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Sept jours pour une éternité...

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Sept jours pour une éternité...
LEVY, Marc
Par Sabrina Côté


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Roman
Courant : Autres
Siècle : 21e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Sabrina Côté
Date du dépôt : Hiver 2014


Séquence didactique

Sept jours pour une éternité… de Marc Levy

 

Présentation et pertinence de l’œuvre

Cette séquence didactique d’une durée de 10 cours s’adresse aux élèves de quatrième secondaire. Elle est construite autour du roman Sept jours pour une éternité… de Marc Levy, un auteur étranger populaire qui risque d’être connu par les parents des élèves. L’intérêt d’étudier cette œuvre intégrale est justement là : en plus d’être accessible, cette œuvre permet de s’encrer dans de vraies pratiques de lecteurs. Ce roman permet donc de montrer la richesse interprétative d’une œuvre qui est lue par plusieurs gens pour le simple plaisir de lire. Les élèves prendront ainsi conscience que « l’expérience de la lecture peut être autre chose que la simple compréhension d’un texte [1]» et que l’émancipation n’est pas la seule fonction de la littérature.

Sept jours pour une éternité… est un roman hybride qui mélange le fantastique et la romance, le tout imprégné d’un registre comique. L’appropriation du genre fantastique s’inscrit en 2e année du 2e cycle du secondaire dans le Programme de formation de l’école québécoise. Cette œuvre contemporaine est donc toute désignée pour étudier ce genre d’autant plus qu’elle se distingue des romans fantastiques traditionnels impliquant « vampires » et « loups-garous ». Prenant place en plein cœur de San Francisco, l’intrigue met en scène deux personnages principaux, Lucas et Zophia, étant respectivement un démon et un ange envoyés sur Terre par Lucifer et Dieu dans le but de mettre fin à leur rivalité. Ces derniers avaient tout prévu en envoyant chacun leur meilleur agent sur terre sauf une chose, qu’ils se rencontreraient. Si les deux êtres n’appartiennent pas au même clan, cela n’empêche pas leur amour impossible de se consumer.  

La séquence se déroule en trois parties et compte 7 activités.  Elle articule la lecture, l’écriture et l’oral. Avant la lecture, les activités touchent la planification, l’activation des connaissances antérieures et l’intention de lecture. Pendant la lecture, les activités sont axées sur la prise de notes de lecture et sur les caractéristiques génériques de l’œuvre. Enfin, après la lecture, les activités touchent l’interprétation des problèmes de lecture et l’écriture d’invention. Selon le niveau des élèves, entre 2 et 3 semaines peuvent être accordées pour la lecture de l’œuvre. Dans cette séquence, aucune période de lecture n’est accordée en classe.

 

Principaux savoirs

            Les activités dans cette séquence permettent de créer une mini communauté de lecteurs-auteurs[2], puisque les élèves sont amenés à échanger et à partager leurs expériences de lecteur sur un blogue créé par l’enseignant. « Tenir un blogue permettrait aux adolescents d’entretenir leurs relations avec leurs pairs et de développer un sentiment d’appartenance à une communauté.[3] » Au terme de cette séquence, les élèves auront appris à se doter d’une intention de lecture, à réagir à un texte, à interpréter un texte, à reconnaitre les caractéristiques du genre fantastique et à écrire un dialogue.

Avant la lecture

« Comme la lecture est un processus actif, les lecteurs experts sélectionnent plusieurs stratégies qu’ils hiérarchisent et dont ils coordonnent la lecture avant, pendant et après la lecture. Avant la lecture, ils déterminent un objectif de lecture, survolent le texte et actives leurs connaissances antérieures pour générer des hypothèses sur son contenu. [4]»

 Activité 1 : Planifier sa lecture à l’aide du paratexte (1 cours)

La première activité a pour but d’aider l’élève à planifier sa lecture et à se créer des attentes envers le roman en se servant des indices textuels et paratextuels. Pour en connaitre[5] davantage sur le sujet d’un livre ou pour en prédire le contenu, un lecteur expert lit la quatrième de couverture, le titre, observe l’image sur la couverture et lit les titres des chapitres avant de se lancer dans la lecture. C’est donc pour amener les élèves à exercer leur pratique de lecteur que cette activité est proposée.

Cette activité se fait en plénière pour favoriser les échanges entre pairs. Dans un premier temps, l’enseignant demande aux élèves de lire le titre du roman Sept jours pour une éternité… et leur demande ce qu’ils pensent du titre et ce qu’il évoque chez eux. On attire l’attention des élèves sur le fait qu’il y a un signe de ponctuation dans le titre et qu’il est scindé en deux sur la couverture Sept jours / pour une éternité… Après avoir lu la quatrième de couverture, l’enseignant mène une discussion avec les élèves et leur demande en quoi la quatrième de couverture vient expliquer le titre, ou du moins, donner des pistes d’interprétation par rapport à l’histoire. Les élèves peuvent supposer que l’histoire se déroulera sur sept jours et que ces sept jours vont déterminer l’avenir de la terre d’où le mot « éternité » prend son sens dans le titre. La quatrième de couverture nous apprend également qui sont les personnages principaux et quel est leur rôle dans l’histoire. Comme il est dit que les deux personnages vont se rencontrer, les élèves peuvent poser l’hypothèse qu’il y aura une intrigue amoureuse dans le roman. Enfin, l’image sur la couverture n’est pas sans signification. Bien entendu, les élèves remarqueront le mécanisme de régulation d’une montre de poche, mais on peut attirer leur attention sur la plume et l’ombrage qui donne l’impression d’une horloge solaire et faire des liens entre le titre et le temps.

 Activité 2 : Activation des connaissances (1 cours)     

En lisant la quatrième de couverture, on réalise que les oppositions seront présentent dans l’histoire, et plus particulièrement l’opposition entre le bien et le mal. Pour préparer les élèves à s’engager dans leur lecture, il faut stimuler leurs connaissances antérieures, en organisant celles-ci et en les reliant au texte à lire[6]. Cette activité permet de créer chez les élèves des horizons d’attentes pour la lecture.

Les élèves seront donc amenés à se baser sur leurs expériences personnelles et leurs connaissances antérieures pour consigner dans un tableau leurs préconceptions sur les valeurs du bien et du mal. Il est important que les élèves aient en tête l’idée d’opposition entre les valeurs du bien et du mal lors de la lecture puisque cela aide à la compréhension de l’œuvre et permet de développer plusieurs interprétations. De plus,  les élèves pourront, lors de la lecture, confronter leurs propres conceptions aux conceptions présentent dans le roman. Voici le tableau proposé aux élèves :

 En t’inspirant de tes expériences personnelles et de tes connaissances en littérature, remplis le tableau suivant.

Préconceptions sur les valeurs du bien et du mal

 

Bien

Mal

Qui incarne le…

 

Dieu, les anges, les héros comme Spiderman, les femmes en général

 

Le diable, les malfaiteurs, les monstres, les dragons, le bouffon vert, les hommes en général

Quels sont métier sont associés au…

Médecin, infirmière, policier, pompier, ambulancier,

Voleur, avocat, assureur, prêteur d’argent,

Quelles actions représentent le…

Donner, aider, partager, écouter,

Tuer, voler, mentir, blesser

Quels objets ou quelles choses sont associé(e)s au…

 

 

 

Fleurs, colombe, eau, vie

 

 

 

 

 

Bombes, armes à feu, armes blanches, argent,  feu, mort

 

Quels lieux sont associés au…

Église, école, paradis

Enfer, prison,

 

Autres éléments qu’on peut associer au…

Jour, rêve, bénévolat, couleur blanche

Nuit, cauchemar, serpent, tentation, drogue, couleur noire, couleur rouge

 Je proposerais aux élèves de remplir dans un premier temps le tableau individuellement. Par la suite, les élèves se placent en équipe de 2 ou 3 pour comparer leurs réponses et trouver d’autres éléments associés au bien et au mal.

 Activité 3 : Intention de lecture (1 cours)

            Il est important de donner une intention de lecture aux élèves surtout pour un long texte comme le roman afin de les orienter et de leur donner des pistes de lecture. De cette façon, les élèves sauront sur quoi porter leur attention et seront en mesure de mieux comprendre et même d’interpréter le texte. Dans Sept jours pour une éternité…, c’est l’auteur lui-même qui donne une intention de lecture aux lecteurs. Il est donc important de le faire remarquer aux élèves d’autant plus que cela s’inscrit dans une pratique de lecteur expert. L’intention de lecture qu’on donnera aux élèves sera en lien avec le hasard. Le but est d’amener les élèves à lire le roman en gardant en tête comment le hasard intervient dans l’histoire et l’influence. Dans un premier temps, on s’empare du livre pour monter aux élèves comment l’auteur donne cette intention de lecture. Cette activité se fait en plénière. On lira avec les élèves l’épigraphe ainsi que la dernière page du roman. Le mot « hasard » est présent dans l’épigraphe et dans la dernière phrase du roman. On peut alors poser aux élèves les questions suivantes:       

           Croyez-vous que c’est une intention de l’auteur que le mot « hasard » se retrouve au début et à la fin du roman? Oui, je crois que c’est une intention de l’auteur.

            Pourquoi, selon vous, l’auteur a-t-il placé le mot « hasard » au début et à la fin du roman? L’auteur parle du hasard au début pour qu’on lise le roman en gardant en tête l’effet du hasard. Comme le mot hasard revient aussi à la fin du roman, on comprend qu’il est très important dans l’histoire.         

            Croyez-vous qu’il faut tenir compte de ce fait lors de la lecture? Oui. Je crois que cela peut orienter notre lecture et nous donner des pistes lors de la lecture.

            Dans un deuxième temps, une activité d’écriture sur un blogue est proposée aux élèves. Ces derniers doivent expliquer, dans un court paragraphe, ce qu’est pour eux le hasard et comment il se manifeste. Les élèves puisent dans des situations qu’ils ont vécues pour écrire leur paragraphe. Cette activité se fait au laboratoire informatique. Une fois cette étape faite, tous les autres élèves peuvent lire les paragraphes des autres ce qui contribue davantage à leur donner des pistes de lecture et à orienter leur lecture sur la notion du hasard. 

Pendant la lecture

Activité 4 : Journal de bord  

            Comme la lecture d’un roman peut s’avérer une tâche lourde cognitivement, il est important de monter aux élèves à s’arrêter pendant la lecture et à prendre des notes. Le journal de bord est une activité qui servira aux élèves à consigner des notes de lecture. Les élèves sont amenés à s’arrêter après chaque chapitre, à résumer ce dernier et à lui trouver un titre puisque les chapitres dans le roman sont nommés en termes de jour, soit de 1 à 7. Comme la plupart du temps il n’est pas possible d’écrire ou de surligner dans les livres prêtés par l’école, les élèves consignent également dans le journal de bord des citations et des passages qui sont significatifs pour eux. Ces passages seront utiles lors de l’activité 6. On précisera aux élèves, comme stratégie de lecture, de prendre en note les numéros des pages où les citations sont tirées afin d’avoir recours facilement à celles-ci. Cette activité se fait toujours sur le blogue, ce qui permet à l’enseignant de vérifier à quel rythme les élèves lisent le livre. Les élèves écrivent dans leur journal de bord à la maison, ou du moins, en dehors des heures de classe afin de favoriser l’autonomie et l’initiative chez les élèves.

 Activité 5 : Prédiction sur la fin de l’histoire à partir du genre (2 cours)

            Pour comprendre l’intrigue dans le roman de Levy, il est important que les élèves aient des notions sur le genre dans le roman puisqu’il y a un mélange de deux genres : fantastique et romance. En faisant cet apprentissage en cours de lecture, les élèves seront en mesure de découvrir avec l’aide de l’enseignant les caractéristiques du fantastique et de la romance puisqu’ils pourront s’appuyer sur des éléments présents dans le récit. L’activité qui se fait après la lecture du troisième chapitre se déroule en deux temps.

 5.1 Les caractéristiques du fantastique et de la romance (1 cours)

            Pour amener les élèves à voir dans le roman des caractéristiques du fantastique, c’est dernier remplissent en équipe un tableau comme celui-ci. L’enseignant fait ensuite un retour avec les élèves pour voir ce qu’ils ont fait ressortir et corrige au besoin les réponses des élèves.

 

 

Manifestations du genre fantastique dans le récit

 

Qui sont les personnages principaux et les personnages secondaires?

 

Les personnages principaux sont Zophia et Lucas.

 

Les personnages secondaires sont Dieu, Lucifer, Michael, Mathilde, Reine et Jules.

Quel est leur métier? Que font-ils dans la vie?

 

 

Zophia : Ange envoyé sur Terre par Dieu. Elle est agente de sécurité dans un port et aussi une agente de la CIA (centrale de l’intelligence des anges). Son but est de rependre le bien sur Terre. Elle fait du bénévolat.

 

Lucas : Démon envoyé sur Terre par Lucifer. Il a un métier flou. Il cherche à déstabiliser l’économie des entreprises. Il vol des voitures de luxe.

 

Dieu (ou Monsieur) : Règne sur le monde et fait la promotion du bien. Affectionne le décollage de fusée humaine. C’est lui qui a envoyé Zophia sur Terre.

 

Lucifer (ou Président): Veut mener l’humanité vers le mal. C’est lui qui a envoyé Lucas sur Terre.  

 

Mathilde : Serveuse au restaurant des débardeurs dans le port. Ancienne droguée. Meilleure amie de Zophia.

 

Reine : ancienne journaliste mondiale. Loue une chambre à Zophia. Confidente de Zophia.

 

Jules : Itinérant à qui Zophia et Lucas parlent quand ils le croisent sur les docks.

 

Quelles sont leurs principales caractéristiques physiques et psychologiques?

 

 

Zophia : Belle, attentionnée, gentille, généreuse, dévouée, naïve, aime son travail, ne mange pas, ne connait pas encore le sentiment de l’amour.

 

Lucas : Porte des complets noirs, beau, cruel, déterminé, charmeur, avare et influençable.

 

Dieu : Veut le bien, vit au sommet de la pyramide, à côté de Lucifer, et n’en sort pas.

 

Lucifer : Veut le mal, vit au sommet de la pyramide, à côté de Dieu, et n’en sort pas.

 

Mathilde : Belle, avenante, veut plaire, travaillante, a besoin de manger.  

 

Reine : Accueillante, bienveillante, bonne écoute, maternelle.  

 

Jules : Grand penseur, aime faire réfléchir les gens. Il est visible seulement aux yeux de Lucas et Zophia. Il est physiquement mort.

 

Quelles distinctions peux-tu faire entre les personnages?

 

Il y a des personnages humains qui ont des caractéristiques propres aux humains comme les sentiments (amour, haine, tristesse, douleur) et les besoins physiologiques (manger) et des personnages qui viennent des cieux et qui n’ont pas besoin de cela.

 

 

Où se passe le récit?

 

 

Le récit se passe dans la ville de San Francisco, aux É.-U..

 

Y-a-t-il des lieux qui ne sont pas vus ou fréquentés par certains personnages?

 

 

La pyramide a des portes invisibles aux yeux des humains. Seulement Zophia et Lucas savent où se trouvent les portes et peuvent y accéder. De plus, la pyramide a une porte secrète qui mène dans « l’autre monde ».

 

 

 

 

 

Y-a-t-il des intrusions  d’évènements surnaturels dans le récit? Si oui, décris-les.

 

 

 

 

 

Lucas et Zophia parlent avec un « fantôme » (Jules).

Dieu et Lucifer existent et envoient des agents sur Terre : un ange et un démon.

Zophia ne mange pas et pourtant, elle reste en vie.

 

 

Manifestation du genre romance dans le récit

 

 

Qui sont les personnages principaux?

 

Zophia et Luas, un homme et une femme.

 

Autour de quoi tourne l’intrigue dans le roman?

 

 

L’intrigue tourne autour de la relation qui se développe entre Zophia et Lucas, un amour impossible vu la nature des deux êtres. 

 

 

Que se passe-t-il entre les personnages principaux?

 

 

Les deux personnages commencent à tomber amoureux l’un de l’autre, mais Dieu et Lucifer font tout pour les éloigner.

 

 5.2 Prédiction sur la fin de l’histoire (1 cours)

Pendant la lecture, le lecteur expert effectue des inférences, tisse des liens entre le texte et ses connaissances antérieures et effectue des prédictions sur la suite du texte[7]. Afin de développer des stratégies de lecture chez les élèves, ces derniers doivent, à la lumière des caractéristiques du fantastique et de la romance relevées dans le récit, prédire comment va se terminer l’histoire d’amour impossible entre Zophia et Lucas. Ils écrivent leur paragraphe d’environ 150 mots sur le blogue. Il s’agit de poser une hypothèse avant de poursuivre la lecture du roman. On peut suggérer la formulation suivante : Je crois que… parce que…

Après la lecture

Activité 6 : Cercle de lecture (2 cours)

            Si le lecteur joue un rôle de première importance dans la construction du sens des textes[8] et si « la spécificité du texte littéraire réside en partie dans la lecture toujours à refaire »[9], encore faut-il que le lecteur soit en mesure de « de comprendre et d’interpréter les signes internes et externes au texte et pas seulement de reconnaitre des caractéristiques [10]». Pour développer la compétence interprétative chez les élèves, il faut donc leur enseigner à prendre de la distance par rapport aux textes. L’enseignement explicite (modelage, pratique guidée et pratique autonome) est donc tout désigné pour développer cette compétence chez les élèves. L’activité se déroule en deux temps.

 Activité 6.1 : Modelage et pratique guidée pour travailler le rôle de Jules et Reine (1/2 cours)

            À partir des citations et des passages que les élèves ont relevés dans le roman, l’enseignant amène les élèves à interpréter le rôle de Jules et Reine dans la relation entre Zophia et Lucas comme étant une incarnation du hasard. Comme l’activité 3 avait donné une intention de lecture aux élèves en leur disant de porter une attention particulière à l’intervention du hasard dans le roman, forcément que certains passages vont se rattacher direction au thème qu’on veut interpréter. Bien entendu, certains passages relevés par les élèves ne serviront pas à l’enseignant, mais l’enseignant sélectionne ceux qu’il juge pertinents pour amener les élèves là où il veut. Ainsi, on insistera sur les passages qui parlent de l’amour (ex. : p.181, 182, 291, 303), de Jules (ex. : p. 91, 92,102,103) et de Reine (ex : p. 269, 300) pour montrer que Jules et Reine incarnent le hasard dans l’histoire. L’enseignant fait voir cette interprétation aux élèves en expliquant comment il en vient en penser cela. Il pourra notamment expliquer aux élèves qu’à la fin du récit, on comprend que Jules, un personnage qu’on croyait vivant, est mort depuis une dizaine d’années et qu’il serait possiblement un ange. Cela nous est dit quand il va rejoindre, sans que personne le voie entrer dans l’hôpital, Reine agonisante dans sa chambre. Alors que le cœur de Reine cesse de battre, leurs âmes s’envolent vers les cieux. Je veux amener les élèves à interpréter ces deux personnages comme une incarnation du hasard dans l’histoire puisqu’on dit que Dieu et Lucifer avaient tout prévu en envoyant leur agent sur Terre. Comme on réalise que Reine et Jules ont poussé Zophia et Lucas dans les bras de l’un et l’autre et que Dieu et Lucifer avaient tout prévu en les envoyant sur Terre, on peut penser qu’ils incarnent le hasard puisque l’amour, au départ impossible entre un ange et un démon, s’est finalement consumé. Le rôle de Jules et Reine dans la relation devient encore plus évident, car une fois que Zophia et Lucas affirment être amoureux l’un de l’autre, Jules et Reine disparaissent comme si leur tâche sur Terre était de réunir les deux amoureux.

            Après que l’enseignant ait exposé sa propre interprétation du rôle de Jules et Reine dans la relation ente Zophia et Lucas, les élèves peuvent exprimer la leur en plénière s’ils en ont une autre. Ainsi, les élèves feront une certaine pratique guidée d’interprétation. Les discussions en groupe, notamment sur l’interprétation, sont favorables pour les élèves puisqu’elles permettent l’émergence de nouvelles idées. Certains élèves pourraient aussi dire que Jules et Reine représentent la tolérance et l’acceptation de l’autre. En effet, Lucas, qui était envoyé sur Terre pour faire le mal, finit par apprendre la gentillesse et Zophia apprend à aimer Lucas malgré son désir de rependre le mal autour de lui.

 Activité 6.2 : Interprétation (autonome) d’un deuxième problème de lecture (1 1/2cours)

            Interpréter un problème de lecture n’est pas évident pour les élèves, même si on leur a montré le processus une première fois. Cette activité se déroule donc en équipe de 4 ou 5 élèves. Ces derniers devront interpréter le fait que le monde se referme sur Zophia et Lucas. Comme le genre fantastique est présent dans l’œuvre, il y a plusieurs interprétations possibles. L’enseignant place donc les élèves en équipe et leur demande, selon eux, que veut dire le fait que le monde se referme sur Zophia et Lucas. L’enseignant circule d’équipe en équipe pour voir ce que les élèves font ressortir. Les élèves pourraient traiter le problème au sens large dans l’histoire et implorer le fantastique en disant que les portes du ciel, les portes qui mènent vers le monde des anges et des démons, se referment sur Zophia et Lucas puisque leur amour leur a redonné leur humanité, et donc, qu’ils ne peuvent plus retourner vers les cieux. D’autres élèves pourraient traiter le problème dans le chapitre seulement et implorer le fait que Zophia est anéantie par la mort de Reine et par l’éloignement de son amie Mathilde et donc, qu’elle sent que le monde autour d’elle s’écrase, que ses repères, ses liens d’amitié sont détruits ce qui fait que le monde se referme sur elle. Enfin, certains élèves pourraient traiter le problème plus localement. En effet, le fait que le monde se referme sur Zophia et Lucas survient alors qu’ils sont tous deux en voiture et que Lucas roule à haute vitesse dans la ville. On peut donc penser que le monde qui se referme sur eux est une impression liée à la vitesse comme si les gratte-ciels donnaient une impression de se rapprocher de la voiture.

            Après que chaque équipe ait élaboré une interprétation du fait que le monde se referme sur Zophia et Lucas, les élèves continuent, individuellement, leur réflexion sur le blogue. L’enseignant reforme de nouvelles équipes de 4 ou 5 élèves et ces derniers partagent leur interprétation sur le blogue avec leurs nouveaux comparses. Les élèves sont ainsi confrontés aux interprétations des autres élèves. La discussion ainsi créée dans ce forum, qui est une sorte de dialogue différé, nous amène donc vers la septième activité qui traite de l’insertion de dialogue dans le genre narratif.

Activité 7 : Écriture d’invention (ou fictionnelle) (3 cours)

            « En découvrant des univers littéraires variés et en affinant leur sensibilité à l’égard des procédés utilisés par les écrivains, les élèves se dotent d’outils pour parvenir, progressivement, à écrire toutes sortes de textes littéraires.[11]» Cette activité a donc pour but de travailler l’écriture d’invention par l’enchâssement des séquences dialogales dans la narration puisqu’il y a beaucoup de dialogues dans le roman. En plus de travailler l’écriture d’invention en soi, faire écrire un dialogue aux élèves permettra non seulement de travailler sur ce type de séquence, mais permettra aussi d’évaluer la compréhension et l’interprétation du roman puisque les élèves doivent maitriser l’histoire pour pouvoir écrire leur dialogue.

 À la dernière page du roman, Dieu et Lucifer ont une conversation :

-       D’accord, dit Lucifer, dans un monde totalement parfait ou imparfait nous nous serions ennuyés, oublions ça! Mais maintenant que nous sommes seul à seul, tu peux me le dire! Tu as commencé à tricher le quatrième ou le cinquième jour? 

-       Mais pourquoi veux-tu que j’aie triché?...

            Les élèves doivent alors imaginer la conversation qui pourrait avoir lieu entre Dieu et Lucifer après ces paroles et écrire le dialogue entre les deux personnages. Voici la consigne qui pourrait être donnée aux élèves :

            En t’appuyant sur les évènements du récit et sur les caractéristiques de la séquence dialogale, écris la suite du dialogue entre Dieu et Lucifer. Ton dialogue doit contenir 300 mots. Il doit rendre compte de la compréhension que tu fais de l’intervention de Dieu et de Lucifer dans la relation amoureuse entre Zophia et Lucas.

            Avant de lancer les élèves dans l’écriture du dialogue, l’enseignant analyse la consigne avec les élèves ce qui permet de faire un retour sur l’histoire, sur les caractéristiques du dialogue et enfin sur la compréhension de la consigne en général. 

Les questions suivantes peuvent être posées aux élèves pour la partie de la consigne qui traite des évènements dans le récit:

-       Y-a-t-il un endroit où vous pouvez relire rapidement les évènements importants du récit? Oui, dans notre journal de bord.

-       Quelle autre activité peut vous aider pour appuyer voter dialogue? L’activité 5 peut nous aider, car nous avons fait ressortir les caractéristiques des personnages.

Ensuite, l’enseignant analyse la partie de la consigne qui concerne les caractéristiques de la séquence dialogales ce qui permet de faire un retour sur ces caractéristiques. On fera notamment ressortir avec les élèves les éléments suivants :

  • présence du tiret en début de chaque réplique pour marquer le changement d’interlocuteur;
  • insertion de verbes de parole qui indiquent qui parle (ex. : D’accord, dit Lucifer);
  • insertion de phrases qui indiquent l’état ou qui décrivent des mouvements (ex. : Dieu posa sa main sur l’épaule de Lucifer et sourit).

L’enseignant insiste sur le fait qu’il n’y a pas de guillemets dans le dialogue puisque le dialogue doit s’inspirer du modèle présent dans le roman et que celui utilisé dans le roman est fait à partir des tirets.

            Enfin, la dernière phrase de la consigne donne des précisions sur le dialogue à compléter. Il est nécessaire de préciser aux élèves qu’ils doivent poursuivre le dialogue en traitant de l’intervention de Dieu et de Lucifer dans la relation entre Zophia et Lucas puisque l’extrait à compléter n’est pas explicite à sujet. Pour éviter que certains élèves ne traitent de la tricherie seulement par rapport au rôle de Dieu et de Lucifer sur Terre, on analyse également cette partie de consigne avec les élèves. On attire donc leur attention sur le fait que Lucifer accuse Dieu d’avoir triché en poussant Zophia et Lucas dans les bras de l’un et l’autre. On peut également revenir sur l’épigraphie qui dit que le hasard est la forme que prend Dieu pour passer incognito. Comme on a fait ressortir le fait qu’il y a une par de hasard dans le roman et que le hasard est provoqué par Dieu, alors on peut dire Dieu a triché. C’est donc à partir de ces éléments que les élèves peuvent interpréter dans leur dialogue si Dieu a triché ou non selon eux.

 Conclusion

            Cette séquence, qui articule la lecture l’écriture et l’oral, prend son sens dans de véritables pratiques de lecteurs. L’écriture sur le blogue et les échanges en classe permettent aux élèves d’échanger et de partager sur leurs pratiques de lecture pour confronter leurs propres idées et interprétations. Bien que cette séquence favorise l’usage des TIC, si l’accès à un laboratoire informatique n’est pas possible, un cahier de lecture peut être fait par l’enseignant pour remplacer le blogue. Les élèves pourraient être en équipe de 4 ou 5 et s’échanger leur cahier pour répondre à leurs condisciples, ce qui remplacerait le blogue tout en gardant les échanges entre pairs.

 

Références bibliographiques

[1] Côté, H. et D. Simard, Langue et culture dans la classe de français : une analyse de discours. PUL, 2007. p.98.

[2] Lebrun, M. et Coulet, C. (2003). « Favoriser un rapport critique à la lecture/écriture littéraire en constituant la classe comme une communauté active de lecteurs et d’auteurs ». Enjeux, 57, p.100.

[3] D’Amours, Véronique.(2010) « Le blogue, une activité bénéfique pour les adolescents », dans RIRE, en ligne : http://rire.ctreq.qc.ca/2010/03/le-blogue-une-activite-benefique-pour-les-adolescents. Site consulté le 8 avril 2014.

[4] Falardeau, Érick, Julie-Christine Gagné, « L’enseignement explicite des stratégies de lecture : des pratiques fondées sur la recherche », dans FSE ULaval, en ligne : www.enseignementdufrançais.fse.ulaval.ca, site consulté le 4 avril 2014.

[5] Ce texte adopte l’orthographe rectifiée.

[6] Giasson, Jocelyne. La compréhension en lecture, Pratiques pédagogiques, De boek, 1996, 255 pages.

[7] Falardeau, Érick et Julie-Christine Gagné, « L’enseignement explicite des stratégies de lecture : des pratiques fondées sur la recherche », dans FSE ULaval, en ligne : www.enseignementdufrançais.fse.ulaval.ca. Site consulté le 4 avril 2014.

[8] Falardeau, Érick. (2004). « La place des lecteurs dans les classes de littérature », Québec Français, 135, 38-41.

[9] Idem.

[10] Idem.

[11] Programme de formation de l’école québécoise, 2e cycle, Domaines des langues, Français langue d’enseignement.


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