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Scénario catastrophe : manuel de survie pour situations extrêmes

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Scénario catastrophe : manuel de survie pour situations extrêmes
PIVEN, Joshua et BORGENICHT, David
Par Léon Racine


Nationalité de l'auteur : Américaine
Genre : Autres
Courant :
Siècle :
Groupe d'âge visé : Premier cycle secondaire
Auteur de la séquence : Léon Racine
Date du dépôt : Hiver 2011


  

Justification du choix de l’œuvre

 

La présente séquence propose un travail autour de l’œuvre Scénario catastrophe : Manuel de survie pour situations extrêmes par Joshua Piven et David Borgenicht. L’intérêt d’une telle œuvre est son appartenance à un genre original [1], le recueil de consignes de sécurité [2]. L’étude d’un tel genre est conforme aux objectifs du programme de formation : les élèves apprendront à « lire avec une certaine efficacité une [plus] grande diversité de textes courants et littéraires [3] ». L’œuvre est aussi intéressante pour le contraste qu’elle présente par sa composition graphique très formelle, conforme aux normes du genre que sont les consignes de sécurité, et son intention humoristique. Observer ce contraste avec les élèves contribuera à développer leur sens critique, puisqu'ils seront amenés à constater qu'en dépit d'une présentation soignée, le contenu d'un texte peut être douteux. Cette séquence s’adresse aux élèves du premier cycle, qui n’ont généralement pas encore développé une compréhension fine de l’humour plus subtil.

 

Problème de lecture

 

Pour bien profiter de la lecture de l’œuvre, les élèves doivent être en mesure de comprendre l’absurdité de la situation de communication qu’ils vivront : des auteurs s’adressent à un destinataire quasi inexistant (peu de personnes liront le recueil dans l’intention de réellement se préparer à affronter une situation extrême) en publiant un recueil très sérieux de consignes de sécurité (appuyées par le savoir d’experts très crédibles présentés en bibliographie) pour une multitude de situations extrêmes, « simplement parce qu’on ne sait jamais » ce qui peut arriver. Afin d’encore mieux apprécier le jeu humoristique du recueil, les élèves doivent aussi comprendre que chaque segment de l’œuvre est en fait une parodie des consignes de sécurité généralement trouvées à bord des avions, des bateaux ou dans les bâtiments qui disposent d’un plan d’évacuation, où les consignes données sont parfois plus faciles à dire qu’à faire.

 

 

Avant la lecture

 

 

Activité 1 – Détermination du genre

 

Objectif : déterminer le genre auquel appartient l’œuvre à l’étude en portant un regard sur le livre-objet [4] et en le comparant avec d’autres textes.

 

L’enseignant présente l’œuvre aux élèves. Ensemble, ils examinent les caractéristiques générales du livre. Au fil de l’observation, la classe constate qu’elle a en main un recueil de modes d’emploi ou de consignes de sécurité. L’enseignant suggère aux élèves de valider cette hypothèse en comparant les textes Comment faire des tonneaux et s’en tirer et Comment descendre une pente rocheuse à vélo avec de véritables consignes de sécurité qu’il aura préparées [6]. Dans une discussion en plénière, les élèves relèvent la majorité des similitudes entre les deux corpus. Ils remarqueront, entre autres : l’ensemble de consignes numérotées, en ordre chronologique, l’information brève, claire et précise, les marques typographiques pour mettre en évidence les titres et les intertitres, les illustrations et les schémas pour clarifier les séquences descriptives qui ponctuent les consignes et la présence de mesures préventives à la fin des fiches. À la lumière des échanges, la classe en vient à la conclusion que l’œuvre est bel et bien un recueil de consignes de sécurité.

 

 

Activité 2 – Création d’un horizon d’attentes

 

Objectif : préparer la lecture en créant un horizon d’attentes adéquat grâce à une lecture réflexive de  l’introduction de l’œuvre.

 

Afin de s’assurer de la préparation des élèves à la lecture, l’enseignant prend un moment pour faire une lecture commentée de l’introduction. Au fil de la lecture, il interroge la classe : « La préoccupation des auteurs pour le danger en général est-elle abusive ou démesurée ? », « Les autres manuels de survie publiés par les mêmes auteurs ont-ils l’air crédible et sérieux ? ». Les élèves commencent à comprendre l’intention ludique des auteurs et réalisent que l’œuvre à son premier degré est complètement absurde : ils sont désormais les destinataires complices et conscients du jeu qui leur est proposé.

 

 

Pendant la lecture

 

 

Activité 3 – Appropriation affective de l’œuvre

 

Objectif : créer un lien émotif avec l’œuvre qui stimulera le travail à venir en étant attentif aux textes et aux passages particulièrement signifiants.

 

L’enseignant demande aux élèves d’être attentifs, durant la lecture, aux passages qui les intriguent, qui les intéressent ou qui les choquent. Il les invite à consigner dans un journal de lecture [7] les titres des textes qui les marquent particulièrement et pourquoi afin de réutiliser ces informations après la lecture.

 

 

Après la lecture

 

 

Activité 4 – Les mécanismes de l’humour

 

Objectif : apprendre à repérer des éléments de microstructure qui contribuent à créer un effet humoristique.

 

L’enseignant invite les élèves à se réunir en équipes de trois ou de quatre selon les textes qu’ils auront identifiés lors de l’activité 3 [8]. Supervisés par l’enseignant, les élèves sont alors amenés à manipuler des énoncés en les déplaçant, en les effaçant et en les remplaçant : ils réalisent ainsi une partie de l’impact que peuvent avoir de subtiles variations syntaxiques ou lexicales sur l’effet produit chez le lecteur. L’enseignant regagne ensuite l’attention de la classe pour diriger un échange en plénière. Durant cet échange, chacune des équipes présente les textes choisis, les manipulations syntaxiques conduites et son interprétation des effets observés.

 

 

Exemple d’observation d’élève à la lumière d’une manipulation

 

« À la fin d’une longue explication sur des techniques pour purifier et boire la neige, on nous indique que l’eau devrait être potable. L’utilisation du conditionnel et du verbe devoir à ce passage crée un effet cocasse, puisqu’il implique que la technique décrite ne fonctionnera pas nécessairement et, de plus, aucune solution de rechange n’est fournie ! En modifiant le temps de verbe et en changeant le mot pour un autre, cet effet humoristique est supprimé : l’eau sera potable. »

 

 

Activité 5 – réinvestissement dans un autre genre

 

Objectif : Réinvestir les stratégies d’analyse de l’activité précédente afin d’observer que les mécanismes découverts sont généralisables à d’autres genres de textes.

 

L’enseignant projette au tableau la première partie du troisième chapitre de Candide ou l’Optimisme de Voltaire Comment Candide se sauva d’entre les Bulgares, et ce qu’il devint [9]. Ensemble, ils analysent le texte et tentent de repérer les éléments précis qui le rendent amusant, intéressant ou particulier. Au fil de la réflexion, les élèves approfondissent leur compréhension du processus de création de l’humour dans un texte.

 

 

Exemples de questions de l’enseignant et réponses attendues

 

Q. : Comment le narrateur décrit-il la guerre ? Semble-t-il en avoir une opinion positive ou négative ?

R. : Il la décrit dans toute sa violence et son horreur, mais parait tout de même passionné par la guerre.

Q. : Est-il possible de relever des mots ou des groupes de mots qui contrastent avec d’autres ?

R. : Oui. « Harmonie en enfer », « coquins qui infectent », « boucherie héroïque », filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros ».

Q. : Comment peut-on qualifier les effets créés par la création de ces contrastes?

R. : Ironie, sarcasme, amplification.

Q. : Remplacez les mots mélioratifs par d’autres qui ont une valeur péjorative. Ces effets sont-ils encore présents ?

R. : Non, la description devient tout simplement très noire.

 

 

Activité 6 – rédaction d’une parodie de consignes de sécurité

 

Objectif : Montrer son appropriation du genre et sa compréhension globale des mécanismes de l’humour par la rédaction d’un texte [10].

 

L’enseignant annonce aux élèves que la dernière activité consiste en la rédaction d’une parodie de consignes de sécurité. Le texte des élèves, d’une longueur d’environ 500 mots, devra être muni d’un titre, de sous-titres colorés et numérotés et d’au moins une illustration qui soutiendra le contenu. Il devra présenter la marche à suivre en l’occurrence d’une situation extrême et improbable. Le texte devra produire des effets humoristiques tels qu'observés durant la séquence. Suite à la rédaction, l’enseignant demande aux élèves d’échanger leur texte avec celui d’un camarade. En dyades, les élèves commentent et corrigent. Ils procèdent ensuite à une réécriture qui fera l’objet d’une évaluation sommative.

 

 

 


[1] SIMARD, Claude (1996). « Le choix des textes littéraires, une question idéologique ». Québec français. 100. 44-47

[2] Selon son interprétation, l’enseignant pourra aussi tracer un parallèle avec le genre du  « mode d’emploi ». Il a été déterminé ici qu’il s’agissait de « consignes de sécurité » en raison de la vocation de « manuel de survie » que les auteurs ont données au recueil.

[3] Programme de formation de l’école québécoise. Enseignement secondaire, premier cycle. Domaine des langues - Français, langue d’enseignement. p. 96

[4] REUTER, Yves (1981). « L’objet livre ». Pratiques. 32. 105-113

[6] Voir le lien numéro 1 pour obtenir des exemples de consignes de sécurité.

[7] LEBRUN, Monique (1996). « Un outil d’appropriation du texte littéraire : le journal dialogué » (p.272-281). Dans Pour une lecture littéraire II. Actes du colloque de Louvain-la-Neuve (3-5 mai 1995). Bruxelles : De Boeck-Duculot

[8] L’enseignant pourra utiliser la stratégie qui lui semblera la meilleure pour réunir les élèves selon leurs textes favoris.

[9] L’enseignant pourra, à sa discrétion, opter pour une autre œuvre ou un autre passage, pourvu que la séquence textuelle présentée soit riche en effets humoristiques.

[10] CHARTRAND, S-G. (1999). « La maitrise de l’écrit par les élèves, une priorité », La grammaire : au cœur du texte, Québec français, no hors série, p. 13-16


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