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Don Quichotte

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Don Quichotte
CERVANTÈS
Par Jessica Giannetti


Nationalité de l'auteur : Autres
Genre : Roman
Courant :
Siècle :
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Jessica Giannetti
Date du dépôt : Hiver 2012


 

Don Quichotte est sans conteste une des grandes œuvres de la littérature espagnole. Effectivement, cette œuvre du début du 17e siècle a suscité l'intérêt des lecteurs à travers les siècles. En 1981, Guy Kellal a abrégé l'œuvre afin de la rendre accessible aux jeunes lecteurs. Nous avons choisi de travailler avec cette version de l'histoire de Don Quichotte afin d'aborder l'œuvre avec des élèves du deuxième cycle du secondaire. La collection Classiques abrégés respecte l'œuvre intégrale, comme nous pouvons le lire sur la quatrième de couverture, en abrégeant le livre «de manière à laisser intacts le fil du récit, le ton, le style et le rythme de l'auteur.» Le livre Don Quichotte nous semble un excellent choix de lecture pour des élèves du deuxième cycle du secondaire, puisqu'il contient plusieurs difficultés de lecture qui permettront aux élèves par l'analyse du livre de développer des compétences qui renforceront leurs habiletés en lecture. De plus, nous croyons qu'il est pertinent de susciter l'intérêt chez les élèves pour la lecture de classiques de la littérature, en les accompagnant dans leur lecture et en leur proposant des activités qui les guideront afin de rendre la lecture stimulante et agréable.

 

A- Les situations-problèmes

Nous avons décidé d'aborder l'œuvre selon des situations-problèmes. Celles-ci posent des problèmes de lecture que les élèves doivent résoudre pour mieux comprendre l'œuvre. Cette méthode semble plus efficace que l'analyse traditionnelle d'œuvres littéraires. En effet, « […] l’apprentissage par problèmes est une méthode constructiviste, centrée sur l’étudiant, qui vise l’atteinte de compétences générales et spécifiques plus rapidement que les méthodes traditionnelles [1]». Les situations-problèmes que nous avons choisies sont les suivantes:

1- Être en mesure de déceler l'ironie contenue dans l'histoire de Don Quichotte;

2- Faire le portrait des personnages afin de mieux les comprendre;

3- Se questionner sur des enjeux primordiaux de l'histoire, soit la folie et l'ironie, sous forme de débats.

 

Les modes d'apprentissage

Une partie du travail se fera en équipe pour que les élèves « discutent de leurs hypothèses de lecture, réfutent les pistes qu’ils croient erronées, expliquent leur point de vue ou demandent des précisions [2]» L'enseignant aura souvent un rôle de guide et fera de l'étayage [3] afin d'aider les élèves à explorer des pistes d'analyses pertinentes appuyées par des extraits du texte. Afin de favoriser le décloisonnement des compétences du cours de français [4], nous ferons intervenir les trois compétences, soit «lire des textes variés», «écrire des textes variés» et «s'exprimer selon des modalités variées [5]» dans cette séquence didactique.

 

 

B- Déroulement de la séquence didactique

 

 

i. Avant la lecture

 

Activité I: Aperçu des histoires de chevalerie et du code d'honneur des chevaliers

L'enseignant pourrait faire lire aux élèves des extraits de romans de chevalerie aux élèves afin de leur montrer des exemples du genre d'écrits que nous pouvions trouver à l'époque où Don Quichotte a été publié. Nous avons pourtant préféré faire lire aux élèves un document provenant de la Bibliothèque nationale de la France (BnF) traitant des «codes, valeurs et lieux d’aventures de la chevalerie errante [6]». L'enseignant demande aux élèves de porter une attention particulière au schéma narratif des romans chevaleresques, aux valeurs sur lesquelles s'appuie l'idéal chevaleresque, aux règles communes aux chevaliers et à l'identité des chevaliers. Ainsi, les élèves auront des repères lorsqu'ils liront le roman Don Quichotte. Ils se surprendront moins de l'acharnement de Don Quichotte à se battre pour l'honneur de sa belle dulcinée du Tobosco ou de l'importance qu'il accorde à des règles communes aux chevaliers, comme le fait de se battre le jour ou le respect de la parole donnée. L'objectif de cette activité est donc de familiariser les élèves avec le genre de romans que Don Quichotte lit qui sont critiqués par Cervantès. C'est avec cette activité que les élèves comprendront plus aisément l'ironie contenue dans le roman Don Quichotte.

 

Activité II: Réactivation des connaissances des élèves sur l'œuvre

L'enseignant prépare les élèves à la lecture de l'œuvre en les questionnant d'abord sur leurs connaissances concernant Don Quichotte. L'enseignant anime la discussion en laissant les élèves s'exprimer concernant leur conception à propos de Don Quichotte. Il peut ensuite présenter l'œuvre en la situant dans son contexte sociohistorique et en expliquant aux élèves ce qui fait que cette œuvre est encore lue aujourd'hui. Les élèves comprendront mieux la raison pour laquelle la syntaxe et le vocabulaire sont différents de ce qu'ils connaissent en sachant que l'œuvre a été publiée en 1606. Leur intérêt pourrait également être suscité si l'enseignant insiste sur le fait que ce livre sortait des normes de l'époque et qu'il présentait une caricature des romans de chevalerie. La lecture préalable que les élèves ont faite pourra également être mise de l'avant pour présenter l'œuvre de Cervantès comme une critique au modèle typique du roman chevaleresque.

 

Activité III: Lecture du chapitre 11

L'enseignant propose aux élèves de commencer à lire l'œuvre avec eux, afin de les habituer au style d'écriture qui peut leur causer des problèmes. En effet, la syntaxe et le style utilisés dans le livre peuvent surprendre certains élèves. Prenons en exemple la première phrase du chapitre 11: «En ce moment ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu'il y a dans cette plaine, et, dès que Don Quichotte les vit, il dit à son écuyer: "La fortune conduit nos affaires mieux que ne pourrait y réussir notre désir même."» (p. 31) Le style d'écriture est donc particulier. L'enseignant doit s'assurer que les élèves comprennent le propos malgré ce style d'écriture. Certaines difficultés de vocabulaire peuvent également poser problème à certains élèves. En effet, les mots «engeance» (p. 31) «meule» (p. 31) et «oraison» (p. 32) peuvent ne pas être compris par tous. Un travail sur les microprocessus [7] en lecture doit donc être fait. Afin de montrer aux élèves l'esprit de l'histoire de Don Quichotte, l'enseignant fait une lecture guidée du chapitre 11 où l'enseignement explicite [8] est privilégié, le chapitre où se déroule l'aventure des moulins à vent. Nous avons choisi d'amorcer la lecture avec ce chapitre pour travailler avec les élèves une aventure typique de Don Quichotte et pour susciter leur intérêt pour l'œuvre. Tout au long de la lecture, l'enseignant s'arrête pour répondre aux questions des élèves et pour les laisser réagir au texte. Il peut également préparer des questions pour amener le questionnement des élèves. Voici quelques exemples de questions et de réponses [9].

 

Q: Est-ce Don Quichotte ou Sancho Panza qui a raison dans cette aventure? Quels sont les indices dans la narration du point de vue du narrateur?

R: Dans cette aventure, Sancho Panza essaie de ramener Don Quichotte à la raison à l'effet que les moulins à vent dans la plaine ne sont pas des géants. Le point de vue du narrateur est percevable dans la phrase suivante: « il [Don Quichotte] s'était si bien mis dans la tête que c'était des géants [...] qu'il ne parvenait pas, même en approchant tout près, à reconnaître la vérité.» (p. 32) Le narrateur nous confirme donc que c'est Sancho Panza qui a raison. Toutefois, selon la perspective de Don Quichotte, il s'agit de géants qui ont ensuite été transformés en moulins à vent par un enchanteur...

Q: Est-ce que Don Quichotte est fou?

R: Dans ce passage, Don Quichotte semble fou, puisqu'il voit des choses qui ne sont pas réelles (comme Sancho Panza et le narrateur le soulignent). Toutefois, certains peuvent lui laisser le bénéfice du doute (puisqu'il explique également sa vision des faits) après la lecture de ce seul chapitre.

Q: Y a-t-il de l'humour dans ce passage? Comment s'exprime cet humour?

R: L'humour dans ce passage peut se traduire par l'explication que Don Quichotte donne à la fin du chapitre, soit le fait qu'un enchanteur ait transformé les géants en moulins à vent. Avec la lecture du début du roman, on comprend que cet enchanteur a été inventé de toutes pièces par la nièce de Don Quichotte qui voulait lui faire croire qu'un enchanteur avait enlevé tous les livres de sa bibliothèque ainsi que son cabinet (alors que c'était le curé qui avait brûlé les livres). L'humour est également présent tout au long du récit par le personnage de Don Quichotte lui-même qui est naïf et qui s'improvise chevalier errant...

 

 

II. Pendant la lecture

Une fois la lecture amorcée, l'enseignant accompagne les élèves en prenant le temps à chaque cours de leur demander leurs réactions par rapport à leur lecture. Il s'assure également de la compréhension du texte par les élèves. Il peut, au besoin, faire la lecture guidée de quelques chapitres, comme il l'a fait avec le chapitre 11. La lecture doit s'échelonner sur une période d'un cycle de cours.

 

Activité IV: Portrait des personnages

Il est pertinent d'analyser certains personnages du roman Don Quichotte afin de bien comprendre l'histoire. En effet, nous proposons que les élèves fassent le portrait de deux personnages soit Don Quichotte et Sancho Panza. Pour ce faire, nous proposons aux élèves une grille à remplir [10] pour chaque personnage qu'ils complèteront tout au long de leur lecture. Le fait de faire cette activité pendant la lecture permettra aux élèves de remédier à des problèmes de compréhension en cours de lecture en confrontant leurs interprétations avec leurs coéquipiers. L'objectif est donc de travailler les macroprocessus [11] en lecture par la recherche de caractéristiques psychologiques des personnages. Les élèves doivent appuyer leurs hypothèses avec des justifications et des extraits du roman. Ils confrontent ensuite leurs hypothèses en équipe de 4 et doivent arriver à un consensus à la fin de la discussion. Un porte-parole par équipe résume finalement les conclusions choisies à l'ensemble du groupe.

 

Activité V: Débats concernant des enjeux primordiaux dans l'histoire de Don Quichotte

Dans cette activité, nous proposons d'amener les élèves à confronter leur point de vue concernant des enjeux importants de l'histoire, soit la folie et l'ironie contenue dans l'histoire. Les élèves sont placés en équipe. Chaque équipe reçoit une question à débattre ainsi qu'une position (en faveur ou en défaveur). L'enseignant invite les élèves à trouver des arguments en s'appuyant sur des extraits du roman. Cette activité suppose un travail préalable sur le genre oral du débat. Un retour sur le procédé argumentatif de la concession peut être pertinent.

 

Les trois questions à débattre sont les suivantes:
1. Est-ce que Don Quichotte est fou?
2. Est-ce que l'histoire de Don Quichotte contient de l'ironie?
3. Est-ce que Don Quichotte est véritablement guéri de sa «folie» à la fin de l'histoire?

 

Chaque équipe dispose de cinq minutes pour défendre sa position. Il y a ensuite une période de cinq minutes de débat «libre» où les deux équipes peuvent se confronter. Les débats sont présentés à mesure qu'ils se présentent dans l'histoire. Les deux premiers débats peuvent avoir lieu à la moitié du roman, mais le troisième demande une interprétation de la fin, il doit donc être réalisé après la lecture.

 

À la fin des débats, une question synthèse est posée à l'ensemble de la classe et l'enseignant mène une discussion où les élèves sont invités à émettre leurs opinions. La question synthèse est la suivante: la lecture d’histoires peut-elle nous rendre fous? L'enseignant fait valoir que dans l'histoire, c'est la lecture qui mène Don Quichotte à la folie. La question synthèse fait sortir les élèves du cadre du livre de Don Quichotte pour qu'ils réfléchissent à la lecture en général et sur leur propre expérience de lecteur. L'objectif est donc d'amener les élèves à argumenter en défendant une thèse (en prenant leur expérience de lecteur comme illustration par exemple) concernant leurs opinions. L'introduction de cette activité d'argumentation et de présentation de débats par la lecture d'un roman nous semble un bel exemple de décloisonnement des compétences dans la classe de français.

 

 

III. Après la lecture

 

Activité de réinvestissement: Écriture et présentation d'une petite séquence théâtrale

Pour cette dernière activité, nous avons décidé de faire intervenir deux des trois compétences du cours de français au secondaire, soit «écrire des textes variés» et «s'exprimer selon des modalités variées». Le mode d'apprentissage que nous privilégions pour cette activité est un travail d'équipes de 3 ou 4 élèves qui écriront et qui mettront en scène leur création.

 

La consigne que nous proposons pour cette activité est la suivante:

Vous devez écrire un court texte théâtral mettant en vedette Don Quichotte, Sancho Panza et un ou deux autres personnages de votre choix. Vous devez imaginer une nouvelle aventure de notre chevalier Don Quichotte et la mettre en scène par la suite dans une présentation qui durera entre 3 et 6 minutes. Inspirez-vous des dialogues présents dans le roman ainsi que de l'analyse que vous avez faite des personnages pour écrire votre extrait de théâtre. Pour bien contextualiser votre aventure, prenez soin d'inscrire des didascalies pertinentes.

 

Nous supposons, pour cette activité, qu'un travail préalable ait été fait sur le genre théâtre. Les élèves doivent évidemment savoir ce qu'est une didascalie et en comprendre l’utilité dans un texte théâtral. Nous proposons de faire une courte activité pour donner aux élèves un exemple concernant les conventions d'écriture du théâtre. Nous donnons à tous les élèves deux extraits de théâtre soit un extrait de la pièce Rhinocéros et un extrait de la pièce Les voisins (voir annexes). Nous leur demandons ensuite, après avoir demandé à des volontaires de lire les extraits à l'ensemble de la classe, de relever les conventions d'écriture du théâtre.

Voici les réponses attendues:  

- «Une didascalie est une indication textuelle qui concerne la mise en scène. Souvent, elle renseigne sur l’attitude des personnages, leur diction et leur intonation, leur position physique, les jeux de lumière, les décors [12]» Les didascalies sont parfois en italique ou mises entre parenthèses. Elles ne doivent pas être dites.

- Les noms des personnages qui s'expriment doivent être écrits en lettres capitales.

Nous invitons finalement les élèves à utiliser ces conventions dans leur propre extrait théâtral. Cette activité permettra aux élèves de s'investir d'une manière plus affective dans l'œuvre. En effet, le jeu du théâtre peut permettre aux élèves de mieux comprendre les personnages et, par le fait même, de mieux comprendre l'ensemble de l'histoire. Cette activité permet donc le réinvestissement de la compréhension de l'ensemble de l'œuvre. Le jeu doit être vu de manière ludique et nous ne proposons pas d'évaluer la performance des élèves de manière sommative s'il n'y a pas eu d'apprentissage systématique sur le jeu théâtral (qui n'est d'ailleurs pas au programme de français). Nous proposons toutefois que l'extrait de théâtre produit par les élèves soit évalué de manière sommative selon les critères suivants:

- Respect des conventions propres au genre théâtre (didascalies pertinentes);

- Respect des caractéristiques propres aux personnages de l'œuvre (Don Quichotte et Sancho Panza);

- L'aventure imaginée par les élèves respecte le genre d'aventures présentées dans le roman.

Pour ce dernier critère, nous proposons aux élèves, afin qu'ils aient une idée du genre d'aventures vécues par Don Quichotte, de relire une ou deux de ses aventures, que ce soit celle des moulins à vent (chap. 11), celle des moutons (chap. 16), celle des galériens (chap. 18), celle du chevalier des miroirs (chap. 32), etc.

 

Conclusion

Cette séquence d'enseignement propose de travailler non seulement les compétences en lecture des élèves, mais aussi différentes compétences du programme de français langue d'enseignement avec le décloisonnement des compétences. Par la lecture d'un classique de la littérature, les élèves seront amenés à apprécier l'œuvre avec les différentes activités proposées dans la séquence qui ont pour buts communs une meilleure compréhension du texte et le développement d'outils pour la compréhension de textes en général. Une large place est accordée à la réaction des élèves dans leur lecture et aux discussions et débats concernant l'histoire de Don Quichotte. Nous croyons en outre que cette séquence permettra aux élèves de réfléchir à leur pratique de lecteur.

 

 

ANNEXES

 

Annexe I: Grilles d'analyse des personnages

 

Personnage: Don Quichotte

Autres noms ou surnoms donnés au personnage

L'hidalgo (p. 5), Don Quichotte de la Manche (p. 7), le chevalier à la triste figure (p. 90), anciennement appelé Quixada ou Quesada (p. 5) et Alonzo Quijano (p. 109)

Caractéristiques psychologiques

Justification

Extrait(s) du texte

1. Généreux

Il veut faire régner le bien autour de lui en toute circonstance.

Dans le chapitre 21, Don Quichotte console Sancho qui s'est fait voler son âne en lui disant qu'il lui donnerait «une lettre de change de trois ânons sur cinq qu'il avait laissés dans son écurie» (p. 61).

2. Honnête

Il respecte toujours sa parole.

Lorsqu'au chapitre 36, le Chevalier de la Blanche-Lune vainc Don Quichotte, il lui ordonne de se retirer chez lui pendant une année complète. «Fidèle à sa parole, Don Quichotte rentra dans son village» (p. 108).

3. Naïf

Il croit en la bonté humaine de tous. Il pense que si quelqu'un dit quelque chose, il le fera.

Dans le chapitre 4, Don Quichotte se porte à la défense d'un valet maltraité par son maitre. Lorsque le maître dit qu'il remboursera son valet, Don Quichotte ne remet pas en question sa parole: «Il suffit que je lui ordonne pour qu'il me garde respect » (p. 16).

4. Courtois

Il aborde les femmes avec grand respect et se fait leur protecteur.

Dans le chapitre 13, Don Quichotte s'adresse à la dame du carrosse qu'il veut protéger: « Votre Beauté, madame, peut désormais faire de sa personne tout ce qui sera le plus de son goût » (p. 36).

5. Courageux

Il confronte tous ceux qui, selon lui, n'agissent pas bien, et ce, même s'ils sont plus nombreux et mieux outillés que lui. Il n'hésite pas à combattre au nom de sa justice.

Dans l'aventure des galériens (chap. 18-20) Don Quichotte confronte les quatre hommes qui mènent les esclaves: «deux hommes à cheval et deux hommes à pied, ceux à cheval portant des arquebuses à rouet, ceux à pied, des piques et des épées» (p. 49).

 

 

Personnage: Sancho Panza

Caractéristiques psychologiques

Justification

Extrait(s) du texte

1. Fidèle

Sancho Panza est fidèle à son maitre

Dans le chapitre 37, alors que Don Quichotte est pris d'une fièvre pendant six jours, Sancho Panza qui est resté à son chevet est encore défini comme «le fidèle écuyer» (p. 108) de Don Quichotte.

2. Naïf

Dans plusieurs aventures, Sancho se laisse convaincre de ce que Don Quichotte imagine.

Dans le chapitre 9, Don Quichotte convainc Sancho de devenir son écuyer. Il lui promet de le faire gouverneur d'une ile qu'il allait conquérir. Sancho ne remet pas en question le jugement de Don Quichotte, il le croit naïvement.

Dans le chapitre 30, Sancho Panza se remet toutefois en question («Mon maître [...] est un fou [...]» (p. 86)), mais il continuera tout de même à croire qu'il sera gouverneur d'une ile dans un avenir rapproché...

3. Manipulateur

Sancho manipule Don Quichotte en lui faisant croire des choses qui sont fausses.

Dans le chapitre 31, Sancho fait croire à Don Quichotte qu'il a trouvé sa dulcinée, alors qu'il sait qu'il ne s'agit pas de la bonne personne.

 

* Les réponses inscrites sont des réponses possibles. Plusieurs autres réponses peuvent être acceptées.

 

 

Annexe II: Extraits de pièces de théâtre

 

Extrait de la pièce Rhinocéros[13] de Ionesco

 

BERENGER
[...] C’est moi, c’est moi. (Lorsqu’il accroche les tableaux, on s’aperçoit que ceux-ci représentent un vieillard, une grosse femme, un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont devenues très belles. Bérenger s’écarte pour contempler les tableaux. ) Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau. ( Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace. ) Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! ( Il regarde les paumes de ses mains. ) Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? ( Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace. ) J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, d’une nudité décente , sans poils, comme la leur ! ( Il écoute les barrissements .) Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain ! Si je pouvais faire comme eux. ( Il essaye de les imiter. ) Ahh, ahh, brr ! Non, ça n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! Ahh, ahh, brr ! Non, non, ce n’est pas ça, que c’est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n’arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, ahh, brr ! Les hurlements ne sont pas des barrissements ! Comme j’ai mauvaise conscience, j’aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai un rhinocéros, jamais, jamais ! Je ne peux plus changer, je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J’ai trop honte ! ( Il tourne le dos à la glace. ) Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver son originalité ! ( Il a un brusque sursaut. ) Eh bien, tant pis ! Je me défendrai contre tout le monde ! Ma carabine, ma carabine ! ( Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinocéros, tout en criant : ) Contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas !

RIDEAU

 

 

Extrait de la pièce Les voisins [14]

Bernard est dans son parterre. Il coupe sa haie avec un sécateur électrique. Il essaie de la couper droite mais semble avoir de la difficulté.

BERNARD, se choquant
Woyons baptême ! (il donne une claque à sa haie). As-tu fini d'être croche toé ?

Il repart son sécateur mais celui-ci ne semble pas vouloir repartir. Il le secoue énergiquement.

BERNARD
Hey toé, s'il vous plaît là, niaise-moi pas ; j'en ai jeté d'autres avant toé.

Le sécateur fonctionne à nouveau. Bernard s'accroupit à nouveau pour tailler sa haie.

BERNARD, parlant à sa haie
Bouge pas là, bouge pas...

Georges arrive, un sac de Canadian Tire à la main.

GEORGES
Salut le grand !...

Bernard, sans arrêter son sécateur, salue Georges

BERNARD
Ah ben quen ! qu'est-ce tu fais ici ?

GEORGES
Pas grand-chose. (Temps.) T'es-tu après couper ta haie ?

Bernard arrête son sécateur.

BERNARD
Pas vraiment non. J'a taille un peu. A commençait à avoir l'air pouilleux. J'm'arrange pour qu'a l'aille l'air du monde c't'été, t'sais.

GEORGES
C'est de l'ouvrage pareil.

BERNARD
Es-tu fou toé ? J'fais ça pour me détendre. L'herbe ça m'relaxe.

GEORGES
Ouan, a fait sa haie !

BERNARD
Bah, t'sais, c't'une haie. Mais eh... j'm'en sers de plus en plus comme clôture.

GEORGES
J'te comprends ! (Temps.) Pis ?...

BERNARD
Ah eh...

GEORGES
Parle-moi d'ça ! La petite famille va bien ?

BERNARD
J'te remercie... toi-même ?

GEORGES
Définitivement. (Temps.) Eh monsieur !

BERNARD
Ah ça (Temps.) Me semble t'as maigri, toé.

GEORGES
Es-tu fou ? J'ai engraissé de trois livres.

BERNARD
Me semblait aussi

Silence. Bernard fait partir son sécateur et coupe le contact rapidement.

GEORGES
Ouan... ça doit faire un bout de temps qu'on s'est vu.

BERNARD
Mets-en... qu'est-ce t'as faitte de bon ?

GEORGES
J't'allé chez Canadian Tire.

BERNARD
T'es pas sérieux ?

GEORGES
J'te l'dis.

BERNARD
Eh ben !

GEORGES
T'aurais dû voir ça toi ! I' t'ont reçu un de ces clous à ciment, mon homme, ça fait peur...

BERNARD
Eh ben cout' donc !

GEORGES
Non mais, on fait ben des farces, mais j'te dis que l'ciment de plus en plus, hein.

BERNARD
Qu'est-ce tu veux, mon vieux, le ciment c't'une science comme un autre. À force de chercher i' peuvent pas faire autrement que d'trouver. C'est comme le cancer, c'est rendu qu'i' peuvent opérer des rats avec, pis ça va être notre tour ben vite.

GEORGES
Y'a pas d'erreur. (Temps.)

BERNARD
(Temps.) Bon !

Bernard regarde sa haie comme s'il avait le goût de continuer à la couper. Il remarque quelque chose d'anormal dans sa haie. Il plonge la main dedans et en ressort un frisbee. Il le montre à Georges.

BERNARD, se pompant graduellement
Eh soda ! As-tu vu ça ? Ça vaut la peine de s'forcer dans la vie, hein ?! Tu travailles comme un bulldozer pendant quinze ans dans ta haie, tu t'revires de bord deux minutes pis y a un maudit « marirouana » qui vient faire son voyage dedans. I' ferait-tu ça dans son salon, tu penses ?!

GEORGES, voulant appuyer Bernard
Me semble, oui !

BERNARD
Ce monde-là, ça mériterait d'être pendu par les intestins.

GEORGES
T'es trop bon Bernard m'as te l'dire moi, t'es trop bon !

Bernard prend son sécateur à main et coupe des têtes d'arbustes pour se défouler.

BERNARD
Si y'a pas moyen de couper sa haie sans avoir du fun, j'me demande ben ousse qu'i' est le plaisir dans' vie.

 

 

 


[1] Marie Soukini et Jacques Fortier, L’apprentissage par problèmes, expérimentation au collégial, Sherbrooke, Collège de Sherbrooke, 1995, p. 11.

[2] Érick Falardeau, « Quelle place pour les lecteurs dans nos classes de littérature? », Québec français, automne 2004, n° 135, p. 41.

[3] Yves Reuter. (2000). Vers une didactique de l'écriture. Dans Y. Reuter. Enseigner et apprendre à écrire Paris: ESF. pp. 81-82.

[4] Sylvain Bilodeau. Le décloisonnement des activités de la classe de français. Analyse d'écrits en didactique du français. [en ligne]: http://www.colloqueairdf.fse.ulaval.ca/fichier/Communications/sylvain-bilodeau.pdf, consulté le 04-04-2012.

[5] MELS, « PFEQ - Français, langue d’enseignement », [en ligne]. http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeFormation/secondaire2/medias/PFEQ_FrancaisLangueEnseignement.pdf, consulté le 04-04-2012.

[6] Bibliothèque nationale de France (BnF). Caroline Doridot. Codes, valeurs et lieux d’aventures de la chevalerie errante. [en ligne]: http://expositions.bnf.fr/arthur/pedago/telecharger/fiche_3.pdf. consulté le 04-04-2012.

[7] Jocelyne Giasson. (1990). La compréhension en lecture. Boucherville: Gaétan Morin éd.

[8] Jocelyne Giasson. (1992). «Stratégie d'intervention en lecture: quatre modèles récents». Dans Préfontaine et Lebrun (dir.). La lecture et l'écriture. pp. 219-224.

[9] Les réponses ne sont que des suggestions, elles peuvent varier. L'importance doit être accordée à la justification de la réponse.

[10] Vous trouverez en annexes les grilles d'analyse des personnages.

[11] Jocelyne Giasson. (1990). La compréhension en lecture. Boucherville: Gaétan Morin éd.

[12] Définition provenant du site Études littéraires, [en ligne]  http://www.etudes-litteraires.com/etudier-piece-de-theatre.php, consulté le 10 avril 2012.

[13] Eugène Ionesco, «Rhinocéros», Barcelone: Gallimard, 1960, pp. 244-246.

[14] Meunier, Claude & Louis Saïa. « Les voisins », Montréal: Leméac, 1982, pp. 15‑19.

 


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