Le sumo qui ne pouvait pas grossir [1] d’Éric-Emmanuel Schmitt est le roman à partir duquel nous avons construit cette séquence didactique s’adressant à des élèves de quatrième et de cinquième secondaire. Cette œuvre qui ne contient que 102 pages, dont l’écriture en gros caractères est simple et accessible, est destinée aux adolescents et aux adultes. L’analyse que nous en ferons, bien qu’elle puisse être adaptée pour des élèves de premier cycle, n’est réalisable qu’avec des jeunes qui achèvent leur secondaire. Il est indéniable que ce roman, qui plaira aux garçons et aux filles, regorge de problèmes de lecture, car « tout texte littéraire pose un problème de lisibilité [2] ». Les élèves se sentiront « interpellés sur les plans affectif, philosophique et social [3]», puisque cette « œuvre littéraire transmet une somme incalculable de réflexions, de pensées, d’expérience, de sagesse, en attente d’être partagées, d’être critiquées [4] ». L’étude de ce roman, qui met en scène un jeune japonais de quinze ans révolté et souffrant d’une « allergie universelle », est plus que pertinente en classe de français. En effet, c’est par une lecture littéraire et subjective, « faite de participation [et] de plaisir [5] », que les élèves découvriront les nombreux repères culturels dont il est question et comprendront la transformation psychologique du personnage principal à travers sa quête vers l’acceptation de soi ainsi que la visée morale de ce roman paru en 2009. Ainsi, Le sumo qui ne pouvait pas grossir amènera les « élèves à se constituer des repères culturels et des connaissances d’ordre littéraire […] ainsi qu’à enrichir leur culture générale (repères culturels d’ordre géographique, historique, religieux, etc.)[6] ». Cette séquence didactique, qui a comme pivot le travail d’équipe, s’inscrit dans la Progression des apprentissages au secondaire, français langue d’enseignement [7]. Les activités qui y sont présentées aideront les élèves à développer les trois compétences prescrites par le Programme de formation de l’école québécoise [8] et permettront une meilleure compréhension de cette œuvre littéraire qui veut nous convaincre qu’« à l’envers des nuages, il y a toujours un ciel [9] ».
Avant la lecture
Avant de commencer la lecture du roman, l’enseignant forme un nombre pair d’équipes hétérogènes toutes constituées d’au moins trois élèves. C’est dans ces équipes, appelées cercles de lecture [10], qu’ils travailleront pendant toute la séquence didactique. Les élèves devront « garder des traces de leurs échanges dans un journal de lecture, [ce qui constitue] un excellent moyen de développer [leur] sens de l’autonomie […] tout en les amenant à exercer simultanément la lecture, l’écriture et l’oralité[11] ».
Activité 1 : Paratexte et anticipation
Tout d’abord, chacune des équipes observera la première de couverture du roman, puisque « [l’] analyse du paratexte constitue une […] étape féconde de la préparation à la lecture [12] ». L’enseignant stimule donc les connaissances des élèves en leur demandant d’anticiper le contenu de l’œuvre [13], de décrire ce qu’ils voient et de repérer des indices qui pourraient leur permettre de faire des prédictions sur leur lecture. Pour ce faire, les élèves regardent l’image de la première de couverture sur laquelle ils pourront voir un sumo, imposant, assis près d’un petit garçon aux cheveux noirs qui, recroquevillé et triste, regarde vers le sol. La physionomie très différente des deux personnages et l’émotion de l’adolescent attireront probablement l’attention des élèves qui discuteront entre eux de leurs anticipations. Les hypothèses effectuées pendant la séquence didactique devront être écrites dans leur journal de lecture. Par la suite, l’enseignant lira la quatrième de couverture [14], très explicite, sur laquelle on peut lire : « Comment devenir sumo quand on ne peut pas grossir? ». En équipe, les élèves devront interpréter cette phrase et tenter d’en découvrir le sens. Ensuite, lors d’une plénière animée par l’enseignant, chaque équipe désignera un porte-parole qui présentera les interprétations retenues aux autres cercles de lecture.
Activité 2 : Les repères culturels : une ouverture sur le monde
Un peu de japonais
L’un des buts de l’école est de former des citoyens éclairés, cultivés et ouverts sur le monde [15]. Pour ce faire, les enseignants doivent proposer aux élèves des œuvres littéraires comme celle d’Éric-Emmanuel Schmitt, car elles permettent à ces derniers « [de] se constituer des repères culturels et des connaissances d’ordre littéraire […] ainsi qu[e] [d’]enrichir leur culture générale (repères culturels d’ordre géographique, historique, religieux, etc.)[16] ». Le sumo qui ne pouvait pas grossir, dont l’action se déroule à Tokyo, contient douze mots japonais. L’enseignant distribue une feuille présentant ces différents mots aux élèves, la lit avec eux et leur demande s’ils reconnaissent des mots et s’ils en connaissent la définition [17]. Par la suite, ils utiliseront Internet afin de trouver la signification des douze mots (annexe 1). Cette feuille corrigée en classe leur sera utile lors de leur lecture.
Recherche, production orale et groupes d’experts
L’enseignant assignera à chacune des équipes un thème important du roman sur lequel elles devront faire une recherche. Il s’assurera qu’il y ait toujours deux petits groupes qui traitent du même sujet. Le bouddhisme, le shinto, le Japon et le sumo sont les quatre thèmes devant être abordés afin de bien préparer les élèves à leur lecture. Une fois la recherche terminée, les équipes ayant acquis des connaissances sur le même sujet se regrouperont afin de former des groupes d’experts [18]. Après avoir fait une synthèse de leurs nouvelles connaissances et s’être assurés de la fiabilité et de la pertinence de leurs sources, les élèves de chacune des équipes présenteront oralement, au reste de la classe, le fruit de leurs recherches. Cette production orale peut constituer une évaluation sommative. Les élèves seront donc outillés pour entamer la lecture du roman en ayant une meilleure connaissance des divers référents culturels dont il est question dans Le sumo qui ne pouvait pas grossir et auront acquis des connaissances permettant une ouverture sur le monde.
Activité 3 : La symbolique des objets
La mère du personnage principal est analphabète. Lorsqu’elle « écrit » à son fils, Jun, ce ne sont pas des lettres qu’elle dépose dans des enveloppes, mais bien des objets stéréotypés [19]. Elle attribue un « sens second », un sens symbolique à certains objets pour exprimer ce qu’elle ressent. L’enseignant présente donc les huit objets (annexe 2) aux élèves sans toutefois leur mentionner qu’ils font partie du récit. Pour réaliser cette activité qui se fera individuellement, il serait intéressant que l’enseignant se procure lesdits objets, mais il est également possible de présenter des images trouvées sur Internet ou d’écrire les mots au tableau. Les élèves devront trouver la symbolique de ces objets et d’expliquer ce qu’ils peuvent représenter. Pour les aider, l’enseignant peut donner l’exemple de la colombe qui symbolise la paix ou du rouge qui représente l’amour. Les élèves doivent conserver leurs réponses dans leur journal de lecture, car elles leur seront utiles lors d’une prochaine activité.
Pendant la lecture
Lecture par dévoilement progressif
La lecture du roman doit se faire par dévoilement progressif, puisqu’elle « permet d’avancer pas à pas, de comprendre ce qui s’est passé à un niveau local, de convoquer des références culturelles, de s’entendre sur une compréhension provisoire mais non saturée [20] ». De plus, « cette méthode est aussi stimulante et ludique, car elle renforce le suspense du texte et permet des questions prospectives [21] ». Il est important que les premières pages du roman soient lues à voix haute, car une lecture orale « donne davantage vie aux personnages et aux situations que leur découverte silencieuse au sein d’un décodage vécu comme difficile [22] ». « La lecture commentée des premiers chapitres en classe par l’enseignant est extrêmement importante. Elle est l’occasion pour les élèves d’observer un travail de lecture littéraire en action tout en créant un premier contact avec le texte [23]. » Lors de sa lecture, l’enseignant, qui est un lecteur expérimenté, fait des liens et des observations qu’un lecteur novice ne peut faire. Par exemple, lorsqu’il rencontre des mots comme rachitisme et cagneux, l’enseignant montre aux élèves qu’il est possible de se fier au contexte pour trouver le sens d’un mot sans chercher dans le dictionnaire. Après avoir lu les premières pages avec les élèves, l’enseignant peut utiliser le livre-disque [24] du sumo qui ne pouvait pas grossir qui est lu par Éric-Emmanuel Schmitt. Il pourrait être intéressant d’alterner entre une lecture à voix haute (enseignant, élève ou livre-disque) et une lecture individuelle.
Activité 4 : Hypothèses et réflexions [25]
Pendant la lecture par dévoilement progressif, les élèves formuleront des hypothèses et des réflexions sur le récit, sur le sens de certaines phrases et de certains passages, sur la signification de stéréotypes et en discuteront en cercles de lecture. L’enseignant ciblera donc des pages du roman où il juge nécessaire de faire un arrêt afin de permettre à chacune des équipes de faire des réflexions personnelles et de les exprimer, de confirmer ou d’infirmer les hypothèses émises préalablement et d’en émettre de nouvelles. Chaque anticipation devra être appuyée par des éléments du récit et être écrite dans le journal de lecture. Lors de ces discussions, les élèves partageront aux membres de leur équipe leurs réflexions personnelles, commenteront leur lecture, indiqueront des passages qui leur plaisent, etc. Afin d’aider les élèves dans la formulation de leurs hypothèses, l’enseignant posera diverses questions qui stimuleront leurs réflexions.
Quelques pistes…
p. 7 : – Je vois un gros en toi.
♦ Pourquoi Shomintsu dit-il voir un gros en Jun si ce dernier est maigre, long, plat?
♦ Que peut vouloir signifier : « Je vois un gros en toi? »
(Confirmation ou infirmation de cette hypothèse p. 95.)
♦ Qui Shomintsu est-il?
p. 8 : – Je vois un gros en toi.
– Va te faire foutre.
♦ Pourquoi Jun est-il offusqué lorsque Shomintsu dit voir un gros en lui?
p. 12 et 14 : « allergie universelle »
♦ Que veut dire Jun lorsqu’il dit souffrir d’allergie universelle?
p. 19 : Il me tendit un ticket.
– Tiens. Viens assister au spectacle.
♦ Pourquoi Shomintsu insiste-t-il tant pour que Jun assiste à une compétition sumo?
♦ Cela a-t-il un lien avec le gros qu’il voit en lui?
♦ Jun finira-t-il par aller voir cette compétition de sumo?
(Confirmation ou infirmation de cette hypothèse p. 39.)
p. 33 : « Que pouvait me dire cette mère que j’avais fuie sans commentaire, l’abandonnant un matin dans sa lointaine banlieue en ne lui laissant qu’une adresse bidon à Tokyo? »
♦ Pourquoi Jun a-t-il quitté sa mère?
♦ Où est le père de Jun?
♦ Comment sa mère peut-elle lui écrire si elle est analphabète?
(Confirmation ou infirmation de cette hypothèse p. 34.)
p. 43 : « Avec mes yeux, parmi ces sumos dont le plus léger pesait quatre-vingt-quinze kilos […], je ne vis d’abord que des malades, des infirmes en surpoids, des obèses qu’on devrait interner en clinique; avec les yeux de mes voisins masculins […], je me mis à apercevoir des lutteurs sous les monstres, des athlètes sous les boudins. »
♦ Que veut-il dire lorsqu’il dit : « Avec mes yeux », « Avec les yeux de mes voisins »?
(confirmation ou infirmation de cette hypothèse p. 44.)
♦ Pourquoi Jun a-t-il une vision négative des sumos?
p. 47 : « À mon entrée dans son école […] »
♦ Jun deviendra-t-il un sumo?
♦ Comment y parviendra-t-il si, selon le titre de l’œuvre, il ne peut pas grossir?
p. 53 : « Apprendre est agréable. Désapprendre l’est moins. »
♦ Qu’est-ce que cela veut dire pour toi?
♦ À quoi Jun fait-il référence?
Pendant la lecture, l’enseignant cessera progressivement de poser des questions aux élèves et les laissera formuler leur propre questionnement. Ainsi, il amènera « les élèves à comprendre et à interpréter un texte de manière autonome [26] ». Toutefois, lorsqu’il circule en classe et qu’il constate que certaines équipes ont de la difficulté à trouver des pistes de réflexion, l’enseignant peut les aider en les questionnant et en les guidant.
Après la lecture
Activité 5 : Un sumo ou un Petit Prince?
Le sumo qui ne pouvait pas grossir est une œuvre littéraire à visée morale. L’une des intentions derrière l’écriture d’Éric-Emmanuel Schmitt est de faire voir et de faire comprendre à ses lecteurs que les apparences sont parfois trompeuses et que, par moments, nous appauvrissons notre perception lorsque l’on ne voit que ce que l’on y met : nos préjugés [27]. L’enseignant distribue aux élèves une feuille sur laquelle est écrit un extrait du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Il lui est également possible de projeter l’extrait à l’avant, puisque ce roman est disponible gratuitement sur la Toile [28].
Le Petit Prince
J'ai de sérieuses raisons de croire que la planète d'où venait le petit prince est l'astéroïde B 612. Cet astéroïde n'a été aperçu qu'une fois au télescope, en 1909, par un astronome turc. Il avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à un Congrès International d'Astronomie. Mais personne ne l'avait cru à cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement pour la réputation de l'astéroïde B 612 un dictateur turc imposa à son peuple, sous peine de mort, de s'habiller à l'Européenne. L'astronome refit sa démonstration en 1920, dans un habit très élégant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis.
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L’enseignant demande aux élèves de comparer Jun avec les grandes personnes dont parle le narrateur dans Le Petit Prince. Ils partageront leurs réflexions et leurs interprétations aux membres de leur équipe, car ces discussions les aident à parfaire leurs interprétations individuelles en plus de les amener à avoir une meilleure compréhension du texte. Ils devront ensuite écrire dans leur journal de lecture deux ou trois passages qui prouvent la véracité de leurs propos. Les élèves devraient comprendre que ces deux romans font allusion aux préjugés et aux apparences qui sont parfois trompeuses. Les deux auteurs tentent également de démontrer qu’il faut aller au-delà des apparences en plus de se fier à son propre jugement si l’on veut se forger une opinion juste de quelqu’un.
Réponses possibles
p. 43 : « Avec mes yeux, […] je me mis à apercevoir des lutteurs sous les monstres, des athlètes sous les boudins. »
p. 44 : « Au fur et à mesure que chaque lutteur tentait d’éjecter son adversaire du cercle de jeu, je luttais, moi, contre mes préjugés, puis les éjectais un par un. »
p. 53 : « Devenu aspirant sumo, je mesurais combien les apparences étaient trompeuses. »
p. 57 : « Au lieu de regarder la réalité telle qu’elle se présente, tu la vois à travers les lunettes teintées que tu te poses sur le nez […] C’est toi qui appauvris ta perception parce que tu n’y vois que ce que tu y mets : tes préjugés. Rappelle-toi, lors du premier match de sumo auquel tu as assisté, le temps qu’il t’a fallu pour passer du mépris à l’admiration. »
p. 57 : « Tu ne penses pas assez car tu colportes, tu répètes, tu ressasses des lieux communs, des opinions vulgaires que tu prends pour des vérités, faute de les analyser. Un perroquet prisonnier dans une cage à préjugés. Tu penses trop et pas assez parce que tu ne penses pas par toi-même. »
L’enseignant pourrait également demander aux élèves d’analyser le chapitre XXI [29] du Petit Prince car, dans cet extrait, le Petit Prince apprivoise un renard tout comme Shomintsu a apprivoisé Jun. En effet, Shomintsu n’a jamais abandonné, car il voyait « le gros » en ce jeune japonais squelettique; il voyait en lui quelque chose d’unique. La maxime « On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux [30] » traduit également à la morale présente dans Le sumo qui ne pouvait pas grossir. Il serait donc très intéressant de voir avec les élèves ce que cette phrase célèbre signifie et comment il est possible de l’appliquer à l’œuvre qu’ils ont lue.
Activité 6 : Oscar et la dame rose, Jun et Shomintsu
Le sumo qui ne pouvait pas grossir fait partie du Cycle de l’Invisible d’Éric-Emmanuel Schmitt qui regroupe six romans : Milarepa (1997), Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2001), Oscar et la dame rose (2002), L’enfant de Noé (2004), Le sumo qui ne pouvait pas grossir (2009) et Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus (2012). Chacun de ces romans, mis à part celui paru cette année, met en scène un jeune garçon qui fait la rencontre d’un adulte qui changera sa vie en lui montrant que la religion et la spiritualité peuvent nous aider à vivre et à évoluer. Avant de présenter les romans du Cycle de l’Invisible et les thèmes qui y sont abordés, l’enseignant demandera aux élèves de comparer deux extraits [31] : un extrait d’Oscar et la dame rose, disponible en DVD, et un extrait du roman à l’étude. Il revient à l’enseignant de choisir la façon dont il veut présenter l’extrait. Ce dernier demande aux élèves d’analyser les deux extraits (annexes 3 et 4), en équipe, en relevant les éléments semblables tant au niveau du « fond » que de la « forme ».
Réponses attendues
- Dialogue entre un jeune garçon et un adulte.
- Présence de tirets.
- Refus de l’enfant de croire en Dieu, en la religion, d’avoir la foi.
- L’adulte tente de montrer à l’enfant que la religion ou la spiritualité pourrait lui venir en aide, lui faire du bien.
- L’adulte mentionne le prénom de l’enfant à plusieurs reprises.
- Les deux enfants finiront par se laisser convaincre que la religion peut faire une différence dans leur vie.
L’enseignant doit montrer aux élèves que les deux garçons n’ont pas la foi, mais que l’adulte avec qui ils ont une relation privilégiée réussira à les convaincre que la religion peut faire une différence dans leur vie. Il est important que les élèves comprennent que la religion et la spiritualité, qui prendront une grande place dans la vie de Jun et Oscar, les aideront à grandir et à évoluer en tant que personne. L’enseignant doit également leur démontrer qu’Éric-Emmanuel Schmitt a écrit cinq romans à succès qui, malgré le fait qu’ils abordent tous les mêmes thèmes et mettent en scène des personnages de même type, sont tous différents. Les élèves discuteront en équipe de ce que peut représenter l’invisible dans les œuvres de Schmitt.
Réponses attendues
- L’invisible représente l’amour de l’adulte pour l’enfant.
- L’invisible représente la religion et la spiritualité.
- L’invisible représente ce qu’il y a en nous; notre âme.
Si les élèves ont aimé Le sumo qui ne pouvait pas grossir et ont apprécié les extraits analysés en classe, certains d’entre eux liront peut-être Le Petit Prince ou d’autres œuvres de Schmitt. L’enseignant aura donc aidé les élèves à approfondir leur compréhension du roman lu en classe tout en leur présentant d’autres livres qui pourraient leur plaire.
Activité 7 : Derrière les mots...
L’enseignant présente à nouveau les huit objets analysés avant de débuter la lecture du roman et demande aux élèves d’ouvrir leur journal de lecture afin d’avoir sous les yeux les réponses qu’ils avaient données lors de cette troisième activité. Après avoir discuté et confronté leurs réponses, toutes les équipes doivent s’entendre pour ne donner qu’une seule signification par objet. Les élèves ne doivent utiliser que les réponses qu’ils avaient écrites dans leur journal de lecture et ne peuvent se référer au livre. Par la suite, un représentant par équipe présentera au reste de la classe les huit significations que ses coéquipiers et lui ont trouvées. Lors de cette discussion en plénière, l’enseignant donnera la symbolique que la mère de Jun avait donnée à chacun des objets et demandera si certains élèves avaient visé juste. Il est fort probable que plusieurs équipes aient les mêmes réponses, ce qui permettra à l’enseignant de faire un lien avec la prochaine activité en expliquant aux élèves que dans la littérature, comme dans la vie, il y a des symboles et des codes qui sont universels.
« À l’envers des nuages, il y a toujours un ciel[32] » est l’une des maximes que Schmitt utilise dans Le sumo qui ne pouvait pas grossir pour appuyer l’une des morales intrinsèques à son œuvre : derrière les obstacles et les échecs se cachent le bonheur et la réussite. Le but de cette activité est de montrer aux élèves qu’une maxime peut être polysémique, mais que les codes et les stéréotypes qui s’y trouvent auront toujours une valeur sémantique commune, et ce, peu importe l’interprétation qui en est faite. En effet, c’est sur cette « communauté » que repose la force du message. Sans une compréhension partagée de ces codes, aucune interprétation pertinente n’est possible. Afin de démontrer la véracité de cette affirmation aux élèves, l’enseignant leur demandera d’écrire dans leur journal de lecture une situation qu’ils ont vécue pouvant être traduite par la maxime de Schmitt. Une fois cette tâche accomplie, les élèves échangeront leur journal de lecture avec un de leurs coéquipiers et liront la situation qui y est présentée. Les élèves pourront constater que les « nuages » représentent toujours un évènement négatif alors que le « ciel » a toujours une valeur positive. Ainsi, bien que chaque élève ait des « nuages » et un « ciel » différents, leur connotation est la même pour tous. Les élèves comprendront donc que cet auteur français a choisi d’utiliser des maximes comme « Le but, ce n’est pas le bout du chemin, c’est le cheminement [33] » et de créer des images afin que son message soit fort et que la morale soit comprise de tous.
Activité 8 : Une quête, une évolution
La réalisation du schéma actanciel du récit (annexe 6) a pour but de faire comprendre aux élèves en quoi consiste la quête du personnage principal en plus de leur faire constater que ce dernier est son propre opposant. Les élèves devront donc compléter individuellement, dans leur journal de lecture, le schéma actanciel du sumo qui ne pouvait pas grossir et, par la suite, discuter et comparer leurs réponses en équipe. Certains d’entre eux auront probablement de la difficulté à identifier le personnage qui empêche Jun d’atteindre l’objet de sa quête, puisque le protagoniste est à la fois sujet et opposant. Lors de la correction du schéma actanciel en plénière, l’enseignant demandera à chaque équipe de repérer un passage qui démontre que Jun nuit à sa quête vers l’acceptation de soi.
Réponses attendues
– Mon cher Jun, je ne souhaite pas que tu aies une meilleure ou une pire opinion de toi, je souhaite que tu cesses de ruminer sur toi. Que tu te délivres de toi [34].
– Tu agonises parce que tu as tout recouvert, tes émotions, tes problèmes, ton histoire. Tu ne sais pas qui tu es, donc tu ne construis pas à partir de toi.
Je réfléchis longuement puis répliquai avec calme :
– Vous confondez, maître Shomintsu, c’est vous qui me méconnaissez. Moi, je sais qui je suis.
– Certes, je l’ignore, mais ça ne me gêne pas. À moi, tu peux cacher ton nom, ton origine, tes traumatismes, ça ne m’empêche pas de vivre. Toi, si tu te le caches, ça t’empêche de vivre [35].
Certains élèves mentionneront peut-être que l’objet de la quête du jeune Japonais est de devenir un sumo, ce qui constitue une réponse acceptable.
Les élèves devront aussi retracer le parcours de Jun en plaçant en ordre chronologique certaines phrases et passages du roman qui reflètent sa quête vers l’acceptation de soi. Pour ce faire, chaque équipe remplira un tableau contenant 22 extraits tirés de l’œuvre (annexe 5) sans toutefois pouvoir s’y référer. L’enseignant peut, au préalable, placer quelques chiffres dans le tableau afin de faciliter la tâche des équipes s’il juge cela nécessaire. Cette activité permettra à l’enseignant de s’assurer que les élèves ont tous compris en quoi consistait la quête du protagoniste et qu’ils seront outillés pour réaliser la dernière activité.
Évaluation sommative : Chère maman…
Pour cette activité d’écriture, les élèves doivent se mettre dans la peau de Jun qui écrit une lettre à sa mère. Cette lettre devra relater les évènements importants qui se sont produits dans la vie de l’adolescent au cours des dernières années et montrer que sa rencontre avec Shomintsu l’a amené à évoluer à travers une quête vers l’acceptation de soi. Ce dernier demandera pardon à sa mère qu’il a mal jugée pendant toutes ces années.
Consigne : Écrivez une lettre dans laquelle vous incarnerez le personnage de Jun. Racontez à votre mère les évènements importants que vous avez vécus pendant les dernières années (activité 8). Montrez-lui en quoi vous avez évolué depuis votre rencontre avec Shomintsu et quels sont les apprentissages et les réflexions que vous avez faits (activités 4, 5, 6, 8). Vous devez utiliser au moins deux mots japonais (activité 2) et insérer une phrase ou un passage qui vous a touché (activité 4).
Par la suite, les élèves se mettront dans la peau d’un analphabète et s’imagineront qu’ils doivent faire comme la mère de Jun s’ils veulent s’exprimer. Ils choisiront donc un objet qui représente et symbolise ce qu’ils ont écrit dans leur lettre et justifieront leur choix.
Consigne : Imaginez que vous êtes analphabète et que vous devez, tout comme la mère de Jun, vous faire comprendre par votre destinataire à l’aide d’objets. Quel objet placeriez-vous dans une enveloppe afin d’exprimer ce que vous venez d’écrire dans cette lettre adressée à votre mère (activité 3)? Justifiez votre réponse.
Réponses possibles
Une fleur pour demander pardon.
Une montre pour dire que nous avons du temps à rattraper.
Un calendrier pour dire que nous avons « perdu » tant d’années.
Un livre pour montrer qu’il ne faut pas juger un livre par sa couverture, que je me suis trompé à ton sujet.
Conclusion
Cette séquence didactique n’a pas la prétention de présenter toutes les activités qu’il est possible de réaliser avec Le sumo qui ne pouvait pas grossir d’Éric-Emmanuel Schmitt, puisque cette œuvre foisonne de problèmes de lecture pertinents à étudier en classe de français. La réalisation des activités décrites dans le présent travail a permis aux élèves de comprendre la visée morale de ce livre et de déceler les codes et les images que cet auteur français « cache » dans son écriture. Par l’analyse de cette œuvre, ils auront compris la transformation psychologique du protagoniste à travers sa quête vers l’acceptation de soi en plus d’enrichir leur culture générale. Les élèves auront lu et étudié une œuvre intégrale en plus d’analyser des extraits d’autres romans que celui à l’étude. Cette séquence didactique, dont les activités assurent une progression dans les apprentissages, a amené les élèves à développer certaines compétences et à voir en quoi consiste une lecture littéraire. Nous espérons leur avoir permis d’acquérir de nombreux savoirs et nous souhaitons leur avoir donné envie de voir ce qui se cache derrière l’Invisible des romans d’Éric-Emmanuel Schmitt.
BIBLIOGRAPHIE
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GIASSON, Jocelyne, « Stratégies d’intervention en lecture : quatre modèles récents », dans Préfontaine et Lebrun [dir.], La lecture et l’écriture, 1992, p. 219-239.
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SCHMITT, Éric-Emmanuel, Le sumo qui ne pouvait pas grossir, France, Éditions Albin Michel, 2009, 102 p.
SCHMITT, Éric-Emmanuel, Oscar et la dame rose, France, Éditions Albin Michel, 2009, 100 p.
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Wikipédia, [en ligne]. http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal [Site consulté le 5 avril 2012].
ANNEXES
Activité 2 (Annexe 1)
Page
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Mots japonais
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Définition / Signification[36]
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18
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Fuji-Yama
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Montagne du centre du Japon; point culminant de ce pays.
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28
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sake
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Boisson alcoolisée japonaise; alcool de riz.
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39
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Ginza
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Quartier chic de Tokyo.
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39
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Shinjuku
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Arrondissement de Tokyo comptant le plus grand nombre d’étrangers. Il est l’un des quartiers les plus animés de Tokyo.
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40 et 47
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Ryogoku kokugikan
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Centre sportif polyvalent dans l’arrondissement Sumida-ku à Tokyo qui accueille principalement les tournois de sumo.
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42 et 56
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shinto
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La voie des dieux, la voie du divin. Religion qui mélange des éléments polythéistes et animistes. Religion la plus ancienne du Japon particulièrement liée à la mythologie.
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45
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ozekis
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Nom d’un rang de sumo. Rang qui précède yokozuna.
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45
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yokozuna
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Le rang le plus élevé que peut atteindre un lutteur sumo. Une fois promu, le yokozuna ne peut plus perdre son titre.
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50
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doyo
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Lieu consacré à la méditation bouddhiste zen. Le doyo est le lieu où l’on étudie et cherche la voie. Ces grandes salles ont aussi été utilisées par la suite pour l’enseignement des arts martiaux. Le doyo est le lieu où l’on progresse.
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65
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hara-kiri
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Suicide rituel japonais.
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69
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karoshi
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Ensemble de troubles cardiovasculaires associés à un temps de travail excessif.
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83
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satori
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Éveil spirituel. La signification littérale du mot est « compréhension ».
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Activité 3 (Annexe 2)
Objets[37]
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Signification / symbolique (réponses possibles)
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Une feuille blanche sur laquelle se trouve la trace d’une larme
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La tristesse, une larme de joie, etc.
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Un morceau de laine jaune pâle et doux
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L’enfance, le côté maternel, la chaleur, le tricot, etc.
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Des empreintes de rouge à lèvres
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« Je t’aime », « je t’embrasse », l’amour, le désir, la passion, etc.
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Une pierre grise
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La froideur, la méchanceté, avoir un cœur de pierre, la nature, etc.
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Une plume de pigeon
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Un pigeon voyageur, un message, etc.
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Un vieux collier de chien dont le système de fermeture est cassé
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La liberté, la rage, l’évasion, etc.
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Une couronne de laurier
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La victoire, les Grecs, les olympiques, etc.
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Du duvet de poussin
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La chaleur, les vêtements, une couverture, un bébé, la fragilité, etc.
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Activité 6 (Annexe 3)
Oscar et la dame rose [38]
On s’est tus un petit moment, histoire de bien remuer toutes ces nouvelles pensées.
– Si tu écrivais à Dieu, Oscar?
– Ah non, pas vous, Mamie-Rose!
– Quoi, pas moi?
– Pas vous! Je croyais que vous n’étiez pas menteuse.
– Mais je ne te mens pas.
– Alors pourquoi me parlez de Dieu? On m’a déjà fait le coup du Père Noël. Une fois suffit!
– Oscar, il n’y a aucun rapport entre Dieu et le Père Noël.
– Si. Pareil. Bourrage de crâne et compagnie!
– Est-ce que tu imagines que moi, une ancienne catcheuse, cent soixante tournois gagnés sur cent soixante-cinq, dont quarante-trois par K.-O., l’Étrangleuse du Languedoc, je puisse croire une seconde au Père Noël?
– Non.
– Eh bien je ne crois pas au Père Noël mais je crois en Dieu. Voilà.
Évidemment, dit comme ça, ça changeait tout.
– Et pourquoi est-ce que j’écrirais à Dieu?
– Tu te sentirais moins seul.
– Moins seul avec quelqu’un qui n’existe pas?
– Fais-le exister.
Elle s’est penchée vers moi.
– Chaque fois que tu croiras en lui, il existera un peu plus. Si tu persistes, il existera complètement. Alors, il te fera du bien.
– Qu’est-ce que je peux lui écrire?
– Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s’incrustent, qui t’alourdissent, qui t’immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas.
– O.K.
– Et puis, à Dieu, tu peux lui demander une chose par jour. Attention ! Une seule.
– Il est nul, votre Dieu, Mamie-Rose. Aladin, il avait droit à trois vœux avec le génie de la lampe.
– Un vœu par jour, c’est mieux que trois dans une vie, non?
– O.K. Alors je peux tout lui commander? Des jouets, des bonbons, une voiture…
– Non, Oscar. Dieu n’est pas le Père Noël. Tu ne peux que demander des choses de l’esprit.
– Exemple?
– Exemple: du courage, de la patience, des éclaircissements.
– O.K. Je vois.
– Et tu peux aussi, Oscar, lui suggérer des faveurs pour les autres.
– Un vœu par jour, Mamie-Rose, faut pas déconner, je vais d’abord le garder pour moi!
Voilà. Alors Dieu, à l’occasion de cette première lettre, je t’ai montré un peu le genre de vie que j’avais ici, à l’hôpital, où on me regarde maintenant comme un obstacle à la médecine, et j’aimerais te demander un éclaircissement : est-ce que je vais guérir? Tu réponds oui ou non. C’est pas bien compliqué. Oui ou non. Tu barres la mention inutile.
Activité 6 (Annexe 4)
Le sumo qui ne pouvait pas grossir [39]
– Comment parvient-on à cela?
– Par la méditation. En obtenant le vide en soi.
– Désespérant: avant il n’y avait pas de gros en moi, maintenant que le gros arrive, il n’y a plus de vide!
– Tu devrais t’initier au bouddhisme zen.
– Le shinto me paraît plus approprié, attendu que les sumos pratiquent le shinto depuis longtemps.
– Le shinto, je l’apprécie, Jun. Seulement moi, Shomintsu, j’ai appris le zen avant le sumo. Je ne peux donc te transmettre que le zen.
– De toute façon, ça n’a pas d’importance parce que shinto, bouddhisme tibétain, bouddhisme zen, c’est sornettes et sucre d’orge. Y en a pas un qui vaut mieux que l’autre. Je m’étonne que vous consacriez du temps à ces vieilles lunes, ces superstitions.
– Tu plaisantes, Jun?
– On n’a pas besoin de religion pour vivre.
– De religion, peut-être pas. Mais de spiritualité, si.
– Foutaise! Pipeau! Du vent, du bruit! Moi, je vis très bien sans ça.
– Ah oui? Tu vis très bien, toi?
– Il marquait un point: mon angoisse empirait et je m’en rendais compte.
– Enfin… je… il me semble que… par ailleurs… parce que je…
– Jun, si ce que tu dis n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi.
Une semaine plus tard, le temps d’oublier la honte de ma réponse idiote, je me représentai devant Shomintsu.
– Pourriez-vous m’aider à maîtriser mes pensées et mon corps?
Activité 8 (Annexe 5)
Je vois un gros en toi.
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1
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Pour éviter de me sentir trop seul, j’ouvris mon sac à dos, le seul bien qui me restait, puis, jambes écartées sur la chaussée, je sortis de sous mon linge sale les courriers postés par ma mère, ceux mêmes que j’avais depuis des mois refusé d’ouvrir.
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6
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Un jour, je me marierai avec toi.
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10
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Tu devrais t’initier au bouddhisme zen.
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14
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Au fur et à mesure que chaque lutteur tentait d’éjecter son adversaire du cercle de jeu, je luttais, moi, contre mes préjugés, puis les éjectais un par un.
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8
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Durant des mois, j’ai vendu des cochonneries en plastique à l’angle d’un carrefour de Tokyo où j’ai vu passer des millions de femmes. Pas une rivalisait avec toi. Je serai péremptoire puisque j’en ai la preuve expérimentale : tu es la plus ravissante du Japon.
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16
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Des tas de lard de deux cent kilos en chignon, quasi nus, un string de soie dans le cul, qui s’agitent sur une piste en cercle, merci!
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3
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Plus je persistais dans mon idée de devenir un champion, plus j’apparaissais incapable d’accomplir ma volonté; celle-ci s’avérait faible, minoritaire, dominée par des instances plus puissantes qu’elles, mes humeurs, ma déprime, ma lassitude, mes limites physiques.
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12
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Regarde. Si ta mère est un ange, c’est parce qu’elle est atteinte d’une maladie rare, une maladie qui touche une poignée d’hommes et de femmes à la surface de la Terre, une maladie si inhabituelle qu’on la diagnostique difficilement, qu’on n’a pas encore cherché de médicament ni de traitement contre elle.
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21
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Tiens. Viens assister au spectacle.
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2
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Est-il vrai, Shomintsu, que tu vois un gros en moi?
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9
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Reiko, je t’aime trop pour te mentir. Je me sens incapable d’avoir des enfants.
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17
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Shomintsu se planta devant moi, l’œil sévère.
– Tu n’es pas venu samedi.
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5
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On attend mes combats, on les redoute, on les espère, je deviens l’étoile montante du sumo.
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18
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Par les liens du sang, je tiens ta mère pour ma nièce. Je t’ai abordé à Tokyo parce que j’avais une mission.
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20
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Cependant, lorsqu’à la nuit tombante je quittai la ruelle, quatre voitures de police déboulèrent en trombe : le service des douanes opérait une descente inopinée.
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4
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Devenu aspirant sumo, je mesurais combien les apparences étaient trompeuses.
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11
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L’athlète s’améliorait. La méditation amplifiait mon pouvoir de concentration.
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15
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C’est dans cet état que mes pieds, lesquels s’avéraient plus futés que moi, me conduisirent d’eux-mêmes, le samedi soir, au match de sumo.
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7
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Le gros en moi, ça y est, je le vois : le gros, ce n’est pas le vainqueur des autres, mais le vainqueur de moi; le gros, c’est le meilleur de moi qui marche devant moi, qui me guide, m’inspire.
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19
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C’est toi qui appauvris ta perception parce que tu n’y vois que ce que tu y mets : tes préjugés.
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13
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Je vois la grosse en toi.
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22
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Activité 8 (Annexe 6)
Schéma actanciel
Destinateur : La mère de Jun ou Shomintsu
Destinataire : Jun
Adjuvant : La mère de Jun et Shomintsu
Opposant : Jun
Objet : Acceptation de soi (implicite) / devenir sumo (explicite)
Quête
Sujet : Jun
[1] Éric-Emmanuel Schmitt, Le sumo qui ne pouvait pas grossir, France, Éditions Albin Michel, 2009, 102 p.
[2] Érick Falardeau, « L’apprentissage de la lecture littéraire : quelques pistes pour la lecture de L’écume des jours de Boris Vian », dans Québec Français, numéro 129, printemps 2003, p. 48.
[3] Suzanne Richard, « Former un sujet-lecteur au secondaire », dans Québec Français, numéro 143, automne, 2006, p. 77.
[4] Michel Thérien, « La lecture littéraire au secondaire : le point de vue de la didactique », dans Québec français, numéro 36, 1992, p. 83.
[5] Érick Falardeau, « La place des lecteurs dans les classes de littérature », dans Québec français, numéro 135, automne 2004, p. 39.
[6] MELS, Programme de formation de l’école québécoise : enseignement secondaire, [en ligne]. http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeformation/secondaire2/medias/PFEQ_FrancaisLangueEnseignement.pdf [Site consulté le 28 mars 2012], p. 2.
[7]MELS, Progression des apprentissages au secondaire. Français, langue d’enseignement, Québec, Gouvernement du Québec, 22 aout 2011, 89 p.
[8] MELS, Programme de formation de l’école québécoise : enseignement secondaire, [en ligne]. http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeformation/secondaire2/medias/PFEQ_FrancaisLangueEnseignement.pdf [Site consulté le 28 mars 2012], 187 p.
[9] Éric-Emmanuel Schmitt, Le sumo qui ne pouvait pas grossir, op. cit., p. 90.
[10] Jean-Louis Dufays, Louis Gemenne et Dominique Ledur, Pour une lecture littéraire, Bruxelles, De Boeck, 2009, p. 184.
[11] Claude Simard, Jean-Louis Dufays, Joaquim Dolz et Claudine Garcia-Debanc, Didactique du français langue première, Bruxelles, De Boeck, 2010, p. 253.
[12] Érick Falardeau, « L’apprentissage de la lecture littéraire : quelques pistes pour la lecture de L’écume des jours de Boris Vian », art. cit., p. 49.
[13] Jean-Louis Dufays, Louis Gemenne et Dominique Ledur, Pour une lecture littéraire, op. cit., p. 235.
[14] Il pourrait être intéressant de comparer la jaquette de l’œuvre à l’étude publiée aux éditions Michel Albin avec celle des éditions À vue d’œil.
[15] Suzanne Richard, « Former un sujet-lecteur au secondaire », art. cit., p. 77.
[16] MELS, Programme de formation de l’école québécoise : enseignement secondaire, [en ligne]. http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeformation/secondaire2/medias/PFEQ_FrancaisLangueEnseignement.pdf [Site consulté le 28 mars 2012], p. 2.
[17] Certains élèves reconnaitront probablement le mot sake.
[18] Jocelyne Giasson, « Stratégies d’intervention en lecture : quatre modèles récents », dans Préfontaine et Lebrun [dir.], La lecture et l’écriture, 1992, p. 232.
[19] Jean-Louis Dufays, Louis Gemenne et Dominique Ledur, Pour une lecture littéraire, op. cit., p. 114.
[20] Ibid., p. 216.
[21] Id.
[22] Claude Simard, Jean-Louis Dufays, Joaquim Dolz et Claudine Garcia-Debanc, Didactique du français langue première, op. cit., p. 254.
[23] Érick Falardeau, « L’apprentissage de la lecture littéraire : quelques pistes pour la lecture de L’écume des jours de Boris Vian », art. cit., p. 49.
[24] http://www.eric-emmanuel-schmitt.com/Livre-audio-le-sumo-qui-ne-pouvait-pas-grossir.html
[25] Jean-Louis Dufays, Louis Gemenne et Dominique Ledur, Pour une lecture littéraire, op. cit., p. 212.
[26] Ibid., p. 211.
[27] Éric-Emmanuel Schmitt, Le sumo qui ne pouvait pas grossir, op. cit., p. 56.
[28] Le Petit Prince par Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), [en ligne]. http://www3.sympatico.ca/gaston.ringuelet/lepetitprince/ [Site consulté le 1er avril 2012].
[29] Le Petit Prince par Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), [en ligne]. http://www3.sympatico.ca/gaston.ringuelet/lepetitprince/chapitre21.html [Site consulté le 1er avril 2012].
[30] Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Édition spéciale, Paris, Gallimard Jeunesse (Folio Junior), 1999, p. 72.
[31] MELS, Programme de formation de l’école québécoise : enseignement secondaire, [en ligne]. http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeformation/secondaire2/medias/PFEQ_FrancaisLangueEnseignement.pdf [Site consulté le 28 mars 2012], p. 35.
[32] Éric-Emmanuel Schmitt, Le sumo qui ne pouvait pas grossir, op. cit., p. 90.
[33] Ibid., p. 96.
[34] Ibid., p. 58.
[35] Ibid., p. 62-63.
[36] Wikipédia, [en ligne]. http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal [Site consulté le 5 avril 2012].
[37] Ces objets se retrouvent aux pages 34, 35 et 36 du roman Le sumo qui ne pouvait pas grossir.
[38] Éric-Emmanuel Schmitt, Oscar et la dame rose, France, Éditions Albin Michel, 2009, p. 19-20.
[39] Éric-Emmanuel Schmitt, Le sumo qui ne pouvait pas grossir, France, Éditions Albin Michel, 2009, p. 75-76.