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Les Têtes à Papineau

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Les Têtes à Papineau
GODBOUT, Jacques
Par Carolane Bernier


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Roman
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Carolane Bernier
Date du dépôt : Hiver 2011


 

Justification de l’œuvre et problèmes d’interprétation

Cette séquence didactique s’adresse à des élèves de quatrième secondaire (15 ans) et est construite à partir d’un roman de Jacques Godbout qui a pour titre Les Têtes à Papineau. Nous croyons que cette œuvre est accessible aux jeunes de cet âge puisque leur cours sur l’histoire du Québec leur fournit les notions historiques de base nécessaires à la compréhension de l’œuvre. Cette œuvre a aussi été choisie parce qu’elle traite d’un sujet toujours d’actualité qui touche les jeunes, le bilinguisme au Québec. Cette séquence s’adresse plus spécifiquement aux jeunes du Québec. Pour que le sujet soit compris des autres pays francophones, les élèves devraient recevoir un enseignement sur la situation et sur l’histoire du Québec. Nous croyons que la lecture de ce roman permettra aux jeunes de s’ouvrir à la politique, sujet souvent délaissé de cette tranche d’âge, car il est abordé de manière humoristique. Nous voudrions, par cette séquence et par l’entremise de ce roman, que les élèves comprennent mieux la dualité présente au Québec, qu’ils s’ouvrent davantage à son histoire et à sa politique et qu’ils réfléchissent à la place de la langue dans l’histoire de la société. Pour ce faire, diverses formules pédagogiques seront exploitées en tenant compte à la fois de l’aspect cognitif et de l’aspect affectif de l’apprentissage[i]. Le niveau de langue utilisé dans Les Têtes à Papineau permet aussi une bonne compréhension globale de l’histoire, ce qui en fait une œuvre enseignable[ii].

 

Cette séquence cherche à résoudre deux problèmes :

 

1. Amener les élèves à percevoir et à mieux comprendre la dualité qui oppose les francophones et les anglophones du Québec;

 

2. Comprendre les enjeux du référendum de 1980 et de la cohabitation des francophones et des anglophones au Canada.

 

L’ensemble de la séquence vise à amener les élèves plus loin en les faisant réfléchir sur la situation particulière du Québec. Comme le propose Simard, il faut aborder la littérature comme un patrimoine à transmettre et il faut assurer la transmission affective d’une partie de ce patrimoine [iii]. Il est important de se rappeler que, en tout temps, l’enseignant doit être un guide pour les élèves et rester ouvert à leurs propositions, car il n’existe pas d’interprétation unique d’une œuvre et différents points de vue pourraient être avancés.

 

 

Activité 1 : Observation et discussion autour du tableau Le débat sur les langues [iv]

L’activité introduit la thématique, le débat sur la langue et la politique au Québec, et sert d’approche pour activer les connaissances que les élèves auront acquises dans leur cours d’histoire. Pour commencer, l’enseignant présente une reproduction de la toile et demande aux élèves si cette image leur rappelle quelque chose. Pour inciter à la discussion, l’enseignant peut poser quelques questions simples. En continuant ainsi, l’enseignant amène les élèves à trouver des indices et à parler de leurs connaissances quant à la politique et l’histoire du Québec. Lorsque le sujet est épuisé et que les élèves ont réactivé leurs savoirs, l’enseignant présente la toile en ajoutant les informations historiques nécessaires (les personnes présentes, en l’occurrence Joseph Papineau, et l’enjeu discuté lors de ce débat, soit le bilinguisme des lois au Canada).

 

Activité 2 : Recherche individuelle sur un sujet donné et équipes d’experts

Une fois les connaissances réactivées et le sujet introduit, l’enseignant divise le groupe en cinq équipes d’experts. Par la suite, de nouvelles équipes seront formées et chaque élève devra, au sein de son équipe, présenter ses recherches et expliquer sa partie de matière. L’objectif de cette activité de recherche et d’échange est d’accroitre les connaissances générales des élèves, leur culture, sur divers sujets touchant l’histoire du Québec. Par le fait même, les jeunes seront placés dans le contexte sociopolitique de l’époque ce qui leur permettra de mieux interpréter l’œuvre de Godbout. Les sujets de recherche sont les suivants.

 

Joseph Papineau : L’important est que les élèves se concentrent sur les aspects politiques de sa vie.

Louis-Joseph Papineau : Comme pour le sujet précédent, les jeunes centrent leur recherche autour de la participation politique de cet homme.

Le référendum de 1980  Il ne s’agit pas d’entrer dans les détails, mais bien de présenter un portait global de cet événement.

Des caractéristiques et des stéréotypes qui définissent les francophones du Québec versus les anglophones : L’idée est que les élèves trouvent des différences marquées entre ces deux groupes.

Informations générales : Cette équipe doit faire une recherche sur les prénoms des grands monarques de France et d’Angleterre. De plus, les élèves de ce groupe feront de brèves recherches sur le Black-Out de New-York et sur les Freak Show, deux sujets importants abordés dans le roman.

 

Pour clôturer cette activité et mettre les élèves dans l’esprit de l’époque, l’enseignant présente une vidéo sur les archives de Radio-Canada du discours du premier ministre Trudeau à la suite de l’échec du référendum (http://archives.radio-canada.ca/politique/provincial_territorial/dossiers/1294/).

 

 

Activité 3 : Discussion sur la narration du texte

Avant de laisser les jeunes se plonger dans Les Têtes à Papineau, l’enseignant leur demande de lire uniquement le premier chapitre. Une fois la lecture de ces quelques pages terminée, l’enseignante demande aux élèves d’observer la particularité de la narration. En effet, la narration passe de la première personne du pluriel à la troisième du singulier et vice versa. Il leur demande ensuite d’expliquer pourquoi l’auteur a fait ce choix particulier. L’objectif de cette discussion est de mener les élèves à percevoir que les deux Têtes sont autonomes (p.15) et peuvent en tout temps s’échanger la narration. La page 17 du roman est un bon exemple de ce genre de situation où il y a un changement de narrateur. Une fois cette étape franchie, les élèves sont invités à lire le roman jusqu’au chapitre huitièmement.

 

 

Activité 4 : Caractéristiques de Charles et François (qui est qui?)

Tout au long de leur lecture, les élèves sont invités à prendre des notes concernant les caractéristiques physiques et psychologiques ainsi que les gouts des deux Têtes. Ils doivent appuyer ce qu’ils proposent par des extraits du texte. Nous suggérons aux élèves de présenter leurs informations sous forme de tableau, soit une colonne pour les caractéristiques de Charles et l’autre colonne pour celles de François. Le but de cette opération est de parvenir à différencier totalement ces « deux » personnages afin de pouvoir opposer ces deux entités. Les élèves seront amenés à réfléchir à la question : qui est Charles et qui est François? Pour répondre à cette question, l’enseignant demandera aux élèves de reprendre les caractéristiques et stéréotypes ressortis lors des échanges en équipe d’experts. En guidant les élèves et en centrant leurs observations sur certains points, l’enseignant fera voir que François, par son nom et par ses caractéristiques (ex. p. 17, 22, 29, 62, 64, 80, etc.), représente les francophones alors que Charles est l’illustration stéréotypée des anglophones (ex. p. 17, 20, 22, 25, 64, 80, etc.).

 

Activité 5 : Travail sur des extraits du texte

Au tableau, l’enseignant inscrit quatre ou cinq phrases du roman qui illustre le lien entre l’histoire des Têtes et la politique des années 1980 (ex : p. 68, p. 96, p. 110, p. 113, p. 119). Ces phrases doivent traiter de l’incapacité de vivre ensemble, du désir de séparation, de la double identité, de la séparation, du gout de liberté, du patrimoine, etc. Il demande ensuite aux élèves d’exprimer ce qu’ils ressentent devant ces phrases. À ce stade, les élèves devraient être en mesure de voir le lien avec la politique des années 1980, sinon l’enseignant doit les amener sur cette voie. Lorsque le sujet est avancé par les élèves, l’enseignant leur demande d’expliquer leur raisonnement. Les élèves doivent parler de la difficulté de se comprendre et de l’insatisfaction de cohabiter, l’idée de nouvelles élections, le gout de liberté et d’indépendance du Québec, etc. L’enseignant leur demande de trouver d’autres passages dans le roman qui illustre cette situation. Lorsque le lien entre l’œuvre et la réalité est plus apparent, l’enseignant lit avec les élèves le chapitre huitièmement. Ce chapitre devrait consolider les propositions avancées précédemment. En effet, la désillusion de François (francophone) est apparente. Il ne veut plus vraiment se séparer (p. 145). Il ne sait pas si cela en vaut vraiment la peine. Les deux Têtes, de même que leurs parents, sont une fois de plus opposés. Les uns s’accrochent au passé, les autres vont de l’avant (p.149). La référence explicite au référendum permet aussi de voir le parallèle entre l’œuvre et l’histoire (p. 145 et 147). L’enseignant rappelle ainsi que lors du référendum, le Québec (francophone) n’a pas soutenu majoritairement sont parti et a laissé tombé la séparation avec le Canada (anglophone). Une discussion peut être ouverte afin que les élèves puissent s’exprimer sur le sujet de la souveraineté du Québec et la séparation des Têtes.

 

Activité 6 : Rédaction (Évaluation)

Pour valider la compréhension des élèves, l’enseignant demande aux jeunes d’écrire, sous forme de lettre, la fin de l’histoire de Jacques Godbout. Dans ce texte d’une ou deux pages, le personnage principal doit conserver ses caractéristiques, ressorties précédemment, et doit s’adresser à l’un des personnages du roman. Les élèves ne doivent pas oublier que le personnage est double et en processus de dissociation, élément dont ils doivent aussi tenir compte. La fin doit refléter la situation politique des années 1980 au Québec à la suite du référendum. Il n’y a pas qu’une fin possible : en effet, comme le livre ne représente pas fidèlement le résultat du référendum et qu'il y a séparation des Têtes, diverses possibilités peuvent être envisagées. L’important est que l’enseignant voit que, dans les textes d’élèves, la partie francophone, François, est écrasée par la majorité anglophone et qu’elle ait laissé tomber. Une fois la lettre rédigée, les élèves peuvent lire le dernier chapitre du roman.

 

Activité 7 : Discussion et appréciation de l’œuvre (La fin aurait-elle pu être différente?)

Cette dernière activité consiste en un retour sur la fin du roman. Le parallèle avec l’abandon de la souveraineté du Québec lors du référendum de 1980 et la précarité de la langue française doivent être mentionnés. Le but de cette activité est de se demander : la fin aurait-elle pu être différente? À cette question, l’enseignant doit diriger les élèves vers une réponse positive. En effet, ce roman de Godbout n’est qu’une interprétation des évènements. Les élèves doivent proposer d’autres fins possibles. Lors de cette discussion finale, il est intéressant de demander aux élèves de critiquer l’œuvre qu’ils ont lue afin de développer la compétence apprécier des textes variés. Leurs opinions doivent aller plus loin que la simple appréciation et s’appuyer sur des arguments intéressants comme les choix judicieux de l’auteur, la qualité de la langue, l’originalité des idées, etc.

 

 

Bibliographie

CHAMBERLAND, Gilles et al., 20 formules pédagogiques, Les presses de l’Université du Québec, Ste-Foy, 1995.

DEZUTTER, Olivier et al., « Les pratiques déclarées des enseignants québécois dans la sélection et l’exploitation des œuvres complètes inscrites au programme de lecture des élèves » dans É. Falardeau et al., Didactique du français. Les voies actuelles de la recherche, Québec, PUL, 2007.

DUFAYS, Jean-Louis et al. « Aborder le texte via l’image » dans Pour une lecture littéraire, 2e édition, Bruxelles, De Boeck, 2005.

GODBOUT, Jacques, Les têtes à Papineau, Boréal Compact, Montréal, 1991.

MERCIER, Noémi, Le tableau de la discorde, Repères, L’actualité, Février 2011.

SIMARD, Claude et al. Didactique du français langue première, Bruxelles, De Boeck, 2010.

 


[i] Gilles CHAMBERLAND et al. 20 formules pédagogiques, Les Presses de l’Université du Québec, Ste-Foy, 1995.

[ii] Olivier Dezutter et al. Les pratiques déclarées des enseignants québécois dans la sélection et l’exploitation des oeuvres complètes inscrites au programme de lecture des élèves Dans É. Falardeau et al. Didactique du français. Les voies actuelles de la recherche, Québec, PUL, 2007.

[iii] Claude Simard et al. Didactique du français langue première, Bruxelles, De Boeck, 2010.

[iv] Jean-Louis Dufays et al. Aborder le texte via l’image, Pour une lecture littéraire, 2e édition, Bruxelles, De Boeck, 2005.


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