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Les Rêveries du Promeneur solitaire

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Les Rêveries du Promeneur solitaire
ROUSSEAU, Jean-Jacques
Par Catherine Groleau


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Autres
Courant :
Siècle : 18e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Catherine Groleau
Date du dépôt : Hiver 2013


Justification du choix de l’œuvre

Cette séquence didactique s’articule autour de la dernière œuvre inachevée de Jean-Jacques Rousseau, soit Les Rêveries du Promeneur solitaire[1]. Cette œuvre revêt une grande importance dans l’histoire littéraire française puisqu’elle se situe à la jonction des XVIIIe et XIXe siècles, moment charnière sur deux plans : historique en raison des événements entraînant la Révolution française et la chute de la monarchie, et littéraire pour l’avènement d’une littérature qui prend en compte, pour une première fois, l’individualité et la subjectivité de l’auteur. L’influence qu’a exercée Rousseau dans l’élaboration d’une mentalité réformatrice apparaît dans tous les aspects de son œuvre philosophique et littéraire. En effet, comme le mentionne déjà Sainte-Beuve, « Rousseau est le premier qui ait forcé tout ce beau monde de sortir (des salons) et de quitter la grande allée du parc pour la vraie promenade aux champs[2]. » Michèle Crogiez décrit bien dans son Étude sur les Rêveries de Jean-Jacques Rousseau le paradoxe de la réception de cette œuvre :

En faisant l’analyse de son âme intime, Rousseau a pu passer pour un homme impudique, éhonté et narcissique. Mais le juger sur ces critères moraux empêchait ses lecteurs d’apprécier la nature de son écriture : or, dans les Rêveries plus encore que dans ses autres œuvres, il ouvrait la voie aux interrogations sur la valeur existentielle et ontologique du travail littéraire, une des dimensions les plus riches de la littérature moderne[3].

 

Inventeur du romantisme, père spirituel de la Révolution, inspirateur de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen[4], Rousseau se trouve au centre de chacun des événements qui ont contribué à forger la modernité littéraire et politique qui marque l’entrée de l’humanité dans le  XIXe siècle.

La pertinence de l’étude des Rêveries dans le cadre d’une séquence didactique dédiée à la littérature  se justifie par l’importance indéniable de Rousseau dans l’histoire littéraire, mais la prise en compte de certains problèmes de lecture est inévitable avant de se lancer dans le travail de lecture et d’interprétation. En effet, les Rêveries s’avèrent difficilement accessibles pour des étudiants du collégial en raison de la lourdeur du style, de la langue parfois ampoulée et du propos peu dynamique que présente cette oeuvre. Il est donc nécessaire d’accompagner étroitement la lecture de l’œuvre afin que l’étudiant soit imprégné de l’esprit de Rousseau et qu’il développe une certaine sympathie à son égard. L’enseignant doit aider l’étudiant à passer outre les aspects monotones de l’œuvre pour se laisser aller au rythme des mots de Rousseau et trouver une fascination à observer la complexité de son esprit torturé. En somme, la visée de ce dispositif d’apprentissage consiste avant tout à former des sujets-lecteurs, soit :

« une personne, engagée dans une pratique de lecture littéraire, qui se construit et se transforme par son investissement sensible et réflexif dans chaque activité de lecture, et par la façon dont elle l’exprime ». Ce sujet-lecteur évolue au fil de ses pratiques de lecture littéraire, de ses échanges avec d’autres lecteurs, de ses connaissances acquises en contexte scolaire ou extrascolaire, de ses intérêts personnels, etc. : il est donc situé dans un rapport à la lecture littéraire, compris comme « l’ensemble diversifié de relations dynamiques d’un sujet-lecteur avec la lecture littéraire[5]. »

 

Pour ce faire, la posture des enseignants se doit d’être, selon Émery-Bruneau, celle de sujets-lecteurs-enseignants, « personnellement inscrits dans une "participation réfléchie" de la lecture littéraire et qui seront en mesure d’aussi amener leurs élèves à vivre cette dialectique qui caractérise la lecture littéraire et qui permet de transformer consciemment leur rapport à la lecture littéraire[6]. » Une attention particulière sera portée, tout au long de cette séquence, en ce qui a trait au rôle et à l’attitude que doit adopter l’enseignant pendant le déroulement des activités.           

Enfin, Les Rêveries du Promeneur solitaire gagneraient à être étudiées dans le cadre d’un cours de littérature du programme Arts et Lettres afin de travailler avec des étudiants qui présentent des aptitudes de lecture supérieures et un intérêt pour la littérature plus grand qu’à la formation générale. Néanmoins, il ne serait pas impossible d’appliquer cette séquence didactique dans le cours Écriture et littérature avec, cependant, quelques variantes en ce qui a trait à l’évaluation finale et aux exigences de certaines activités.

 

 

Objectifs d’apprentissage de la séquence didactique

L’objectif de cette séquence didactique est d’enrichir la culture générale des étudiants en leur permettant d’accéder à une connaissance fine de l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau, figure marginale et révolutionnaire de l’histoire littéraire française. Une compréhension de son œuvre et particulièrement des Rêveries, qui surviennent à la fin de sa vie et offrent une synthèse des préoccupations qui ont marqué son parcours d’écrivain, permettra à l’étudiant d’acquérir des clés de lecture enrichissantes pour comprendre Rousseau. Partant du constat selon lequel l’œuvre de Rousseau aurait influencé la montée des idées qui ont mené à la Révolution française, une bonne appréciation de l’œuvre de cet auteur pourrait permettre de mieux comprendre l’évolution qui s’effectue à la suite de cet événement et qui engendrera la modernité littéraire française.

C’est par l’exploration de certaines assises théoriques que les étudiants parviendront à prendre conscience de l’originalité de Rousseau et, surtout, qu’ils seront en mesure de réinvestir leurs découvertes dans la lecture d’autres œuvres littéraires. En ce sens, la situation-problème de cette séquence pourrait se comprendre comme suit : Rousseau, dans les Rêveries, se débarrasse de la domination de l’esprit classique qui assujettissait l’écriture littéraire dans une doctrine formellement rigide. L’auteur réussit, de façon originale, à s’inviter dans son œuvre, à affirmer une présence authentique, intime et sensible dans son texte. Comment le lecteur peut-il être touché par ce phénomène? Comment peut-il être amené à en prendre conscience? Comment découvrir qu’il s’agit d’une véritable révolution dans l’histoire de la littérature française? Notre attention se portera principalement sur trois aspects théoriques qui contribueront à mettre au jour ces orientations de lecture :

- La question du genre littéraire : où se trouvent les limites de l’essai et du récit ? Comment définir et constater les traces de l’autobiographie dans cette œuvre ?

- La question de l’énonciation : où se trouve l’auteur ? Quelles marques du texte nous permettent de sentir sa présence ?

- Les thématiques : comment s’expliquent et se développent les principaux thèmes de l’œuvre ?

 

Parcours didactique

Avant la lecture

Exploration du paratexte

Le paratexte permet d’établir un premier contact entre l’étudiant et le livre qui sera au cœur de sa réflexion. L’enseignant élabore un parcours d’exploration des indices paratextuels qui amènera l’étudiant à s’interroger sur des éléments qui passent facilement inaperçus, particulièrement auprès de lecteurs peu expérimentés. En plénière ou en petits groupes de travail coopératif, les étudiants seront questionnés sur les impressions qu’ils ont face au livre. Que suscite la première de couverture? Est-ce que l’image choisie par l’éditeur semble confirmer ce qu’évoque le titre ou y a-t-il une rupture de sens? Que nous apprend la quatrième de couverture?

Un travail minutieux doit être effectué autour du titre de l’œuvre : Les Rêveries du Promeneur solitaire. Ce titre offre deux impressions contradictoires. D’abord, un premier coup d’oeil fait voir sa limpidité. « Rêveries », « promeneur » et « solitaire » sont trois mots qui n’offrent pas une grande résistance sémantique. Le sens des mots est relativement univoque et ils sont issus d’un registre de langage commun. Toutefois, une lecture plus attentive du titre fait apparaître un doute quant à sa transparence en raison de la présence impromptue du déterminant défini « du ». L’enseignant doit créer un espace de discussion au sein de la classe afin que ces éléments du titre soient réfléchis en profondeur. Qu’évoquent les mots-clés du titre? S’agit-il d’une solitude négative ou positive? Qui est le Promeneur solitaire? Quelle est la définition exacte du mot « rêverie »? Que nous annonce ce titre? À quel type de texte devons-nous nous attendre?

À ce stade de la séquence didactique, l’enseignant doit se garder de fournir trop d’indices ou de valider trop d’informations à la suite des réflexions des étudiants. Il sera intéressant de voir les étudiants évoluer, pendant les activités préparatoires, dans une sorte de flou sémantique et cognitif où leur seule ressource consiste en leurs impressions et leurs émotions face au livre. Il s’agit d’une stratégie qui vise à entraîner chez les étudiants la rétention d’un souvenir durable et significatif. Les réflexions qu’ils auront été amenés à faire par eux-mêmes et les impressions auxquelles ils auront été particulièrement attentifs teinteront leur lecture de l’œuvre par la suite. Le flou qu’ils auront d’abord vécu et qui les aura placés dans une zone d’inconfort cognitif en raison du manque d’information quant à ce qui est attendu d’eux sera rapidement remplacé par le plaisir de voir leurs hypothèses et leurs intuitions validées et ainsi que par le renforcement de leur confiance de sujet-lecteur.

 

Activité de création

Suivant immédiatement l’activité d’exploration des éléments paratextuels, les étudiants sont invités à se soumettre à un exercice de création. Sachant qu’ils possèdent encore très peu d’informations concrètes au sujet de Rousseau et de son œuvre, les étudiants doivent produire un texte d’une page (250 mots) qui repose sur une seule contrainte : leur texte doit commencer par les mots « Me voici donc seul(e) sur la terre », soit les premiers mots des Rêveries. Les étudiants bénéficient d’une totale liberté quant au choix du sujet ou au style de l’écriture et ils sont délibérément placés dans un état intriguant pour les amener à être attentifs à leurs intuitions. Dans ces quelques mots des Rêveries, le thème de la solitude et la marque d’énonciation de la première personne du singulier apparaissent spontanément même si les étudiants n’y portent peut-être pas une attention particulière. Ces deux éléments créent un effet sur le lecteur et peuvent l’amener à produire un texte à caractère introspectif. Pour les besoins de l’exercice, il pourrait être nécessaire d’expliquer ces notions et d’insister sur l’effet créé afin de placer les étudiants dans un état d’esprit propice au texte de création envisagé. Ainsi, les étudiants en arriveront à se prêter à une sorte de rêverie et à réfléchir, à leur façon, à des questions touchant la nature humaine. Lors de cette activité, les étudiants se verront confrontés à un stéréotype, celui du lyrisme. Ils l’expérimenteront grâce à l’écriture dans un premier temps, mais ce motif inondera leur lecture de l’œuvre par la suite. À ce sujet, la théorie de Sylvie Maingain et Jean-Louis Dufays offre une piste de réflexion intéressante :

Similaire dans leur fonctionnement, lecture et écriture entretiennent, en outre, à l’endroit des stéréotypes une relation mutuellement dialectique : d’une part, le fait de lire ou de voir abondamment des stéréotypes permet de les mettre à distance et d’en renouveler l’usage dans l’écriture ; d’autre part, le fait de s’exercer à les écrire (et à les dire) aide à mieux les repérer et les interpréter dans les textes qu’on lit et les images qu’on regarde. Le double usage des stéréotypes figure donc au cœur des interactions réception/production et lecture/écriture[7].

 

Les étudiants embrasseront probablement le stéréotype sans y porter attention lors de leur création. Le retour qui sera fait par la suite sur cette activité permettra d’objectiver cette expérience pour observer ce qui se cache sous ce schéma d’écriture et en faire l’analyse avec un appareillage théorique. Ainsi, afin de garder intact le caractère expérimental des activités qu’ils viennent de vivre, le retour sur cette création se fera plus tard au cours de la séquence pour laisser le temps aux étudiants d’adopter une certaine distance par rapport à ce texte. Finalement, au moment de quitter la classe, les étudiants recevront la consigne de l’activité suivante.

 

Qui est Rousseau ?

Pour cette activité, les étudiants devront collectivement effectuer une recherche sur Jean-Jacques Rousseau, son époque et son œuvre. Chaque étudiant devra préparer une petite recherche dont il pourra témoigner en 3 ou 4 minutes portant sur un aspect précis de l’auteur. Pour ce faire, à la suite de leur activité de création, les étudiants sortent de la classe en pigeant un morceau de papier où un axe de recherche sera indiqué sous forme de doublet : Rousseau + Voltaire, Rousseau + Nature, Rousseau + Musique, etc. Les étudiants devront effectuer cette recherche pour le cours suivant et ils devront en rendre compte sous forme de fiche de lecture où ils noteront les principales informations recueillies. De cette façon, ils découvriront, par exemple, que Rousseau se dédiait à une carrière de compositeur musical, avant de La fiche sera récupérée par l’enseignant à la suite de l’activité et elle pourrait faire l’objet d’une évaluation formative ou sommative.

Lors de la mise en commun des informations, les étudiants sont invités à prendre la parole pour livrer au reste de la classe le fruit de leur recherche. Le rôle de l’enseignant lors de cette activité est très important. Celui-ci doit susciter la prise de parole des étudiants tout en effectuant une validation puis une organisation de l’information. L’enseignant joue le rôle d’un chef d’orchestre qui doit organiser et structurer les bribes d’informations qu’il reçoit afin d’esquisser, en collaboration avec les étudiants, le portrait de Jean-Jacques Rousseau. Ce bagage d’informations ajouté aux premières expériences réflexives de la séquence permettra aux étudiants d’aborder les Rêveries avec une prise contextuelle et thématique intéressante qui leur permettra de s’insérer dans l’univers de l’auteur avec plus d’aisance.

 

Pendant la lecture

Journal de lecture

Le journal de lecture est un objet d’une grande importance dans la séquence didactique puisqu’il aura comme objectif d’accompagner intimement la lecture des Rêveries. Pour ce faire, le format même du journal s’avère déterminant dans la relation qui pourra être établie entre l’étudiant et l’œuvre grâce à cet outil didactique. Le format proposé est celui d’un petit carnet de type « moleskine » pouvant être facilement trimbalé avec l’édition de poche des Rêveries recommandée pour la lecture de l’œuvre. Le journal de lecture pourrait aussi prendre la forme d’un journal numérique construit sous la forme d’un blogue, mais le format papier est privilégié pour tenter de reproduire le plus fidèlement possible l’expérience méditative du promeneur. Outre ces détails techniques, le journal de lecture est divisé en dix promenades et, pour chacune des parties du texte, une série de questions thématiques, théoriques, critiques et réflexives sont proposées pour amener l’étudiant à s’interroger continuellement sur l’œuvre qu’il lit. La lecture de l’étudiant sera donc peuplée de ses questions diverses qui lui demanderont d’effectuer une lecture attentive aux détails, voire même une relecture de certains passages. L’objectif poursuivi est d’amener l’étudiant à se concentrer sur des aspects de la langue, du style et de l’imaginaire de Rousseau afin de rompre la monotonie qui pourrait surgir d’une lecture continue et désintéressée de l’oeuvre. Suivant le calendrier de lecture des promenades, les questions feront l’objet d’une discussion en classe au début du cours et afin d’assurer un contrôle des étudiants qui n’effectueraient pas les lectures demandées, le droit d’entrée dans la classe consisterait en leur journal de lecture dûment complété. L’enseignant s’assurera également d’orienter la discussion en établissant des liens entre les promenades, aspect qui n’est pas nécessairement abordé par les questions présentes dans le journal.

Grâce à ce journal, l’étudiant est invité à reproduire, à travers sa lecture, la démarche qu’effectue Rousseau dans l’écriture de son œuvre. Ainsi, l’étudiant devient un Promeneur solitaire au sein de l’œuvre de Rousseau et il est invité à conserver les traces de ses propres rêveries à même son journal. Cette expérience est vécue pleinement grâce à l’aménagement d’une page blanche à la fin des sections de chacune des promenades. Cette page blanche est conçue afin de recueillir, tels les végétaux si chers aux yeux du philosophe, les impressions, les mots, les citations de Rousseau qui interpelleront l’étudiant et qu’il collectionnera tout au long de sa lecture. Cette page blanche pourra recevoir toutes les pensées du lecteur et lui permettre d’accumuler un bon nombre d’hypothèses et de questions sur lesquelles il pourra travailler dans le cadre de son travail final. Ainsi, en plus de garder l’étudiant dans un travail réflexif constant, cette page permet d’opérer un repérage efficace de passages et d’extraits significatifs.

Lors de la présentation du journal de lecture, l’enseignant en profite pour établir avec les étudiants les objectifs de lecture des Rêveries. La lecture de l’œuvre s’effectuera en trois temps à raison d’une série de Promenades par semaine et chaque bloc de lecture fera l’objet d’un séminaire.

 

Dialogues

Afin de compléter la présentation de l’auteur et de son œuvre, l’enseignant présentera quelques objets culturels qui sortent du champ de la littérature afin de montrer l’écho qu’a l’œuvre de Rousseau dans le monde culturel contemporain. Plusieurs options s’offrent à l’enseignant, notamment le projet La faute à Rousseau : une collection de films courts, une initiative du cinéaste Pierre Maillard qui réunit le Département Cinéma/cinéma du réel de la Haute école d’art et de design de Genève, RITA Productions et la RTS. Ce projet est constitué de 55 courts métrages qui ont tous comme visée  d’actualiser à leur manière (fiction, documentaire, animation) la pensée et l’œuvre de Rousseau. Ce type de projet, qui place Rousseau au centre de sa réflexion, tisse des liens intéressants entre les œuvres, les médiums et les époques. La faute à Rousseau est un objet cinématographique intéressant à analyser, mais avant même d’entrer dans l’œuvre, le titre du projet offre de nombreuses pistes interprétatives liées à plusieurs autres œuvres ou courants artistiques : la chanson de Gavroche dans les Misérables, le romantisme, l’œuvre de Nicolas Henry Jeurat de Berty, Rousseau et les symboles de la Révolution[8], le monument de son inhumation au Panthéon de Paris (tout près de Voltaire), ou encore le film d’Abdellatif Kechiche, La faute à Voltaire. Un réseau de médiums, d’œuvres et de courants peut ainsi être déployé afin de montrer les résonnances que présente le philosophe dans le monde culturel.

Par ailleurs, cette activité sera l’occasion de présenter la consigne du travail final qui devra être remis au terme de la séquence. Puisque ce travail consiste en  un exercice  comparatif entre différents objets culturels, cette activité permettra aux étudiants de puiser quelques sources d’inspiration et de se familiariser avec le langage propre à chacun des médiums abordés.

 

Séminaires

Selon le découpage précédemment proposé par l’enseignant, trois séminaires auront lieu au cours de la lecture de l’œuvre à raison d’un séminaire par semaine. La lecture des Rêveries se verra donc étalée sur une période de trois semaines. Ce délai semble raisonnable puisque les séminaires vont exiger un surplus de lectures préparatoires. Ces séminaires permettront d’approfondir, sur les plans théorique et analytique, la lecture des Promenades. Les étudiants devront solliciter leurs connaissances de la littérature et acquérir de nouveaux savoirs grâce à la lecture de certains textes théoriques ou autres textes de fiction, puis effectuer, de façon collective, une synthèse de ces informations qui seront mises à profit lors des discussions des séminaires. Ainsi, selon le découpage Promenades 1 à 3, Promenades 4 à 6 et Promenades 7 à 10, l’enseignant prépare une ou deux thématiques à chaque fois qu’il accompagne de la lecture de quelques textes ou extraits de texte théoriques ou littéraires. L’exemple présenté ci-dessous concernant le premier bloc de lecture offre plus de détails en ce qui a trait au déroulement des séminaires. D’abord, les étudiants doivent se présenter au cours bien préparé et muni de leur journal de lecture dûment rempli. Pour chacun des séminaires, un petit groupe d’étudiants pourrait être désigné afin d’animer et d’assurer une relance des discussions. Comme cela était le cas lors de l’activité Qui est Rousseau ?, l’enseignant se doit d’offrir un certain encadrement à l’activité tout en laissant place à l’autonomie et à la confiance des sujets-lecteurs. L’enseignant sera donc là afin d’interroger les élèves ou pour proposer des pistes de réflexion sans s’arroger un trop grand espace de parole. Les étudiants doivent développer leur esprit critique et analytique et surtout faire montre d’autonomie et d’originalité dans leur réflexion.

Le premier bloc de lecture comprenant les Promenades 1 à 3 pourrait, par exemple, porter sur les questions de l’autobiographie et de la solitude. Quelques textes parmi les suivants pourraient être sélectionnés comme lecture préalable : un extrait de René de Châteaubriand, de Duras, de Montaigne ou encore de Gabrielle Roy qui pourrait faire office d’un texte de (auto)fiction comparatif, un extrait du Pacte autobiographique de Philippe Lejeune ou encore un texte hybride hyper-contemporain comme l’essai lyrique « Elle a pleuré à la discothèque » du numéro 03 de la revue Nouveau Projet. Les discussions devront donc s’articuler autour des impressions et des réactions suscitées par la lecture des textes et d’une confrontation avec les Promenades de Rousseau. Enfin, le premier séminaire pourrait être une occasion très intéressante pour effectuer un retour sur l’activité de création qui eut lieu en début de séquence. Armés d’outils théoriques et d’un riche réseau de textes, les étudiants pourraient effectuer un travail d’objectivation de leur création. Qu’ont-ils fait ou que n’ont-ils pas fait sans en avoir conscience? Cette séquence didactique pourrait d’ailleurs être enrichie de deux autres activités de création appropriées aux blocs de lectures suivants afin d’enrichir l’expérience des séminaires par une réflexion sur sa propre écriture.

 

Après la lecture

Exercice comparatif

Le travail final de cette séquence, et qui fera l’objet d’une évaluation sommative, consiste en un exercice comparatif entre un extrait des Rêveries et un objet culturel d’un médium autre que littéraire. Partant d’une thématique qui sera préalablement analysée et expliquée, l’étudiant devra montrer comment elle se développe dans l’extrait choisi puis comme elle est actualisée à travers l’objet culturel sélectionné. Ce travail nécessite une lecture approfondie de l’œuvre et de l’extrait en particulier ainsi qu’une recherche préalable pour la sélection d’un objet culturel riche. L’enseignant encadrera l’amorce du travail des étudiants par une période de rencontres individuelles où le choix de l’objet culturel sera validé. Bien entendu, ce dernier veillera à offrir certaines orientations pour la recherche ou encore quelques suggestions d’œuvres intéressantes. La conclusion du travail consistera en un commentaire critique considérant la résonnance de l’œuvre de Rousseau dans le monde contemporain. Le travail se divisera en quatre parties : l’introduction expliquant la thématique abordée et la présentation de l’extrait et de l’œuvre étudiée, deux paragraphes offrant une analyse de l’extrait de Rousseau et de l’objet culturel et finalement une conclusion présentant la synthèse de ces analyses.

 

 

Bibliographie

 

 

BORNECQUE, Pierre, Les Rêveries – Rousseau, Paris, Hatier (Profil d’un œuvre, 61), 1980.

 

CROGIEZ, Michèle, Solitude et méditation. Étude sur les Rêveries de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Honoré Champion Éditeur, 1997,

 

DUFAYS, Jean-Louis et Sylvie MAINGAIN, « Stéréotypes et apprentissage de l’écriture », Le français aujourd’hui, n° 127, 1999.

 

ÉMERY-BRUNEAU, Judith, « Former des "sujets-lecteurs-enseignants" : une responsabilité collective pour des actions didactiques réfléchies », Québec français, n° 163, 2011, p. 79-82.

 

LAURIN, Michel, Anthologie littéraire du Moyen Âge au XIXe siècle, Montréal, Beauchemin Chenelière Éducation,  2012.

 

MIRODATOS, Yves [dir.], Jean-Jacques Rousseau, le sentiment et la pensée, Grenoble,

Glénat, 2012.

 

ROUSSEAU, Jean-Jacques, Les Rêveries du Promeneur solitaire, Paris, Gallimard (folio classique), 2012 (1972).

 

WINTER, Geneviève, 100 fiches sur les mouvements littéraires, Paris, Bréal, 2011.

 

 

Filmographie

 

COLLECTIF, La faute à Rousseau : une collection de films courts, Genève, RITA Productions/RTS, 2012, [en ligne]. http://lafautearousseau.com/ [consulté le 2 mai 2013].



[1] Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du Promeneur solitaire, Paris, Gallimard (folio classique), 2012 (1972).

[2] Pierre Bornecque, Les Rêveries – Rousseau, Paris, Hatier (Profil d’un œuvre, 61), 1980, p. 78.

[3] Michèle Crogiez, Solitude et méditation. Étude sur les Rêveries de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Honoré Champion Éditeur, 1997, p. 31.

[4] Michel Laurin, Anthologie littéraire du Moyen Âge au XIXe siècle, Montréal, Beauchemin Chenelière Éducation, 2012, p. 148.

[5] Judith Émery-Bruneau, « Former des "sujets-lecteurs-enseignants" : une responsabilité collective pour des actions didactiques réfléchies », Québec français, n° 163, 2011, p. 79.

[6] Ibid., p. 81.

[7] Jean-Louis Dufays et Sylvie Maingain, « Stéréotypes et apprentissage de l’écriture », Le français aujourd’hui, n° 127, 1999.

[8] Yves Mirodatos [dir.], Jean-Jacques Rousseau, le sentiment et la pensée, Grenoble, Glénat, 2012, p. 132.


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