer une présentation numérique. Au terme de cette activité, les étudiants devront être en mesure de nommer les principaux événements de la vie de Céline et de relier ces événements à certains épisodes de Mort à crédit.

 

 

PENDANT LA LECTURE

 

Activité 3 - La figure de l'auteur

 

Cette activité vise à introduire les étudiants au concept – fondamental pour l’interprétation du roman de Céline – de la figure de l’auteur. Pour y parvenir, nous allons commencer par distribuer un réseau textuel contenant des extraits des romans Les Faux-monnayeurs[6] d’André Gide, du Vaillant petit tailleur[7] d’Éric Chevillard ainsi que de Lisbonne, dernière marge[8] d’Antoine Volodine. Ces extraits seront choisis parce qu’ils présentent tous un personnage-écrivain à l’œuvre, personnage dont l’identité peut s’apparenter de près (comme c’est le cas avec le roman de Gide) ou de loin (comme dans Lisbonne, dernière marge) à celle de l’auteur véritable des romans. L’objectif est donc, grâce à une lecture attentive des extraits en classe, d’amener les étudiants à saisir les nombreuses nuances qu’apporte le concept de la figure de l’auteur dans un texte, et de leur faire comprendre qu’un personnage-écrivain n’est jamais totalement l’auteur réel du livre, et ce malgré les tentatives de mimétisme employées dans certains romans. Dans un deuxième temps, nous allons interroger les étudiants sur leur lecture des trois premières séquences de Mort à crédit, dans lesquelles le personnage de Ferdinand – alter-ego de Céline – raconte ses difficultés à s’établir dans son nouveau cabinet de médecin, parle de la publication de Voyage au bout de la nuit et se plaint de ses difficultés à écrire. Nous demanderons aux étudiants, à partir de leurs connaissances sur la vie et sur l’œuvre de Céline, de distinguer, dans ces trois séquences, ce qui relève du réel et ce qui relève de la fiction, afin de leur démontrer que le personnage que Céline met en scène, même s’il lui ressemble beaucoup, demeure une création et constitue un moyen, pour Céline, de fonctionnaliser sa propre existence, son propre passé. Cette activité ne nécessitera qu’un réseau de textes et, si l’on veut procéder plus rapidement, un résumé des trois premières séquences de Mort à crédit. Nous avons choisi de placer cette activité au début du processus de lecture du roman car elle permettra aux étudiants de se familiariser avec le concept de la figure de l’auteur.

 

Activité 4 - Registre le langue

 

Cette activité vise à amener les étudiants à distinguer le niveau de langue employé par Céline dans son roman. Pour ce faire, nous procéderons à une activité d’écriture basée sur les Exercices de style[9] de Raymond Queneau. Nous demanderons aux étudiants de choisir une courte histoire pouvant être racontée en cent-cinquante mots maximum, puis nous leur demanderons d’écrire cette histoire trois fois. Tout d’abord, ils auront à l’écrire en employant le registre soutenu, puis ils devront employer le registre courant et, finalement, ils termineront en utilisant le registre familier. Nous ne leur indiquerons pas les différences entre les registres avant l’activité d’écriture, car nous souhaitons qu’ils parviennent tout d’abord à les esquisser eux-mêmes. C’est pourquoi, suite à la période d’écriture, nous demanderons aux étudiants de se regrouper en équipes de quatre ou cinq et de lire, chacun leur tour, leurs textes. Ils devront ensuite construire un tableau à trois colonnes dans lequel ils auront à consigner ce qui constitue selon eux les diverses caractéristiques des trois registres langagiers. Par la suite, un retour en grand groupe sera effectué, au cours duquel le professeur colligera les réponses des étudiants et apportera des nuances, des spécifications et des explications. Finalement, à la lumière des informations dégagées lors de l’activité, l’enseignant pourra demander aux étudiants quel registre de langue emploie Céline. Une discussion pourra être engagée à savoir si le travail stylistique – notamment au niveau de la syntaxe – opéré par Céline range la prose de Mort à crédit dans le registre soutenu, ou encore si ses nombreux emplois du vocabulaire argotique le situent plutôt dans un registre familier, voire vulgaire. Les objectifs de cette activité sont donc de permettre aux étudiants de distinguer, dans des textes, les caractéristiques des divers registres de langue, ainsi que de leur faire comprendre l’innovation qu’a constitué l’emploi extensif de l’argot dans Mort à crédit.

 

Activité 5 - Lectures à voix haute : le ryhtme de la prose

 

Cette activité sera elle aussi articulée autour de l’étude de la poétique Célinienne. Nous tâcherons cette fois-ci de mettre l’accent sur le rythme de la prose de Mort à crédit, en faisant effectuer des lectures à haute voix de divers passages significatifs du texte, comme, par exemple, celui de la colère d’auguste (le père de Ferdinand dans le roman), celui de la traversée vers Londres ou encore celui du discours de Courtial des Perreires. Les étudiants devront présenter rapidement l’extrait qu’ils ont choisi de lire et procéderont ensuite à une courte analyse destinée à dégager les liens entre le rythme et les événements racontés, en se basant sur les questions suivantes : « Comment qualifieriez-vous le rythme de cet extrait? Justifiez votre réponse » et « Le rythme proposé par Céline convient-il au propos de l’extrait? Pourquoi? ». Puisque cette activité ne demande aucun matériel particulier, on pourra étendre sa durée à toute la séquence. Les étudiants pourront donc, au début ou à la fin de chaque séance de cours, lire l’extrait qu’ils auront choisi et le présenter à la classe. Ceci contribuera à créer une atmosphère de détente ou de rituel, propice à faire « intervenir la sensibilité du lecteur.[10] » L’objectif de cette activité sera par conséquent de permettre aux étudiants de s’approprier le texte célinien, d’en saisir le rythme et d’expliquer comment celui-ci constitue, tout comme l’emploi d’un registre de langue familier, un moyen de déformer la réalité grâce à la fiction.

 

Activité 6 - Le comique

 

Une fois que les étudiants se seront suffisamment familiarisés avec les particularités de la poétique célinienne, nous pourrons pénétrer plus avant dans l’interprétation du texte lui-même. Toutefois, nous devrons préalablement fournir aux étudiants quelques notions de base concernant le comique employé dans Mort à crédit, afin de leur permettre de développer un point de vue distancé par rapport à l’humour de Céline. C’est ce à quoi servira la présente activité. Nous présenterons donc, dans un premier temps, les quatre catégories de comique (comique de geste, comique de situation, comique de mots et comique de mœurs). Nous regrouperons ensuite les étudiants en équipe de trois ou quatre, et nous leur demanderons de dégager les passages du texte de Mort à crédit qui les ont fait rire. Suite à cela, nous leur proposerons de classer ces divers passages dans un tableau dont chacune des colonnes correspondra à une des quatre catégories de comique. Nous effectuerons ensuite une synthèse en grand groupe, au cours de laquelle chaque équipe devra d’abord présenter les extraits qu’elle a choisis et, ensuite, dire pourquoi ils ont choisi de classer les extraits dans l’une ou l’autre des catégories de comique. Cette activité ne nécessite qu’un tableau à quatre colonnes, et a pour but non seulement d’initier les étudiants aux diverses catégories de comique, mais aussi de leur permettre de découvrir les nombreuses facettes de l’humour que l’on peut retrouver dans Mort à crédit.

 

Activité 7 - Le carnavalesque

 

Cette dernière activité ayant lieu pendant la lecture est destinée à familiariser les étudiants avec la notion du carnavalesque[11], laquelle est omniprésente dans le roman de Céline. En effet, l’on pourrait presque affirmer que Mort à crédit constitue un récit autobiographique raconté par le narrateur dans un mode carnavalesque. Il est donc nécessaire d’initier les étudiants à cette notion qui, par ailleurs, procure un grand plaisir de lecture à cause de son ludisme et de son originalité. Nous tâcherons donc, dans un premier temps, afin d’offrir un appui visuel à cette notion, de projeter aux étudiants un réseau de toiles représentatives du carnaval selon Bakhtine. Nous avons choisi deux des plus fameuses toiles de Pieter Bruegel l’Ancient, soit Le Combat de Carnaval et Carème (1559) et Le Triomphe de la Mort (1562), ainsi que Les Tentations de Saint-Antoine (1501) de Hiéronymus Bosch, car ces œuvres illustrent toutes les caractéristiques du carnavalesque : humour loufoque et grotesque, délire, inversement des valeurs et des rôles sociaux, etc. Au cours de cette projection, nous demanderons aux étudiants quelles sont leurs impressions par rapport à ces toiles, qu’est-ce qui, selon eux, les caractérise. Nous leur demanderons également s’ils peuvent tisser des liens entre ces toiles et certains épisodes de Mort à crédit. Par la suite, nous enchaînerons avec une explication de la notion de carnavalesque, au cours de laquelle nous distribuerons un réseau de textes comprenant les chapitres XXXIV et XXXV du Gargantua de Rabelais[12], ainsi que des extraits du livre de Bakhtine, François Rabelais et la culture populaire au Moyen-âge et sous la Renaissance. Nous tâcherons, au cours de cette explication, de tisser des liens entre Mort à crédit et les œuvres comprises dans le réseau de textes. L’objectif de cette dernière activité sera donc, premièrement, de permettre aux étudiants de se familiariser avec la notion du carnavalesque et, deuxièmement, de dégager, dans l’œuvre de Céline, les éléments se rattachant à ce concept.

 

Activité 8 - Synthèse des apprentissages et préparation à l'évaluation

 

Cette dernière activité a pour but d’effectuer une synthèse de la matière abordée durant la séquence et de préparer les étudiants à l’évaluation sommative. Il s’agit d’une table ronde au cours de laquelle les étudiants auront à expliquer pourquoi Mort à crédit peut être considéré comme un roman carnavalesque. Avant la rencontre, chaque étudiant devra préparer son intervention, dont il aura préalablement pigé le thème. Chaque thème sera choisi par le professeur et constituera une problématique axée sur le carnavalesque. L’étudiant pourra, par exemple, devoir analyser un passage clé de Mort à crédit en dégageant les éléments carnavalesques du texte; il pourra également devoir chercher des images, des toiles ou des extraits vidéo à teneur carnavalesque pouvant être mis en parallèle avec certains extraits du roman. À la fin de chaque intervention, les étudiants seront amenés à commenter, critiquer ou compléter le travail de leurs collègues. Comme les thèmes disponibles seront forcément limités, on pourra diviser le groupe en quatre sections indépendantes. Ceci permettra non seulement de faciliter les échanges entre les étudiants, mais aussi de s’assurer que les interventions ne se répètent pas. Cette activité sera évaluée de manière formative[13], c'est-à-dire que l’enseignant fournira aux étudiants des rétroactions concernant leurs  performances. Ces rétroactions viseront notamment la qualité de l’expression orale ainsi que la clarté et la pertinence des analyses effectuées par les étudiants, et auront pour but de préparer les étudiants à l’évaluation sommative de fin de séquence. Cette activité permettra de s’assurer que les étudiants sont à même de faire le lien entre la notion de carnavalesque et l’œuvre de Céline. De plus, la formule même de l’activité permettra aux étudiants de parfaire leurs aptitudes à communiquer oralement.

 

 

APRÈS LA LECTURE

 

Activité 9 (évaluation sommative) - Création littéraire

 

Dans le but de vérifier si les étudiants ont bel et bien atteint les objectifs visés par cette séquence didactique, nous leur proposerons d’effectuer une activité de création littéraire dont la consigne sera la suivante : « En vous inspirant du style de Céline dans Mort à crédit, vous tâcherez de rédiger un court texte (environ 900 mots) portant sur un événement de votre propre vie. Votre texte devra comporter des éléments carnavalesques et comiques. » Cette activité comptera pour quinze pour cent de la note finale et sera effectuée en deux temps. Tout d’abord, les étudiants rédigeront leurs textes en classe, sur une période n’excédant pas huit heures. Ensuite, une première correction des textes (formative) aura lieu, au cours de laquelle l’enseignant soulignera les points forts des écrits des étudiants, indiquera les lacunes et proposera quelques pistes en vue de l’écriture du second jet, laquelle aura lieu à la maison. De plus, avec le deuxième jet de leur texte, les étudiants devront remettre un court commentaire justificatif (environ trois cents mots), dans lequel ils devront, d’abord, expliquer les modifications qu’ils ont apportées à leurs travaux et, ensuite, démontrer en quoi leurs choix stylistiques se rattachent au carnavalesque. Comme l’affirme Tauveron, ce commentaire justificatif permettra aux étudiants de prendre une certaine distance par rapport à leurs textes et, par conséquent, favorisera la réflexion critique et métacognitive[14]. C’est cette dernière version du travail qui sera corrigée de manière sommative, selon les critères suivants : originalité du texte (10%), emploi justifié et pertinent d’éléments carnavalesques et comiques (40%), richesse de la langue et qualité du style (20%) et clarté et pertinence du commentaire justificatif (20%). L’enseignant, au cours de cette correction, tâchera de voir si la qualité globale des textes s’est améliorée d’un jet à l’autre, si l’étudiant à travaillé son style et corrigé ses erreurs de langue. Cette activité permettra à l’enseignant de vérifier si les étudiants maîtrisent non seulement les notions du comique et du carnavalesque, mais aussi celle de la fiction autobiographique telle que pratique par Céline dans Mort à crédit.



[1] CÉLINE, Louis-Ferdinand, Mort à crédit, Paris, Gallimard, Coll. Folio, 2000.

[2] Au terme duquel les étudiants devront être en mesure d’expliquer les représentations du monde contenues dans des textes littéraires variés et de différentes époques.

[3] On n’a, à cet égard, qu’à penser à la pièce Ubu roi, d’Alfred Jarry, ou aux expérimentations artistiques du mouvement dada.

[4] Cégep Sainte-Foy, Plan-cadre du département de français, 2005, p.3.

[5] On pourra, afin de consulter le diaporama, se rendre à l’adresse suivante : http://wikini.ten.laval.tuxcafe.org/wakka.php?wiki=PowerpointCeline

[6] GIDE, André, Les Faux-monnayeurs, Paris, Gallimard, Coll. Folio plus Classiques, 2008.

[7] CHEVILLARD, Éric, Le Vaillant petit tailleur, Paris, Minuit, 2003.

[8] VOLODINE, Antoine, Lisbonne, dernière marge, Paris, Minuit, 1990.

[9] QUENEAU, Raymond, Exercices de style, Paris, Gallimard, 1963.

[10] DUVAL, Isabelle, « L’expérience de la poésie au collégial », Québec Français, No. 125, p.55.

[11] Mise sur pied par le théoricien russe Mikhaïl Bakhtine dans son ouvrage intitulé François Rabelais et la culture populaire au Moyen-âge et sous la Renaissance (Gallimard 1982), le carnavalesque implique un renversement ludique et délirant des hiérarchies de valeurs, grâce notamment à l’emploi d’un comique corrosif, vulgaire et grotesque.

[12] Nous opterons, évidemment, pour une édition traduite en français contemporain, l’objectif de l’activité étant davantage reliée à la thématique et aux images présentées par l’œuvre qu’à son intérêt linguistique.

[13] AYLWIN, Ulric, « Apologie de l’évaluation formative », dans Pédagogie collégiale, mars 1995, vol.8, nº 3, p.24-32.

[14] TAUVERON, A-M, « Le commentaire justificatif après l’écriture d’invention ou travailler la prise de distance avec son texte », dans Pratiques, n.127, 2005, p.113.


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