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L'éternité en accéléré

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
L'éternité en accéléré
MAVRIKAKIS, Catherine
Par Myriam Letarte


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Essai
Courant :
Siècle :
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Myriam Letarte
Date du dépôt : Hiver 2011


Justification de l'œuvre  

Dans le cadre des études collégiales au Québec, les étudiants (âgés en moyenne entre 17 et 19 ans) doivent suivre quatre cours de littérature. Le quatrième cours se nomme Communication orale et écrite. Ce dernier cours de littérature se distingue des trois autres puisqu’il est davantage centré sur la théorie de la communication et sur l’expression orale et écrite. La présente séquence didactique a été articulée autour des objectifs de ce cours et elle se situe vers la fin de la session. Les étudiants auront vu au préalable la théorie de Jacobson et celle sur la manipulation. Ils sont rendus à la dernière étape qui consiste à étudier le genre de l’essai en vue de l’épreuve finale qui est la rédaction d’un essai reprenant la théorie vue depuis le début de la session. Pour ce faire, l’œuvre à l’étude choisie est L’éternité en accéléré de Catherine Mavrikakis.

 

L’éternité en accéléré de Catherine Mavrikakis[1] est un recueil d’essais publié en 2010 qui a été constitué après la mise en ligne de ces mêmes essais sur le blogue de l’auteure. Il a été choisi pour sa grande variété de thèmes, sujets et enjeux qui font souvent référence à l’actualité et pour le style de l’auteure qui rend le propos intéressant. De plus, les cinquante-deux textes du recueil s’inscrivent bien dans le genre littéraire de l’essai puisqu’ils témoignent de ses caractéristiques principales, soit un texte de réflexion en prose qui est subjectif et qui examine un ou plusieurs sujets.

 

Ce recueil est intéressant d’un point de vue didactique puisqu’il permet à la fois de réinvestir les connaissances apprises concernant les procédés littéraires (lexicaux, de ponctuation et stylistiques), la théorie sur la communication (schéma de Jakobson), la manipulation (intentions, techniques d’argumentation manipulatrice) et de mettre en application les connaissances enseignées sur les caractéristiques de l’essai. Les textes du recueil abordent également des sujets variés qui peuvent être plus faciles ou plus difficiles à interpréter. De cette manière, cette œuvre est très riche du point de vue du fond et de la forme, ce qui en fait un excellent choix pour l’enseignement de notions littéraires. Le recueil d’essais présente un défi réaliste pour les étudiants puisque l’enseignant s’assurera de préparer leur lecture et de les accompagner afin qu’ils puissent arriver à résoudre le problème de lecture.

 

La séquence didactique proposée est différente des autres puisqu’elle se plie aux exigences d’un cégep anglophone avec 45 heures de cours de littérature plutôt que 60. De cette manière, les périodes sont divisées en un cours d’une heure et un cours de deux heures chaque semaine, pour un total de trois heures. La séquence comporte donc 6 cours pour un total de 9 heures de cours. Le premier cours dure une heure, le deuxième deux heures et ainsi de suite.

 

Problème à résoudre

La séquence didactique a été conçue en fonction d’un problème à résoudre, soit de rattacher  L’éternité en accéléré au genre littéraire de l’essai. Les différents cours de la séquence ont pour objectif de préparer les étudiants à la résolution de la situation problème, qui est une évaluation formative, et, plus globalement, à la création littéraire qui sera évaluée de manière sommative tout de suite après la séquence didactique. Les différentes étapes pour préparer les étudiants à résoudre le problème de lecture sont de préparer leur lecture en les aidant à se constituer un horizon d’attente ainsi que de les guider dans la compréhension et l’interprétation des essais (cours 1), d’enseigner la théorie sur l’essai et de créer des activités où ils peuvent la mettre en application (cours 2), de leur présenter la situation problème et de les guider dans leur démarche de création d’un pastiche (cours 3 et 4) ainsi que de leur fournir de la rétroaction sur leur production et leur donner une deuxième version à faire pour s’améliorer (cours 5). Le dernier cours est consacré à la correction orale des pastiches afin que les étudiants aient une dernière rétroaction avant l’épreuve notée.

 

Objectifs

Les objectifs d’apprentissage poursuivis dans la séquence sont de plusieurs ordres. En ce qui concerne le premier cours, l’objectif est d’amener les élèves à se constituer un horizon d’attente par rapport à l’œuvre à l’étude et d’avoir suffisamment d’outils pour entreprendre la lecture de manière confiante. Le second cours est centré sur  l’appropriation des caractéristiques du genre de l’essai par les étudiants et leur capacité à les identifier dans des textes du recueil. Le troisième cours cible le nœud du problème de lecture, soit la résolution de la situation problème. Les étudiants doivent mettre à profit leurs connaissances, compétences, attitudes et qualités personnelles pour arriver à effectuer la tâche demandée. De manière générale, la résolution de la situation problème favorise le développement des cinq compétences communes de base de la formation générale associées aux visées de formation, soit de résoudre des problèmes, d’exercer sa créativité, de s’adapter à des situations nouvelles, d’exercer son sens des responsabilités et de communiquer (travail d’équipe et rétroaction de l’enseignant) [2].

 

Cette activité, de manière plus spécifique, permet de faire appel à plusieurs types de compétences comme la capacité de planifier le travail, de gérer le temps, de faire des liens avec la théorie (réinvestissement des connaissances antérieures), de synthétiser l’information (tableau), de mettre en application des concepts appris (transfert des apprentissages en compétences) et de développer le jugement critique en faisant passer un point de vue (analyse du sujet à priori). De cette manière, le développement de ces compétences est primordial pour que les étudiants soient en mesure de fonctionner correctement dans la société.

 

 

AVANT LA LECTURE

 

Activité 1 – Présentation de l’auteure et contexte sociohistorique (1er cours)

Cette première activité a pour objectif de familiariser les élèves avec l’œuvre à l’étude afin de susciter leur intérêt pour celle-ci et qu’ils puissent se créer un horizon d’attente. L’enseignant commence par présenter l’auteure, Catherine Mavrikakis, en indiquant des éléments biographiques qui éclairent la compréhension du recueil. Il sera question de sa jeunesse, de ses études, de sa profession, de ses spécialités, de ses publications majeures et des prix qu’elle a remportés. Ensuite, l’enseignant explique pourquoi il a choisi L’éternité en accéléré comme objet d’étude dans son cours. Il peut indiquer la grande variété de sujets abordés dans le recueil, certains faisant référence au passé comme les guerres, les écrivains d’antan et d’autres se rapportant à des évènements politiques majeurs comme les élections présidentielles aux États-Unis ou à des enjeux de société comme l’obésité, la consommation, le mépris des sciences humaines et des lettres, etc. L’enseignant explique ensuite le contexte de création de l’e-carnet qui est propre à la société postmoderne, soit le passage d’écrits du blogue à la publication du recueil d’essais. Puis, il questionne les étudiants en leur demandant comment le changement de média de diffusion modifie la pratique d’écriture de l’auteure et la réception de ses écrits.

 

Activité 2 – Pistes d’entrée en lecture (1er cours)

La seconde partie du cours consiste à aborder le livre dans son ensemble, à amorcer des pistes de réflexion sur la structure du recueil d’essais et sur l’interprétation de ceux-ci. Pour ce faire, il est pertinent de voir le premier essai du recueil et le dernier qui traitent d’un même sujet, soit le passé de Catherine Mavrikakis à Bay City au Michigan et de montrer aux étudiants que l’auteure part d’une réalité proche d’elle, son expérience personnelle, puis la transpose en expérience collective dans les autres essais du recueil. De cette manière, ils auront une piste d’entrée dans le texte par l’analyse de ces thèmes. De plus, il est primordial de leur expliquer le fonctionnement des essais à lire qui abordent plus d’un sujet et la manière d’arriver à cerner le propos principal de ceux-ci. La préparation de la lecture des étudiants permet de les motiver et de leur donner un certain contrôle lorsqu’ils se retrouveront en situation de lecture.

 

Enfin, la toute dernière partie du cours consiste à donner les dernières consignes pour la lecture des essais. L’enseignant explique aux étudiants qu’ils auront à lire les essais 1 à 8 pour le cours suivant et ils devront prendre des notes lors de la lecture des essais sur trois sujets : lien avec la théorie apprise auparavant, sujet principal de l’essai et référents à définir. Ils devront remettre leurs notes au cours suivant et cet exercice comptera dans le 10 % alloué aux devoirs et travaux. De plus, l’épreuve sommative portera sur un des quinze essais du programme de lecture, d’où l’importance de prendre des notes sur ceux-ci.

 

 

PENDANT LA LECTURE

 

Activité 3 – L’essai (2e cours)

Avant de commencer la matière proprement dite, l’enseignant ramasse les notes de lecture des essais 1 à 8. L’objectif du deuxième cours est de présenter le genre littéraire de l’essai et de faire travailler les étudiants sur le problème de lecture de l’œuvre qui est son appartenance au genre. Dans un premier temps, l’enseignant présente la définition du genre littéraire de l’essai par un PowerPoint. Les étudiants doivent prendre des notes puisqu’elles leur seront utiles pour les exercices subséquents, la résolution de la situation problème ainsi que la préparation à l’évaluation sommative.

 

La seconde partie du cours est constituée d’exercices sur des essais du recueil afin que les étudiants puissent s’approprier la théorie sur l’essai et la mettre en pratique. La première activité consiste à analyser un essai lu par les étudiants en relevant certaines caractéristiques de l’essai qui y sont présentes. L’enseignant s’attarde à la structure interne, aux idées présentées et au style d’écriture. Cette activité se fera en pratique guidée, l’enseignant peut donc questionner les étudiants et leur donner de la rétroaction immédiate sur leurs réponses. Il peut également ajouter des éléments qui ont été oubliés. Par la suite, les étudiants analysent un autre essai de la même manière en pratique autonome, que ce soit seul ou en équipe. Toutefois, afin d’augmenter le degré de difficulté, ils ont à intégrer la théorie vue auparavant concernant la communication (valeurs, référents, stéréotypes) et la manipulation (intentions, techniques d’argumentation manipulatrice). Il est important de revenir sur ces éléments puisqu’ils feront partie de l’évaluation sommative qui évalue l’atteinte de la compétence, donc l’ensemble de la matière vue pendant le trimestre. La correction de l’activité se fait en groupe et l’enseignant peut encore une fois donner de la rétroaction immédiate aux étudiants sur leurs réponses. L’enseignant demande aux élèves de lire les essais 9 à 15 et de rédiger des notes de lecture qui seront ramassées au cours suivant.

Activité 4 – Présentation de la situation problème (3e cours)

Au début du cours, l’enseignant ramasse les notes de lecture et accorde des points à ceux qui les ont remplies. Le troisième cours est consacré à la résolution de la situation problème par les étudiants.

 

Vous êtes un chroniqueur de journal en poste depuis peu et votre patron vous a pris sous son aile depuis quelques mois. Il vous propose une nouvelle tâche avec un défi plus grand que d’habitude qui consiste à créer un pastiche d’un essai littéraire en 200 mots en imitant le style de l’auteure, mais en faisant passer votre propre point de vue (Une petite signature, s’il vous plait… de Catherine Mavrikakis, p. 54-56.)

 

Afin d’accomplir votre tâche, il vous demande d’analyser l’essai de l’auteure à imiter du point de vue du fond et de la forme en utilisant la théorie qu’il vous a apprise depuis les deux derniers mois. Il vous demande également de demeurer fidèle au ton du texte d’origine. Le défi est de taille et l’enjeu est grand, votre patron en est conscient. Il vous suggère de lui remettre un tableau résumant l’analyse du texte avant d’entreprendre la rédaction de votre article afin qu’il puisse vous indiquer si vous êtes sur la bonne piste. Il vous dit qu’il est impatient de voir votre travail puisqu’il vous fait confiance et qu’il a très hâte de lire votre « texte assassin au style tapageur ». Lorsqu’il tourne les talons, vous vous emparez du texte et commencez sa lecture dans votre concentration la plus totale…

 

Les étudiants doivent lire la situation problème, lire l’essai à imiter, établir un plan de travail et commencer la recherche d’informations. Ils doivent relever les éléments se rapportant au style de l’essai et au ton employé, puis les transposer dans leur pastiche. Ils doivent également identifier des procédés stylistiques et littéraires, des éléments se rapportant à la théorie de la communication et à la manipulation et les réinvestir dans leur création. Lorsqu’ils auront suffisamment lu et travaillé le texte, ils pourront consigner leurs résultats dans le tableau et ils pourront le faire valider par l’enseignant au cours suivant.

 

Activité 5 – Résolution de la situation problème (4e cours)

Le quatrième cours est le deuxième cours consacré à la résolution de la situation problème. Les étudiants présentent leur tableau avant d’entreprendre la rédaction du pastiche. De cette manière, l’enseignant peut rectifier le tir si certains éléments sont erronés ou demander aux étudiants d’approfondir leur analyse s’il leur manque des composantes dans le tableau. La rétroaction de l’enseignant donne confiance aux élèves et ils peuvent rédiger leur paragraphe de deux-cents mots à remettre à la fin du cours en portant une attention particulière à la qualité de la langue.

 

 

APRÈS LA LECTURE

 

Activité 6 – Retour sur la situation problème (5e cours)

Le cinquième cours consiste à remettre les paragraphes corrigés aux équipes afin que les élèves puissent vérifier ce qui a été bien compris et ce qui doit être amélioré. L’enseignant présente deux paragraphes réussis à la classe pour que les étudiants voient un bon exemple de pastiche qui répond aux consignes implicites et qui est fidèle aux caractéristiques de contenu et de forme de l’essai. Par la suite, l’enseignant explique la suite de la tâche qui demande l’intégration des commentaires dans une deuxième version du paragraphe accompagnée d’une introduction, d’un second paragraphe de développement et d’une conclusion. Ainsi, les étudiants se rapprochent des consignes de l’évaluation sommative. Ils doivent terminer cet exercice en devoir et ils pourront obtenir une correction orale en allant rencontrer l’enseignant à son bureau au cours suivant.

 

Activité 7 – Préparation à l’examen

Le sixième cours est prévu pour les rencontres des équipes avec l’enseignant pour une correction orale de l’essai cette fois-ci. L’enseignant pourra rassurer les élèves sur leurs compétences et leur donner de la rétroaction pour qu’ils puissent s’améliorer avant l’évaluation sommative.

 

 


 

Références 

 

 

Livres et articles de périodiques

ARON, Paul, Histoire du pastiche, Paris, Presses universitaires de France (Les Littéraires), 2008, 295 p.

FALARDEAU, Érick, « La préparation à la lecture pour améliorer les compétences des élèves en littérature », dans Pédagogie collégiale, octobre 2002, 16 (1), p. 6-7.

GREYSSANT, Aline et Nicole GUTEVILLE, L’essai, le dialogue et l’apologue, Paris, Ellipses (Réseau), 2001, 142 p.

MAVRIKAKIS, Catherine, L’éternité en accéléré, Québec, Héliotrope (série K), 2010, 278 p.

Ministère de l’Éducation, Cadre conceptuel. Document de travail, conçu par Rachèle Lavoie, Québec, Bureau d’approbation du matériel didactique, juillet 2002, p. 19.

Recueil de textes du cours Didactique I de Josée Larochelle, automne 2010, p. 60.

ROBERGE, Julie, « Corriger des productions écrites : Qu’est-ce qui profite le plus aux élèves? », dans Pédagogie collégiale, vol. 23, no 1, p. 27-34.

TREMBLAY, Yolaine, L’essai. Unicité du genre, pluralité des textes, Québec, les éditions Le Griffon d’argile, 1994, 195 p.

 

Sites Internet

FORTIN, Antoine et Yan ETHIER, Catherine Mavrikakis, [en ligne]. http://www.editionsheliotrope.com/catherinemavrikakis/?page_id=2 [Site consulté le 4 avril 2011].

Plusieurs auteurs, Catherine Mavrikakis, [en ligne]. http://www.crilcq.org/membres/reguliers/mavrikakis-catherine.asp [Site consulté le 4 avril 2011].

Plusieurs auteurs, Catherine Mavrikakis, [en ligne]. http://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_MavrikakisWikipedia [Site consulté le 4 avril 2011].

 


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