Pertinence du texte choisi

Cette séquence didactique s’adresse aux élèves de cinquième secondaire. Elle a été élaborée à partir du roman La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy. Cette œuvre présente plusieurs éléments complexes qui permettent d’impliquer les élèves dans l’activité de lecture. Ce roman est donc suffisamment difficile pour générer des problèmes d’interprétation et suffisamment familier pour que les élèves puissent le comprendre.

Les problèmes de lecture

Ce texte pose plusieurs problèmes de lecture. Cette séquence cherche à résoudre les trois problèmes suivants :

- s’approprier le langage qui est employé par le narrateur-enfant;

- retracer le cheminement de la quête identitaire du personnage principal;

- comprendre le rapport entre le temps de la fiction et le temps de la narration.

La résolution de chacun de ces problèmes permet de mieux saisir l’univers éclaté dans lequel vivent les personnages du roman. L’ensemble de la séquence amène donc les élèves à percevoir la folie présente dans l’œuvre à l’étude tant sur le plan de la forme que sur le plan du contenu.

Avant la lecture

Activité 1 : Anticipation de la lecture

Avant de commencer la lecture de l’œuvre, il est nécessaire de poser des questions aux élèves afin qu’ils sachent comment aborder le texte. C’est pourquoi l’enseignant commence la séquence par une discussion. Il veut savoir si les élèves ont déjà lu un roman dans lequel le narrateur est un enfant. Si ce n’est pas le cas, comment croient-ils qu’un narrateur-enfant s’exprime ? Le vocabulaire utilisé par le narrateur-enfant est-il le même que celui utilisé par un narrateur-adulte ?

L’enseignant demande ensuite aux élèves de faire des hypothèses quant à la signification du titre La petite fille qui aimait trop les allumettes. Pour ce faire, les élèves inscrivent leurs suppositions dans un journal de lecture. Au fil de leur lecture, les élèves consigneront d’autres hypothèses et des réactions par rapport au texte dans ce journal.

Activité 2 : Le vocabulaire du narrateur-enfant

Comme le style de l’écriture peut influencer la compréhension de l’œuvre, il est nécessaire de mener un travail sur la langue employée par le narrateur-enfant. Lors de cette activité, les élèves devront cerner ce qui caractérise le vocabulaire d’un narrateur-enfant. Pour ce faire, l’enseignant se sert du roman à l’étude (p. 27-33) et du roman Le Souffle de l’harmattan de Sylvain Trudel (p. 15-19).

Dans un premier temps, les élèves lisent individuellement l’extrait tiré du roman de Sylvain Trudel. L’enseignant leur demande d’être attentifs aux mots, aux phrases et aux expressions. Une discussion en plénière suit cette lecture. L’enseignant demande aux élèves d’exprimer leurs impressions quant au vocabulaire utilisé. Y a-t-il des mots qu’ils ne comprennent pas, des expressions qui les amusent ou des métaphores qu’ils ont appréciées ? L’enseignant explique enfin que le langage du narrateur-enfant est caractérisé par des mots nouveaux, inventés par le narrateur, par des déformations de proverbes, d’expressions et de mots ou par des métaphores.

Dans un deuxième temps, l’enseignant demande aux élèves de lire le deuxième chapitre de La petite fille qui aimait trop les allumettes. Lors de cette lecture, ils doivent repérer un mot inventé, une expression déformée et une métaphore (ou une image). Les élèves font ensuite part de leurs trouvailles au reste de la classe. Cette activité leur aura permis de cerner le style d’écriture de l’auteur.

Activité 3 : Pistes de lecture

L’objectif de cette activité est de permettre aux élèves de se faire une idée, dès le début de la lecture, du sens de certains mots importants. L’enseignant lit le premier chapitre de La petite fille qui aimait trop les allumettes avec eux. Dans ce premier chapitre, certains mots utilisés ont un impact sur la compréhension du roman. Comme ces mots reviendront tout au long de l’histoire, il est nécessaire de porter l’attention des élèves sur ceux-ci : grimoire, Juste Châtiment, dictionnaires et horions. À la suite de cette lecture, les élèves se placent en équipe de deux et doivent expliquer la signification de ces quatre mots. Pour ce faire, l’enseignant leur précise de se fier aux contextes dans lesquels les mots sont utilisés. Les élèves doivent justifier leurs réponses à l’aide d’extraits.

Pendant la lecture

Activité 4 : Quête identitaire du narrateur – Fiche du personnage

Cette activité a pour but de retracer le cheminement qu’a fait le personnage principal dans sa recherche d’identité. Une fiche du personnage doit être remplie pendant la lecture de la première partie du roman et une autre, lors la deuxième partie. En remplissant deux fiches, les élèves vont réaliser que la première partie est racontée en grande partie par un narrateur masculin, à tout le moins qui écrit au masculin, et que la deuxième partie, elle, est racontée au féminin. Les caractéristiques relevées doivent être justifiées à l’aide de preuves tirées du roman.

Fiche du personnage

1) Identité: le nom, d’autres dénominations, l’âge, le sexe, le statut familial et social.

2) Traits physiques: l’apparence du personnage, l’habillement, les particularités physiques, les tics et manies.

3) Traits psychologiques: éléments relatifs aux traits de caractère du personnage.

Après la lecture

Activité 5 : Retour sur la fiche du personnage

Après avoir terminé la lecture de l’œuvre et complété les deux fiches du personnage principal, les élèves se placent en équipe dans le but de partager leurs observations et de confronter leurs interprétations. Puis, l’enseignant fait un retour en plénière pour s’assurer que tous les éléments importants en lien avec l’identité du personnage ont été relevés.

L’enseignant demande ensuite aux élèves de cibler l’évènement qui a fait en sorte que le narrateur affirme sa féminité. L’objectif est de faire réaliser aux élèves l’impact de la rencontre avec l’inspecteur des mines à l’Hôtel de Ville. Puis, les élèves doivent trouver l’extrait qui appuie ce changement dans la manière de s’identifier (p. 85).

Activité 6 : Rapports entre le temps de la fiction et le temps de la narration

L’objectif de cette activité est de faire prendre conscience aux élèves de la double temporalité présente dans le roman. Pour commencer, l’enseignant présente un extrait du roman (p. 83). Avec les élèves, il va caractériser le rythme de la narration de ce passage. Pour ce faire, il leur pose ces questions.

- Est-ce que la narration se déroule en même temps que les actions rapportées? Le personnage écrit-il ces lignes en même temps qu’il assiste aux évènements?

- La narration est-elle rapide ou plutôt lente? Est-elle interrompue par des réflexions ou par des descriptions?

Les élèves devraient percevoir que le narrateur-enfant ne rapporte pas les faits en même temps qu’il les vit. L’enseignant doit leur faire prendre conscience que la durée de la fiction n’est pas la même que celle de la narration : en réalité, les actions se sont déroulées beaucoup plus rapidement que dans la narration où le narrateur fait part au lecteur de ses réflexions.

Puis, les élèves doivent trouver un extrait dans lequel le temps de la fiction et le temps de la narration ne sont pas les mêmes (p. 60-65, 149), et un extrait dans lequel le temps de la fiction et le temps de la narration sont les mêmes (p. 85, 175-180).

Activité 7 : Lettre à l’écrivain

Dans un texte de cinq-cents mots, les élèves écrivent une lettre à l’auteur de l’œuvre. Le contenu de cette lettre ne respecte aucun schéma. L’objectif de cette activité est de laisser émerger les réactions des élèves ainsi que leurs commentaires et interrogations par rapport à l’œuvre. Pour écrire leur lettre, l’enseignant conseille aux élèves de se référer à leur journal de lecture. Ainsi, ils auront accès aux émotions qu’ils ont ressenties lors de la lecture, aux questions qu’ils se sont posées et aux hypothèses qu’ils ont formulées.

Références

DUFAYS, Jean-Louis et al., Pour une lecture littéraire, 2e édition, Bruxelles, De Boeck, 2005, 370 p.

FALARDEAU, Érick, La place des lecteurs dans les classes de littérature, Québec français, n° 135, 2004, p. 38-41.

SOUCY, Gaétan, La petite fille qui aimait trop les allumettes, Montréal, Boréal Compact, 2000, 180 p.

TRUDEL, Sylvain, Le Souffle de l'harmattan, Montréal, Éditions TYPO, 2001, 240 p.