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Dix petits nègres

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Dix petits nègres
CHRISTIE, Agatha
Par Mélanie Morin


Nationalité de l'auteur : Anglaise
Genre : Roman
Courant :
Siècle :
Groupe d'âge visé : Premier cycle secondaire
Auteur de la séquence : Mélanie Morin
Date du dépôt : Hiver 2011


 

 

JUSTIFICATION ET PERTINENCE DE L’ŒUVRE CHOISIE

Le choix de cette œuvre s’explique par le fait qu’elle se distingue des autres romans policiers par la qualité de la trame narrative qui en fait l’exemple même de la perfection en matière d’intrigue policière. En effet, le lecteur est mystifié jusqu’aux dernières lignes du récit. Cette particularité suscitera l’intérêt des élèves et les amènera à camper le rôle de l’enquêteur en construisant des hypothèses en cours de lecture. Par l’entremise de ce roman d’énigme, les élèves entreront en contact avec la Bible, œuvre sacrée qui fait partie de notre culture et de notre patrimoine, mais qu’ils ne connaissent que très peu. Ils pourront également pousser leur réflexion sur la justice qui revêt une dimension particulière. Dix petits nègres se distingue par la qualité de la traduction, car le choix du vocabulaire est judicieux et les règles syntaxiques sont respectées. En somme, cette œuvre regorge de rebondissements et présente des défis de lecture réalistes pour les élèves du premier cycle.

 

 

PROBLÈMES DE LECTURE

-Familiariser les élèves au genre policier et plus particulièrement au roman d’énigme

-Interpréter le mécanisme de la machination et ses effets

-Comprendre la thématique de l’opposition entre le bien et le mal

 

 

AVANT LA LECTURE

 

Activité 1 — Présentation de l’œuvre

Il importe de présenter aux élèves une activité d’appropriation1 pour les familiariser avec l’objet à l’étude. L’objectif poursuivi est de créer un horizon d’attente chez les élèves. Pour ce faire, l’enseignant leur montre l’illustration de la première de couverture et leur lit le court texte du quatrième de couverture. Il leur demande de quel genre il s’agit et de justifier leurs réponses. L’enseignant établit la typologie du roman policier, soit le roman noir, le roman de suspense et le roman d’énigme, en approfondissant davantage ce dernier sous-genre. Il demande ensuite aux élèves s’ils connaissent Agatha Christie et en fonction des réponses émises, il leur présente une biographie de l’auteur. Finalement, l’enseignant dresse un bref portrait du mode de vie des années 40 en Angleterre. Par cette présentation, les élèves se représentent le contexte dans lequel se déroulera l’intrigue, ce qui leur permettra de s’y inscrire lors des activités suivantes.

 

 

PENDANT LA LECTURE

 

 

Activité 2 — Les personnages et le décor

L’objectif de cette activité est que les élèves réussissent à dresser le portrait des personnages principaux et du lieu où se déroule l’intrigue afin qu’ils s’imaginent bien le cadre de base du récit. Après avoir lu les deux premiers chapitres, les élèves recensent les 10 personnages principaux par ordre d’apparition (Lawrence Wargrave, Vera Claythorne, Philip Lombard, Émily Brent, Macarthur, Dr Armstrong, Anthony Marston, M. Blore et M et Mme Rogers) et indiquent où ils se rencontrent (l’ile du Nègre). L’enseignant sépare ensuite la classe en 11 équipes en attribuant un personnage aux 10 premières et l’ile à la dernière. En fonction des assignations délivrées, il énonce la consigne suivante : dans un tableau, dressez le portrait de votre personnage en indiquant son nom, son âge, sa profession, sa situation économique, ses caractéristiques physiques et psychologiques, les renseignements particuliers sur son passé et la raison de sa venue sur l’ile; dans un tableau, dressez le portrait de l’ile en la décrivant, en indiquant les rumeurs à son sujet et en indiquant l’effet qu’elle produit chez les personnages.

 

Chaque équipe présente ensuite le fruit de son travail à l’avant de la classe et les élèves complètent leur tableau pour obtenir une description détaillée des invités et de l’ile. L’enseignant clôt l’activité en leur expliquant que les premiers chapitres du roman policier servent à présenter les personnages afin que le lecteur puisse les connaitre, se les imaginer et s’intéresser à eux, car la ou les victimes et le ou les coupables se trouvent parmi eux.

 

Activité 3 — Le raisonnement2

L’enseignant précise aux élèves que dans les romans policiers, les apparences sont souvent trompeuses et que le but de l’auteur est d’engager les personnages de son intrigue, mais aussi le lecteur, sur de fausses pistes. Par conséquent, cette activité a pour objectif d’amener les élèves à établir la crédibilité des personnages en jugeant de l’objectivité et de la subjectivité des informations recueillies afin de pouvoir adopter un point de vue critique envers chacun d’eux. Regroupés en équipe, les élèves reprennent le tableau élaboré précédemment et revoient chacune des informations en répondant aux questions suivantes. Qui raconte, pense ou dit cela? L’information est-elle donnée par le narrateur, par le personnage ou par autrui? Comment l’information est-elle rapportée? Est-ce que les personnages mentent ou déforment la vérité?

 

Par la suite, les élèves surlignent les informations qui proviennent du narrateur. Ils découvrent que ces dernières revêtent une valeur objective, qu’elles sont vérifiables et observables, contrairement aux autres qui sont subjectives. Les élèves font la distinction entre ce qui est narré et ce qui est dit ou pensé. Ils constatent que le travail d’observation et d’analyse qu’ils viennent d’effectuer leur permet de juger la crédibilité des personnages. L’enseignant leur demande alors de rédiger un texte de 250 mots selon la consigne suivante : en sachant qu’un des personnages est le meurtrier, lequel a le plus « la tête de l’emploi » et pourquoi? Après la rédaction, les élèves forment des groupes de discussion et expliquent leur choix. Ils constatent qu’ils peuvent adopter des points de vue différents malgré le travail de classification réalisé précédemment. Les élèves émettent des hypothèses à propos des présumés coupables, ce qui les motive à poursuivre la lecture. Par cette activité, les élèves comprennent que pour laisser planer le suspense, la meilleure technique est de présenter dès le début du roman des personnages ambigus, qui ne sont ni trop sympathiques, ni trop antipathiques.

 

Activité 4 — Lecture progressive de l’œuvre

La lecture progressive accompagnée d’un questionnaire3 permet d’encadrer les élèves lorsqu’ils lisent l’œuvre hors classe. Le but de cette activité est d’amener les élèves à cibler les procédés utilisés pour recréer l’univers anxiogène du roman d’énigme et à comprendre ses effets sur les personnages. Pour ce faire, les élèves lisent les chapitres recommandés. Ensuite, ils font des prédictions4 et répondent aux questions dans leur journal de lecture, ce qui aide à la compréhension du texte et permet de développer l’autocorrection de la pensée.

 

Lecture des chapitres 3 à 8

  1. Quel évènement vient perturber l’ambiance festive et fait démarrer l’histoire?
  2. Comment les personnages réagissent-ils? Fais un tableau des aveux et des dénégations.
  3. Pourquoi les accusations apparaissent-elles au début du chapitre 3 et non au début du roman? Quel effet cette inversion produirait-elle chez le lecteur?
  4. Quels éléments matériels sont utilisés pour susciter l’angoisse chez les invités? Comment le meurtrier les utilise-t-il? Réussit-il à créer l’effet voulu? Pourquoi?
  5. Comment caractérises-tu le rythme de la narration? Relève la chronologie des évènements.

Lecture des chapitres 9 à 12

  1. Comment caractérises-tu le rythme de la narration? Quels effets crée-t-il chez les personnages? Relève la chronologie des évènements.
  2. Quelle attitude adoptent les personnages? Pourquoi?
  3. Vers quel personnage les accusations sont-elles dirigées? Fais un schéma qui le démontre. D’après toi, qui est le meurtrier et pourquoi?
  4. Dans ces chapitres, des objets disparaissent. Quel effet cela produit-il?

Lecture des chapitres 13 à 16

 

  1. Continue à établir la chronologie des évènements. Que remarques-tu?
  2. Dans quel état se trouvent les personnages? Justifie ta réponse.
  3. Est-ce que le meurtrier utilise toujours la même mise en scène? Pourquoi?

Lecture de l’épilogue

  1. Quelles sont tes réactions à la suite de la lecture des aveux?
  2. As-tu réussi à identifier le meurtrier? Comment as-tu fait?
  3. En quoi le roman Dix petits nègres se distingue-t-il des autres récits d’énigme?

 

Après chaque bloc de lecture, les élèves mettent en commun leurs réponses et en discutent. Ils comprennent que le même scénario se répète tout au long de l’intrigue et que les personnages sont les victimes d’une machination diabolique. Par cette activité, les élèves auront travaillé différents aspects du roman à énigme, dont le suspense, le rythme, le décor et l’effet de surprise qu’entraine la découverte du coupable. Afin de faciliter la transition vers l’activité suivante, l’enseignant invite les élèves à livrer leurs impressions sur la confession du juge, ce qui les incite à se pencher sur la question du triomphe de la justice et de l’opposition entre le bien et le mal.

 

 

APRÈS LA LECTURE

 

 

Activité 5 — L’opposition entre le bien et le mal

Cette activité a pour objectif d’amener les élèves à interpréter l’image de la victoire du bien sur le mal véhiculée par les personnages et par le langage figuré. Pour y arriver, les élèves doivent d’abord comprendre que certains personnages, outre le premier rôle qu’ils campent, cachent une symbolique précise. Pour se familiariser à la thématique de l’opposition entre le bien et le mal, les élèves lisent le conte québécois L’étranger. Ensuite, en équipe, ils en ciblent la thématique (il faut toujours respecter les préceptes religieux, dont celui de ne pas danser lors du Mercredi des Cendres, sous peine d’une punition en cas de transgression) et précisent ce que représentent les personnages principaux. Ils s’aperçoivent que Rose et le diable symbolisent le mal, tandis que le curé évoque le bien. Ainsi, les élèves comprennent que la thématique de la victoire du bien sur le mal est bien présente dans ce conte.

 

Afin de transférer cette notion dans le roman Dix petits nègres, les élèves relisent les aveux du juge et indiquent la symbolique de ce personnage en s’appuyant sur des extraits du texte. Ils constatent que le juge représente le triomphe de la justice et ils le confirment par ces passages : « J’ai toujours été fermement convaincu que le droit devait prévaloir » (p. 197), « mais attention : je n’éprouvais aucun plaisir à y voir un innocent » (p. 197).

 

L’enseignant mentionne aux élèves que cette thématique s’illustre dans des personnages, mais aussi dans des passages précis du texte, dont les deux suivants qu’il lit à voix haute. « Vêtue d’une robe de faille noire, Émily Brent lisait sa Bible dans sa chambre en attendant le dîner. Elle remuait les lèvres tout en suivant son texte : « Les païens sont précipités dans la fosse qu’ils ont eux-mêmes creusée; au filet qu’ils ont eux-mêmes tendu ils se prennent le pied. Yahvé s’est fait connaître. Il a rendu le jugement. Il a lié l’impie dans l’ouvrage de ses mains. L’impie sera livré à la géhenne éternelle. » Ses lèvres se pincèrent. Elle referma la Bible (p. 33). - Je me souviens d’une phrase de la Bible qui était encadrée dans ma chambre, quand j’étais petite, murmura miss Brent : « Sache que ton péché te rattrapera. » C’est très vrai cela. « Sache que ton péché de rattrapera. » (p. 77)

 

L’enseignant cible des mots que les élèves ne connaissent pas et leur demande de les définir. Les élèves apprennent à chercher dans un dictionnaire et à repérer rapidement l’information adéquate. Ensuite, dans une discussion menée par l’enseignant, les élèves dégagent la signification des métaphores présentes dans ces extraits. Ils découvrent que toute transgression de la loi entraine une peine et qu’il est inutile de nier la vérité, car elle sera un jour connue de tous. Ils établissent une analogie entre ces passages et le thème du roman. Ainsi, les élèves comprennent que le langage figuré permet de rendre le texte plus expressif et de livrer un message particulier.

 

Activité 6 — Les remords

L’objectif de cette activité est d’amener les élèves à s’interroger sur les effets psychologiques de la confrontation entre le bien et le mal sur les personnages. Pour ce faire, les élèves lisent trois extraits du Nouveau Testament (Judas veut livrer Jésus aux chefs des prêtres, L’arrestation de Jésus et La mort de Judas). En équipe, ils discutent du comportement de Judas. Ils émettent des hypothèses sur son évolution psychologique et exposent les raisons qui le poussent à se pendre. Ensuite, ils comparent l’exploitation des remords dans l’épisode de la trahison de Judas et dans le chapitre 16 du roman. À la fin de cette activité, les élèves comprennent que les remords suscités par l’opposition entre le bien et le mal poussent Judas et Véra au suicide.

 

Activité 7 — Évaluation formative

L’enseignant rappelle aux élèves qu’un des procédés de la machination élaborée par le juge est de suivre la comptine pour perpétrer ses meurtres. Il leur précise toutefois que cette dernière a parfois été modifiée et que la version de Frank Green se termine par « Il s’est marié, n’en resta plus du tout » au lieu de « Se pendre, il s’en est allé, n’en resta plus du tout ». Plusieurs adaptations théâtrales ou cinématographies empruntent aussi cette fin plus heureuse. Afin d’évaluer les apprentissages des élèves, l’enseignant leur présente une activité de création. Il leur donne la consigne suivante : dans un texte de 300 mots, réécrivez la fin de l’intrigue en tenant compte de la modification de la fin de la comptine. Cette réécriture suppose que les élèves se sont approprié les caractéristiques du roman d’énigme et qu’ils ont saisi l’évolution psychologique des personnages. Ils devront démontrer qu’ils comprennent bien le mécanisme de la machination et la thématique de l’opposition entre le bien et le mal qui entraine la victoire de la justice en les intégrant adéquatement dans leur texte.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

AUBERT DE GASPÉ, Philippe-Ignace-François, « L’étranger », dans Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXe siècle, [en ligne]. http://books.google.com/

 

Bonnes Nouvelles Aujourd’hui, Le Nouveau Testament en français courant d’après le texte grec, Toronto, Société biblique canadienne, 1986, p. 68-73.

 

CHRISTIE, Agatha, Dix petits nègre, Paris, Le livre de poche, Édition 17, 2000, 222 p.

 

DUFAYS, Jean-Louis, Louis GEMENNE, et Dominique LEDUR, Pour une lecture littéraire, Histoire, théories, pistes pour la classe, Bruxelles, De Boeck, 2005, 370 p.

 

DUMORTIER, Jean-Louis, « Pour composer des questionnaires de compréhension qui favorisent l’autonomie du lecteur, dans Vie pédagogique, no 118 (février-mars 2001), p. 51-54.

 

LECAVALIER, Jacques et Suzanne RICHARD, Enseigner la littérature au secondaire et au collégial, Une démarche stratégique, Montréal, Chenelière Éducation inc., 2010, 91 p.

 

LITS, Marc, Le roman policier : introduction à la théorie et à l’histoire d’un genre littéraire, Liège Éditions du CÉFAL, 1993, 220 p.

 

LITS, Marc, Pour lire le roman policier, Bruxelles, De Boeck, 1989, 246 p.

GIASSON, Jocelyne, La compréhension en lecture, Boucherville, Gaëtan Morin Éditeur, 1990, 255 p.

 

 


 

1Marc Lits, Pour lire le roman policier, Bruxelles, De Boeck, 1989, p. 40.

 

2Jocelyne Giasson, La compréhension en lecture, Boucherville, Gaëtan Morin Éditeur, 1990, p. 145-149.

 

3Jean-Louis Dumortier, «Pour composer des questionnaires de compréhension qui favorisent l’autonomie du lecteur », dans Vie pédagogique, no 118 (février-mars 2001), p. 51-54.

 

4Jocelyne Giasson, La compréhension en lecture, Boucherville, Gaëtan Morin Éditeur, 1990, p. 138-143. 

 


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