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Candide

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Candide
Voltaire
Par Angéline Cyr et Audrey Duchesne


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Roman
Courant :
Siècle : 18e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Angéline Cyr et Audrey Duchesne
Date du dépôt : Automne 2010


  Séquence didactique

Justification du choix de l’œuvre

Nous avons choisi de construire notre séquence didactique autour de l’œuvre Candide ou l’optimisme de Voltaire. Ce roman s’insère dans le premier cours de littérature au collégial, soit Écriture et littérature, pour des étudiants d’environ dix-huit ans. Candide serait étudié dans cet ensemble en milieu de trimestre, et un nombre de dix cours (vingt heures) est prévu pour résoudre la problématique que nous nous sommes fixée. Voltaire est l’un des auteurs les plus importants du siècle des Lumières et, avec Candide, il a inventé le genre du conte philosophique. De plus, il s’agit d’une œuvre représentative de l’esprit des Lumières et elle a traversé le temps pour devenir un classique qui demeure d’actualité. Par ailleurs, c’est une œuvre qui contient beaucoup de matériel pour une analyse littéraire. Elle permet notamment d’étudier les procédés humoristiques et l’ironie. Elle est intéressante parce qu’elle frappe l’imaginaire et qu’elle fait réfléchir sur de nombreuses questions éthiques, morales et sociales, ce qui favorise le développement d’un esprit critique.

 

 

Avant la lecture

Amorce, problème et objectif

Nous faisons tout d’abord la présentation d’un extrait du Bye Bye 2008[1] perçu comme raciste par certaines personnes. Nous lisons des lettres de téléspectateurs en colère et passons un extrait des excuses de Véronique Cloutier et Louis Morissette. S’ensuit une discussion : qui a raison? Quelle est la cause de cette polémique? Nous en viendrons à l’importance de saisir l’ironie et d’avoir un esprit critique dans la vie de tous les jours. Ainsi, le problème que les étudiants devront résoudre au cours de cette séquence didactique est le suivant : déceler, comprendre et interpréter l’ironie contenue dans Candide. Nous poursuivons les objectifs suivants : développer les capacités d’analyse, développer l’esprit critique, apprécier les subtilités de l’ironie et être en mesure d’utiliser ce procédé.

 

Activité 1 – préparation des étudiants

Nous activons les connaissances antérieures des étudiants en plénière, à l’aide de questions, au sujet de Candide, de Voltaire, du siècle des Lumière et de l’ironie. Nous enchaînerons avec une présentation sommaire de l’auteur et de l’œuvre. Ensuite, nous discutons en grand groupe sur les horizons d’attentes, puis sur les stratégies de lecture que les étudiants utilisent habituellement. Au besoin, nous  en suggérons d’autres pour maximiser l’efficacité de leur lecture, tels le résumé de chapitre, l’écriture de mots-clés en marge, etc. Pour finir, nous distribuons l’échéancier de lectuire et des directives : les étudiants doivent noter les problèmes de compréhension qu’ils auront rencontrés ainsi que leurs questionnements et les éléments qui les auront surpris. Une période de deux heures est prévue pour cette activité.

 

Activité 2 – démystification de l’ironie

La première partie du cours est consacrée à une activité destinée à démystifier l’ironie et à la distinguer des notions de sarcasme et d’insulte. Nous formons ensuite des équipes de quatre et nous leur distribuons divers documents qui décrivent l’ironie, le sarcasme et l’insulte. En équipe, les étudiants doivent synthétiser ces notions dans un tableau. Par la suite, nous présentons de courts extraits vidéo et nous leur remettons divers documents[2] qu’ils classent dans les catégories établies précédemment. Puis nous procédons à une mise en commun du travail des équipes afin de consolider les connaissances nouvellement acquises. L’activité tiendra en une heure trente. La dernière demi-heure de la séance est concacrée à un bloc d’exposé magistral sur l’esprit du siècle des Lumières, une partie du contexte sociohistorique (les classes sociales, les relations entre les hommes et les femmes, l’éducation, la religion) et la philosophie de Leibniz afin de préparer la lecture de la première partie de Candide.

 

Pendant la lecture

Activité 3 – début d’analyse

Cette activité se tiendra en trois périodes de deux heures. À chacune des périodes, les étudiants discutent en équipe de leurs problèmes de compréhension et de leurs réactions par rapport aux chapitres lus, puis ils doivent décrire les personnages, résumer l’action, repérer les passages ironiques, les situations choquantes et les critiques de Voltaire sur la société. Ils doivent aussi discuter des effets des éléments relevés, ce qui leur permettra d’entamer le processus d’interprétation.

 

Les trois cours consacrés à la lecture de l’œuvre sont ponctués par des exposés magistraux sur divers aspects des Lumières. À cet effet, nous distribuons aux étudiants une ligne du temps qui inclut les principales œuvres de la littérature française et étrangère, ainsi que les principaux repères historiques et sociaux du XVIIIe siècle. Nous faisons écouter de la musique baroque aux étudiants et leur projetons des images d’œuvres d’art. Nous abordons plus en détails la philosophie des Lumières en France en soulignant la contribution de Rousseau et de Diderot avec son Encyclopédie, dont nous lirons l’extrait attribué à Dumarsais intitulé Le philosophe. Nous expliquons les formes littéraires prisées à l’époque[3]. Nous touchons les salons et la vision de l’Amérique au XVIIIe siècle (afin de mieux comprendre l’épisode où Candide visite l’Amérique). Nous présentons la biographie de Voltaire, appuyée d’un extrait du film Voltaire et l’affaire Calas[4]. Lors de nos exposés magitraux, nous souligons également la censure au siècle des Lumières, ce qui amène une discussion avec les étudiants autour de la censure aujourd’hui (dans le but de développer l’esprit critique). Enfin, les auteurs importants de l’époque sont présentés et nous faisons la lecture de quelques extraits de leurs œuvres marquantes : Diderot (Jacques le fataliste et son maître), Montesquieu (Les lettres persanes), Beaumarchais (Le mariage de Figaro) et Rousseau (Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes). De plus, nous lisons une lettre de Voltaire à Rousseau qui illustre leur désaccord.

 

Activité 4 – Le conte philosophique et les Mille et une nuits

Nous parlerons aussi de l’invention du conte philosophique. Nous présentons de plus l’influence des Mille et une nuits au XVIIIe  siècle. Nous faisons une mise en parallèle de Candide avec le conte Alâ’ad-Dîn Abû sh-Shâmât des Mille et une nuits, dont nous lirons quelques extraits. Avec leur équipe habituelle, les étudiants devront trouver les similitudes entre les deux contes. Nous faisons un retour avec toute la classe en fin d’activité, laquelle a une durée de trente minutes.

 

Après la lecture

Activité 5 – partage des hypothèses  

Nous présentons un extrait du film Tristram Shandy[5] où la médecine est tournée en ridicule de façon ironique. En grand groupe, les étudiants doivent dire s’ils voient des similitudes entre cet extrait et des passages de Candide. Ensuite, avec leur équipe, ils doivent émettre des hypothèses d’interprétation sur l’œuvre entière et tenter de répondre à la question suivante : « Selon vous, quel est le sens de l’œuvre, qu’est-ce que l’auteur tente de dire à travers Candide? ». Nous discutons des impressions de lecture, de la compréhension globale et des pistes d’interprétations des étudiants, et nous prenons soin de les noter pour la suite de l’analyse. Nous faisons ensuite un retour sur certains passages cruciaux de l’œuvre (au château de Vestphalie, chez les Bulgares, auto-da-fé, El Dorado, la fin etc.). Trente minutes sont nécessaires à cette activité.

 

Activité 6 — présentation du film Ridicule et joute de mots d’esprit

Nous présentons le film Ridicule[6] après avoir donné aux étudiants les directives sur les notes qu’ils doivent prendre : repérer des exemples d’ironie, de sarcasme et d’insultes, et noter leurs différents effets sur les personnages. La projection prend tout un cours. Durant une autre séance, pendant une demi-heure, nous discutons des éléments relevés, puis les étudiants sont invités à se préparer pour la joute de mots d’esprit qui aura lieu à la séance suivante : ils reçoivent une liste d’insultes connues qu’ils devront transformer en pointes ironiques. Lors de la joute, chaque étudiant pige l’une des expressions de la liste qui a été remise au cours précédent et en fait une pointe ironique ou sarcastique. La qualité des mots d’esprit est jugée par les pairs. Les étudiants qui ont lancé les meilleures pointes reçoivent une récompense.

 

Activité 7 – fin de l’analyse de Candide

Guidés par la question : « Comment Voltaire utilise-t-il l’ironie dans son œuvre et quels en sont les effets? », les étudiants, en équipes, doivent relever dans l’œuvre les passages pertinents. L’enseignant les supervise en faisant le tour des équipes. Ensuite, les hypothèses émises sont reprises et les étudiants sont invités à retourner dans le texte pour valider ou réfuter ces hypothèses. S’ensuivent une mise en commun et une validation des conclusions des étudiants. Deux périodes de cours sont prévues pour l’analyse, soit quatre heures.

 

Activité 8 — rédaction d’un paragraphe d’essai

Nous donnons aux étudiants des notions[7] sur l’essai lors d’un exposé afin de les préparer à la rédaction qu’ils devront réaliser au cours suivant. Durant la période, ils rédigent un paragraphe d’essai sur un sujet de leur choix, en ayant pour contrainte l’utilisation de l’ironie. Les étudiants s’autocorrigent à l’aide d’une grille. À la fin de la séance, avec les étudiants, nous choisissons les thèmes pour l’essai final afin qu’ils puissent s’y préparer adéquatement et faire quelques recherches. Nous leur demanderons de trouver un certain nombre d’arguments sur l’un des sujets.

 

Activité 9 (sommative) — rédaction d’un essai

La séance est consacrée à la rédaction de l’essai ironique qui critique un aspect de la société. L’essai doit comporter au moins 600 mots. Par la rédaction de cet essai, nous serons en mesure d’évaluer de façon sommative l’atteinte de nos objectifs et la maîtrise des procédés de l’ironie. Ainsi, nous voulions amener les étudiants à déceler et à comprendre l’ironie pour ensuite les amener à maîtriser ce procédé pour qu’ils soient en mesure de l’utiliser eux-mêmes dans d’autres contextes. Bref, pour permettre aux étudiants de transférer leurs connaissances. De plus, l’écriture d’un essai permet l’évaluation du développement de l’esprit critique et d’analyse.

 

 



[1] Émission présentée sur la chaîne de télévision de Radio-Canada, réalisée par Véronique Cloutier et Louis Morissette, 2008.

[2] Les documents sont des extraits d’œuvres littéraire (Les Fables de La Fontaine, Les lettres persanes de Montesquieu, etc.), des extraits d’émissions (Daria, les Simpson, Infoman, etc.) et des caricatures (Côté, Fleg, la revue Safarir, etc.).

[3]  Ces genres littéraires étant le roman épistolaire, les récits qui se prétendent véridiques, l’essai, le conte philosophique et le théâtre.

[4] Téléfilm de Francis Reusser, 2009, voir http://www.commeaucinema.com/film/voltaire-et-l-affaire-calas,140300.

[5] Film réalisé  par Michael Winterbottom, 2006, voir http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=108215.html.

[6] Film réalisé par Patrice Leconte, 1996, voir http://www.cinemovies.fr/fiche_film.php?IDfilm=8602.

[7] Nous présentons les caractéristiques de l’essai (style, ton, but), les divers types (pamphlet, polémique, etc.), et faisons une lecture d’extraits d’essais de chaque type.


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