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Séquence didactique sur Moments fragiles de Jacques Brault

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Séquence didactique sur Moments fragiles de Jacques Brault
BRAULT, Jacques
Par Félix-Antoine Lachance


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Poésie
Courant :
Siècle :
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Félix-Antoine Lachance
Date du dépôt : Automne 2012


 

Justification de la pertinence du texte choisi

L’œuvre qui servira de base à cette séquence est le recueil Moments 6 de Jacques Brault. Publié en 1984, il témoigne d’un mal de vivre, d’une perte de contrôle; deux thèmes fort intéressants à exploiter avec des adolescents. L’auteur, lauréat de plusieurs prix prestigieux, est l’un des plus grands poètes québécois de son siècle. Toutefois, son œuvre est méconnue. Dans une optique de développement de la culture littéraire des élèves, il est donc très pertinent de leur faire connaitre cette poésie qui est, somme toute, très différente de celle qui est souvent à l’étude (Nelligan, Baudelaire, etc.). Par ailleurs,  selon la Progression des apprentissages au secondaire, la poésie est à l’étude dans le volet lecture en 5e secondaire[1]. Bien qu’ils aient exploré ce genre au premier cycle, ce n’est qu’au second qu’ils se lanceront dans une étude plus approfondie[2].

 

Le but de cette séquence est donc de familiariser les élèves avec la poésie et son évolution. L’accent est mis sur la richesse de la langue et sur son caractère imagé. Les élèves sont aussi appelés à développer leur propre capacité à utiliser le langage poétique dans plusieurs activités d’écriture. Le développement de cette habileté vise à enrichir leur vocabulaire tout en leur faisant explorer une autre façon de s’exprimer. Par ailleurs, ils seront aussi en mesure de mieux apprécier le rythme et la tonalité par la lecture à voix haute de leurs textes. Ainsi, ils développeront leurs capacités oratoires.

 

Situation-problème

Plusieurs facteurs peuvent nuire à la compréhension des élèves lors de la lecture d’un recueil comme celui-ci. Puisqu’ils n’ont pas l’habitude de lire ce type de discours, ils peuvent être rebutés par la non-linéarité du texte. De plus, ce recueil ne correspond pas à  leur horizon d’attentes. Les représentations qu’ont les élèves de la poésie sont basées sur la poésie classique et non contemporaine. Par ailleurs, le fait que l’auteur utilise une langue très imagée (et donc moins le sens propre des mots) peut s’avérer être un frein à la compréhension (décodage[3]) et à la fluidité de la lecture.

 

Les enjeux principaux de la lecture de ce recueil sont de faire ressortir la symbolique des images utilisées par l’auteur et d’apprécier la richesse de la langue. L’analyse est basée sur l’interprétation et sur la compréhension des figures de style et des jeux de langage.

 

Le volet écriture permet aux élèves de jouer avec les mots, de s’approprier cette forme d’expression plus imagée en plus d’affiner leur compréhension des figures de style. Quant au volet oral, il sert à travailler la rythmique, la musicalité des poèmes tout en développant les capacités oratoires des élèves.  

 

 

Avant la lecture

 

Activité 1

 

Première étape (en groupe) : lien avec les connaissances des élèves pour stimuler l’intérêt

L’enseignant demande aux élèves de faire ressortir des caractéristiques des poèmes en général. Il les invite à traiter de la longueur, de la forme, des auteurs, de la rime, des figures de style, etc. Il note au tableau les réponses obtenues. Ces dernières serviront de base pour la quatrième étape.

 

Deuxième étape (enseignement magistral) : survol de l’histoire de la poésie

L’enseignant présente brièvement les caractéristiques générales de poèmes de différentes époques sans oublier d’en présenter le contexte.

 

Voici les aspects marquants à retenir[4].

 

- Au XVIe siècle, en réaction au «manque de noblesse» de la langue française par rapport au latin, les poètes vont vouloir redorer l’image du français en adoptant des formes très régulées comme le sonnet[5]. La Pléiade, formée de sept poètes, est une figure emblématique incontournable de la Renaissance. Pierre de Ronsard, qui est à la tête de ce regroupement, est l’un des poètes les plus lus de son époque[6].

 

- La poésie du XIXe siècle se divise en deux courants majeurs. Le Romantisme est associé à la première moitié du siècle. Les rejets, les contre-rejets et les enjambements sont utilisés pour ajouter à la musicalité des vers. De forme beaucoup plus libre, cette poésie reprend des thématiques oubliées comme celle de la nature[8]. L’épanchement des sentiments est à l’avant-scène. Victor Hugo en est l’un des plus marquants représentants. Auteur des Misérables et de Notre-Dame de Paris, son œuvre est reconnue dans le monde. En réaction à l’excès de sentimentalité du Romantisme est né le Parnasse. On met de côté la vertu pour se concentrer uniquement sur la beauté. Plusieurs poèmes de Baudelaire témoignent de cet état d’esprit. L’exploration artistique ira même jusqu’à l’invention de la poésie en prose par Arthur Rimbaud, grâce à qui «toute l’aventure de la poésie moderne est devenue possible[9]».

 

- La poésie du XXe siècle est marquée par le Surréalisme. «Les surréalistes cherchèrent à libérer l'Homme du rationalisme de la culture bourgeoise occidentale, jugé étouffant et obsolète.[10]» La liberté de la forme est primordiale. André Breton est l’une des figures les plus marquantes de ce courant.

 

Les exemples (voir les annexes) ont été choisis pour leur ressemblance thématique avec le recueil de Brault et pour leurs divergences stylistiques. Il est suggéré que les élèves les lisent d’abord individuellement, puis que l’enseignant en fasse la lecture à voix haute. Ainsi, les élèves pourront entendre la musicalité des vers.

 

Troisième étape (enseignement magistral) : surréalisme

L’enseignant présente des toiles pour montrer que le surréalisme n’est pas seulement un mouvement propre à la poésie. Le but est de tracer un parallèle entre ces deux formes d’art (approche culturelle de l’enseignement[11]). Il existe de nombreux exemples possibles. Parmi eux, il y a la reprise qu’a faite Picasso de L’enlèvement des Sabines 1626-1629 de Pietro da Cortona (http://lewebpedagogique.com/asphodele/2011/03/26/reseda-54/).

 

Quatrième étape (en groupe) : identification de figures de style

L’enseignant demande aux élèves d’identifier, dans les poèmes servant d’exemple, les figures de style qu’ils ont nommées à la première étape. L’enseignant valide les réponses et les complémente au besoin. Il peut mettre l’accent sur les formes les plus fréquentes et les plus accessibles : métaphores, comparaisons, antithèses, oxymores, assonances et allitérations.

 

 

Activité 2

 

Première étape (individuellement): écriture de poèmes

Les élèves écrivent un poème sur un thème commun (errance, solitude, amour, bonheur, etc.) à la façon d’un auteur présenté à l’activité 1. Ils choisissent la forme qui leur parle le plus. Il s’agit d’un premier contact d’écriture du genre poétique. L’important est de mettre l’accent sur la richesse du langage et sur la façon dont on crée des images signifiantes. Il est crucial d’accompagner les élèves, de leur faire voir que le sens est plus important que la rime. Ainsi, «belle» et «cruelle» sont deux mots qui riment, mais qui n’ont pas une valeur poétique très poussée. Le but de cette étape est de modifier le rapport à l’écriture souvent négatif qu’ont les élèves envers la poésie[12].

 

Deuxième étape (en équipe de deux ou trois): commentaires

Les élèves lisent les poèmes de leurs collègues et les commentent sur le respect du thème et du style. Avec les commentaires, les élèves peuvent retravailler leurs textes ou en faire une réécriture complète.

 

Activité 3

 

Première étape (en groupe) : recherche sur l’auteur

Les élèves sont divisés en trois groupes. Le premier va chercher des informations biographiques sur Jacques Brault. Le deuxième s’intéresse aux œuvres qu’il a publiées et au succès qu’elles ont connu. Le troisième s’informe sur Moments fragiles et sur ses critiques. Ils notent les informations les plus pertinentes dont ils feront part à la classe.

 

2e étape (enseignement magistral): contact avec la poésie de Brault

L’enseignant fait la lecture à voix haute de quelques poèmes de Jacques Brault. Il prend soin de mettre l’accent sur les intonations et sur le rythme. Par la suite, il fait jouer l’extrait sonore [13] dans lequel Brault lit son poème intitulé Commencement. Il serait très intéressant d’en faire une lecture différente (rapide par exemple) par la suite pour que les élèves voient que les mêmes mots, dits différemment, peuvent prendre un autre sens [14].

 

3e étape (individuellement): contact avec le recueil

Les élèves survolent le recueil Moments fragiles. Ils portent attention à la première de couverture, à la présentation de l’œuvre, à la police, aux illustrations et au format. Comme le souligne Dufays, il est important que les élèves puissent «voir, toucher, manipuler, l’objet-livre[15]» 

 

Quatrième étape (en groupe): premières impressions

L’enseignant anime une discussion sur les premières impressions des élèves. Ils tentent de deviner les thématiques. L’enseignant peut diriger la discussion en posant des questions : Qu’évoque le titre ? Combien y-t-il de sections ?  

 

 

Pendant la lecture

 

Activité 1

 

Première étape (enseignement magistral): guider la lecture

L’enseignant demande aux élèves de porter attention à certains aspects lors de leur lecture. À quel moment se déroulent les actions (passé, présent, futur; automne, hiver, printemps, été) ? Quelle est la forme de poème utilisée (rime/prose, longueur, strophe) ? Quelles sont les figures de style les plus présentes (donner des exemples et les expliciter) ? Quels sont les thèmes les plus exploités ? Que suggère le titre ? Y a-t-il des mots dont vous ignorez le sens ?

 

Le but de ces pistes est de s’assurer que les élèves prennent le temps de s’intéresser aux propos et d’approfondir leur compréhension des poèmes. Bref, rendre les élèves autonomes[16]. N.B. Cette étape doit être répétée à chaque section afin de bien encadrer les élèves.

 

Deuxième étape (individuellement): lecture active de la section «Murmures en novembre»

Il est fortement suggéré de prendre des notes lors de la lecture. Les élèves peuvent utiliser diverses stratégies de lecture[17] : surligner les passages marquants, noter les figures de style et composer des petits résumés[18]. Ce travail allégera l’analyse du recueil.

 

Troisième étape (en groupe) : retour sur la section et discussions

L’enseignant anime une table ronde sur la première section. Il demande aux élèves ce qu’ils ont ressenti à la lecture, quels sont les effets sensoriels (visuels, rythme, sons) et sémantiques (thèmes, images, atmosphère) ressentis[19]? Il faut amener les élèves à percevoir le mal de vivre du «je» qui refuse de voir la réalité (exemple : j’illumine l’obscur[20]). Comme le mois de novembre, tout est sombre. À partir du premier poème jusqu’au dernier de cette section, il y a trente pages ; il y a trente jours en novembre. Il faut s’intéresser à la forme (poèmes courts, sans ponctuation, sans rimes) et noter l’omniprésence d’éléments de la nature. On vise à rendre la lecture «littéraire», à explorer «toutes les virtualités du texte»[21].

 

Activité 2

 

Première étape (individuellement): lecture de la section «Amitiés posthumes»

Les élèves portent attention aux mêmes éléments qu’à la première section. Ils notent la différence de longueur avec les poèmes de la première section. 

 

Deuxième étape (en groupe) : décodage du langage, retour sur la section et discussions

L’enseignant se sert de ces pistes de lecture pour faire réfléchir les élèves. Le but est de faire ressortir l’évolution psychologique du «je» par l’entremise du langage imagé. Il est important de travailler la partie compréhension (ex. : Nous nous sommes revus pour ne plus nous voir […] maintenant chacun de nous le matin / se voit seul dans son miroir[22]) et la partie interprétation (ex. : Je désire quitter ce monde / sur la pointe des pieds / comme on sort de son lit / pour ne pas réveiller les dormeurs/ qui rêvent de sommeil sans fin[23]). Analyser le titre : que signifie le mot «posthumes» ? Quelle est l’utilité des espaces blancs ?  Le «tu» est-il masculin ou féminin ? Qu’est-ce qui permet de l’affirmer (voir p.62) ? Que nous apprend le vers «au seuil invisible de l’hiver[24]» ? Qui ou quoi est mort (en lien avec le sens du mot «posthume»)? Y a-t-il un à faire avec l’ambiance générale du recueil ? Quelle est la cause de la détresse du «je» ?

 

Activité 3

 

Première étape (individuellement): lecture de la section «Vertiges brefs»

Noter la différence de rythme : vers très courts, beaucoup d’espaces blancs, section brève, abondance du mot «froid», etc.

 

Deuxième étape (en groupe) : Décodage du langage, retour sur la section et discussions

L’enseignant demande aux élèves ce qu’ils ressentent après la lecture de cette section. Y a-t-il des poèmes qui les ont marqués ? Pourquoi ? Où en est le «je» dans son cheminement ? Quel est le lien entre le titre et le genre de poèmes de cette section ? Quel est le lien entre la forme des poèmes et l’état psychologique du «je» ? «Quenouilles éclatées   pourrir proprement», quel est le symbole derrière cette métaphore (voir l’image d’une quenouille éclatée via le lien au bas de la page[25]) ?

Le but est de faire ressortir certains mots clés (utiliser la langue) et certaines figures de style pour comprendre les sentiments du «je» comme l’allitération du «s» à la page 47 (je m’assois solitaire / sous un ciel vide).  

 

Activité 4

 

Première étape (individuellement): lecture de la section «Leçons de solitude»

Remarquer que ce sont les strophes les plus longues jusqu’ici.

 

Deuxième étape (en groupe) : Décodage du langage, retour sur la section et discussions

Encore une fois, on vise à pousser la réflexion des élèves, à s’intéresser au choix des mots. Voici quelques pistes pour diriger les discussions. Quel est le sens du mot «agonie» (p. 89.) ? Cette section est-elle plus positive que la précédente ? Que laissent supposer les pages 97-98 (un gel soudain au bord des larmes (fonte), douceur sur la poitrine, cœur clarifié, etc.) ? Le «tu» se transforme en «vous», pourquoi ? Qu’est-ce que cela exprime (distanciation) ? 

 

Activité 5

Première étape (individuellement): Lecture de la section «Presque silence»

Relever le fait que les vers forment un bloc (un ensemble plus uni, plus structuré, plus stable) et qu’il s’agit de la section la plus courte du recueil. 

 

Deuxième étape (en groupe) : Décoder le langage, retour sur la section et discussions

Sur quelle note se termine le recueil? Comment interprétez-vous le titre en fonction du contenu et du genre de poèmes de cette section?  Que signifie le mot «hirsute» (p. 108.)?

 

 

Après la lecture

 

Activité 1

 

Première étape (individuellement): appréciation

Les élèves écrivent une courte appréciation du recueil et de leur expérience de lecture de poésie en général. Les arguments apportés devront dépasser le «j’ai aimé» ou «j’ai détesté» et devront être appuyés par des extraits du texte. 

 

Deuxième étape (en groupe) : appréciation et interprétation

L’enseignant anime une table ronde sur le recueil. Les élèves discutent de leurs poèmes préférés et de leurs interprétations. Il dirige la discussion vers les images et les figures de style. Il faut faire ressortir la place prépondérante de la nature dans les poèmes. L’enseignant peut amener les élèves à parler de l’évolution psychologique du «je». Il  serait très intéressant de lancer la piste des cinq étapes du deuil, puisque le recueil est divisé en 5 sections distinctes et qu’elles reflètent les caractéristiques, le cheminement vers l’acceptation («état de choc (blocage somato-psychique), comportements de recherche et régression, agressivité et colère, expression du chagrin du deuil, terminaison du travail de deuil [26]»). 

 

Troisième étape (en groupe) : le recueil

 

Il existe une différence énorme entre lire un poème isolé et lire un poème intégré à un ensemble. Isolé, un poème a une valeur toute personnelle, qu'on relie bien souvent à une expérience particulière de notre vie. En général, on fait d’un poème isolé une lecture un peu plus anecdotique. À partir du moment où un auteur place des poèmes dans un ensemble, que ce soit un recueil ou une suite, le lecteur devrait considérer cet ensemble dans la lecture de chacun des poèmes.[27]

 

L’enseignant anime une discussion sur ce qu’est un recueil. Les poèmes y sont-ils placés aléatoirement ? Est-ce que les sections auraient pu être changées de place ? Pourquoi ? Quelles sont les caractéristiques d’un recueil de poésie ? Quels sont les liens entre les illustrations et les poèmes?

 

Activité 2

 

Première étape (en groupe): Écriture de poésie

L’enseignant divise le groupe en équipes de cinq personnes. Chaque équipe se voit attribuer un thème qui aurait pu être à l’origine d’un recueil comme celui-ci. Voici une liste non exhaustive de thèmes qui pourraient être exploités : le deuil (perte d’un ami, d’un parent, d’un enfant), l’échec (à l’école, dans une compétition), la guerre, une séparation (des parents, amoureuse).

 

Deuxième étape (en groupe): retour sur l’écriture

Les membres de l’équipe ont chacun une tâche d’écriture différente. Le premier sélectionne trois textes qui reprennent les caractéristiques de la première section du recueil (Murmures de novembre). Le deuxième fait la même chose avec la deuxième section et ainsi de suite. Le « mini-recueil » (les quinze poèmes) doit comprendre au moins 30 figures de style. Il doit y avoir un «je» dont on percevra l’évolution psychologique au long du recueil ainsi qu’un «tu» (masculin ou féminin) qui est au cœur de la détresse du «je». Cela représente un beau défi, mais qui est à leur portée.

 

Troisième étape (en groupe): retour sur l’écriture

Les membres mettent en commun leurs compositions[28]. Ils commentent les poèmes des autres et suggèrent des correctifs, s’il y a lieu.

 

Quatrième étape (en groupe) : présentation orale

L’équipe se présente à l’avant de la classe et récite ses poèmes. Une fois lus, les membres explicitent une figure de style pour chaque poème (comme la métaphore «mon vent de printemps» qui symbolise l’espoir et la chaleur retrouvés du «je»). Les élèves doivent autoévaluer leur présentation[29] et noter celle de leurs collègues à l’aide de la grille de correction (voir les annexes). L’enseignant procède par la suite à l’évaluation sommative de la présentation et du recueil en soit. Ces grilles permettent un retour sur la performance des élèves qui peuvent ainsi voir leurs forces et leurs faiblesses. Il est conseillé de mettre beaucoup de commentaires détaillés, puisque ce sont eux qui sont les plus utiles sur le plan pédagogique[30].

 

Activité 4 (facultative)

S’il y a possibilité de travailler de concert avec le cours d’arts plastiques, il pourrait être très intéressant que les élèves illustrent leurs poèmes à la façon de Brault.

 

 

Conclusion

Cette séquence didactique, qui est construite autour des problèmes de lecture inhérents à l’œuvre de Jacques Breault, le recueil de poésie Moments fragiles, touche trois dimensions interreliées de la poésie et du français en général : la lecture, l’écriture et l’oral. Elle aide à augmenter les connaissances des jeunes en matière de poésie tout en visant l’amélioration de leur rapport à la lecture et à l’écriture. De plus, elle est basée sur l’esprit de la communauté d’apprenants où chacun des individus qui la composent enrichit les discussions et partage son savoir. L’autonomie et la collaboration sont à l’avant-plan. L’enchainement des activités est conçu pour guider les élèves dans leur lecture et pour les amener à mettre en pratique plusieurs éléments théoriques. À travers l’évolution de la poésie, les élèves sont appelés à réfléchir sur la langue et sur les façons de la travailler pour l’enrichir.

 

 

Annexes

 

Pierre de RONSARD   (1524-1585)

 

Amour me tue, et si je ne veux dire

Amour me tue, et si je ne veux dire
Le plaisant mal que ce m'est de mourir :
Tant j'ai grand peur, qu'on veuille secourir
Le mal, par qui doucement je soupire.

Il est bien vrai, que ma langueur désire
Qu'avec le temps je me puisse guérir :
Mais je ne veux ma dame requérir
Pour ma santé : tant me plaît mon martyre.

Tais-toi langueur je sens venir le jour,
Que ma maîtresse, après si long séjour,
Voyant le soin qui ronge ma pensée,

Toute une nuit, folâtrement m'ayant
Entre ses bras, prodigue, ira payant
Les intérêts de ma peine avancée.

 

 

Victor HUGO   (1802-1885)

 

Rêverie

Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume
Cache un front inégal sous un cercle de brume,
L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.
Le grand bois jaunissant dore seul la colline.
On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,
Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.

Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
Là-bas, - tandis que seul je rêve à la fenêtre
Et que l'ombre s'amasse au fond du corridor, -
Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or !

Qu'elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,
Mes chansons, comme un ciel d'automne rembrunies,
Et jeter dans mes yeux son magique reflet,
Et longtemps, s'éteignant en rumeurs étouffées,
Avec les mille tours de ses palais de fées,
Brumeuse, denteler l'horizon violet !

 

 

André Breton (1896-1966)

 

Union libre

Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d'éclairs de chaleur
A la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de dernière grandeur
Aux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre blanche
A la langue d'ambre et de verre frottés
Ma femme à la langue d'hostie poignardée
A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
A la langue de pierre incroyable
Ma femme aux cils de bâtons d'écriture d'enfant
Aux sourcils de bord de nid d'hirondelle
Ma femme aux tempes d'ardoise de toit de serre
Et de buée aux vitres
Ma femme aux épaules de champagne
Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace
Ma femme aux poignets d'allumettes
Ma femme aux doigts de hasard et d'as de cœur
Aux doigts de foin coupé
Ma femme aux aisselles de martre et de fênes
De nuit de la Saint-Jean
De troène et de nid de scalares
Aux bras d'écume de mer et d'écluse
Et de mélange du blé et du moulin
Ma femme aux jambes de fusée
Aux mouvements d'horlogerie et de désespoir
Ma femme aux mollets de moelle de sureau
Ma femme aux pieds d'initiales
Aux pieds de trousseaux de clés aux pieds de calfats qui boivent
Ma femme au cou d'orge imperlé
Ma femme à la gorge de Val d'or
De rendez-vous dans le lit même du torrent
Aux seins de nuit
Ma femme aux seins de taupinière marine
Ma femme aux seins de creuset du rubis
Aux seins de spectre de la rose sous la rosée
Ma femme au ventre de dépliement d'éventail des jours
Au ventre de griffe géante
Ma femme au dos d'oiseau qui fuit vertical
Au dos de vif-argent
Au dos de lumière
A la nuque de pierre roulée et de craie mouillée
Et de chute d'un verre dans lequel on vient de boire
Ma femme aux hanches de nacelle
Aux hanches de lustre et de pennes de flèche
Et de tiges de plumes de paon blanc
De balance insensible
Ma femme aux fesses de grès et d'amiante
Ma femme aux fesses de dos de cygne
Ma femme aux fesses de printemps
Au sexe de glaïeul
Ma femme au sexe de placer et d'ornithorynque
Ma femme au sexe d'algue et de bonbons anciens
Ma femme au sexe de miroir
Ma femme aux yeux pleins de larmes
Aux yeux de panoplie violette et d'aiguille aimantée
Ma femme aux yeux de savane
Ma femme aux yeux d'eau pour boire en prison
Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache
Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu.

 

 

Grille d’évaluation de la présentation orale

Critères

Excellent

Bon

Passable

À revoir

Rythme/débit

 

 

 

 

Volume de voix

 

 

 

 

Aisance/qualité de l’expression

 

 

 

 

Posture

 

 

 

 

Explicitation de la figure de style

 

 

 

 

Commentaires généraux

 

 

 

 

 

Grille d’auto-évaluation du travail de poésie

Critères

Excellent

Bon

Passable

À revoir

J’ai fait le travail demandé de façon sérieuse.

 

 

 

 

J’ai collaboré avec mes coéquipiers.

 

 

 

 

J’ai été respectueux envers mes coéquipiers et leurs idées.

 

 

 

 

J’ai porté une attention particulière aux mots que j’ai employés dans mon poème.

 

 

 

 

J’ai employé plusieurs figures de style différentes.

 

 

 

 

J’ai respecté les consignes du travail.

 

 

 

 

Commentaires généraux

 

 

 

 

 

Grille d’évaluation du « minirecueil »

Critères

Excellent

Bon

Passable

À revoir

Le recueil respecte le style de Brault. (prose, longueur des poèmes, espaces blancs)

 

 

 

 

On sent l’évolution psychologique du «je».

 

 

 

 

Le recueil respecte le thème choisi. 

 

 

 

 

Les figures de style sont variées.

 

 

 

 

Les figures de style sont en nombre suffisant.

 

 

 

 

J’ai respecté les consignes du travail.

 

 

 

 

Le vocabulaire est varié et imagé.

 

 

 

 

La nature occupe une grande place dans le recueil.

 

 

 

 

Les accords sont faits et les mots sont bien orthographiés.

 

 

 

 

Commentaires généraux

 

 

 

 

 

 

Bibliographie

 

BRAULT, Jacques, Moments fragiles, Saint-Lambert : Éditions du Noroît, 1984, 109 p.

CHARTRAND, Suzanne-G., Un difficile rapport à l’écrit, Québec français, 140, 82-84

DUFAYS, Jean-Louis, Pour une lecture littéraire : histoire, théories, pistes pour la classe, Bruxelles : De Boeck, 2005. 

DUMORTIER, Jean-Louis, Pour composer des questionnaires de compréhension qui favorisent l’autonomie du lecteur, Vie pédagogique, 118, 51-54

GIASSON, Jocelyne, La compréhension en lecture, Boucherville : Gaëtan Morin, 1990.

MELS, Progression des apprentissages au secondaire, Français, langue d’enseignement, 2011

PARADIS, Claude, Lecture de Moments fragiles de Jacques Brault, Nouaison, Éditions Le Griffon d’argile, vol. 2, 2000, p. 116-132.

PARADIS, Claude, Notes de cours – La poésie, Cégep de Ste-Foy, Février 2009.

SIMARD, Claude, [et al.], Didactique du français langue première, Bruxelles : De Boeck, 2010. P. 139-164

SIMARD, Denis, «Comment favoriser une approche culturelle de l’enseignement?», Vie Pédagogique, 124

 

 

Médiagraphie

 

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CENTRE NATIONAL DE DOCUMENTATION PÉDAGOGIQUE, La poésie du XVIe siècle : Camões, [en ligne].  http://www.cndp.fr/languesenligne/langues-vivantes-etrangeres/portugais/la-poesie-du-xvie-siecle-camoes/accueil.html [site consulté le 9 avril 2012].

ESPACE FRANÇAIS, La Pléiade, [en ligne] http://www.espacefrancais.com/pleiade.html [site consulté le 9 avril 2012].

ESPACE FRANÇAIS, Le surréalisme, [en ligne]. http://www.espacefrancais.com/surrealisme.html#2 [site consulté le 9 avril 2012].

ÉTUDES LITTÉRAIRES, La poésie romantique, [en ligne] http://www.etudes-litteraires.com/poesie-romantique.php [site consulté le 9 avril 2012].

GAILLARD, Jean-Paul et Yveline REY, Deuil et thérapie familiale : quels sont les objets flottants? [en ligne] http://www.cairn.info/revue-therapie-familiale-2001-3-page-251.htm [site consulté le 9 avril 2012].

GIASSON, Jocelyne, Les stratégies de lecture, [en ligne] http://www.pedagonet.com/other/lecture3.html [site consulté le 9 avril 2012]

MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION DE L’ONTARIO, L’autoévaluation des élèves, [en ligne] http://www.edu.gov.on.ca/fre/literacynumeracy/inspire/research/StudentSelfAssessment_fr.pdf [site consulté le 9 avril 2012].

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PARMOLI, Marie, Bac de français – Aperçu chronologique de l’évolution du genre poétique, [en ligne].  http://lewebpedagogique.com/bac-premiere/bac-de-francais-apercu-chronologique-de-levolution-du-genre-poetique/  [site consulté le 9 avril 2012].

PÉDAGOGIE COLLÉGIALE, expérimenter le travail d’équipe : les clés de la réussite, [en ligne] http://www.aqpc.qc.ca/UserFiles/File/pedagogie_collegiale/Entrevue

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POÈTES, Le romantisme, [en ligne]. http://www.poetes.com/romantisme/ [site consulté le 9 avril 2012].

 

 


[1] MELS, Progression des apprentissages au secondaire, Français, langue d’enseignement, 2011, p. 28.

[2] Ibid. p. 37.

[3] Jean-Louis Dufays, Pour une lecture littéraire : histoire, théories, pistes pour la classe, Bruxelles : De Boeck, 2005.  p. 136.

[4] Marie Parmoli, Bac de français – Aperçu chronologique de l’évolution du genre poétique, [en ligne].  http://lewebpedagogique.com/bac-premiere/bac-de-francais-apercu-chronologique-de-levolution-du-genre-poetique/  [site consulté le 9 avril 2012].

[5] Centre national de documentation pédagogie, La poésie du XVIe siècle : Camões, [en ligne].  http://www.cndp.fr/languesenligne/langues-vivantes-etrangeres/portugais/la-poesie-du-xvie-siecle-camoes/accueil.html [site consulté le 9 avril 2012].

[6] ESPACE FRANÇAIS, La Pléiade, [en ligne] http://www.espacefrancais.com/pleiade.html [site consulté le 9 avril 2012].

[7] Poètes, Le romantisme, [en ligne]. http://www.poetes.com/romantisme/ [site consulté le 9 avril 2012].

[8] Études littéraires, La poésie romantique, [en ligne] http://www.etudes-litteraires.com/poesie-romantique.php [site consulté le 9 avril 2012].

[9] Claude Paradis, Notes de cours – La poésie, Cégep de Ste-Foy, Février 2009.

[10] Espace français, Le surréalisme, [en ligne]. http://www.espacefrancais.com/surrealisme.html#2 [site consulté le 9 avril 2012].

[11] Denis Simard, «Comment favoriser une approche culturelle de l’enseignement?», Vie Pédagogique, 124.

[12] Suzanne-G. Chartrand, Un difficile rapport à l’écrit, Québec français, 140, 82‑84.

[13] Marcel Olscamp, Jacques Brault, [en ligne] http://www.collectionscanada.gc.ca/ecrivains/027005-7200-f.html [site consulté le 9 avril 2012].

[14] Jean-Louis Dufays, Pour une lecture littéraire : histoire, théories, pistes pour la classe, op. cit. p. 202.

[15] Ibid. 194.

[16] Jean-Louis Dumortier, Pour composer des questionnaires de compréhension qui favorisent l’autonomie du lecteur,Vie pédagogique, 118, 51-54.

[17] Jocelyne Giasson, La compréhension en lecture, Boucherville : Gaëtan Morin, 1990.

[18]Jocelyne Giasson, Les stratégies de lecture, [en ligne] http://www.pedagonet.com/other/lecture3.html [site consulté le 9 avril 2012].

[19] Ibid, p. 240.

[20] Jacques Brault, Moments fragiles, Saint-Lambert : Éditions du Noroît, 1984. p. 12.

[21] Ibid., p. 91.

[22] Ibid., p. 60.

[23] Ibid., p. 69.

[24] Ibid., p. 62.

[25] Les massettes au fil du vent, [en ligne] http://tyazz.over-blog.com/article-les-massettes-au-fil-du-vent-88340619.html  [site consulté le 9 avril 2012].

[26] Jean-Paul Gaillard et Yveline REY, Deuil et thérapie familiale : quels sont les objets flottants? [en ligne] http://www.cairn.info/revue-therapie-familiale-2001-3-page-251.htm [site consulté le 9 avril 2012].

[27] Claude Paradis, Lecture de Moments fragiles de Jacques Brault, Nouaison, Éditions Le Griffon d’argile, vol. 2, 2000, p. 116-132.

[28] Pédagogie collégiale, expérimenter le travail d’équipe : les clés de la réussite, [en ligne] http://www.aqpc.qc.ca/UserFiles/File/pedagogie_collegiale/Entrevue

Duchesne.pdf [site consulté le 9 avril 2012].

[29] Ministère de l’éducation de l’Ontario, L’autoévaluation des élèves, [en ligne] http://www.edu.gov.on.ca/fre/literacynumeracy/inspire/research/StudentSelfAssessment_fr.pdf [site consulté le 9 avril 2012].

[30] Claude Simard [et al.], Didactique du français langue première, Bruxelles : De Boeck, 2010. P. 139-164.


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